• Opportunité ou soumission pour l’Europe ?


    Par Fred Deion − Mai 2017

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    Plusieurs événements survenus la semaine de l’Ascension peuvent imprimer des tendances lourdes sur les prochains mois et années et méritent donc d’être relevés.

    Ils ne sont que la continuité d’éléments ayant déjà fait l’objet d’articles l’an passé : refus US de s’engager sur l’assistance mutuelle entre pays membres de l’OTAN (pourtant prévue par l’article 5 du traité de Washington), sortie de l’accord de Paris sur le climat décidée par Trump, extra-territorialité des sanctions américaines contre la Russie.
     
    Les événements de cette semaine ne sont donc pas nouveaux, mais ne sont qu’un énième épisode d’un feuilleton commencé il y a un an. Ils ajoutent les éléments supplémentaires suivants à la politique isolationniste menée par Trump :

    1. Retrait américain de l’accord nucléaire sur l’Iran, soutenu uniquement par Tel-Aviv et Riyad (ce qui confirme l’existence d’un axe USA-Israël-Arabie) ;
    2. Annonce d’un retour des sanctions US sur toutes les entreprises qui feraient affaire avec l’Iran (extra-territorialité des sanctions américaines) ;
    3. Inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem.

    Un quatrième non-événement a eu lieu aussi cette semaine, frappes croisées sur Israël depuis la Syrie, et vice-versa : gesticulations militaires qui resteront sans aucune suite. Comme déjà écrit à l’automne 2016, le conflit syrien restera plus ou moins circonscrit .

    Quelles seront donc les conséquences de l’isolationnisme US, et de l’extra-territorialité de leurs sanctions économiques ?

    Pour ce qui est de la Chine et de la Russie, elles continueront sans surprise à commercer avec l’Iran en se moquant des menaces de rétorsion américaines.

    Pour ce qui est de l’Europe…

    • Soit elle s’aligne sur les sanctions US et reste le valet soumis à son maître.
    • Soit elle s’en affranchit et mène enfin une politique économique et commerciale souveraine, ce qui amorcera enfin un rapprochement avec la Russie et la Chine. Inutile de dire que cela fera froncer quelques sourcils Outre-Atlantique.

    Espérons toutefois que c’est cette deuxième option qui sera retenue… Réponse ces prochains mois.

    Fred Deion

    A lire : Ruptures millénairesFred Deion est un auteur suisse. Son livre, Ruptures millénaires, jette un coup de projecteur sur quelques événements historiques qui ont marqué la vie des hommes. Ces périodes chaotiques ont eu un impact considérable sur les populations, qui ont vu leur destin basculer. Gardons à l’esprit leurs tragiques épreuves, pour mieux faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain.

    Si l’histoire se répète, le passé indique le futur. Que peut nous dire le passé sur notre XXIe siècle ?

      


  • Comment Nicolas Maduro répond aux nouvelles offensives économiques et impériales

    Roger Noriega, ex-assistant du Secrétaire d’Etat pour les Affaires de l’Hémisphère Occidental, connu pour ses antécédents de « faucon » allié direct des secteurs putschistes et terroristes de la droite latino-américaine vient de publier dans le New York Times un article intitulé : « les options sont épuisées pour le Venezuela » où il réitère l’appel d’autres politiques républicains en faveur d’un coup d’Etat militaire pour renverser le président Nicolas Maduro. D’autres responsables de la politique étrangère des Etats-Unis ont émis des déclarations dans le même sens comme le vice-président Mike Pence qui a annoncé que les prochains pays à libérer sont « le Nicaragua, le Venezuela et Cuba » ou Mike Pompeo, ex-chef de la CIA et nouveau secrétaire d’Etat des Etats-Unis, qui a donné autorité à un nouveau groupe de diplomates étasuniens pour promouvoir un changement au Venezuela.

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    Kurt Walter Tidd, Chef du Commandement Sud des Forces Armées des États-Unis

    La journaliste Stella Calloni a diffusé un nouveau document du Commandement Sud des Forces Armées des États-Unis, signé par l’Amiral Kurt Walter Tidd, qui explique en onze pages, méthodiquement, ce que les États-Unis entendent faire pour empêcher la victoire du président Nicolás Maduro aux élections du 20 mai prochain ou, en cas d’échec de cette tentative, user de leur pouvoir médiatique pour lancer et justifier une intervention. Ce plan dénoncé par le président Evo Morales a été élaboré avant l’organisation des élections présidentielles du 20 mai prochain, il accorde un rôle à l’opposition mais il reconnaît aussi l’inefficacité de ces partis, vu l’absence d’une base sociale, les divisions, l’arrivisme et la corruption qui règne en leur sein. Les militaires étasuniens parlent d’une « renaissance de la démocratie » en Amérique Latine et ils citent l’exemple du Brésil, de l’Équateur et de l’Argentine. Ils considèrent que le tour du Venezuela est arrivé.

