• 2 Avril 2019

    Publié par El Diablo

    Deux mois après la signature du traité d'Aix-la-Chapelle par Emmanuel Macron et Angela Merkel, une assemblée parlementaire franco-allemande s'apprête à voir le jour. En quoi consiste cette chambre binationale ?

    Présentée le 22 septembre 2018 par le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, la nouvelle assemblée parlementaire franco-allemande s'est depuis matérialisée et se réunit pour la première fois le 25 mars à Paris.

    Cette instance binationale voit donc le jour deux mois après la signature par Emmanuel Macron et Angela Merkel le 22 janvier 2019 du traité d'Aix-la-Chapelle, dont le texte précise : «Le rôle essentiel de la coopération entre l’Assemblée nationale et le Deutscher Bundestag [...] constitue une dimension importante des liens étroits entre les deux pays.»

    Approuvée respectivement par les deux Parlements, cette nouvelle chambre commune sera composée de 100 parlementaires (50 députés français, 50 allemands) et sera amenée à siéger au moins deux fois par an, alternativement en France et en Allemagne, «pour veiller à l'application des décisions communes des exécutifs, suivre les affaires internationales d'intérêt commun et encore travailler à améliorer la vie des populations transfrontalières», comme le rapporte l'AFP.

    […]

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    La VENTE des intérêts français à l’Allemagne continue : création d'une Assemblée FRANCO-ALLEMANDE de députés

    Par Joël Perichaud, Secrétaire national chargé des relations internationales du Parti de la démondialisation.

    Le 31 mars 2019

    La vente des intérêts français à l’Allemagne continue : Moins de deux mois après la signature du traité d'Aix-la-Chapelle entre Macron et Merkel, les députés soumis à l’UE et à son pays dirigeant, l’Allemagne, ont voté, le 11 mars, une résolution pour « resserrer » les « liens législatifs » entre la France et l'Allemagne.

    Le Traité entre la République française et la République fédérale d’Allemagne sur la coopération et l’intégration franco-allemande signé le 22 janvier 2019 à Aix-la-Chapelle a été le fait du prince...pas de consultation du peuple ni des députés.

    La résolution concernant la coopération parlementaire franco-allemande a été proposée par Richard Ferrand et adoptée par LREM, le MoDem, LR, le PS, l’UDI et Libertés et Territoires. La FI a voté contre, la Gauche démocrate et républicaine, conduite par le communiste André Chassaigne, s'est abstenue...

    Cette résolution valide la création d'une « assemblée parlementaire » commune aux deux pays. Cette instance binationale sera composée de 50 élus français et 50 élus allemands. Sa mission : organiser la « convergence des droits français et allemand dans le but de favoriser la cohésion européenne », en se réunissant au moins deux fois par an (première réunion le 25 mars à Paris).

    Conformément aux désirs des européistes, cet accord acte la possibilité de « déroger aux règles du droit national » dans les régions transfrontalières (Art14) « Ils s’engagent également à favoriser le développement de la coopération transfrontalière en harmonisant et en simplifiant le droit en vigueur. Lorsqu’il n’est pas possible de surmonter autrement les obstacles juridiques entravant la réalisation de projets transfrontaliers communs, l’Assemblée nationale et le Bundestag allemand promeuvent l’adoption de dispositions permettant de déroger aux règles du droit national... ».

    [...]

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    J'veux du soleil ! débarque dans les salles de cinéma mercredi !
     

    Après une mois et demi de tournée dans toute la France, avec Gilles, et plus de 25 000 entrées, "J'veux du soleil !" débarque officiellement dans 140 salles mercredi 3 avril pour vivre sa vie au cinéma ! 

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    La bande-annonce officielle !
     
