• L'Arabie Saoudite dans la commission des droits des femmes de l'ONU (regard de Kroll)

    L'Arabie Saoudite dans la commission des droits des femmes de l'ONU

     

    Le gouvernement, par la voix de Charles Michel, a regretté ce jeudi à la Chambre le vote de la Belgique, en début de semaine, pour l’entrée de l’Arabie saoudite dans la Commission du droit des femmes de l’ONU.

    L’Arabie saoudite a obtenu le feu vert de 47 des 54 États membres du Conseil économique et social des Nations unies, dont fait partie la Belgique.

    Hier, en commission des Affaires étrangères du Parlement, Didier Reynders n’a pas indiqué clairement si la Belgique avait voté « pour » l’élection de l’Arabie saoudite (et 12 autres Etats) mais l’a fortement sous-entendu, tout en précisant qu’il n’avait pas été tenu au courant et que la décision est intervenue en urgence de la part des diplomates à New York.

    Le sujet a mis le feu aux questions au gouvernement, à la Chambre ce jeudi. Pas moins de 11 interventions étaient prévues sur le sujet. L’opposition a critiqué la position belge et demandé des éclaircissements à Charles Michel.

    Le Premier ministre a confirmé que les diplomates avaient voté « oui » : «  La plupart du temps, cela se passe sans besoin de voter. Il est très courant, au sein de l’ONU, que la désignation de pays au sein des organismes se passe sans vote lorsqu’il y a autant que candidats que de postes à pourvoir. S’agissant de cette élection, provoquée de manière inhabituelle par les États-Unis : nous avons été informés en urgence de ce vote, nous n’avons eu que quelques heures pour y répondre. Je regrette ce vote. Si c’était à refaire, le gouvernement aurait plaidé pour qu’il n’y ait pas le soutien (à l’Arabie saoudite), il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. J’ai donné des instructions afin qu’à l’avenir l’appréciation politique de ce type de dossier ait lieu au plus haut niveau. Il faut redoubler d’efforts pour promouvoir le droit des femmes.  »

    « C’est un scandale ! »

    Si les regrets du Premier ministre ont été bien accueillis, y compris par l’opposition, d’autres pointent un potentiel «  mensonge  » du ministre des Affaires étrangères, la veille en commission. Gwenaëlle Grovonius, pour le PS, se déclare «  pas fière de [s]a Belgique  ». «  Se pose la question de la démission éventuelle de Didier Reynders, qui nous a menti hier en commission en nous disant qu’il n’était pas au courant du vote. C’est un scandale !  »

    Source : http://www.lesoir.be/1491769/article/actualite/belgique/politique/2017-04-27/arabie-saoudite-et-droit-des-femmes-l-onu-charles-michel-regrette-oui-be

    Lien utile :

    https://francais.rt.com/international/37681-arabie-saoudite-commission-droits-femmes-onu-belgique-regrette-wikileaks-mele


  • Elections présidentielles: quand Dupont-Aignan propose une alternative politique au mouvement globaliste. Par Karine Bechet Golovko.

    30 Avril 2017 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Comité pour une Nouvelle résistance, #Europe supranationale, #La France, #AMERIQUE, #L'OTAN., #La mondialisation, #La Russie, #La nation ., #Terrorisme, #La finance dérégulée

    Dimanche 30 avril 2017

     

    Elections présidentielles: quand Dupont-Aignan propose une alternative politique au mouvement globaliste

     
     
     
    Sur le plateau du JT de 20h sur France 2, N. Dupont-Aignan a annoncé que son mouvement et le FN vont faire campagne ensemble pour mettre un terme à la rupture entre républicains et patriotes. Ce ralliement de poids a totalement perturbé la campagne présidentielle, toute la bulle globaliste médiatico-politique se préparant à fêter la victoire du "progressiste" Macron contre l'anti-républicaine Le Pen. Les cartes ont été redistribuées, provoquant une coulée de haine visqueuse dans les médias. Un inquiétant sentiment d'urgence s'amplifie à quelques jours de ce deuxième tour, où l'on a l'impression comme jamais de jouer notre avenir, sans seconde chance.
     
     
    L'annonce de Dupont-Aignan
     
    Le 28 avril, au JT de 20h, face à un Delahousse agressif et finalement décontenancé, N. Dupont-Aignan ne lâche rien, ne tombe pas dans la réduction facile du soutien à l'extrême droite. Pour ceux qui ne l'ont pas écouté, je vous conseille de prendre 5 minutes:
     
     
    Très calmement et avec beaucoup de maîtrise, Dupont-Aignan ne tombe pas dans les pièges classiques tendus par Delahousse. Il affirme avoir pris le temps de la réflexion, avoir discuté avec Marine Le Pen avant de se prononcer et s'être décidé pour une collaboration active dans le cadre d'une alliance patriotique et républicaine, pour mettre fin à l'opposition destructrice en France des républicains et des patriotes. 
     
    Il a fermement déclaré qu'il ne peut s'agir d'une alliance avec l'extrême droite, car, pour lui, Marine Le Pen n'est pas d'extrême droite. Quant à sa position, il se réfère à De Gaulle qui a par deux fois sauvé la France en lui redonnant son indépendance. C'est l'enjeu de ces élections présidentielles: redonner à la France sa liberté.
     
    La France est à la croisée de deux visions politiques, l'une mondialiste dans laquelle elle ne peut que se fondre, l'autre républicaine dans laquelle elle peut exister comme entité indépendante. D'une certaine manière, c'est reconnaître que la France est aujourd'hui occupée, mais elle l'est de manière invisible. Ce ne sont pas des tanks dans les rues, ce n'est pas une armée étrangère dans les bureaux d'état civil. Le drapeau n'est pas en berne, il est sous tutelle, toujours accompagné d'un autre. Le pouvoir militaire est délégué à une autre organisation. Le pouvoir politique ne réside plus dans les institutions nationales, mais les apparences sont sauves. Comme le dit Dupont-Aignan, reprenant l'idée de De Gaulle, l'on ne peut pas abandonner la France à la Corbeille (bourse).
     
