• Le réacteur nucléaire de troisième génération, qui devait entrer en fonction en 2012, est encore retardé, après la découverte de nouvelles malfaçons. Retour sur ces jours où le chantier a dérapé. 

    Le dôme de la centrale de Flamanville (Manche), photographié le 6 novembre 2014. Le dôme de la centrale de Flamanville (Manche), photographié le 6 novembre 2014.  (CHARLY TRIBALLEAU / AFP

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    Simon GourmelletFrance Télévisions

    Mis à jour le 20/06/2019 | 12:2                                      

    Il devait être le fleuron de la filière nucléaire française, l'EPR de Flamanville (Manche) est aujourd'hui son boulet. Le chantier du réacteur pressurisé européen (EPR) a connu de nombreux retards dont le dernier remonte au 25 juillet 2018, après la découverte de soudures mal réalisées. Initialement prévue pour 2012, son entrée en service est (pour le moment) repoussée à 2020. Mais les travaux à réaliser sont plus complexes que prévu. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a ainsi estimé, jeudi 20 juin, que ces travaux ne pourraient pas être faits avant fin 2022.En attendant, c'est à la vieille centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) de compenser ce retard : ses deux réacteurs fonctionnent afin d'assurer la production d'électricité. A force de ratés et d'erreurs en tous genres, la facture est désormais estimée à 10,9 milliards d'euros, contre les 3 milliards initialement prévus. Malfaçons, "erreurs grossières" et pièces défectueuses... Retour sur un chantier maudit. 

    23 mai 2008 : des fissures détectées dans les fondations

    En ce printemps 2008, cela fait déjà six mois que le béton coule à flots sur ce morceau de roche de la presqu'île du Cotentin. Pour les fondations du réacteur, il a fallu faire exploser à la dynamite l'épaisse couche de granit de la falaise. Une opération non sans risque puisqu'à plusieurs dizaines de mètres de là, les deux premiers réacteurs de la centrale fonctionnent à plein régime. Premier accroc le 3 janvier 2007 : un tir de mine projette des débris sur le réacteur numéro 2. Un accident heureusement sans conséquence, mais le premier d'une longue série.

    En revanche, ce que vont découvrir les ingénieurs de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le 5 mars et le 21 mai est beaucoup plus inquiétant. Lors d'inspections de routine, des fissures sont détectées dans le radier, la dalle de béton qui doit supporter le réacteur. Dans certaines zones, le ferraillage est absent et les soudures de mauvaise qualité. Et malgré leurs recommandations, les opérations ont continué. Résultat, le 23 mai, toutes les opérations de coulage de béton sont stoppées. Une première dans l'histoire de la filière nucléaire française. L'ASN alerte également sur le risque "de la chute éventuelle d'une grue du chantier sur un bâtiment auxiliaire du réacteur n°2".

     

    Le chantier de l\'EPR le 11 octobre 2008, après la reprise des opérations de bétonnage. Le chantier de l'EPR le 11 octobre 2008, après la reprise des opérations de bétonnage.  (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

     

    Selon les inspecteurs de l'ASN, ces "erreurs" répétées ne remettent pas en cause la sûreté de la future installation. Toutefois, "ces anomalies (...) illustrent un manque de rigueur au niveau du chantier qui est inacceptable", estime alors Thomas Houdré, chef de la division de Caen de l'ASN, qui pointe notamment le manque de rigueur d'EDF dans la surveillance du travail de ses sous-traitants. 

    Sur le chantier, l'ambiance est délétère. Les agents de sécurité font grève pour dénoncer leurs conditions salariales, réclament des formations et un meilleur équipement. Les ouvriers dénoncent, quant à eux, le manque de"dialogue social".  Malgré ce mauvais départ, les travaux de bétonnage reprennent un mois plus tard

    1er novembre 2009 : la sûreté du réacteur remise en cause 

    En cette fin d'année, les travaux ont déjà pris du retard et la facture flambe, notamment, en raison des difficultés inattendues rencontrées pour creuser le tunnel d'évacuation des eaux de refroidissement. Mais, le 1er novembre, aux problèmes techniques du chantier s'ajoute celui de la conception même du réacteur. 

    Les autorités de sûreté nucléaire de la France, de la Finlande et du Royaume-Uni (des pays qui ont fait le choix de ce réacteur) pointent le manque d’indépendance des systèmes de contrôle et de commande de l'EPR. Concrètement, sur un réacteur fiable à 100%, un mécanisme qui tombe en panne est immédiatement remplacé par un autre dispositif prenant le relais, explique L'Usine nouvelle. Mais sur l’EPR, les deux systèmes sont totalement dépendants. Le risque est qu'en cas de panne, l'exploitant perde le système de secours censé se mettre en route en même temps que le système d'exploitation normal devenu défaillant.