     
      François Ruffin  
    3:00 PM - Mar 31, 2019
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    "Une scène finale magnifique, "on dirait que c'est joué tellement que c'est beau !", "des témoignages très forts !", "pour une fois on est dans le détail de la pauvreté", "vous rendez audibles une parole humaine", "y a les visages, y a l'empathie. Y a un regard. On pourrait dire : y a de l'amour !" Charles Consigny et Christine Angot ont vu "J'veux du soleil !"... En salle le 3 avril ! Toutes les salles : https://francoisruffin.fr/jveux-du-soleil/

     
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    François Ruffin

    Permanence parlementaire,
    90 Chaussée Saint-Pierre


  • « VENEZUELA, CHRONIQUE D’UNE DÉSTABILISATION ». INTERVIEW DE MAURICE LEMOINE PAR THIERRY DERONNE

    Couverture-Maurice-Lemoine

    Publié par Le Temps des Cerises, Venezuela – Chronique d’une déstabilisation, de Maurice Lemoine, sort dans les bonnes librairies le jeudi 4 avril 2019. Ex-rédacteur en chef du Monde diplomatique, l’auteur sillonne l’Amérique Latine depuis plus de quarante ans. Parmi ses ouvrages récents, citons “Chávez Presidente !”« Sur les eaux noires du fleuve », “Cinq cubains à Miami” ou “Les enfants cachés du général Pinochet”. L’occasion de dialoguer avec l’auteur à propos d’une certaine idée du journalisme.

    Thierry Deronne – Pourquoi avoir donné à ton nouveau livre la forme d’une « chronique » ?

    Maurice Lemoine – Si j’en crois le dictionnaire, une chronique est un récit dans lequel les faits sont enregistrés dans l’ordre chronologique. Cela peut paraître basique, simpliste, limité, loin des brillants exercices théoriques et rhétoriques des analystes « top niveau ». En tant que journaliste de base, je revendique cette approche. Pour prétendre analyser une situation, encore faut-il connaître les faits. Leur enchaînement. Leurs causes et leurs effets. Leurs conséquences, voulues ou non. Ce qui permet, preuves à l’appui, de mettre en évidence, l’incohérence et la malhonnêteté très significatives, à une poignée de mois d’écart, de certaines prises de position.

    Quelques exemples… En 2017, en convoquant une Assemblée nationale constituante, le président Nicolás Maduro provoque les hurlements de l’opposition : en 2014, l’un des dirigeants de cette dernière, Leopoldo López, réclamait une telle Assemblée à grands cris. En 2017, pendant toute la période de violence insurrectionnelle, les principaux dirigeants de la Table d’unité démocratique (MUD) s’égosillent : « Election présidentielle anticipée ! » Le pouvoir l’organise : plus aucun d’entre eux n’en veut ! Mais qui se souvient de leurs déclarations et de leurs revendications antérieures ? Personne (sauf peut-être l’ex-président du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, qui a servi de médiateur dans une tentative de dialogue et qui, lors de la rupture de ce dernier sur ordre de l’ « Empire », a exprimé sa réprobation). La mémoire de l’appareil médiatique, elle, ne dépasse pas les trois derniers mois. D’où l’importance de reprendre modestement l’histoire telle qu’elle se déroule, pas à pas.

    TD – Que raconte donc cette chronique et en quoi se veut-elle originale, différente ?

    ML – Dans la grande tradition du Monde diplomatique, que j’ai « fréquenté », du statut de pigiste à celui de rédacteur en chef, pendant trois décennies, il s’agit d’un travail de « contre-information ». Quiconque subit quotidiennement le rouleau compresseur « Dassault-Lagardère-Bergé-Pigasse-Niel-Drahi-Rothschild-Pinault-Arnaud » (et je ne parle pas des médias étrangers), ainsi que les ex-radios et télévisions de « service public » devenues « chaînes d’Etat », en comprend parfaitement la nécessité. Donc je travaille comme devrait travailler n’importe quel professionnel de la profession : suivi permanent de l’info, rencontres, interviews et reportages de terrain précèdent l’analyse. Le concret avant le « blabla ». Pas de quoi en faire un plat, c’est ce qu’on devrait apprendre aux jeunes dans les écoles de journalisme. Cela me permet d’échapper à l’ « Histoire officielle », que je résumerais ainsi : plongé dans une crise économique, politique et institutionnelle sans précédent, le Venezuela, pourtant détenteur des plus grosses réserves pétrolières de la planète, s’effondre, gangrené par la corruption, au point de ne plus pouvoir apporter ni nourriture, ni médicaments, ni produits de première nécessité à sa population. Alors que l’opposition a été complètement muselée, la « société civile », « affamée », lorsqu’elle se révolte et manifeste « spontanément », est réprimée à feu et à sang. Ce qui a permis à Maduro, contrôlant désormais toutes les institutions de l’Etat, de se faire réélire, dans des conditions fortement contestées, le 20 mai dernier. Pour la « communauté internationale » – c’est-à-dire les Etats-Unis, l’Union européenne et certains pays d’Amérique latine –, le Venezuela s’enfonce petit à petit dans la dictature. 

