• 29 Juin 2019

    Publié par El Diablo

    Nous (Sabrina Ali Benali, Christophe Prudhomme, Llorens Marie, Kierzeck Gerald, Julia Devigne) exigeons des soins assurant la sécurité et la dignité de tous !

    Nous, personnels de santé de toutes professions confondues et sur tout le territoire appelons à une pétition conjointe réunissant les revendications de tous les domaines du soin  : Nos vies et la sécurité des patients ne doit pas être prise en otage par les contraintes budgétaires. Nous devons, personnels et usagers faire front commun pour faire basculer le rapport de force.

    Nos Vies d’abord

    Notre pays fait face à une grave crise sanitaire.

    Nous, professionnels de santé, de concert avec les institutions, les syndicats et les usagers, alertons depuis des années sur les dangers liés aux contraintes budgétaires imposées à tous les secteurs de la santé.

    Les constats sont sans appel, les drames ne font plus exception. Des dizaines des nôtres se sont suicidés. Ce sont autant de familles, de proches et de collègues brisés. Dépression, anxiété, pathologies liées au stress, addictions, les enquêtes sur notre propre santé sont alarmantes .

    Partout sur le territoire, nous avons le sentiment de devenir des robots à la chaîne, n’ayant plus le temps de soigner nos patients humainement. Il faut que vous le sachiez, nous n’avons plus les moyens de prendre correctement soin de vous.

    Des patients décèdent en salle d’attente des Urgences. En l’absence de prise en charge rapide, la mortalité y augmente de près de 40% pour les malades graves. Pour obtenir un rendez-vous avec un médecin de ville ou en centre médico-psychologique, pour être pris en charge aux urgences, pour être hospitalisé, les temps d’attente deviennent aberrants et dangereux.

    Les temps de toilettes sont comptés, on bouscule nos aînés. Le temps manque pour accompagner les patients alités aux toilettes. Les plus vulnérables sont doublement punis, n'ayant d’autre choix que de « faire sur eux ». C’est insupportable.

    En psychiatrie, le recours à la contention et aux chambres d’isolement est devenu trop fréquent faute de soignants disponibles et de temps humain pour apaiser les situations de tension.

    Notre métier perd son sens et son humanité, car nous sommes soumis aux injonctions contradictoires de « prendre soin » tout en étant « rentables, rapides, flexibles». La rentabilité est devenue le maître mot partout, censée légitimer des pratiques indignes. La technique remplace l’éthique. Chaque lit, chaque service, chaque maternité, chaque hélicoptère, chaque ligne de SAMU considérés comme non rentables sont menacés.

    Combien coûtent les vies humaines ? C’est la question que nous posons. En vingt ans, 100 000 lits ont été fermés alors même que la population augmente et vieillit ; la moitié des maternités du pays également .

    Devons-nous accepter que l’argent ait pris le pas sur l’humain ? Les vies sauvées et le respect de la dignité ne sont pas affaires de marché et de coûts financiers.

    Il est temps de s’opposer aux choix budgétaires technocratiques, de décider de notre avenir et des investissements pertinents à faire pour mieux soigner, et de construire une véritable démocratie sanitaire. Nous, professionnels de santé de tous les secteurs, avons besoin de vous et appelons ce jour à la mobilisation citoyenne massive, car la dégradation de notre système de soin nous met toutes et tous en danger, professionnels comme patients.

    Le Collectif - Nos Vies d’Abord

    A l’initiative du collectif : (par ordre alphabétique)

    Ali Benali Sabrina, médecin remplaçante en permanence de soins; Bellhasen Mathieu, médecin psychiatre; Bellhasen Loriane, médecin psychiatre; Devianne Julia, Interne en Neurologie; Dougha Abdel, aide-soignant aux Urgences; Falla Lionel, adjoint administratif HAD APHP; Gauthier Maxime, urgentiste Lariboisière; Guy Jérémy, infirmier réanimation pédiatrique; Kierzeck Gérald, médecin Urgentiste; Kelfaoui Karim, médecin remplaçant ; Lyzbinski Laurent, infirmier aux urgences ; Llorens Marie, Infirmière aux urgences; Müllner Joaquim, médecin psychiatre, Prudhomme Christophe, médecin Urgentiste; Christophe, citoyen