    Il s’agit d’un défaut de conception presque grossier et d’autant plus incompréhensible qu’il concerne le système de contrôle-commande, un élément majeur de la sûreté.Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivitéà "L'Usine nouvelle"

    Areva assure alors que "la sûreté du réacteur n’est pas remise en cause" et qu’elle "travaille avec les autorités de chaque pays afin d’apporter des adaptations qui répondent aux exigences locales"Quelques mois plus tard, la mise en service de l’EPR n’est déjà plus programmée pour 2012, mais 2014.

    31 août 2011 : des piliers en béton "percés comme du gruyère"

    C'est une nouvelle fois pour une histoire de béton que l'EPR fait la une. "La ferraille à l'air, les enceintes du futur réacteur sont pleines de trous béants". C'est ce que précisait alors, dans un rapport de l'ASN, la légende de la photographie d'un mur endommagé de la piscine du bâtiment où doit être entreposé le combustible irradié. Dans ce rapport au vitriol, révélé par Le Canard enchaîné le 27 août 2011, les experts décrivent ainsi "des piliers de béton percés comme du gruyère ou grêlés, de nombreux 'nids de cailloux' [zones remplies de pierres sans ciment]", de nouvelles erreurs de ferraillage et "l'absence de nettoyage des fonds de coffrage, encombrés d'un amas de ligatures et autres objets non identifiés". Résultat : le bétonnage est suspendu une année pour réinjecter du béton dans les zones concernées.

     

    Opération de ferraillage avant de couler le béton, le 4 novembre 2011, à Flamanville (Manche). Opération de ferraillage avant de couler le béton, le 4 novembre 2011, à Flamanville (Manche).  (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

     

    Au cours de l’été qui suit, EDF annonce un nouveau report. La livraison du réacteur est repoussée à 2016 et son coût est porté à six milliards d’euros.

    20 février 2012 : un électricien découvre des pièces défectueuses

    Dans son rapport de 2011, l'ASN se demandait si des malfaçons n'existeraient pas dans d'autres parties du réacteur. Elle obtient sa réponse en mars 2012. Cette fois-ci, il ne s'agit pas de béton, mais de pièces industrielles en non-conformité qui composent le pont roulant circulaire. C'est lui qui doit servir à placer et sortir le combustible nucléaire de la cuve. Au total, 45 consoles, des boîtes métalliques qui doivent soutenir ce pont roulant, présentent des défauts de soudure. Chacune est haute comme un homme et pèse près de cinq tonnes.

    Alors que ces consoles ont été posées à la fin 2011, ce n'est que le 20 février 2012 que le problème est détecté par un électricien lors d'une inspection. "On a du mal à comprendre qu'on puisse passer à travers une affaire comme celle-là, de la part du constructeur et des contrôles. C'est surprenant", grince le président de la commission locale d'information Michel Laurent, conseiller général DVD et ancien d'Areva. Conséquence : il faut toutes les remplacer. Une opération titanesque qui ne sera terminée qu'en décembre de la même année.

    7 avril 2015 : la cuve du réacteur n'est pas conforme

    Cette fois-ci, c'est le cœur du réacteur qui inquiète. Alors que l'EPR est censé assurer un niveau de sûreté nucléaire inégalé, capable de résister à un tremblement de terre, à un tsunami ou bien à une fusion du réacteur, des anomalies sont détectées dans la composition même de la cuve. C'est à l'intérieur de celle-ci que doit se produire la fission des atomes et c'est elle qui constitue la seconde barrière de confinement de la radioactivité, après la double enceinte de béton du bâtiment du réacteur.

    Le couvercle et le fond ont été fabriqués par Creusot Forge, en Bourgogne, entre septembre 2006 et décembre 2007, et le tout est installé le 24 janvier 2014 dans le bâtiment réacteur. Mais, neuf mois plus tard, le verdict tombe. Areva a enfin fait des tests sur la composition de l'acier, et ils sont négatifs : le fond et le couvercle présentent des "ségrégations carbone""L'acier de la cuve doit normalement contenir 0,2% de carbone, explique à franceinfo Yves Marignac, expert du secteur nucléaire. Là, c'est une concentration de plutôt 0,3%, ce qui suffit pour modifier les propriétés mécaniques de l'acier et, en particulier, pour influencer la température à laquelle il devient moins souple et plus cassant." 