    Cette « Histoire », induite par une propagande tentaculaire, il y a une autre façon de la raconter.

    TD – Quelle est donc la thèse que tu développes dans ton livre ?

    ML – A la mort de Chávez, et afin de neutraliser définitivement la « révolution bolivarienne », les secteurs radicaux de l’opposition, en lien avec la Maison-Blanche, le Pentagone et le Département d’Etat, ont entrepris d’empêcher à n’importe quel prix son successeur Maduro, bien qu’élu démocratiquement, de consolider son pouvoir. Se référant de façon subliminale aux « révolutions de couleur », jouissant d’un fort appui international, ils ont lancé de violentes offensives de guérilla urbaine en 2014 et 2017 (45 et 125 morts), dont une partie importante des victimes, contrairement à ce qui a été dit et écrit, n’appartenaient pas aux manifestants.

    Certes, l’importante diminution des prix du pétrole, la principale ressource du pays, a raréfié la rentrée des devises, rendant plus difficiles les importations de biens de consommation. Certes, la gestion du gouvernement ne brille pas toujours par son efficacité. Mais, les ratés réels de son administration n’expliquent pas tout. Des pénuries organisées et de l’accaparement des aliments, médicaments et biens de première nécessité, aux conséquences désastreuses du marché noir, en passant par une inflation irrationnelle sciemment provoquée, auxquels s’ajoutent depuis 2015 les sanctions américaines, c’est bien, depuis l’arrivée de Maduro au pouvoir, une déstabilisation économique qui sème le chaos. En réalité, le pays subit une guerre totale et multiforme qui a atteint son climax le 4 août 2018 avec la tentative d’assassinat de Maduro par un attentat aux drones explosifs et l’auto-proclamation le 23 janvier 2019 d’un président fantoche, Juan Guaido.

    Photos : un travail d’enquête loin de la vague des « copier-coller » académiques et des maîtres-à-penser du « ni-ni ». Par 35 mètres de fond, avec les travailleurs de l’Arc minier de l’Orénoque (Etat de Bolivar, Venezuela, 2018). Avec Giorgio Trucchi au Honduras en 2013 pour couvrir la résistance populaire au coup d’État de l’oligarchie contre le président Zelaya. Au Paraguay, en 2012, enquêtant sur un massacre de paysans dans le contexte du coup d’Etat contre Fernando Lugo… ou traversant les lignes des « guarimbas » violentes de l’extrême droite à Caracas en 2017.

    TD – Cette interprétation des événements est loin de faire l’unanimité. En quoi t’estimes-tu plus crédible, plus neutre ou plus objectif que ceux auxquels tu opposes cette version des faits ?

    ML – Terminons-en avec un mythe. L’objectivité, ça n’existe pas. Déjà, au IVe siècle avant Jésus-Christ, dans son Histoire de la guerre du Péloponnèsel’Athénien Thucydide constatait : « Ceux qui ont assisté aux événements ne les rapportent pas de la même manière et parlent selon les intérêts de leur parti ou selon leurs souvenirs variables. » Beaucoup considèrent le journaliste comme un acteur isolé, omnipotent, capable de faire surgir par l’analyse et l’enquête des vérités non connues au départ. En fait, il n’est qu’un acteur parmi d’autres, dans un système d’ensemble. Il fait partie de la comédie. Il sélectionne ses sources sur la base de ses critères conscients ou inconscients, de leur accessibilité, de leur légitimité, mais aussi en fonction de ce qu’attendent son rédacteur en chef et le directeur de la publication. Qui ne tiennent pas forcément à être montrés du doigt pour un traitement non « pensée conforme » de la situation du Venezuela. Et je ne parle pas de la corporation des éditorialistes qui, se prenant pour les instituteurs du genre humain, se contentent de donner leur avis sans jamais assister à rien (ils ont trop peur des insectes, des bestioles et des microbes exotiques, ces malheureux !).