    La violence de la réaction du feu "Front républicain"
     
    Ces politiciens qui se sont empressés de rejoindre, enfin ouvertement, Macron ont qualifié l'attitude de Dupont-Aignan de "traitrise". Ce fut le cas, notamment, de Juppé. Cette réaction est significative des "espoirs" qui avaient été mis sur lui par le clan globaliste, lorsqu'en 2001 il avait été remarqué par la French-American Foundation et qualifié comme:
    jeune dirigeant, à fort potentiel d'influence, appelé à jouer un rôle important en France.
    Le renversement de signification des concepts est à la mode et s'illustre ici aussi. Trahir est le fait de renoncer à ses idées, à ses positions. En faisant una campagne autour du souverainisme et de la culture française, il est difficile de rejoindre Macron. La traitrise est ici. Ce qui ne dérange absolument les grands noms des républicains ayant retourné leurs pantalons.
     
    Pour soutenir ce mouvement politique, le milieu soi-disant culturel a été mis à bon oeuvre. Le résultat est à la hauteur de ces "gens de culture". Le niveau des insultes est celui du fond des banlieues. Gilles Lellouche et Dominique Besnehard traitent Dupont-Aignan de "grosse merde". L'on notera que Lellouche a ensuite retiré son tweet après que Dupont-Aignan ait annoncé qu'il attaquerait au tribunal. Il l'a remplacé par une fadaise:
     
     
    Le comble de la vulgarité a été atteint par Mathieu Kassovitz, réaction qui passe mal si l'on regarde certains commentaires:
     
     
     
     
     
    Pour autant, l'on ne trouvera pas une seule condamnation de ce type de réactions extrêmes et puériles dans la presse française. Rien. Silence. Comme si tout était permis lorsque l'on était dans le "bon clan". Mais il est vrai que la presse n'est plus aujourd'hui tenue à l'objectivité:
     
    De côté des politiques, le symbolisme vichyste est de retour, comme rempart ultime, simpliste, devant provoquer une réaction émotive pavlovienne chez le bon peuple. Par exemple:
     
     
     
    L'imposture du "Front républicain"
     
    Face à Marine Le Pen, les tenants de Macron ont voulu ressortir du placard le "Front républicain" qui avait permis à Chirac de gagner avec plus de 82% en 2002. Aujourd'hui, les intentions de vote de Macron baissent depuis le début de la campagne de 2e tour. Alors qu'il dépassait les 65% (ce qui dès le départ était bien loin de Chirac), il est tombé à 59%. 
     
    Cette dynamique est inéluctable, car pour qu'il y ait un Front républicain il ne suffit pas d'un adversaire, il faut un leader qui puisse incarner les idées républicaines. Or, le choix de Macron est un choix extrêment faible, mais logique. Il fallait un personnage sans visage, mais avec du charisme. Un produit de communication. Or, il est difficile de trouver autant de vide en un seul individu pour qu'il puisse en même temps tenir un minimum sur une scène. C'est un spécimen assez rare. Sans même rappeler ses déclarations, selon lesquelles un programme ça ne sert à rien, qu'il n'a pas eu le temps de réfléchir à la question du terrorisme, qu'il est de gauche puis qu'il ne l'est plus, sans même porter attention au creux pompeux de son discours devant racoller large, l'inquiétant est ailleurs, ce qui est caché derrière le vernis. 
     
    Ce qui retient le plus l'attention est le négationnisme qu'il incarne. Macron, c'est le négationnisme de la culture nationale, négationnisme de l'apport civilisationnel de la France, négationnisme de la grandeur historique française, négaionnisme de la Nation française, cela au profit du "financisme", du multiculturalisme, de la victimisation et de la globalisation.
     
    Quel Front républicain?
     
    La réaction de survie d'une partie des élites
     
    Le sentiment de danger immédiat qui se dégage de cette élection est sans précédent et il pousse des hommes politiques et des hommes de lettres à refuser publiquement de rejoindre cette imposture de "Front républicain", instrument devant justement détruire la République. Nombre de personnalités des Républicains ont clairement refusé de suivre les consignes de vote, affirmant que Macron incarne tout ce contre quoi ils se sont battus.
     
    Marie-France Garaud a donné une magnifique interview au Figaro ce même 28 avril, jour où Dupont-Aignan a annoncé la constitution d'une alliance républicaine et patriotique. Pour elle, Marine Le Pen est la seule à avoir le sens de l'Etat. L'urgence est ici.
     
     
    La violence de la réaction s'explique par le fait que le ralliement de Dupont-Aignan n'est pas anodin, il marque le lancement d'un mouvement de droite républicain après le suicide du 1er tour, mouvement qui peut devenir une force politique d'opposition réelle au mouvement politique globaliste qui sort de l'ombre avec la candidature de Macron. Pour gagner, ce mouvement globaliste avait besoin d'être face au FN, qui était la seule option pour un mouvement anti-démocratique et anti-populaire de remporter des élections nationales: se trouver un "ennemi intérieur" qui puisse provoquer une réaction instinctive de la population autour d'un personnage qu'elle ne soutient pas forcément, dans la logique du moindre mal, qui reste objectivement un mal. Mais le personnage Macron ne peut si facilement remporter la manche face à une opposition patriotique incarnée par une coalition politique. Le jeu se complique. Cette impression d'urgence vient du fait que si ce groupe prend le pouvoir, pour s'y maintenir avec un politique menée contre le peuple (rappelez-vous les lois Macron El Khomri etc.), le système ne peut fonctionner que sur le mode totalitaire. Sans mettre les chars dans la rue, sans exécutions de masse, l'opposition est muselée, discréditée, marginalisée par un discours renversé, la novangue néolibérale a été créée dans ce but.
     