    Si, comme la plupart des sondages des firmes privées l’indiquent, Nicolás Maduro sort vainqueur des urnes, tous les outils du Pentagone en matière de guerre psychologique seront déployés pour créer un climat favorable à une action militaire. À cette fin, assure le document, on travaille avec des pays alliés des États-Unis dont le Brésil, la Colombie, l’Argentine, le Panama et la Guyana, à la préparation d’une force conjointe sous la bannière de l’OEA, l’Organisation des États Américains et sous la supervision, sur le plan médiatique et juridique, de son secrétaire général Luis Almagro. Le Commandement Sud se servira des bases militaires en Colombie, des installations régionales de surveillance électronique, des hôpitaux et des enclaves dans la forêt panaméenne de Darién, ainsi que des terrains des anciennes bases d’Howard et d’Albrrok, dans la zone du Canal.

    La première phase du projet est d’ores et déjà en marche : elle consiste à aggraver les problèmes internes du Venezuela, en particulier la pénurie d’aliments et de produits de première nécessité, couper l’accès aux sources de devises, exacerber la violence, épuiser le pouvoir d’achat de la monnaie nationale et, en même temps, mettre en marche tout l’appareil de propagande pour rendre le gouvernement de Nicolás Maduro responsable de cette crise et l’accuser lui et ses principaux collaborateurs de présumée corruption.

    Après l’échec des « guarimbas » (violences d’extrême droite) organisées d’avril à juillet 2017, et présentées par les médias internationaux comme une « révolte populaire », la droite a reporté ses efforts sur le terrain économique, renforçant les variables comme la hausse des prix, le taux de change et la contrebande d’extraction.

    Face à cette guerre aux mille visages qui vise à saper l’appui populaire au chavisme, le président Nicolas Maduro accélère la riposte en multipliant la distribution des aliments subventionnés à la population. Il porte en même temps des coups au cœur du système capitaliste : les dirigeants de la mégabanque privée Banesco qui se consacrait a une contrebande massive de la monnaie vénézuélienne et au blanchiment de capitaux, ont été arrêtés, et la banque mise sous tutelle publique.

    A l’apogée de l’abondance pétrolière, Banesco avait ouvert la route de la fuite des capitaux vers des paradis fiscaux comme la République Dominicaine, la Colombie, le Panamá, Porto Rico et La Floride (Etats-Unis) où année après année commencèrent à apparaître des filiales de Banesco avec un capital de base très supérieur, comme dans le cas bien connu de Banesco Panamá, à celui de banques étasuniennes de grande envergure comme Citibank. Jusqu’à il y a peu, l’ascension de Banesco était présentée à l’opinion publique comme la conséquence des grandes qualités de son patron fondateur Juan Carlos Escotet. Cependant, en 2015, Banesco Panamá reçut une amende 614 000 dollars pour violation des règles de prévention du blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Le mythe recevait sa première dose de réalité…

    Pendant ce temps, sur la frontière avec la Colombie, l’opération « mains de papier » s’efforce de démanteler le vaste système de contrebande des billets vénézuéliens, lavés et réimprimés en dollars ou réutilisés par la mafia colombienne pour acheter des biens subventionnés par le gouvernement bolivarien et les revendre cent fois plus cher sur le marché colombien. Les autorités nationales et régionales découvrent de nombreux hangars avec des passages secrets où on accaparait et on reconditionnait riz, beurre, sucre, huile, fongicides, et une grande quantité d’aliments protégés par l’Etat vénézuélien que les mafieux faisaient passer et versaient dans des emballages colombiens, aussi bien dans des ballots que dans des sachets. Sans oublier la contrebande massive d’essence – avec parc de camions-citernes. Dans la capitale des dépôts remplis de tonnes de nourriture accaparée (photo) ont été découverts et ces aliments sont redistribués a la population via les comités d’approvisionnement.

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    Pour protéger le salaire des travailleurs, Maduro a décrété le 30 avril une nouvelle augmentation de 95 % du salaire légal, a annoncé l’augmentation des allocations et une couverture à 100% des pensionnés, et a multiplié les allocations aux plus vulnérables : personnes âgées, étudiants, femmes enceintes, femmes allaitant leurs enfants, etc… La réplique des chaînes de distribution qui sont comme la production et la commercialisation, à 80% aux mains du secteur privé, consiste à augmenter les prix dès le lendemain. Maduro a annoncé que s’il est réélu le 20 mai à la présidence, il va mettre au pas la mafia des supermarchés et relancera le « gouvernement de rue », ville par ville, pour renforcer le contrôle citoyen et gouvernemental des mécanismes de distribution.