    Personnalités appelant à soutenir la Tribune:

    Arrabal Fernando, écrivain poète, cinéaste - Beaulieu Baptiste, médecin, chroniqueur sur France Inter - Célarié Clémentine, actrice et chanteuse - Cotta Jacques, journaliste, réalisateur et écrivain - Dardot Pierre, philosophe - De Lagasnerie- Geoffroy, philosophe et sociologue - Denvers Cyril, réalisateur - Eribon Didier, philosophe - Ferroni Nicole, humoriste et chroniqueuse sur France Inter; Gaccio Bruno, comédien - Gori Roland, Professeur émérite de psychologie et psychopathologie clinique - Heracles Philippe, président Cherche Midi Editions - HK, groupe HK et les Saltimbanques, musicien - Huster Francis, acteur, metteur en scène, réalisateur et scénariste - Kaplan Leslie, écrivain - Larrere Mathilde, historienne - Le Bolloch' Yvan, comédien - Louis Edouard, écrivain - Pelloux Patrick, médecin urgentiste, auteur - Perret Gilles, réalisateur documentariste - Porcher Thomas, économiste; Pierru Frédéric, docteur en science politique, sociologue, chargé de recherche au CNRS;

    LIRE LA SUITE :


  • Nouveaux sur notre site http://bolivarinfos.over-blog.com

     
    En page d’accueil:
     
    1)Venezuela : Les États-Unis devront répondre de leurs crimes contre le pays , un communiqué du Gouvernement de la République Bolivarienne du Venezuela du 28 juin 2019 traduit par Françoise Lopez. On aimerait bien savoir quelles mesures Trump a annoncées mais bon, le communiqué ne le dit pas.
     
    2)Venezuela : L'opposition est impliquée dans la tentative de coup d'Etat des 23 et 24 juin, un article d’Alba Ciudad du 27 juin 2019 traduit par Françoise Lopez. Ce n’est évidemment pas une surprise mais il faut tout de même le dire…
     
    3)Venezuela : Le Ministère Public ouvre une enquête sur la tentative de coup d'Etat contre le président Maduro, un article d’Alba Ciudad du 27 juin 2019 traduit par Françoise Lopez. 
     
    4)Amérique Latine : La Colombie agit à l'OEA contre Notre Amérique, une déclaration d’Alba Mouvements du 26 juin 2019 traduite par Françoise Lopez. A répercuter le plus possible.
     
    5)Venezuela : L'OEA met en pratique l'ordre du jour des Etats-Unis ,un article de Telesur du 27 juin 2019 traduit par Françoise Lopez. 
     
    6)Venezuela : La délégation de l'Uruguay se retire de l'Assemblée de l'OEA à cause de la présence de représentants de Juan Guaidó, un article de Cubadebate du 27 juin 2019 traduit par Françoise Lopez. Enfin un pays qui marque son soutien au Gouvernement légitime de la République Bolivarienne du Venezuela et qui tient compte de ses décisions…
     
    7)Le monde doit prendre conscience des effets destructeurs des mesures coercitives des Etats-Unis, un article d’Alba Ciudad du 27 juin 2019 traduit par Françoise Lopez. Ce serait, en effet, une bonne chose…
     
    Bonne lecture à tous,
     
    Françoise Lopez

  • Bonjour, voici la lettre d’information du site « CAPJPO - EuroPalestine » (http://www.europalestine.com)
    Si vous ne visualisez pas cet email lisez-le sur le site
    http://www.europalestine.com
    Publication CAPJPO - Europalestine
    RAPPEL : RASSEMBLEMENT CE DIMANCHE 30 JUIN CONTRE L'INAUGURATION PAR LE MAIRE DE JÉRUSALEM ET HIDALGO DE LA "PLACE DE JÉRUSALEM A PARIS, COMME SI LE JUDAÏSME AVAIT LE MONOPOLE DE CETTE VILLE SAINTE POUR LES TROIS GRANDS MONOTHÉISMES.
               TOUS  À 15 H DIMANCHE,  PLACE DU MARÉCHAL JUIN, M° PEREIRE. LIGNE 3 !
     