    Nous avons le choix, dimanche prochain. Et ce choix va avoir un caractère définitif, car cette fois-ci il peut ne pas y avoir de seconde chance. Ce n'est pas l'élection de Hollande ou de Sarkozy: si ça se passe mal, on verra la prochaine fois. L'alternance proposée est celle du remplacement de la République française, de la France comme pays indépendant, de culture française, c'est le choix d'une alternative à la Nation française. Tout ce pour quoi se sont battus nos ailleux depuis la Révolution. Dillution ou existence, c'est à nous de voter. 
     
     
     
     
     
     
     
     

  • vendredi 28 avril 2017

     

    Venezuela, Equateur : manipulation de l’information

     

     

    Ce que les médias occidentaux  nous dirons pas 

    Guerre sournoise en Equateur, guerre totale au Venezuela

    Maurice Lemoine
    dans Mémoire des luttes
     
     
     
    Equateur, 2 avril 2017 : au second tour de l’élection présidentielle, le candidat de la « révolution citoyenne » Lenín Moreno (Alliance Pays ; AP) affronte l’ex-ministre de l’économie (1999) et banquier multimillionnaire Guillermo Lasso (Créons des Opportunités ; CREO) qu’il a devancé au premier tour (39,36 % des voix contre 28,11 %). Rafael Correa qui, depuis 2007, a rendu sa stabilité au pays grâce à d’incontestables avancées sociales, ne se représentait pas [1].
    Il n’est pas encore 17 heures et les bureaux de vote ne sont pas fermés quand Rafael Cuesta, ancien député social-chrétien (PSC, droite) devenu « vice-président de l’information » de la chaîne de télévision Canal Uno, annonce à l’écran, avec une évidente satisfaction : « Nous avons un président de la République et c’est Guillermo Lasso. » A 18 h 30, sur la base du même sondage « sortie des urnes » effectué par l’Institut Cedatos, étroitement lié à la Banque de Guayaquil (dont le principal actionnaire s’appelle… Guillermo Lasso), le journaliste vedette Alfredo Pinoargote salue joyeusement sur Ecuavisa celui que, depuis six mois, il a invité moult fois dans son programme « Contact direct » : « Félicitations, président ! » Autre grande chaîne commerciale, Teleamazonas déroule la même partition.
    Sondages et médias étant à l’évidence plus importants que les électeurs, les urnes et les résultats officiels, encore inconnus à ce moment, Lasso gratifie les siens d’un discours de chef d’Etat et tous, dans une grande allégresse, fêtent « le retour de la liberté ». De quoi feindre tomber des nues lorsque, à 20 heures, le Conseil national électoral (CNE) annonce la victoire du socialiste Moreno avec 51,16 % des voix. Lasso, qui avait déjà hurlé à la fraude lors du premier tour, sans en apporter aucune preuve, entonne le même leitmotiv : outre Cedatos, deux « comptages rapides » – ceux des instituts Market et Informe Confidencial – l’ont placé en tête, dans une fourchette allant de 51,5 % à 53 % des suffrages. Informe Confidencial démentira bien avoir effectué un tel sondage, mais il en faudrait plus pour émouvoir la droite équatorienne et ses alliés.