    S’y ajoutent les contraintes d’un secteur économiquement en difficulté : les bons articles sont d’abord ceux qui ne coûtent pas trop cher, en période de budget publicitaire un peu serré. Sans compter les obligations du rythme de « l’info en continu » ; pour une minute trente, il faut axer sur un personnage : Chávez, hier avant-hier ; Maduro, hier ; Guaido aujourd’hui. Le contexte ? Alignons-nous sur les confrères, quitte à créer une « vérité alternative », avec, si nécessaire, oublis, truquages et manipulations à l’appui.

    Plutôt que d’objectivité, parlons d’honnêteté – ce qui, indépendamment des différences d’analyse, serait déjà un grand progrès. Mieux vaut un journaliste de droite honnête – il y en a – qu’un pseudo progressiste qui, en catimini, afflige les faibles et soutient les puissants – il y en a hélas aussi, et beaucoup.

    TD – Justement, l’honnêteté n’implique-t-elle pas de rester neutre ?

    ML – En certaines circonstances, la neutralité porte un autre nom : « lâcheté ». On n’est pas neutre entre les Juifs et les nazis ; entre la République espagnole et le général Franco ; entre Salvador Allende et Augusto Pinochet ; entre la révolution sandiniste et la « contra » ! Qu’on me pardonne d’insister. La grave crise que traverse le Venezuela comporte une dimension systématiquement passée sous silence : comme en son temps le Chili de Salvador Allende, il fait face à une sournoise (de moins en moins, d’ailleurs) mais féroce (et de plus en plus) déstabilisation. Il possède trop de pétrole et trop de richesses minérales pour laisser Washington indifférent… Dans de telles conditions, notre rôle n’est pas de diffuser du gnan-gnan pour Bisounours bien-pensants.

    TD – Et pourtant, certains secteurs de la gauche dite « radicale » ou de l’extrême gauche françaises campent sur une critique virulente du « régime » de Maduro.

    ML – C’est terrible. Affligeant. Pour reprendre l’argumentation d’un certain Thierry Deronne – tu connais  ? –, que j’ai vue passer récemment,« le sens commun sédimenté par l’hégémonie des médias a détaché le mot “Venezuela” du réel d’origine pour en faire un marqueur de respectabilité. Pour beaucoup de personnalités politiques, revues, journaux, centres de recherche, etc., la question n’est plus “comment enquêter là-bas, comprendre, apprendre”, mais “comment soigner, ici, mon image antitotalitaire dans l’opinion” ». La réflexion me paraît tellement juste que je ne vois pas l’intérêt de me « prendre la tête » pour la paraphraser.

    Aux ravages opérés dans l’opinion publique par l’entre soi médiatico-mondain s’ajoute désormais le rôle néfaste dans la mouvance progressiste d’un certain nombre d’ « intellectuels » et d’universitaires dits « de gauche », post-trotskistes,  anars  et écolos de la « bobosphère » (que je n’assimile pas aux indispensables défenseurs de l’environnement), lesquels ne se définissent que par la négation. « Contre tout ce qui est pour », « pour tout ce qui est contre ». Soucieux d’assurer le bon développement de leur carrière en ne s’écartant pas trop de la pensée « acceptable » dans leurs universités, think-tanks et autres ONG (je parle là des universitaires, chercheurs, enseignants-chercheurs, maîtres de conférence, politistes et politologues, docteurs et doctorants), ils font preuve d’une extrême suffisance, d’un conformisme stupéfiant.

    Comment ne pas sentir ses cheveux se hérisser lorsqu’on voit telle revue, censément de « critique communiste » (mais sans rapport avec le parti du même nom) reprendre sans une once de recul la version manipulatrice des « anti-néolibéraux (vénézuéliens) haut de gamme » Edgardo Lander, Nicmer Evans ou Marea socialista sur le saccage par Maduro de l’ « Arc minier de l’Orénoque » – au mépris de l’Histoire longue de la région et de faits que n’importe quel observateur de bonne foi peut observer (à condition bien entendu de ne pas craindre la transpiration) ?