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    Photos : Nicolas Maduro en pleine campagne présidentielle, interrompue un temps pour recevoir le Président palestinien Mahmoud Abbas et signer avec lui un accord de coopération portant sur 20 millions de Petros, la nouvelle crypto-monnaie vénézuélienne indépendante du dollar.

    Le candidat  le mieux placé de l’opposition aux présidentielles, Henri Falcon, affirme qu’en dollarisant le Venezuela, on gagnerait la confiance des organismes internationaux comme la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI). Le président Nicolás Maduro envisage la voie opposée, rendre le pays indépendant du dollar en créant une devise propre : le petro : « Qu’un pays comme le nôtre puisse avoir sa propre monnaie internationale serait un succès sans précédent dans le monde, » a-t-il ajouté en évoquant le Petro lancé par le Gouvernement Bolivarien.

    5 domaines de travail

    Dans le cadre de la coordination de la proposition du Président, la Commission de l’Economie a établi plusieurs domaines de travail : le domaine de la sécurité et de la souveraineté agro-alimentaire, la conception d’une nouvelle architecture financière concernant la gestion des finances publiques, la relation avec les capitaux étrangers, l’économie de production, un nouveau modèle économique avec exposition des motifs à la Constituante et le problème de l’énergie qui comporte plusieurs points faibles.

    L’un d’entre eux est PDVSA Gas Communal : le service direct et la distribution en bombonnes font aussi partie des lignes de travail essentielles à cause de l’importance qu’ils ont dans les foyers populaires. En plus, on a insisté sur le problème des courants de raffinage pour valoriser le travail de transformation du brut aussi bien dans l’exploitation que dans l’extraction.

    Interrogé sur le destin des plus importantes réserves de brut du monde, le député constituant David Paravisini a déclaré que les ressources de la Ceinture Pétrolifère de l’Orénoque Hugo Chávez continuent à être utilisées comme instrument de la géopolitique mondiale.

    « Celui qui veut du pétrole doit s’adapter aux conditions établies par l’Etat. On envisage même de fixer des conditions plus strictes dans cette relation de propriété : 60% à la république et 40% à l’investisseur privé pour qu’il soit associé et qu’il apporte la technologie en plus du financement. »

    La démocratisation de la gestion de l’industrie doit se poursuivre car malgré le contrôle du Gouvernement sur Petróleos de Venezuela (PDVSA) qui, avant le coup d’Etat et la grève pétrolière de 2002-2003 contre le président Hugo Chávez était contrôlé par « une caste bureaucratique » appelée méritocratie, elle continue à être géré par une structure très liée aux pouvoirs factuels des transnationales. Le décret présidentiel 3 368, publié le jeudi 12 avril au Journal Officiel du Venezuela N° 41 376 est un pas dans cette direction. Ce décret a valeur de loi a pour but de réorganiser les opérations pétrolières et de minimiser la bureaucratie à l’intérieur de l’entreprise d’Etat et dans ses entreprises mixtes pour rétablir les capacités de production du brut.

    « L’activité de l’industrie pétrolière s’est totalement déformée. D’une soi-disant prise de contrôle de toutes les variables avec la nationalisation du pétrole en 1975 qui, en réalité, est devenue un Ministère du Pétrole très fort mais avec une industrie qui, en réalité, est gérée par les transnationales grâce à des rabatteurs, nous sommes passés à une autre dans laquelle les 2 flanc devaient être contrôlés par l’Etat. »

    Cela a provoqué un renforcement sur le moment mais dans la pratique « nous avons perdu le contrôle sur le problème du pétrole. Aujourd’hui, nous l’avons perdu sur l’industrie et on a perdu la force du ministère, » a regretté Paravisini, député à la Constituante. « PDVSA a été une création de l’impérialisme et de la CIA. Rómulo Betancourt, au début, s’est opposé à sa création et ensuite, il a accepté à condition que les entreprises soient dirigées par les anciens directeurs des transnationales. » a-t-il rappelé.

    Thierry Deronne, avec tous nos remerciements à Françoise Lopez pour ses traductions

    URL de cet article : https://wp.me/p2ahp2-455


  • Ça n'empêche pas Nicolas

    Blog de Jean Lévy sur l'actualité politique au jour le jour.