    Dès le lendemain, le quotidien Expreso publie une page entière dédiée au « président Lasso ». Les influents El Universo et El Comercio (pour ne citer qu’eux) semant également le doute sur la validité du résultat, les manifestations et tentatives de prise des locaux du CNE par quelques centaines de personnes se multiplient. Sans jamais atteindre le niveau « protestations de masse » espéré par leurs initiateurs, elles vont se poursuivre, Lasso exigeant, sans aucune justification juridique, un recomptage de 100 % des bulletins et déclarant le 13 avril : « Pour se battre contre une dictature, il ne faut pas seulement des votes, il faut être dans la rue ! » Pourtant, les autorités ont déjà accédé partiellement à sa demande et le réexamen de 296 340 votes contestés dans cinq provinces n’a en rien modifié les résultats. Manifestement conscients de l’inanité de leurs réclamations, les représentants de CREO ne se sont même pas déplacés pour assister au recomptage effectué dans la province de Pichincha : « Notre présence n’aurait fait que valider cet abus contre la démocratie », se sont-ils contentés de déclarer.
    Lorsque, le 14 avril, « par souci de transparence et pour la tranquillité du pays » (dit autrement : pour en finir avec le « show » monté par l’opposition)le CNE annonce qu’il va effectuer le 18 avril un recomptage portant sur 1 275 450 voix, correspondant à 3 865 procès-verbaux contestés « dans les règles », en présence de délégués de toutes les organisations politiques nationales et locales, Lasso et les dirigeants de CREO annoncent… qu’ils refusent d’y assister. Quelques jours auparavant, l’ex-député « ultra » du parti Société patriotique (SP) [2] Fernando Balda avait fait un appel du pied aux militaires : « Que coûte au haut commandement de donner une conférence de presse et de demander un recomptage total des votes ? » Avant de s’indigner, n’ayant trouvé aucun putschiste en puissance : « Ils ne le font pas ! »
    Au jour dit, après que le recomptage, retransmis intégralement et en direct à la télévision, ait confirmé les chiffres initialement annoncés, Lasso déclarera : « Jamais je ne reconnaîtrai la victoire du candidat déclaré président élu par le CNE (… ) Lenín Moreno sera le successeur d’un dictateur et gouvernera sans légitimité [3]. » Pour qui douterait de la stratégie mise en œuvre, les journalistes Andrés Carrión et Martín Pallares interrogés le 4 avril dans le programme « Châtiment divin » l’avaient précisée : « Ce qui peut être fait, c’est miner la légitimité de ceux qui ont été, entre parenthèses, élus. Ces gens doivent savoir que, s’ils arrivent au pouvoir, ce sera un pouvoir vicié et affaibli. Qu’ils auront des problèmes pour l’exercer. » En résumé : Lenín Moreno n’occupe pas encore sa fonction que déjà se dessine la guerre sournoise destinée à polariser la société et à le délégitimer afin de le déstabiliser plus facilement dès que les circonstances s’y prêteront.
    Qui s’en souvient ? C’est ainsi qu’a commencé la très grave crise dans laquelle se débat actuellement le Venezuela. En avril 2013, Nicolás Maduro, « dauphin » du disparu Hugo Chávez, ayant battu Henrique Capriles (Table de l’unité démocratique ; MUD) avec 50,75 % des suffrages, ce résultat serré entraîna lui aussi des accusations non avérées de fraude, de très violentes mobilisations de rues (onze morts) et, ayant instillé le venin de la frustration chez les opposants, prépara la déstabilisation du pays qui, de sabotage économique en poussées de violence, atteint son climax aujourd’hui.
     Les renversements de Manuel Zelaya au Honduras (2009), de Fernando Lugo au Paraguay (2012), puis de Dilma Rousseff au Brésil (2016) par des coups d’Etat dits « institutionnels », auxquels se sont ajoutés la mort de Chávez (mars 2013), ont amené les adeptes de « la fin de cycle » – un supposé recul définitif de la « vague de gauche » – à croire l’affaire bien engagée. Alors que, après douze ans de « kirchnérisme » (trois mandats successifs de Nestor puis Cristina Kirchner), l’entrepreneur multimillionnaire Mauricio Macri venait de remporter l’élection présidentielle, l’ambassadeur des Etats-Unis Noah Mamet se félicitait en mars 2016 : la décision de Barack Obama de visiter l’Argentine était « une reconnaissance à la détermination de Macri de la réinsérer dans l’économie globale [4] ». Le 7 septembre suivant, le vice-président américain Joe Biden qualifiait le renversement – rebaptisé « impeachment » – de Dilma Rousseff « d’un des meilleurs changements politiques qu’a connu la région ces derniers temps », avant, comme il se doit, d’appeler à ce qu’un référendum révocatoire soit tenu rapidement au Venezuela [5]>.
    Quelques mois après la réélection de Daniel Ortega au Nicaragua, la victoire de Moreno en Equateur constitue un coup d’arrêt à cette restauration conservatrice ardemment souhaitée. D’autant que, dans les pays qu’elle affecte, les lendemains ne chantent pas particulièrement...
    Au Brésil, dans le cadre des gigantesque affaires de corruption impliquant la compagnie pétrolière semi-publique Petrobras et le géant national du BTP Odebrecht [6], qui compromettent l’ensemble de la classe politique, le Tribunal suprême fédéral (TSF) a annoncé le 11 avril l’ouverture d’une enquête concernant cent huit personnalités, dont vingt-neuf sénateurs et quarante-deux députés (parmi lesquels les présidents des deux chambres du Congrès), huit ministres du président de facto Michel Temer – lequel fait lui-même face à de graves accusations. On notera que si le Parti des travailleurs (PT) a sa part de responsabilité dans ce scandale systémique, celui-ci ne peut être invoqué pour expliquer la « destitution » de Dilma Rousseff – un motif puéril d’« irrégularité budgétaire » ayant servi pour justifier ce coup d’Etatdont les objectifs réels et les conséquences apparaissent chaque jour plus clairement. En faisant voter la proposition d’amendement constitutionnel (PEC 55) qui gèle les dépenses publiques de l’Etat pour vingt ans, en s’attaquant aux retraites des travailleurs et en éliminant une partie de l’allocation chômage, en fermant le ministère du développement agraire, en menant une offensive brutale contre les droits conquis depuis une décennie, le pouvoir illégitime, après avoir jeté plus d’un million de personnes dans les rues les 8 et 15 mars, devra affronter une grève générale le 28 avril prochain.
    Dans une Argentine affectée par les licenciements massifs et les augmentations faramineuses des tarifs des services publics, les enseignants en grève se sont faits sauvagement matraquer le 9 avril alors que cinq mobilisations massives avaient déjà eu lieu entre le 8 et le 24 mars et qu’une première grève générale contre la politique de rigueur avait paralysé le pays le 6 avril. Pour tenter de juguler cette contestation montante, le parti du chef de l’Etat, Cambiemos (Changeons), a déposé le 14 avril devant la Chambre des députés un projet de loi destiné à durcir les sanctions contre les protestataires. En termes juridiques, la réforme proposée introduit dans le code pénal le concept de « manifestation publique », permettant à la police d’arrêter sans contraintes les manifestants et aux juges de leur appliquer des peines plus sévères.
    Dans ce contexte, la fureur des oligarchies se retourne contre le pays, symbole de la résistance, « qu’il faut absolument faire tomber  » : le Venezuela. Depuis l’élection du président Maduro, le pays subit une guerre totale et multiforme. Début 2014, l’opération « La Salida » (la sortie), à travers ses opérations de guérilla urbaine, provoqua la mort de 43 personnes de toutes tendances politiques et fit plus de 800 blessés, mais le pouvoir résista, arrêtant et jugeant Leopoldo López, l’un des instigateurs du chaos.
    Certes, l’importante diminution des prix du pétrole, la principale ressource du pays, a raréfié la rentrée des devises, rendant plus difficiles les importations de biens de consommation. Certes, la gestion du gouvernement ne brille pas toujours par son efficacité. Mais en aucun cas ces deux facteurs ne peuvent expliquer à eux seuls la très dure crise alimentaire et les incessantes pénuries qui, épuisant et désorientant de larges secteurs de la population, y compris « chavistes », ont permis la victoire de la MUD aux élections législatives de décembre 2015. N’en déplaise aux médias complices, incompétents, moutonniers, opportunistes ou fort peu courageux – la pression générale étant devenue telle que les « notables de l’info », fussent-ils « de gauche », ne veulent pas risquer leur réputation ou leur confort en semblant apparaître comme « les derniers défenseurs du Venezuela » – c’est bel et bien, similaire à celle des années 1970 au Chili, d’une déstabilisation économique qu’il s’agit.