       
     

  • saker_bandeau

     

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  • Le capitalisme absolu

    Pierre VERHAS

    Il est de bon ton d’annoncer la fin d’un capitalisme agonisant. Rassurez-vous, bonnes gens, bien au contraire, le capitalisme se porte à merveille ! Un de ses principaux thuriféraires, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, un des leaders des GAFA, l’a annoncé en grande pompe : il lance une nouvelle monnaie baptisée la Libra signifiant « balance » en latin, qui a la caractéristique d’être mondiale et ainsi d’échapper à tout contrôle du système bancaire et monétaire international. L’économiste belge Bruno Colmant a déclaré que ce projet est une « révolution copernicienne ». Et il a raison !

    Le principe de la Libra n’est cependant pas nouveau. Il existe déjà des monnaies virtuelles comme le Bitcoin et le réseau chinois WeChat a aussi sa propre monnaie. L’innovation consiste en l’ampleur que la Libra prendra sur le marché. Facebook compte près de 2,5 milliards d’amis, un peu plus d’un tiers de la population mondiale qui compte 7,7 milliards d’individus selon les derniers rapports de l’ONU. Et parmi les 2,5 milliards d’utilisateurs du réseau social le plus important, on compte 1,7 milliard d’utilisateurs qui n’ont pas accès au système bancaire, essentiellement des ressortissants de pays du Tiers-monde. Jamais dans l’histoire, un réseau d’échanges n’aura compté autant d’êtres humains.

    Et Zuckerberg n’est pas seul. 27 partenaires se sont associés à son projet en y plaçant de l’argent, beaucoup d’argent. On compte, entre autres, Uber, eBay, Sportify, Booking et aussi PayPal, Visa et Mastercard, ainsi que free, le groupe du milliardaire français Xavier Niel, etc. On parle aussi d’Amazon qui pourrait s’ajouter à ce panel de transnationales du « néo » capitalisme. Bref, il est clair qu’est en train de se bâtir là une puissance financière inégalée et les banques « classiques » s’en inquiètent.

    On passera ainsi d’un capitalisme plus ou moins sous contrôle à un capitalisme absolu échappant à tous les pouvoirs nationaux et internationaux existants. Même le FMI sera impuissant face à la Libra si elle se concrétise.

    Comment va fonctionner la Libra ? Le principe en est assez simple. Cette monnaie numérique est adossée à un panier de valeurs relativement stables comme le dollar, l’euro ou la livre sterling. C’est sa différence fondamentale avec les autres monnaies cryptées. La Libra sera une vraie monnaie contrairement au bitcoin qui n’est basé sur rien et qui dépend donc totalement des fluctuations du marché et de la spéculation. L’objectif de la Libra, au contraire, est d’être le plus stable possible.

    Elle fonctionnera de manière centralisée Elle n’est pas détenue par ses utilisateurs. La cryptomonnaie du géant Facebook – qui évite soigneusement d’apparaître trop ostensiblement sur le site Internet dédié à la Libra, appartient à la « Libra Association », une organisation basée en Suisse et détenue par ses 28 co-fondateurs. Ce sont donc de grandes entreprises technologiques, et financières surtout américaines, qui ont la mainmise sur cette nouvelle monnaie.

    Les différents partenaires de Libra association.

    Les utilisateurs de la Libra disposeront d’une application sur smartphone qui leur permettra de payer via Internet sur des plateformes d’e commerce, comme dans des magasins ordinaires et aussi via les messageries Whatsapp et Messenger.

    La Libra servira au transfert d’argent pour ses utilisateurs grâce à un service plus rapide et moins cher que ceux que leur prodiguent les banques et Western Union. L’essentiel est que les échanges passeront par une chaine de blocs (blockchain) de transmission d’informations sécurisées et cryptées, sous le contrôle de Facebook. Ainsi, les transactions ne passent pas par le circuit ordinaire des banques. C’est la raison pour laquelle Visa et Mastercard se sont joints au consortium Libra : ne pas se laisser dépasser par des paiements par l’intermédiaire de la blockchain. Enfin, la Libra pourra être achetée dans tous les pays du monde avec de la monnaie locale, y compris en liquide pour des personnes ne disposant pas de compte bancaire.