     

    La cuve de l\'EPR est posée le 24 janvier 2014 au cœur du réacteur.La cuve de l'EPR est posée le 24 janvier 2014 au cœur du réacteur. (MAXPPP)

     

    On comprend la gravité de la situation lorsque l'on sait que le scénario de rupture de la cuve n'existe pas dans le nucléaire et qu'il n'y a pas de plan B en cas d'accident de ce type. De plus, cette pièce doit être sans défaut puisque c’est la seule qu’on ne peut pas changer au cours de la durée de vie d’un EPR, qui doit être de 60 à 100 ans…

    Jean-Claude Delalonde, le président de l’Association nationale des comités et commissions locales d’information des centrales nucléaires (ANCCLI), s'insurge à l'époque sur franceinfo"Comment est-il possible qu'une cuve ait été fabriquée et qu'on ne l'ait pas vérifiée avant de la mettre en place ? C'est le b.a.-ba !"

    On n'imaginait vraiment pas que cela puisse arriver dans une filière nucléaire française pour laquelle on nous martèle depuis 50 ans que c'est la meilleure au monde. Ils nous ont bourré le mou !Jean-Claude Delalonde, le président de ANCCLIfranceinfo

    Les résultats de ces tests sont publiés le 7 avril 2015. Une nouvelle expertise est diligentée, et il faudra attendre le 11 octobre 2017 pour que l'ASN donne finalement son feu vert, mais sous certaines conditions. Si l'anomalie n'est pas de nature à remettre en cause la mise en service de la cuve, son couvercle devra être changé en 2024. Alors que la forge du Creusot est dans la tourmente pour avoir falsifié des rapports de qualité sur ses productions, EDF passe commande auprès du concurrent japonais, pour un coût supplémentaire de 100 millions d'euros.

    25 juillet 2018 : une centaine de soudures à reprendre

    "Une alerte sérieuse." L'avertissement est lancé par Jean-Christophe Niel, le directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le 27 juillet 2018. Deux jours plus tôt, EDF a annoncé un report d'un an du lancement du réacteur et un surcoût de 400 millions d'euros, faisant grimper la note à 10,9 milliards d'euros. En cause, des défauts sur 150 soudures de tuyauteries du "circuit secondaire principal" de l'EPR, celui qui sert à évacuer la vapeur produite dans le générateur vers la turbine puis à ramener de l'eau vers le générateur. Une zone ultrasensible, là encore. 

    Ces nouvelles malfaçons "mettent en évidence des défaillances humaines et organisationnelles" sur le chantier, estime l'IRSN dans son rapport d'avril 2018. L'institut pointe également un "manque de rigueur des fournisseurs dans la réalisation de leurs activités propres et dans le contrôle [par EDF] des activités sous-traitées".

    EDF va devoir inspecter minutieusement chaque soudure, les contrôler radiographiquement et avec des ultrasons, pour ensuite les refaire. Un travail qui prend du temps : de deux à huit semaines à chaque fois. Ces opérations sont prévues jusqu'à l'été 2019.

    20 juin 2019 : l'ASN demande des réparations avant la mise en service du réacteur

    Début juin 2019, EDF demande finalement à l'ASN s'il est possible de réparer les soudures vers 2024, après la mise en service du réacteur. Mais, dans sa réponse du 20 juin, l'ASN jugedans un communiqué, que "le report des opérations de réparation après la mise en service du réacteur soulèverait plusieurs difficultés, notamment au regard de la justification de la sûreté du réacteur durant la période transitoire".

    EDF dit analyser les conséquences de cette décision sur le planning et le coût de l'EPR de Flamanville. L'entreprise "fera, dans les prochaines semaines, un point précis sur la suite du projet", réagit le groupe dans un communiqué. Jeudi, l'électricien estime pouvoir faire les réparations d'ici fin 2022.


  • 23 Juin 2019

    Publié par El Diablo

    L'industrie française va mal, c'est le dur constat que fait Henri Sterdyniak dans une nouvelle Chronique Éco du Média. Il revient sur le manque de volonté de l'actuel gouvernement face à la concurrence internationale.


  • 23 Juin 2019

    Publié par El Diablo

    Nicole Belloubet, ministre de la Justice a récemment annoncé qu’elle laissait la porte ouverte à une modification de la loi de 1881 sur la liberté d’expression et de presse. Une attaque, qui sous couvert d’une lutte contre la haine sur les réseaux vise à franchir un pas de plus dans la répression et le musellement de la presse.

     

    L’ARTICLE EN LIEN CI-DESSOUS :

     


  • La Russie peut-elle revenir au socialisme ? Vladimir Poutine répond (VIDEO) 

    La Russie peut-elle revenir au socialisme ? Vladimir Poutine répond (VIDEO)Source: Reuters
    Manifestation organisée par le Parti communiste russe sur la place Rouge à Moscou (image d'illustration).
     