    S’apparentant à des aveux, la loi d’amnistie votée le 29 mars 2016 par la nouvelle majorité – et déclarée inconstitutionnelle par le Tribunal suprême de justice (TSJ) le 11 avril suivant – ne mentionnait-elle pas, parmi les délits et crimes (auto)-amnistiés de l’opposition, « la spéculation sur des aliments ou des boissons, des biens qualifiés comme de première nécessité » et « l’accaparement d’aliments ou de boissons, de biens qualifiés comme de première nécessité » ? Le 12 novembre 2016, dans le cadre d’un dialogue dont les secteurs radicaux de la MUD ne veulent pas et qu’ils ont depuis fait capoter, c’est l’envoyé du pape en personne, Mgr Claudio María Celli, qui lit l’accord pour un calendrier de discussion dans lequel « le gouvernement et la MUD conviennent de combattre ensemble toute forme de sabotage, de boycott ou d’agression contre l’économie ». Vous avez dit « paranoïa » ?
    D’emblée, début 2016, cette nouvelle majorité législative a annoncé son unique objectif : « sortir » Maduro du pouvoir en six mois. Que ce soit légalement ou non. Avec un choix délibéré de la seconde solution. Dix-huit mois plus tard, tout un chacun peut constater qu’elle a échoué. Dans cette guerre qu’elle n’a pas méritée et dont elle ne veut pas, la « révolution bolivarienne » a encore assez de punch pour opposer une belle résistance. Quitte à tomber parfois dans le piège qui lui est tendu : face à une droite qui viole effrontément les règles du jeu démocratique, franchir à son tour la ligne jaune, dans son désir (et la nécessité) de rendre coup pour coup. Par exemple…
    Dans leur obsession de renverser le chef de l’Etat, les dirigeants de la MUD ont, durant de longs mois, négligé la possibilité du référendum révocatoire, permis par la Constitution. Lorsque, ayant été mis en échec, ils s’y sont enfin résolus, ils avaient dépassé le délai permettant, en cas de victoire du « oui », l’organisation d’une élection : le vice-président « chaviste » remplacerait Maduro pour la fin du mandat si celui-ci était destitué. En outre, leur collecte de signatures a été entachée d’innombrables irrégularités. Raison juridiquement motivée – mais aussi prétexte évident, le nombre de paraphes requis étant en tout état de cause largement atteint – dont s’est emparé le pouvoir pour bloquer le processus. On peut le lui reprocher (on ne s’en prive pas). On peut aussi considérer que, compte tenu de la violence déstabilisatrice qui lui est imposée, il se trouve dans la situation d’un athlète de haut niveau à qui son adversaire brise les tibias à coups de barres de fer avant de lui intimer : « Maintenant, allons courir un cent mètres ensemble et voyons qui va l’emporter ! » S’il dispose d’arguments juridiques incontestables pour le faire, on comprendra que la victime puisse écarter ce type de « compétition ». Dont, d’ailleurs, l’opposition ne veut plus !
    Dans le même ordre d’idée, la décision du TSJ, le 29 mars, d’assumer les fonctions de l’Assemblée nationale, non indéfiniment, comme il a été faussement affirmé, mais « tant que la majorité de droite continuerait à ignorer ses verdicts » – entre autres sur l’élection contestée de trois députés de l’Etat d’Amazonas qu’elle a néanmoins incorporés – ou refuserait de reconnaître les institutions et le chef de l’Etat était, quoi qu’on en dise, justifiée. Mais, intervenant au plus chaud d’une situation explosive, elle pouvait, habilement présentée par ses détracteurs, donner lieu à une accusation d’« auto-coup d’Etat ». Ce qui n’a pas manqué de se produire. La procureure générale de la République Luisa Ortega critiquant la décision et les plus hautes instances du pouvoir se rendant compte du danger de cette interprétation face à la « communauté internationale », le TSJ est revenu sur sa décision, mais le mal était fait. La planète médias jouant son rôle, l’accusation demeure, bien qu’étant, surtout après ce recul, totalement injustifiée.
    De même, la Cour des comptes (Controlaría general de la República) dispose d’accusations crédibles – détournement de fonds publics – pour mettre en cause l’ex-candidat à la présidence Henrique Capriles, gouverneur de l’Etat de Miranda. Toutefois, les faits remontent à… 2013. Que n’a-t-il été jugé plus tôt ? Le verdict rendu le 7 avril dernier et le déclarant inéligible pour quinze ans paraît, compte tenu du contexte, tomber à un moment particulièrement inopportun. C’est faire à l’opposition et à ses puissants alliés extérieurs le cadeau d’un « martyr » que ceux-ci ne manquent pas d’exploiter.
    Dès le 9 mars 2015, Barack Obama avait désigné par décret le Venezuela comme « une menace extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis », ouvrant le terrain juridique à une possible intervention (dont la nature reste à déterminer). Pour ce faire « l’Empire » dirigé aujourd’hui par l’irrationnel Donald Trump bénéficie de l’aide de son nouveau « cipaye » Luis Almagro, secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), objectivement redevenue le ministère des Colonies de Washington dénoncé en son temps par Fidel Castro. Une offensive féroce, obsessionnelle, tente d’isoler Caracas en la suspendant des activités de l’organisation. Néanmoins, en juin 2016, une première tentative de faire activer à son encontre la charte démocratique a échoué. Au grand dam d’Almagro, son initiateur, une majorité des nations, allergiques aux « interventions extérieures », se prononça pour une continuation du dialogue alors mené entre le gouvernement et la MUD, sous les auspices du Vatican et de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), par les ex-présidents médiateurs José Luis Rodríguez Zapatero (Espagne), Leonel Fernández (République dominicaine) et Martín Torrijos (Panamá).
    Silencieux sur le coup d’Etat au Brésil, méprisant tous les usages diplomatiques lorsqu’il traite publiquement Maduro de « traître, menteur, voleur et petit dictateur », Almagro n’a pas hésité à se faire décorer de l’ordre Rómulo Betancourt, le 13 avril 2017, à Miami, par le président de l’Organisation des Vénézuéliens persécutés politiques en exil (Veppex), l’ex-lieutenant José Colina. Ce dernier est poursuivi dans son pays pour avoir perpétué deux attentats à la bombe en février 2003, à Caracas, contre l’ambassade d’Espagne et le consulat colombien, crimes évidemment attribués dans un premier temps aux Cercles bolivariens de Chávez. En cavale, Colina a obtenu l’asile politique aux Etats-Unis après avoir été défendu par l’avocat Matthew Archambeault, celui-là même qui, en avril 2011, fit absoudre définitivement par la « justice américaine » le terroriste cubano-vénézuélien Luis Posada Carriles – auteur intellectuel de la pose de deux bombes dans un vol de la Cubana de Aviación (73 morts le 6 octobre 1976) –, lui permettant de vivre depuis en toute impunité à Miami.
    Dans ce contexte où, de l’intérieur et de l’extérieur, les deux interagissant, il s’agit de prendre la « révolution bolivarienne » en tenaille, la bataille fait donc rage à l’OEA. Bien que son Conseil permanent ait tenu une nouvelle réunion d’urgence le 28 mars à Washington, celle-ci n’a pas débouché sur les résultats escomptés – la suspension de Caracas et des élections générales anticipées – par le « roitelet » de l’organisation. Non seulement aucune résolution sanctionnant les supposés égarements du gouvernement vénézuélien n’a été adoptée, mais plusieurs Etats membres, dont Haïti, El Salvador et la République dominicaine, pourtant soumis à de très fortes pressions des Etats-Unis, ont fustigé l’attitude d’Almagro, la jugeant partiale et interventionniste. « Le moment est grave et dépasse de loin la question du Venezuela, déclara alors avec une grande dignité Harvel Jean-Baptiste, ambassadeur d’un pays, Haïti, qui n’appartient pas à l’« arc progressiste », mais auquel Washington menace de retirer son aide financière s’il continue à appuyer Caracas. Les agissements du secrétaire général fragilisent notre organisation. Si nous laissons le secrétaire général, comme il le fait, s’immiscer sans réserve dans les affaires internes d’un pays, au détriment du principe du respect de la souveraineté des Etats, bientôt Haïti et d’autres pays de la région, seront eux aussi victimes de cette même dérive de l’organisation [7]. »