     

     

    19 Mai 2018
    L'évènement du 9 mai qui sonne le réveil du peuple ukrainien

    Russie politics

    A la surprise générale, la chaîne de télévision ukrainienne INTER, appartenant à l'oligarque Firtach, a diffusé un programme spécial pour le 9 mai, un télé-marathon intitulé "Notre victoire". Cette victoire que les extrémistes et les corrompus de Kiev qui les instrumentalisent pour garder le pouvoir veulent tant remettre en cause.
     
    Cette victoire de l'URSS tout entière, dont l'Ukraine était un élément important, contre les nazis. Une victoire, non un pardon. On ne pardonne pas le nazisme. Un record absolu d'audience. Qui a entraîné l'incendie de la chaîne de télévision par ces groupuscules "pro-démocratiques".
     
    Mais la leçon est là: le peuple ukrainien a survécu au Maïdan. 
     

    Le 9 mai, la chaîne INTER a diffusé le télé-marathon "Notre Victoire"qui a été regardé par plus de 13 millions de personnes en Ukraine. La chaîne a ainsi raflé 15,7% des parts d'audience, record absolu face aux autres chaînes ce jour-là, ce jour si symbolique. Et des images incongrües dans l'Ukraine post-Maîdan bandériste. Les portraits, les uniformes.

     
    Ce 9 mai s'est terminé par un concert "La Victoire. Une pour tous". Le taux d'audience a encore augmenté, pour grimper à 24,1% d'audience. Un acte de résistance. Un message.
     
     
    Et ce message fut très clairement délivré par les présentateurs en début de concert: 
    "8 millions d'Ukrainiens sont morts entre les mains des fascistes, c'est notre histoire, c'est notre mémoire génétique. Et aujourd'hui nous ne pouvons accepter que les rues de nos villes portent le nom des fascistes criminels, que leurs portraits soient illégalement portés lors de marches aux flambeaux dans notre capitale, dont chaque mètre porte les traces du sang de nos concitoyens." déclare Andreï Domansky
    "Et peut importe que l'on ait parfois l'impression que tous sont contre nous, que nous sommes étrangers en notre pays. Ce n'est pas vrai! Nous sommes nombreux!"
    déclare depuis la scène Anastassia Daouguilé.
    Evidemment, cet acte héroïque n'est pas passé inaperçu. Les extrémistes ont fait pression sur la chaîne pour qu'elle mette fin à ce programme, mais les journalistes ont tenu bon. Ont résisté. Au moment où le concert a été montré, les représentants du "Corpus national" sont devenus fous et ont jeté des cocktails molotov sur le bâtiment. Mais les journalistes ont tenu le siège. Ils ont résisté. Ce n'est pas la première fois que cette chaîne se retrouve dans la ligne de mire des extrémistes, elle ne diffuse pas le bon message (voir par exemple notre texte sur l'attaque de cette chaîne en septembre 2016).
     
    Et l'Europe se retrouve face au monstre qu'elle a créé, qu'elle a imposé à tout un peuple. Un monstre qu'elle ne peut pas regarder en face. Un monstre qui devient embarrassant au fur et mesure qu'il devient difficile de le cacher. 
     
     
    Un monstre nommé et condamné par le peuple ukrainien. "Et peut importe que l'on ait parfois l'impression que tous sont contre nous, que nous sommes étrangers en notre pays. Ce n'est pas vrai! Nous sommes nombreux!"
    Tag(s) : #Ukraine

  • Venezuela : Message de notre correspondante Irina, 18 mai 20H02

    18 Mai 2018, 19:21pm

    Publié par Bolivar Infos

    Jorge Rodriguez,le ministre de l'Information et de la Communication a tenu une conférence de presse aujourd'hui au Palais de Miraflores de a présidence de la République. Il s'est félicité de al très bonne tenue de la campagne électorale qui s'est déroulée dans le calme. Aucun incident n'a été déploré. Le ministre déplore le fait que le Gouvernement des Etats-Unis dénonce les élections comme étant frauduleuses alors même qu'elles n'ont pas encore eu lieu. Il regrette également que l'Union Européenne ait refusé la demande formulée par le Gouvernement vénézuélien d'envoyer des observateurs pour les élections. Malgré cela, 200 organismes sont présents sur tout le territoire pour observer les élections.

     

    Le ministre a rappelé que des millions de Vénézuéliens ont participé aux meetings des 4 candidats en lice quand bien même ce fait est passé sous le radar des grands médias internationaux qui ont préféré médiatiser une manifestation convoquée par le secteur le plus radical de l'opposition qui n'a réuni que 250 personnes pour dénoncer la « fraude » devant le siège de l'OEA.