    Comment ne pas lâcher un soupire accablé lorsque les mêmes, reprenant le discours qui, il y a cent cinquante ans, qualifiait les communards de « racaille », diffusent le discours de la droite vénézuélienne sur la « dérive autoritaire » du « régime » et traitent de « paramilitaires » les« colectivos » ? L’une des expressions de l’organisation populaire, certes parfois radicale (est-ce un péché dans un tel contexte ?), mais qui ne comporte pas plus d’éléments violents, dangereux, incontrôlables que, disons… les « gilets jaunes » dans leurs rangs. Pourquoi faire abstraction de cette réalité ? Des conseils communaux ? Des communes ? Des organisations sociales de base ? Du peuple qui se mobilise et résiste aux côtés du pouvoir – sans lui ménager ses critiques, mais sans jouer ni les « commissaires politiques » ni les donneurs de leçons.

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    En 2003, dans un barrio populaire des hauteurs de Caracas. Photo: Thierry Deronne

    Bien entendu, fréquenter les« barrios » et le « campo »oblige à relativiser plutôt que de se référer en permanence à un absolu fantasmé. D’où le refus de se frotter au clair obscur de la vraie vie. Il est tellement plus confortable de critiquer depuis une perspective théorique tout en – pour les « révolutionnaires professionnels » – organisant des colloques, écrivant des textes, voire des livres pleins d’empathie sur Salvador Allende ou (le pacifique ?) Che Guevara !

    Au-delà des simagrées et des contorsions, entonner le refrain de plus en plus à la mode « ni Maduro ni Guaido » – l’équivalent gauchouillard du« en même temps » macronien – c’est rejoindre le camp des charognards conservateurs et réactionnaires qui espèrent une défaite succulente des « bolivariens ». Quand bien même, pour sauver les apparences, au moment où de sombres nuages s’amoncellent, est lancé un traditionnel « Non à une intervention de l’impérialisme américain » ! La belle affaire… Tout le discours qui a précédé a préparé le terrain en cassant, au sein de la gauche, les solidarités. Et alors, pourtant, que les masques sont tombés : sans même se fendre d’un communiqué condamnant avec la plus extrême vigueur son « auto-proclamation », son appel aux sanctions étatsuniennes qui asphyxient le pays et martyrisent les secteurs populaires, et même à une intervention « militaro-humanitaire », les Nicmer Evans, Edgardo Lander, Gonzalo Gómez (Aporrea et Marea socialista) et autres Hector Navarro – les ténors du pseudo « chavisme critique » ! – se sont déjà précipités pour dialoguer avec Guaido.

    TD – On te rétorquera néanmoins que la critique est nécessaire face aux multiples problèmes non réglés…

    ML – Qui a prétendu le contraire ? Nul hasard si, dans ce livre, tout un chapitre est consacré – et sans prendre de pincettes ! – à la corruption. Si le rôle nuisible de la « bolibourgeoisie » et de la bureaucratie est régulièrement évoqué. Si certaines erreurs de Chávez (et non uniquement de Maduro !) sont pointées du doigt. Si… De là à jeter le bébé avec l’eau du bain, il y a un pas que, effectivement, je ne franchis pas. Lorsqu’un gamin avec une verrue noire sur le nez est férocement agressé par une sombre brute, la priorité est de défendre le gamin, pas de répéter en boucle, en restant tranquillement à l’écart, « beurk, il a une verrue sur le nez ! ».

    TD – Tout de même, alors que de la droite à une certaine extrême gauche, une quasi unanimité dénonce le gouvernement vénézuélien, n’es-tu jamais saisi par le doute ? N’as-tu pas peur de te tromper ?

    ML – Je doute en permanence. Je ne cesse de m’interroger. Le journaliste ne sait pas tout. Il rend compte des éléments dont il dispose, à un moment donné, pour expliquer une situation donnée. Ce n’est pas toujours facile. Au milieu des interactions, des circonstances, des émotions, des événements, tout se révèle sujet à interprétations. Sachant que, comme l’a dit Jean-Luc Mélenchon, « recopier et répéter est moins dangereux que de dire quelque chose en étant seul à le faire ».