    Un coup de force le 3 avril suivant – la Bolivie et Haïti, respectivement président et vice-président en exercice du Conseil ayant été écartés et remplacés, au mépris de toutes les règles, par le Honduras – a néanmoins permis à dix-sept des vingt-et-un pays présents d’adopter « par consensus » une résolution dénonçant « la rupture de l’ordre constitutionnel au Venezuela » tout en exigeant « des actions concrètes » de son gouvernement. Tandis que la République dominicaine, les Bahamas, le Belize et El Salvador s’abstenaient, la Bolivie, le Nicaragua et le Venezuela avaient, le jugeant illégal, abandonné ce « tribunal d’inquisition », comme le qualifia Maduro.
    Echec à nouveau, au-delà des déclarations triomphales, puisque, en tout état de cause, il est nécessaire de rassembler les deux tiers de l’Assemblée générale (vingt-quatre pays) pour en exclure le Venezuela. Raison pour laquelle la campagne infernale se poursuit, dont le surréalisme échappe à nombre d’observateurs, sans doute un peu distraits : en tête de liste des onze pays de l’« Axe du bien » [8] qui, le 17 avril, au nom de la démocratie, ont appelé le gouvernement vénézuélien à « garantir le droit aux manifestations pacifiques », figurent la Colombie – plus de 130 dirigeants et militants de mouvements populaires assassinés d’octobre 2012 à la fin 2016 (23 depuis janvier 2017) – et le Mexique – 28 500 « disparitions forcées » depuis 2006 (dont les 43 étudiants d’Ayotzinapa), 11 journalistes exécutés et 23 de leurs confrères « disparus » en 2016.
    Forte du soutien de ces paladins de la liberté, la MUD, qui a définitivement écarté le chemin du dialogue, multiplie depuis début avril les manifestations au cours desquelles, en marge des opposants pacifiques, des groupes de choc ultra violents multiplient agressions aux forces de l’ordre et actes de vandalisme. C’est que, pour la MUD, le temps presse. Les prix du pétrole repartant à la hausse, fût-elle modérée, le gouvernement fournissant en urgence des produits de première nécessité à plus de six millions de familles à travers treize mille Comités locaux d’approvisionnement et de production (CLAP), réactivant l’agriculture et en appelant à la participation de certains groupes du secteur privé au redressement économique, la situation tend quelque peu à (et surtout « risque de ») s’améliorer.
    Comme en 2002 lors du coup d’Etat contre Chávez ou en 2014 au cours des « guarimbas », il faut à l’extrême droite des cadavres pour émouvoir et mobiliser la communauté internationale. Le 18 avril, la veille de « la mère de toutes les manifestations », organisée par l’opposition – à laquelle répondra d’ailleurs une « marche des marches » des chavistes dans le centre de Caracas –, Mark Toner, porte-parole du Département d’Etat américain, dénonça une « répression criminelle » et la « violation des droits humains » du pouvoir bolivarien. Car déjà, comme en 2014, le décompte macabre des victimes donne lieu à une manipulation de première catégorie.
     Dès le 14 avril, huit morts étaient à déplorer – par définition attribués « à la répression ». Il s’avéra rapidement que l’un d’entre eux, Brayan Principal, a été tué par un groupe d’individus cagoulés qui a criblé de balles une lotissement « chaviste », la Ciudad Socialista Alí Primera, construite par le gouvernement de Maduro à Barquisimeto. Qu’un autre, le jeune Miguel Ángel Colmenares, à Caracas, ne manifestait pas, mais est tombé dans une embuscade de sujets qui l’ont dépouillé de son argent avant de l’assassiner. Qu’un autre encore, Oliver Villa Camargo, a été exécuté d’une balle dans la tête alors qu’il venait de tenter, en auto, de franchir une barricade. Que Ricarda de Lourdes González, 87 ans, n’est pas morte asphyxiée par les gaz lacrymogènes, mais, comme l’a précisé sa fille, parce que les « guarimberos » (manifestants) « ne nous ont pas laissé sortir quand – alors qu’elle était victime d’un accident cérébro-vasculaire – on a voulu l’emmener à la clinique Las Mercedes [9] ». Il s’agit là, non d’une liste exhaustive, mais de quelques cas.
    Evoquant la mort d’un étudiant de 17 ans, Carlos Moreno, tué d’une balle dans la tête, à Caracas, le 19 avril, « par des motards qui ont tiré et lancé des gaz lacrymogènes », le « dévoyé spécial » de l’ex-quotidien français d’information Le Monde, Paulo Paranagua, précise (21 avril) : « Paola Ramirez Gomez, 23 ans, est morte en province, à San Cristobal, dans des circonstances similaires ». Que ses lecteurs le sachent : Paranagua ment. Initialement attribué à des « collectifs chavistes », accusés de tous les maux, il a été prouvé après enquête que le meurtre de cette jeune femme a été commis depuis le deuxième étage d’un immeuble, par les tirs d’un individu nommé Iván Aleisis Pernía, militant d’opposition arrêté et incarcéré depuis. Il est vrai que Paranagua n’en est pas à une imposture près : n’a-t-il pas reproduit, sans aucune prise de distance ni commentaire (15 avril), cette déclaration ahurissante de Julio Borges, l’un des principaux dirigeants de l’opposition : « Les groupes paramilitaires du Venezuela menacent la paix en Colombie. » Le premier réflexe est d’en rire. Le second est de ressortir de la poubelle, où on l’avait jeté, et de retourner contre lui, le prétentieux « Décodex » du Monde [10] : « Ce média diffuse régulièrement des fausses informations ou des émissions trompeuses. Restez vigilants ou cherchez d’autres sources plus fiables. Si possible, remontez à l’origine de l’information. »
    Dans ce climat de violence exacerbée, on observe des excès de tous les côtés. Un mandat d’arrêt a ainsi été lancé contre quinze gardes nationaux présumés responsables du décès de Gruseny Antonio Canelón, à Cabudare, le 12 avril. De l’autre côté des barricades, des membres des forces de l’ordre tombent également, tel le sergent de la Garde nationale Neumar José Sanclemente Barrios, assassiné par arme à feu le 19 avril à San Antonio de los Altos. Huit membres des forces de l’ordre avaient d’ailleurs déjà été tués par balles en 2014, sans trop émouvoir les « observateurs » pour qui, semblerait-il, l’assassin d’un policier, sur les Champs-Elysées, à Paris, est un « terroriste » quand l’assassin d’un policier au Venezuela est « un manifestant pacifique »…
    Dans des circonstances particulièrement confuses, et après l’appel à manifestations de dirigeants anti-chavistes, la mise à sac d’une dizaine de commerces du secteur populaire d’El Valle (Caracas) par de supposées bandes d’« affamés  », la nuit du 19 avril, s’est soldée par la mort de onze personnes (trois par armes à feu, huit électrocutées par un système de protection en tentant de dévaliser une boulangerie). Dans leur furie destructrice, les mêmes hordes, qu’on suppose manipulées, n’ont pas hésité à attaquer un hôpital de soins pédiatriques – au prétexte sans doute qu’il s’appelle « Hugo Chávez » –, obligeant en catastrophe à en évacuer 54 mères, enfants et nouveaux-nés. Dans un tel chaos, la manipulation de l’information devient un jeu d’enfant : « Les manifestations ont fait 20 morts en trois semaines  », peut-on lire ou entendre à peu près partout au même moment [11]. De quoi atteindre l’objectif recherché en faisant du Venezuela un « Etat failli ». Et, au passage, en utilisant la désinformation générale affectant ce pays, pour stigmatiser par la bande un homme politique – tel, lors du premier tour de la campagne présidentielle française, le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon. A cet égard, le 6/9 de France Inter, consacré au Venezuela le matin même du scrutin aura constitué un modèle de perfidie subliminale – sans doute sévèrement critiqué s’il existait en France un Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
    Le 22 avril, à l’appel de l’opposition, des milliers de Vénézuéliens ont participé à une marche silencieuse en mémoire des victimes des manifestations du mois d’avril. Devant le siège de la Conférence épiscopale, tandis que le député Henry Ramos Allup déclarait qu’il s’agissait d’un hommage « à tous les morts, y compris aux victimes potentielles et éventuelles qu’il y aura sûrement les jours prochains », son « collègue » Freddy Guevara précisait que les manifestations à venir avaient pour objectif de « dévoiler le véritable visage du dictateur » en générant « l’ingouvernabilité [12 ». Des messages qui ont le mérite de la clarté. Sauf, manifestement, pour les médias.