     

    Irina, 18 mai 20H02

    URL de cet article:

    http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2018/05/venezuela-message-de-notre-correspondante-irina-18-mai-20h02.html


  • La Syrie impose de nouvelles règles de confrontation à Israël


    Par Sayed − Le 12 mai 2018 − Source sayed7asan

    Dans la nuit de mercredi 9 à jeudi 10 mai 2018, un échange de frappes sans précédent a eu lien entre Israël et la Syrie. Les médias dominants, ainsi que certains médias « alternatifs » comme Russia Today (ou même Médiapart, pour les ingénus qui le classeraient dans cette catégorie), se sont empressés de relayer la version des faits de l’armée israélienne, selon laquelle l’entité sioniste aurait « riposté » à une « attaque iranienne menée par la Force Al-Quds des Gardiens de la Révolution » consistant en un tir de « vingt roquettes » contre des positions israéliennes dans le Golan occupé, dont quatre auraient été « interceptées par le Dôme de Fer » israélien et les autres se seraient « écrasées en territoire syrien », aucun dégât n’étant recensé en Israël. Israël aurait répondu à cet « acte d’agression » inédit par une « opération de grande envergure » qui aurait détruit « l’ensemble de l’infrastructure iranienne en Syrie », afin de dissuader la République Islamique de toute velléité de frappe future.

     

    Ce récit prend pour argent comptant les postulats, données et mythes de la propagande de l’entité sioniste – qui impose aux médias israéliens une censure militaire permanente, exposant tout contrevenant à une peine de prison ; et à en lire les médias internationaux, on pourrait croire que comme les sanctions économiques américaines, cette censure est extraterritoriale – mais aucun d’entre eux ne résiste à l’analyse.

    L’agresseur est indubitablement Israël, qui a réalisé plus d’une centaine de frappes contre la Syrie depuis le début du conflit. Après la mise en scène chimique de Douma, ses agressions se sont intensifiées avec les attaques contre la base syrienne T-4 le 9 avril, qui ont notamment tué 7 Gardiens de la révolution islamique d’Iran. Suite à l’annonce américaine de retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, de nouvelles frappes israéliennes ont ciblé des positions syriennes mardi 8 mai dans la banlieue sud de Damas, et mercredi 9 mai à Kuneitra, au sud du pays. Incontestablement, la Syrie n’a fait que riposter à une énième agression, avec une fermeté qui a ébranlé Israël et l’a contraint à sortir du mutisme auquel il se confine habituellement.

    La riposte syrienne – et non iranienne – a consisté en un tir de plus de cinquante – et non pas vingt – roquettes contre quatre bases militaires israéliennes sensibles dans le Golan occupé, qui ont causé des dégâts matériels et même des pertes humaines selon Al-Manar, le média du Hezbollah. Celles-ci n’ont pas été rapportées par la presse israélienne du fait de la censure militaire drastique interdisant de mentionner l’agression initiale d’Israël, d’évoquer un tir de plus de vingt roquettes, d’identifier leurs cibles et de parler des dommages infligés, ce afin de rassurer la population à l’intérieur et de permettre aux capitales occidentales vassales d’égrener leur refrain du sacro-saint-droit-d’Israël-à-se-défendre. La chaine libanaise Al-Mayadeen a précisément identifié les postes militaires frappés : 1/ un centre militaire de reconnaissance technique et électronique ; 2/ le poste de sécurité frontalière et de renseignement 9900 ; 3/ un centre militaire de brouillage électronique ; 4/ un centre militaire d’espionnage de réseaux sans fil et filaires ; 5/ une station de transmission ; 6/ un observatoire de l’unité d’armes de précision pendant les opérations au sol ; 7/ un héliport de combat ; 8/ le quartier général du commandement militaire régional de la brigade 810 ; 9/ le centre de commandement du bataillon militaire à Hermon ; 10/ le quartier général d’hiver d’une unité spéciale alpine. Et comme cette chaine l’a rapporté, même les journalistes et analystes israéliens ont pu exprimer des doutes sur cette version peu crédible selon laquelle ces frappes massives, sans précédent depuis 1974 et donc inattendues, se seraient révélées inoffensives. Du reste, comme l’a souligné Norman Finkelstein, rien n’a changé pour Israël entre les guerres à Gaza de 2008 et 2014 malgré le déploiement du « Dôme de Fer », seulement 5% des roquettes – largement primitives – du Hamas ayant été interceptées durant l’opération « Bordure Protectrice » ; et l’un des meilleurs spécialistes de la défense antimissile, Théodore Postol du MIT, a déjà révélé les déficiences chroniques de ce système. Il est invraisemblable qu’il ait pu mieux faire face aux lance-roquettes multiples russes, chinois et iraniens bien plus sophistiqués que possède la Syrie.