    Lors de la Ligne Directe, Vladimir Poutine a été questionné sur un possible retour au socialisme en Russie. Estimant cette option «peu probable», il a rappelé qu'à l'époque de l'URSS, le pays était bien différent d'aujourd'hui.

    Lors d'une séance de questions-réponses télévisée avec des citoyens le 20 juin, le président russe, Vladimir Poutine, a exprimé son avis sur l'éventualité d'un retour de l'idéologie socialiste à la tête de la Russie. «Quelle est la question ? Est-il possible de revenir au socialisme ?», s'est demandé le chef d'Etat, avant de répondre que c'était selon lui «peu probable», car le pays avait «beaucoup changé depuis».

     

    Le maître du Kremlin a apporté une nuance, expliquant qu'il n'excluait pas «que des forces politiques qui adhèrent aux valeurs de gauche, aux idées socialistes, puissent contrôler le pays et le pouvoir politique suprême». De manière plus générale, selon le chef d'Etat, «toute formation politique légale, dans le cadre d'une discussion politique ouverte, s'adressant au peuple, à la population, aux électeurs, est capable de gagner sa sympathie et accéder au pouvoir».

     

    Liberté, égalité, fraternité, justice... Tout était déjà dans les saintes Ecritures

    Ce n'est pas la première fois que Vladimir Poutine donne son opinion sur l'idéologie socialiste et le passé communiste de la Russie. En janvier 2018, le président russe avait établi un parallèle entre le communisme et la religion chrétienne : «Au cours des années de l'athéisme militant, les prêtres ont été éradiqués, les églises détruites, mais au même moment, une nouvelle religion était créée. L'idéologie communiste est très similaire au christianisme. A vrai dire : liberté, égalité, fraternité, justice... Tout était déjà dans les saintes Ecritures. Quant à la doxa de l'architecte du communisme ? C'est de la sublimation, c'est tout simplement extrait de la Bible, rien de nouveau n'a été inventé.»

    Lire aussi : Ligne directe : Vladimir Poutine répond en direct aux questions de ses concitoyens


  • www.ecologie-radicale.org

    Le Sénat fait une nouvelle fois allégeance au monde de la chasse. Cette chambre ultra                                               conservatrice et soumise aux intérêts des seuls chasseurs vient d'apporter à la loi                                                            créant l'office français de la biodiversités des modifications qui sont tout simplement                                                        catastrophiques   pour la faune sauvage.
    www.ecologie-radicale.org

     

    La lettre de Gérard CHAROLLOIS   Le 22 juin 2019

    Tel  06 76 99 84 65

     

    N’en avez-vous pas marre ?

    Écarté le paravent des impostures, cette société cupide, grégaire et crédule révèle, avec sa perversité, l’issue fatale de son aventure.

    Les dirigeants, les médias, les « communicants » parlent d’écologie mais couvrent de cadeaux les chasseurs.

     

    Or, la chasse loisir, injure faite à la sensibilité, est la négation du rapport respectueux et bienveillant que l’humain doit instaurer avec le vivant.

    Sans son abolition, le verbiage sur l’écologie n’est qu’un écran de fumée.

    Les gouvernants invoquent le social et la défense des intérêts des peuples, mais toutes les mesures prises, sans exception aucune, représentent des régressions.

    Ce qui m’étonne le plus est que ces impostures produisent leur effet soporifique et que le troupeau résigné marche sagement vers l’abîme.

    Jusqu’où les maîtres de l’imposture pourraient-ils conduire les masses humaines sur la voie de l’inhabilité de la terre, du mépris du vivant, de la soumission aux normes de leur féodalisme contemporain ?

     

    Atomisée en groupuscules corporatistes, syndicaux, partisans, associatifs, la société souffre, crie, proteste mais faute de mesurer l’ampleur du désastre écologique, social et moral que portent les dirigeants les laisse faire.

    Tous les secteurs sont touchés.

    Toutes les professions s’alarment.

    La nature se meurt.

    Les animaux sont massacrés, maltraités, ignorés dans leur caractère sensible.

    Les services publics sont rognés.

    Les garanties sociales sont affaiblies.

    Les gadgets et la spéculation passent avant la lutte contre la maladie et la mort dans une recherche scientifique captée par les firmes avides d’argent.

    Combien de temps, combien de souffrances, de régressions, de mensonges éhontés faudra-t-il pour que l’humain comprenne ?

    Le vivant n’a rien à faire de leurs discours hypocrites.

    Que vienne le temps des actes !

     

     

    Gérard CHAROLLOIS

    CONVENTION VIE ET NATURE

    UNE FORCE POUR LE VIVANT

     
     

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