    NOTES

    [2] Parti de l’ex-président Lucio Guttiérez, renversé par un soulèvement populaire le 20 avril 2005. Candidat du parti, Patricio Zuquilanda a obtenu 0,77 % des voix lors du premier tour de la présidentielle, le 19 février. Gutiérrez n’a pas été élu lors des législatives auxquelles il se présentait.
    [3]  Ecuadorinmediato, Quito, 19 avril 2017.
    [4]  BBC Mundo, Londres, 23 mars 2016.
    [5]  El País, Madrid, 7 septembre 2016.
    [6] Petrobras (propriété d’actionnaires privés ou institutionnels à 51 %) a attribué des marchés surfacturés à des entreprises de BTP, permettant ainsi le versement de pots-de-vin destinés à financer les partis politiques ou des politiciens corrompus. Odebrecht aurait arrosé de bakchichs des fonctionnaires et hommes politiques de douze pays d’Amérique latine pour y rafler des chantiers.
    [7]  Haïti Libre, Port-au-Prince, 29 mars 2017.
    [8] Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Paraguay, Pérou et Uruguay.
    [9]  El Universal, Caracas, 11 avril 2017.
    [10] Outil censé, sur la Toile, aider les internautes à trier les vraies des fausses informations en stigmatisant les sites « mal pensants ».
    [11]  Le Monde, France Info, CNews, LCI, La Dépêche, Presse Océan, La Libre Belgique, etc., du 21 au 23 avril 2017.
    [12]  Alba Ciudad, Caracas, 22 avril 2017.
     