    Le succès des frappes israéliennes, qui, à en croire le ministre de la Guerre israélien Avigdor Lieberman, auraient détruit presque « l’ensemble de l’infrastructure iranienne », est largement exagéré : les responsables militaires russes, dont les radars ont suivi ce combat en temps réel, ont annoncé que plus de la moitié des 60 missiles tirés par 28 F-15 et F-16 israéliens – ainsi que des 10 missiles sol-sol – ont été interceptés. L’armée syrienne recense 3 morts et 2 blessés, une station radar et un entrepôt de munitions détruits et des dégâts matériels sur des unités de défense anti-aériennes syriennes. Ces dernières ont déjà démontré leur efficacité face à Tel-Aviv, Washington, Londres et Paris, contrairement au mythique « Dôme de Fer » israélien.

    La présence même de bases militaires iraniennes et/ou d’importants contingents iraniens en Syrie est une fable : l’Iran n’y dispose que d’une présence modeste (essentiellement composée de conseillers militaires, effectivement issus du corps des Gardiens de la Révolution Islamique), contrairement au Hezbollah ou à la Russie. Robert Fisk souligne bien que les allégations israéliennes au sujet de la présence de missiles iraniens en Syrie ont probablement été concoctées « de concert avec l’administration Trump », que la présence iranienne est « bien moindre que ce que s’imagine l’Occident », et que toutes les déclarations israéliennes doivent être rapportées avec la plus grande circonspection. Tout reportage objectif sur ces événements devrait ressembler à celui de Robert Fisk : « Les Américains ont dû être informés en amont des dernières frappes israéliennes de la nuit dernière, supposément contre les forces iraniennes en Syrie après une attaque supposée de roquettes iranienne contre les forces israéliennes sur le Golan – et il est important d’utiliser le mot « supposé » et de ne pas prendre tout cela pour argent comptant. »  En effet, ces prétendues attaques inattendues étaient annoncées depuis des jours par l’armée israélienne, qui avait déjà mené une prétendue « frappe préventive » – bien plutôt une provocation – le 8 mai.

    La « ligne rouge » que cette soi-disant présence iranienne constituerait pour Israël est démentie par le fait que Tel-Aviv n’a cessé, depuis le début du conflit, de ralentir la progression de l’Armée arabe syrienne et, sous de multiples prétextes (livraison d’armes au Hezbollah, riposte à des tirs réels ou supposés depuis le Golan, etc.), d’assister les groupes terroristes armés de toutes les manières possibles : armes, informations, frappes aériennes coordonnées avec les offensives, soins médicaux aux djihadistes, etc. Israël, le seul pays au monde qui ne craint officiellement rien (et n’a effectivement rien à craindre) de Daech, a vu la situation en Syrie virer du rêve – voir une myriade de groupes terroristes abattre le seul régime arabe anti-israélien et saigner le Hezbollah – au cauchemar – faire face à ses frontières à un Hezbollah, une armée syrienne et un Iran plus puissants et aguerris que jamais, et alliés à la Résistance palestinienne, à l’Irak et au Yémen, ainsi qu’à la Russie – ne fait que poursuivre son œuvre déstabilisatrice sous de nouveaux prétextes, et de manière plus directe : Hassan Nasrallah, le Secrétaire général du Hezbollah, avait bien annoncé qu’après la défaite des proxies en Syrie, leurs commanditaires pourraient intervenir de plus en plus ouvertement.

    L’Iran, dont l’opposition au projet raciste et colonialiste d’Israël est un principe et même un dogme depuis le triomphe de la Révolution islamique en 1979, n’est pas facilement provoqué à une réaction épidermique, et a toujours préféré agir avec patience et sur le long terme – souvenons-nous de sa retenue après le massacre de ses diplomates en Afghanistan en 1998. L’objectif de l’Iran n’est pas de mener une simple opération de représailles pour venger ses officiers et soldats délibérément (ou accidentellement, comme ce fut le cas à Kuneitra en janvier 2015) tués par Israël, mais bien d’œuvrer à la libération complète de la Palestine en mettant fin au « régime sioniste » illégitime, à l’image du  régime d’apartheid en Afrique du Sud, qui s’est effondré après sa défaite militaire en Angola et en Namibie – contre des mulâtres cubains, considérés avec autant de racisme que le suprématisme juif israélien considère les ArabushimComme l’a souligné Hassan Nasrallah, l’agression directe d’Israël contre les forces iraniennes en Syrie constitue un tournant majeur dans l’histoire du conflit israélo-arabe – ou plutôt israélo-arabo-perse – et Israël doit maintenant s’attendre à affronter directement les forces iraniennes – que ce soit en Syrie, en Palestine occupée ou même ailleurs. Du reste, lorsque les missiles iraniens entrent en scène, ils sont lancés depuis le territoire de la République islamique et avec un succès indéniable, comme l’ont montré les frappes contre Daech à Deir-Ez-Zor le 18 juin 2017, en représailles aux attaques terroristes survenues à Téhéran.