    C’est une application nommée Calibra, filiale de Facebook, qui traitera les paiements en Libra elle fixera les règles en matière de traitement des données personnelles liées aux paiements en Libra.

    Selon le quotidien belge le Soir, « Facebook assure que les informations financières stockées dans le portefeuille virtuel Calibra disponible sur ses différentes applications seront strictement séparées de celles détenues par l’entreprise du réseau social. L’un des responsables de l’application Calibra, Kevin Weil, assure également qu’aucune donnée financière ne sera utilisée pour cibler de la publicité. »

    Or, on sait que Facebook exploite les données personnelles des « amis » sans scrupules. Aussi, on peut douter de la validité des garanties faites par Zuckerberg et son équipe de la confidentialité des données financières des utilisateurs de Calibra !

    Quelles en sont les conséquences ? Pour les pays au système monétaire instable comme l’Inde, le Brésil, le Venezuela, l’Argentine, si le nombre de transactions en Libra est massif, cela risque d’accroître leur situation précaire avec toutes les conséquences politiques, économiques et sociales que cela entraîne. Et, à terme, d’avoir des conséquences sur l’économie mondiale.

    La fin de l’Etat-nation et le triomphe ou la fin de l’impérialisme étasunien ?

    Il faut aussi noter que Libra fonctionne comme une véritable banque centrale. En effet, la Libra repose sur une réserve de change. Le Monde du 18 juin 2019 cite le philosophe libéral Gérard Koenig : « Cette monnaie globale signerait la fin des Etats-nations déjà bien vacillants. » Et le Monde cite l’économiste Philippe Herlin : « Si on ajoute à cela toutes les autres cryptomonnaies comme le bitcoin, les banques centrales ne seront bientôt plus les seuls maîtres à bord du système monétaire. » Cependant, comme on l’a vu, le bitcoin est très différent de la Libra.

    Ainsi, il pourrait arriver que le taux de couverture de la masse monétaire aujourd’hui annoncé à « 1 pour 1 » pourrait être baissé en-dessous de 100%, permettant l’émission de libras sans contrepartie, bref de se créer un panier monétaire similaire à ceux dont disposent les banques centrales des monnaies souveraines : la planche à billets.

    On pourrait aussi se poser la question du renforcement de l’impérialisme étasunien. Le dollar est et reste la monnaie de réserve. Il pèse aujourd’hui 61,7 % des réserves de change des banques centrales sous forme de bons du Trésor. Aussi, les réserves de la Libra en contiendront aussi une part non négligeable. Martin Della Chiesa spécialiste de la cryptomonnaie pose la question, toujours dans le Monde : « Dès lors, on peut s’interroger : la devise Facebook sera-t-elle un défi à l’impérialisme américain ou, au contraire, sa prolongation ? »

    Et Alexis Toulet dans le blog de Paul Jorion évoque la puissance terrifiante que pourrait prendre la Libra.

    « Si on imagine la Libra utilisée quotidiennement par 1 à 2 milliards de personnes, sa masse monétaire énorme générera une forte capacité de pression sur tout Etat. Voir cette remarque intéressante sur « Capital ».

    « [Avec Libra] Facebook ne va pas concurrencer les États mais plutôt organiser la concurrence entre eux. Projetons-nous dans 10 ans quand le Libra sera utilisé par 1,5 milliard de personnes, soit plus que le yuan et quantité d’autres monnaies. Il y aura une masse monétaire monstrueuse et le rapport de force sera totalement inversé.

    En cas de conflit avec la BCE, Libra pourra réduire la part de l’euro dans son panier de devises au profit d’autres monnaies. Ça fera chuter le cours de l’euro, du CAC 40 et aura des conséquences sur la zone euro, comme lorsqu’un fonds de pension fait pression sur des États, mais en version XXL. On se retrouvera sur un marché où le dollar ne sera plus l’étalon – ce que l’on peut regretter ou pas, remplacé par la Libra, en dépit de sa fonction de panier de devises. » »

    Le glas du capitalisme « classique »

    Ainsi, ce ne seront plus les Etats, ni les banques qui contrôleront la masse monétaire et sa circulation. Ce sera une entreprise transnationale qui disposera de tous les pouvoirs même si, au départ, Facebook se cachera derrière le système blockchain. Quid en cas d’échec ? Sans doute des dégâts importants si la sauce a pris, mais ne nous faisons aucune illusion, d’autres reprendront l’idée en tirant les leçons d’un éventuel revers du plus célèbre des réseaux sociaux.