     

  • Bonjour, voici la lettre d’information du site « CAPJPO - EuroPalestine » (http://www.europalestine.com)
    Si vous ne visualisez pas cet email lisez-le sur le site
    http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine
     
       
     

     


  • Une question de miséricorde


    Par James Howard Kunstler – Le 21 avril 2017 – Source kunstler.com

    https://www.jeancoutu.com/globalassets/revamp/sante/conseils-sante/20140107-02-maladie-alzheimer/homme.jpg
    Convoquons le magicien d’Oz ! Un patient s’appelant Les États-Unis s’est rendu aux urgences, désorienté, portant des vêtements de sport sales, affirmant que c’était « le plus grand » ceci et cela … mais il n’a pas pu compléter le protocole d’admission de neuf pages ou présenter un numéro d’identité valide. Le patient est devenu de plus en plus violent, menaçant le personnel et d’autres patients …
     
    Les nations développent quelque chose comme un Alzheimer. Peut-être que vous n’avez pas remarqué que depuis quelque temps maintenant rien ne colle dans le cerveau national – si c’est comme ça que nous pouvons appeler les médias et leur analogues sur le Web. Pendant des mois, une obsession de « l’ingérence russe dans l’élection » a traversé le lobe gauche de la conscience nationale. Ensuite, il y a environ une semaine, elle s’est complètement évanouie. Grand-père a souffert d’illusions semblables à propos des Russes qui récoltaient « nos précieux fluides corporels » (appelez le Docteur Folamour).

    Pas trop loin l’été dernier, un candidat nommé Trump a ironiquement appelé à « la fin des guerres sans fin au Moyen-Orient ». La politique souvent appliquée de « changement de régime » a-t-il dit, ne fonctionnait pas dans les divers États détruits par les Américains tels que la Libye, l’Irak, la Somalie, le Yémen et l’Ukraine. Il y a environ deux semaines, je me souviens bien, le Département d’État a même déclaré explicitement que nous n’avions aucun plan pour un changement de régime d’un certain Bachar al-Assad en Syrie.

    Ensuite, il y eut quelque chose sur les ondes au sujet d’une attaque au gaz toxique. La preuve pour savoir exactement qui avait perpétré l’attaque, comment vous-dire, n’était pas tout à fait convaincante. Cette preuve appartient aux services secrets américains qui, dans leur omniscience globale, ont affirmé que « oui, c’était bien cette fouine d’Assad qui avait bombardé son peuple avec du gaz Sarin ». Wolf Blitzer et Rachel Maddow ont tellement couru avec cette histoire qu’ils ont disparu à l’horizon.

    Le patient a eu un rêve après cela : un rêve de missiles de croisière arrosant de feux de l’enfer une base aérienne syrienne. Beaucoup d’entre eux se sont égarés et ont fait sauter des figuiers de barbarie dans le désert et une troupe de tortues de mer migrantes en Méditerranée. (Merci Microsoft Windows.) Ensuite, le secrétaire d’État, M. Tillerson a déclaré que « Assad devait partir ». Le patient était complètement confus quant à savoir qui devait rester ou partir. Ensuite, le patient a oublié le rêve et nous n’avons plus entendu parler de ce pays féerique qu’est la Syrie depuis lors. Bon…

    Et voilà maintenant que pas plus tard qu’hier la tête de gondole est revenue à la Corée du Nord – un personnage directement sorti des fantasmes de James Bond avec la coupe de cheveux la plus étrange de l’histoire connue – qui menaçait de faire exploser les États-Unis. Une flotte américaine de porte-avions devait bientôt vaporiser cette moitié de la péninsule coréenne. Une roquette a décollé, quelque part… et a rapidement explosé. Eh bien, au moins quelque chose a explosé. J’ai oublié quoi, exactement…

    Et maintenant, je vois sur le fil du matin que ISIS a bougé et a organisé un autre attentat terroriste à Paris – un policier mort, un blessé, dans une fusillade de rue. N’y avait-il pas d’autres incidents avant celui-ci, peut-être même pires ? J’ai oublié. Quoi qu’il en soit, dans ce cas, il était facile de trouver l’identité de l’homme (un certain Karim Cheurfi) parce que ce salaud avait passé 15 ans en prison après avoir été reconnu coupable de trois tentatives de meurtre, dont deux contre des policiers, mais avait été mis en liberté conditionnelle en 2015. Il y a eu un certain bavardage sur cet incident pouvant avoir un effet sur les prochaines élections françaises. Mais j’ai oublié qui concourt. Et quand ce malheur sera dernière nous, je vais probablement oublier qui a gagné, et pourquoi.

    C’est ainsi que nous déambulons dans le pavillon de notre Alzheimer national. Une merde se produit, puis elle est rapidement oubliée. Parfois, cette merde qui se passe est oubliée si complètement que c’est comme vivre dans un univers où rien ne se passe. Les responsables qui ont signalé avoir travaillé sur votre cerveau ont quitté leurs postes – sans qu’aucune obligation ne subsiste après l’arrivée des smartphones sur les lieux. Ils font maintenant partie des millions qui « ne cherchent plus de travail » selon ces rapports du Bureau du Travail (BLS).

    Peut-être s’agit-il d’une manifestation de ce qu’on appelait « la miséricorde de Dieu ». Maintenant que nous avons presque réussi à rendre la planète inhabitable, il ne faut pas se souvenir de la façon dont cela s’est passé ou de ce qui nous arrivera En attendant, nous sommes encore là.

    James Howard Kunstler

    Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Michèle pour le Saker Francophone






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