    Toutefois, un épisode de ma vie professionnelle m’a marqué profondément. En 1982, après m’être fait remarquer par un livre-reportage – Sucre amer – sur les effroyables conditions, un véritable esclavage, dans lesquelles travaillaient les Haïtiens des plantations de canne à sucre dominicaines, je suis parti au Salvador avec dans la poche un contrat des Editions du Seuil pour couvrir le conflit armé qui déchirait ce pays. J’y suis resté trois mois, dont trois grandes semaines physiquement éprouvantes au sein de la guérilla du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN). A mon retour à Paris, et lorsque j’ai rendu mon manuscrit, le Seuil a refusé de le publier, estimant qu’il était trop favorable aux thèses de l’opposition armée – considérée alors par beaucoup comme « polpotienne » et composée de « Khmers rouges » extrêmement dangereux. Le livre – Los Compañeros – a finalement été publié par une maison d’édition beaucoup plus modeste (Encre), ce qui n’a bien sûr pas favorisé sa diffusion.

    Le conflit s’est terminé en 1992. Lorsque la Commission de la vérité de l’ONU a rendu son rapport, celui-ci a confirmé tout ce que j’avais écrit sur l’écrasante responsabilité de l’oligarchie, de l’armée (formée et encadrée par les Etats-Unis) et des escadrons de la mort dans les violations des droits humains. Bien que très minoritaire et contesté dans mon analyse, je ne m’étais pas trompé. Depuis ce jour, et fort de cette expérience, je ne cède ni à la pression générale, ni aux critiques, ni aux insultes, ni même à la perte de certains amis si, après avoir travaillé le plus sérieusement possible, j’estime, en conscience, que j’ai raison. Je peux certes me tromper. Mais, fussent-ils en groupes, en ligues et en processions, les autres aussi !

    TD – Le média d’investigation Mediapart, salutaire quand il combat la corruption et la répression en « macronie », a par contre repris la ligne d’Edwy Plenel sur le Venezuela quand il dirigeait la rédaction du Monde, et fait beaucoup d’efforts pour convaincre le lectorat progressiste que ce pays est une dictature, avec pour preuve les dénonciations d’Amnesty International et de Human Rights Watch. Qu’en penses-tu ?

    ML – Il y a quelques années, s’en prendre à Reporters sans Frontières et à son « caudillo » d’extrême droite Robert Ménard était très mal vu. A quelques-uns – je pense au Diplo, à Acrimed, à Maxime Vivas (du Grand Soir)i – (1), nous l’avons fait et avons dû subir des critiques acérées. Depuis, la vérité a éclaté sur Ménard – mais personne ne nous a présenté des excuses ! Comparaison n’étant pas raison, je ne comparerai évidemment pas l’idéologie des dirigeants d’Amnesty International à celle de Ménard. Toutefois, il existe une dérive de ces organisations de défense des droits humains. Au risque de choquer – une fois de plus ! –, je consacre un chapitre à ce sujet. Derrière ces bureaucraties respectées (et, sur de nombreux points, à juste titre), se cache un fonctionnement très problématique. Qui les informe ? Des ONG locales. Au Venezuela, Proveaet le Foro Penal qui, avant d’être des organisations de défense des droits de l’homme, sont très clairement des organisations d’opposition. Financées par… (je laisse aux lecteurs le soin de découvrir les dessous de ces majuscules humanitaires à forts relents idéologiques qui méritent questionnements).

    TD – Dans les années 70 nul n’aurait pensé dire « ni Allende, ni Nixon » comme on dit aujourd’hui « ni Maduro, ni Trump ». Après avoir occulté vingt ans de démocratie participative, les grands médias transforment aujourd’hui les effets en… causes de la guerre économique. N’est-il pas temps que les progressistes songent à démocratiser radicalement la propriété des médias, à fonder de nouvelles écoles de journalisme hors marché, à créer un puissant réseau de médias associatifs et, surtout, un nouveau type, socialement organisateur, de technologies qui nous libèrent des réseaux sociaux inventés par les Etats-Unis ?

    ML – Tout à fait Thierry (comme disait Jean-Michel Larqué) ! La réponse est déjà dans ta question.

    ML - TD Caracas 2 25-2-18_2 (1)

    En 2018, avec Franco Rivera et Thierry Deronne dans un quartier populaire de Caracas (Magallanes de Catia). Photo de Jesus Reyes.

    Notes

    (1) i Action, Critique, Médias : https://www.acrimed.org/ ; Maxime Vivas, La face cachée de Reporters sans frontièresAden, Bruxelles, 2007.

    Le site Mémoire des Luttes publie en exclusivité les « bonnes feuilles » de « Venezuela. Chronique d’une déstabilisation » : « Nicolás » constitue le huitième chapitre de l’ouvrage.