    Ainsi, on se rend compte qu’il s’agit d’une révolution fondamentale qui mettra hors-jeu les Etats et toutes les institutions financières. Cela risque de sonner le glas du capitalisme « classique » pour faire place à un capitalisme absolu tel que le rêvent les libertariens qui accroissent leur influence et leur pouvoir face à des institutions politiques et financières sclérosées qui se sont avérées incapables à répondre à la crise financière de 2008 qui est loin d’être terminée.

    Mais, Libra est-elle un élément de la solution ? Certes non. Elle représente un danger majeur, car l’économie ne sera plus contrôlée, les échanges n’auront plus de garde-fou comme les banques centrales et le FMI. À terme, l’économie pourra tomber entre les mains de puissantes mafias, de lobbies et d’entreprises transnationales avec toutes les conséquences que l’on imagine.

    Les néolibéraux pris à leur propre piège !

    Voilà le résultat de la libéralisation et de l’affaiblissement de la puissance publique et de la souveraineté nationale comme internationale voulue par les néolibéraux depuis Mme Thatcher et M. Reagan. Politique qui a été poursuivie et accentuée par leurs successeurs aux Etats-Unis comme en Europe avec l’affaiblissement de l’Etat, la privatisation des entreprises et services publics, le démantèlement de la Sécurité sociale et la dérégulation économique et financière, sans compter les atteintes aux droits sociaux des travailleurs.

    Eh bien ! Les voilà pris à leur propre piège, nos néolibéraux ! Ce serait réjouissant si les conséquences de cette dérégulation totale du système monétaire n’étaient pas aussi catastrophiques.

    Dans une interview à Libération le 18 juin 2019, Gilles Babinet, spécialiste du numérique, s’alarme : « On ne peut pas lancer un système de paiement avec une échelle à terme de 2,5 milliards d’utilisateurs sans une large concertation avec les parties prenantes à commencer par les Etats. » Il met en évidence plusieurs dangers : « La conjugaison entre un réseau social avancé et un système de paiement est précisément ce qui permet les systèmes de « crédit social » comme en Chine avec une sanction des mauvais comportements. » Et puis, Facebook pourrait se transformer en banque : « Le risque que demain Facebook se mette à faire du crédit, et donc de l’émission monétaire. »

    Gilles Babinet met en évidence un autre danger : « Je me souviens de ce que disait Peter Thiel qui siège toujours au conseil d’administration de Facebook, lorsqu’il a lancé Paypal [qui fait partie de Libra association] : il le voyait comme un moyen de contourner les Etats. »

    Enfin, le risque majeur selon Babinet est de voir émerger une puissance monétaire capable d’influencer les marchés dans une échéance de cinq à dix ans.

    La Libra est-elle inéluctable ?

    Comment empêcher ce projet ? Babinet pense qu’une concertation avec des Etats et notamment ceux du G7 pourrait empêcher sa concrétisation. On peut en douter. En définitive, et il conclut par cela : il s’agit du choc de deux cultures. D’un côté, des Etats ou des associations d’Etats comme l’Union européenne qui cherchent à instaurer un système économique le plus libéral possible, mais soumis à des règles et à des normes et de l’autre une culture de rupture « libertarienne » incarnée par Facebook et les GAFA qui se montrent capables de mettre sur pied un système correspondant à leur propre philosophie et surtout à leurs intérêts et à leur volonté de puissance.

    Au moins la Libra nous a fait comprendre qu’Etat, souveraineté, puissance et services publics ne sont pas des gros mots ! Mais demandons-nous si ce n’est pas trop tard !

    En cette occurrence, il est urgent que l’imagination soit au pouvoir pour préserver l’essentiel et pour enfin retrouver le sens du mot progrès, le vrai pas celui de prédateurs au style cool et sans scrupules.

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