• ENCORE UNE LUTTE POUR L'EMPLOI !!!!!!!!!!!!

    Cyril LAZARO

     
    Mardi 25 septembre 2012 2 25 /09 /Sep /2012 20:13

    Le torchon brûle à nouveau entre la direction de Goodyear et la CGT

    Le comité central d'entreprise (CCE) de Goodyear sera consulté le 27 septembre sur le plan de départs volontaires de l'usine d'Amiens-Nord.

    Le comité central d'entreprise (CCE) de Goodyear sera consulté le 27 septembre sur le plan de départs volontaires de l'usine d'Amiens-Nord.

     

    C’est peut-être la réunion de la dernière chance qui se tient vendredi 21 septembre, de manière informelle, entre la direction de Goodyear et la CGT, avec les avocats des deux camps, pour finaliser le plan de départs volontaires (PDV) de l’usine d’Amiens-Nord.


    Le 27 septembre, le comité central d’entreprise (CCE) sera consulté sur ce projet. La direction tient absolument à ce que celui-ci rende un avis positif, afin d’éviter toute nouvelle contestation durant la mise en œuvre de ce plan. "On est très loin d’être d’accord", confiait Mickaël Wamen, le leader de la CGT du site, avant la réunion.

    Le 6 juin, il y avait pourtant un air de fête sur le parking de l’usine d’Amiens-Nord. La CGT avait appelé tous les salariés à s’y rendre, après la confirmation par le fabricant américain de pneus qu’il renonçait à des "licenciements contraints", au profit de départs volontaires.

    HUIT MOIS DE NÉGOCIATION

    Cette annonce avait été, pour la CGT, une grande victoire. Elle venait ponctuer un combat syndical et juridique engagé en 2007 contre la fermeture du site. Elle était aussi l’aboutissement d’une négociation de huit mois.

    Mais, aujourd’hui, la CGT se sent flouée. "Le PDV, annoncé en juin, ça nous allait très bien, rappelle M. Wamen. Sauf qu’au fil des discussions de ces deux dernières semaines, la direction a rajouté des éléments qui font de ce PDV un plan de sauvegarde de l’emploi [PSE, un plan social] maquillé."

    En cause, la question du volontariat. En juin, la direction avait indiqué que "seuls les salariés qui souhaitent quitter l’entreprise pourront le faire". Le dispositif envisagé aujourd’hui est différent.

    Le PDV serait ouvert à l’ensemble des salariés du site, soit les quelque 600 de l’activité pneus tourisme et les 537 de l’activité pneus agricoles – appelée "farm" –, celle-ci devant, en principe, être reprise par l’américain Titan.

    Le plan prévoit d’accepter des départs jusqu’à atteindre un effectif restant de 537, étant entendu que des salariés du "farm" ne pourront partir que si des salariés du secteur tourisme les remplacent.

    Plusieurs mesures seraient mises en place pour accompagner les départs, outre les primes : une préretraite payée par l’entreprise pour les plus de 56 ans, des aides et appuis pour la recherche d’un contrat à durée indéterminée ou pour la création d’une entreprise, une cellule de reclassement, etc.

    CELLULE DE RECLASSEMENT

    Pour la CGT, le désaccord porte d’abord sur le sort des salariés du tourisme qui ne voudraient pas partir. "Ils resteront dans cette activité tant qu’il y aura suffisamment d’effectif pour la faire fonctionner, explique Henry Dumortier, directeur général de Goodyear Dunlop France. Quand ce seuil sera atteint, ils seront placés dans un centre de formation, avec une cellule de reclassement, où nous mettrons tout en œuvre pour leur proposer une offre d’emploi dans le grand Amiénois."

    Cette offre – en fait deux propositions pour les plus de 50 ans – devra répondre à trois conditions : même qualification que le poste occupé chez Goodyear, même rémunération brute toutes primes incluses, et se situer dans le bassin d’emploi amiénois.

    Quand l’activité tourisme s’arrêtera, la direction procédera "au cas par cas", pour les salariés qui n’ont pas voulu partir (ruptures conventionnelles, licenciements économiques individuels, etc.). "Sans PSE, précise M. Dumortier. C’est bien un PDV."

    "Un vrai PDV, c’est aucune contrainte au départ", rétorque M. Wamen. Et même s’il admet qu’"une catégorie de salariés aimerait partir maintenant avec le chèque", pour lui "on ne peut pas sacrifier sur cet autel l’avenir de tous les autres".

    Pour Fiodor Rilov, l’avocat de la CGT, "le compromis trouvé" il y a quelques mois avec la direction n’était pas celui-là. "Il y avait d’un côté, pour les salariés de l’activité pneus tourisme, la possibilité de partir ou de rester, et de l’autre côté, un plan de développement du "farm" avec Titan, qui prendrait des engagements de production", permettant de reclasser au fil du temps les salariés restés dans l’activité tourisme.

    LA GARANTIE DE L’EMPLOI EN QUESTION

    C’est l’autre point de désaccord : pour l’heure, Titan, qui pose toujours comme préalable à son achat la fermeture de l’activité tourisme, ne garantit l’emploi que sur deux ans pour les 537 emplois du "farm".

    "M. Wamen a déjà obtenu cela, fait valoir M. Dumortier. C’est rare qu’un investisseur qui arrive en France pose ce genre de garantie. De plus, Titan promet d’investir 25 millions sur le site pour les trois prochaines années, s’engage à faire d’Amiens sa base européenne. Il y a une volonté incontestable de Titan de s’établir ici sur le long terme."

    Pour M. Rilov, cette garantie d’emploi de deux ans ne suffit pas. "On a vu avec Continental ce que cela a donné, rappelle celui qui défend aussi les anciens salariés de cette entreprise. On avait garanti l’emploi deux ans et six mois après la signature de l’accord, tous les salariés ont reçu leur lettre de licenciement."

    Maurice Taylor, le PDG de Titan, très agacé par ce nouveau rebondissement, dit "toujours vouloir acheter le farm", mais ne veut pas garantir l’emploi au-delà de deux ans. "Si je garantis cinq ans, je fais quoi si je n’ai plus de travail à donner au personnel ? Franchement, les gens qui veulent s’implanter en France doivent savoir que les Français sont fous !"

    Pour M. Rilov, Titan doit surtout s’engager "sur les volumes de production sur le site. Car, juridiquement, il est possible de demander l’application d’un engagement de produire, pas un engagement à ne pas licencier".

    Sur ce point, la balle est dans le camp de Titan. Mais M. Taylor dit qu’il n’ira pas plus loin. "Si le syndicat continue comme ça, Goodyear fermera probablement toute l’usine", imagine-t-il. "On verra ce qu’on fait si on n’a pas la signature de l’accord, indique M. Dumortier. Mais je n’ose pas envisager cette situation."

    Source lemonde.fr

     

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