    URL de cet article: https://wp.me/p2ahp2-4Dc


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    «Privatisation des routes nationales, torchons rouges pour Gilets Jaunes!! » L’édito de Charles SANNAT
     
    Mes chères impertinentes, mes chers impertinents, Si l’on a tous compris que le président Bouteflika n’était plus totalement en capacité d’assurer ses fonctions en raison de son état de santé dégradé depuis son AVC et de son grand âge, coté français, ce qui peut commencer à inquiéter c’est la santé mentale de ceux qui nous dirigent. On pense ce que l’on veut des Gilets Jaunes, mais ils soulèvent un véritable sujet sur la fiscalité, qui ne doit pas aller jusqu’au point de vider les gamelles...  
     
     

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    Electricité + 5,9% dès le 1er juin. "Tais-toi et paie"
     
    Le tarif de l'électricité va augmenter de 5,9% dès le 1er juin... et ce n'est pas un poisson d'Avril qui fait la "Une" de la matinale d'Europe 1. "Le tarif de l'électricité va augmenter dès le 1er juin 2019. Une hausse jugée comme "infondée et injuste", notamment par l'association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV). Il n'a pas fallu attendre longtemps pour qu'elle se confirme. Il y a aura bel et bien une hausse de 5,9% du tarif de l'électricité dès le 1er juin 2019, com...  
     
     

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    Demande mondiale d'or au plus haut depuis 4 ans!
     
    Voici ce que nous raconte cette dépêche de l'agence Reuters en anglais dans le texte:

    La demande mondiale d'or atteindra son plus haut niveau en quatre ans en 2019

    "La demande mondiale d'or en 2019 atteindra son plus haut niveau en quatre ans, la hausse de la consommation des bijoutiers compensant une baisse des achats des banques centrales, selon un rapport du secteur, lundi. Le monde consommera 4.370 tonnes d'or ce...  
     
     

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    Mépris allemand. Merkel interdit les exportations d'armes françaises vers l'Arabie Saoudite!
     
    "Exportation d'armements vers Ryad : le diktat de Berlin roule dans la farine Londres et Paris" c'est le titre peu sympathique de cet article de la Tribune qui n'est tout de même pas un journal anti-allemand! "Selon Berlin, les industriels européens ont le droit de produire des systèmes d'armes ayant des composants allemands mais pas de les livrer à destination de l'Arabie Saoudite ni des Emirats Arabes Unis" En prolongeant son embargo sur les ventes d'armes à destination de l'Arabie Saoud...  
     
     

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    La BCE apporte un soutien indispensable selon Draghi
     
    Le soutien de la BCE reste "essentiel", écrit Draghi le gouverneur de la banque centrale qui confirme dans la présentation du rapport annuel 2018 que la "Banque centrale européenne (BCE) doit maintenir un soutien important au crédit et à l'économie pour combattre les risques liés aux incertitudes géopolitiques". Bon en gros, c'est un peu compromis... ce n'est pas fameux, et la relance ne relance pas grand chose... L'objectif c'est de relancer l'inflation... Oui, ils veulent de l'inflation ...  
     
     
     
     

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    1)Venezuela : Interview du ministre de la Culture Ernesto Villegas  par Maria Fernanda Barreto du 28 mars 2019 traduite par Françoise Lopez. Une excellente interview, à lire absolument. Beaucoup de sujets sont abordés, très intelligemment et Villegas est vraiment clair dans son analyse. 
     
    2)Amérique Latine : Un PROSUR pour la désintégration de la région, un article du CELAG du 25 mars 2019 traduit par Françoise Lopez. Un excellent article aussi qui analyse les raisons de la création du PROSUR et nous fait comprendre beaucoup de choses… a lire absolument.
     
    3)Venezuela : Le Venezuela et la lutte antidrogues (Interview de Juan Grillo, directeur de l'Agence Nationale Antidrogues), par Romain Migus. Un sujet très polémique qui est souvent utilisé pour accuser à tort le Venezuela. Intéressant…
     
    4)Cuba : Contre les drogues, la volonté politique fait la différence,un article de Granma en français du 28 mars 2019. Un autre article intéressant sur la façon de lutter contre les drogues, à Cuba, cette fois…
     
    Bonne lecture à tous,
     
    Françoise Lopez