    Comme on le voit, la réalité ne saurait être plus différente de la fable qui a été propagée par la majorité des médias. Les « journalistes » qui reprennent docilement les éléments de langage d’Israël se transforment en officines de propagande de Tsahal et de la véritable « diplomatie du mensonge » mise en place par Netanyahou. Israël ment en effet constamment au monde – et, de plus en plus, à sa propre population. Et lorsque ses actions inconsidérées ont des répercussions désastreuses, il publie des communiqués hâtifs dans lesquels il se présente comme une victime d’une part, tout en affirmant d’autre part, via Lieberman et via la Russie, n’avoir aucune intention de se diriger vers une escalade et espérer qu’on s’en tiendra là – proclamer le succès de ses frappes de représailles est un moyen de faire comprendre qu’il ne veut pas aller plus loin. Les médias internationaux se sont contentés de reprendre ces déclarations immédiatement après les premières attaques, sans la moindre distance critique. Les acteurs rationnels comme l’Iran, la Syrie et le Hezbollah – ou la Russie – pour leur part, ne sont pas si pressés de s’exprimer et de confirmer ou infirmer les allégations des uns et des autres, laissant leurs adversaires s’empêtrer dans leurs mensonges, et certains de la primauté de la réalité du terrain qui leur devient plus favorable de jour en jour. Du reste, le fait qu’un revers cuisant pour Israël, qui renverse littéralement la donne stratégique, soit transformé en un succès militaire par la propagande sioniste et atlantiste, et conjugué à des protestations israéliennes de non-belligérance, ne peut que conforter l’Axe de la Résistance dans ses choix.

    Yoav Kish, membre de la Knesset cité par Al-Manar, a souligné qu’indépendamment même de l’auteur des frappes et de leurs résultats – que la censure interdisait d’évoquer – il s’agissait d’un revirement majeur dans l’histoire des guerres d’Israël, qui se voit attaqué depuis la Syrie. En effet, les installations militaires du Golan sont maintenant directement prises pour cibles suite aux agressions israéliennes, et non plus seulement l’aviation israélienne, qui a déjà vu son fleuron – le F-16 – se faire abattre le 10 février 2018. Les journalistes et analystes israéliens ont également souligné les répercussions psychologiques et économiques de cet incident, plus de 20 000 colons du Golan ayant dû retrouver précipitamment, en pleine nuit, les chemins des refuges (combien seront-ils à la prochaine escalade ?), et le début de la période estivale ayant été inauguré par une vague de suppressions de réservations d’hôtel du fait des craintes d’une guerre entre Israël et l’Iran. L’entité sioniste, qui inflige sans émoi les pertes et dégâts les plus considérables aux Palestiniens et à ses voisins, est pour sa part gravement ébranlée par les moindres pertes, insupportables pour la société israélienne – d’où la sévérité de la censure militaire.

    L’accusation contre l’Iran s’explique par des facteurs essentiels (le racisme foncier de la société israélienne et de son Premier ministre, qui croient plus volontiers à une dangerosité de l’Iran perse qu’à celle de la Syrie arabe) et conjoncturels – un refus d’assumer les conséquences de la politique suicidaire du gouvernement Netanyahou, qui l’a amené à une confrontation directe avec l’ensemble de l’Axe de la Résistance, pour ne pas dire avec la Russie. Et surtout, Israël veut capitaliser sur le retrait de Trump de l’accord sur le nucléaire iranien pour faire avancer sa principale obsession, plus ancienne que la crise syrienne, à savoir le programme balistique de Téhéran auquel il veut que l’Occident mette fin en exploitant le sempiternel prétexte nucléaire – rappelons que la fabrication, la possession et l’usage de l’arme nucléaire sont illicites en Islam selon l’Imam Khomeini et Ali Khamenei, autorités suprêmes en Iran. Netanyahou a  clairement affirmé qu’une guerre avec l’Iran est inévitable, et qu’il vaut mieux qu’elle se produise maintenant que plus tard. Depuis 2005, il espère vainement que les États-Unis et leurs vassaux européens pourront la mener pour lui, mais aucune négociation, sanction ou agression ne pourra jamais faire plier l’Iran. Et de même que les frappes israéliennes du 9 avril, censées encourager Washington, Londres et Paris à des frappes sévères contre la Syrie, se sont soldées par un échec cuisant, Israël n’a fait qu’aggraver sa situation et se retrouve une fois de plus seul face aux conséquences désastreuses de ses actes, à la mesure de l’arrogance aveugle qui les a déclenchés.

    Et la Russie dans tout cela ? La présence de Netanyahou à Moscou pour la commémoration du 73e anniversaire de la victoire de l’URSS contre le nazisme, et les rapports selon lesquels la Russie ne livrerait pas les S-300 à la Syrie, ne doivent pas induire en erreur. La Russie s’est beaucoup trop investie en Syrie pour permettre à quiconque – qu’il s’agisse de Washington, Tel-Aviv, Riyad ou Ankara – de réduire ses efforts à néant. Elle a affirmé qu’elle ne tolèrerait plus de frappes occidentales contre la Syrie en cas de nouvelle mascarade chimique, et qu’elle fournirait à Damas non pas le système anti-aérien S-300, mais bien, selon les propos de Sergueï Lavrov, « tout ce qui est nécessaire pour aider l’armée syrienne à prévenir toute agression ». Les systèmes de défense actuels, renforcés de jour en jour, ont déjà largement fait leurs preuves – notamment le Pantsir, bien plus adapté aux besoins de l’armée syrienne – et permettent d’envisager le jour où Israël aura perdu son seul avantage, à savoir la suprématie aérienne, sans laquelle son armée prétendûment invincible ne pourrait pas même tenir tête à Gaza. L’utilisation par Israël de missiles sol-sol pour la première fois, et la concentration des attaques sur les défenses anti-aériennes syriennes – Tsahal a publié la vidéo de la destruction d’un système Pantsir S-1, probablement inactif – prouve qu’il est bien conscient de ses limites.

    Il est évident que les agressions israéliennes contre la Syrie seront de plus en plus coûteuses, tant pour l’aviation israélienne que pour ses bases militaires intérieures et sa population, du fait de la détermination de la Syrie et de ses alliés (le Hezbollah et l’Iran) à riposter à toute agression, de leur expérience et de leurs nouvelles capacités, et de leurs succès sur le terrain. L’Axe de la Résistance, dont la Russie ne fait pas partie, est dorénavant capable de faire face à Israël directement, avec un front uni et sans craindre une escalade. Quant à Israël, déjà débordé par les manifestations pacifiques à Gaza qui doivent culminer le 15 mai, il n’est pas prêts à la guerre contre un seul des membres de l’Axe de la Résistance, et encore moins contre plusieurs simultanément. La nouvelle équation imposée par l’armée syrienne le 10 mai est plus redoutable pour Israël que la perspective de la perte d’un autre F-16, car Damas a montré sa détermination à porter la guerre sur le territoire ennemi, et à frapper l’entité sioniste en profondeur.

    L’Axe de la Résistance aura prochainement les yeux rivés sur le Golan occupé, que la Syrie n’a jamais renoncé à libérer par les armes – un droit conféré par le droit international même, ce territoire étant reconnu comme syrien par l’ensemble de la communauté internationale : toute opération syrienne y relève de la résistance légale et légitime contre l’agression israélienne commise en 1967 et l’occupation subséquente, même sans nouvelle provocation. Dès mai 2013, Hassan Nasrallah avait annoncé la participation du Hezbollah à l’ouverture d’un nouveau front sur le Golan. En mars 2017, la Brigade de Libération du Golan a été formée par le Hezbollah irakien, Harakat al-Nujaba, un mouvement soutenu par l’Iran et ayant participé à la libération de l’Irak et de la Syrie face à Daech. Aujourd’hui, les frappes syriennes dans le Golan occupé ouvrent incontestablement un nouveau chapitre dans l’histoire des guerres israélo-arabes, dans lequel Israël sera de plus en plus acculé à une position défensive. Verrons-nous prochainement Tsahal élever une muraille à la frontière du Golan occupé pour entraver toute invasion future, comme c’est le cas à la frontière libano-israélienne afin de prévenir toute incursion du Hezbollah en Galilée ? Quoi qu’il en soit, la prochaine guerre contre Israël bouleversera complètement la carte du Moyen-Orient.

    Sayed Hasan