Démocratie disent-ils.
10329072_300189626843567_3162670707056744745_n3
 
Selon la célèbre phrase d'Abraham Lincoln, la démocratie se définit comme le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Il semble pourtant que, dans les pays occidentaux censés être des exemples de démocratie, cette définition soit restée lettre morte. En effet, aujourd'hui plus que jamais, le pouvoir est détenu par une petite oligarchie politico-médiatico-financière, ces fameux 1% qui se sont arrogés le droit de décider du destin de peuples entiers, faisant de la démocratie un leurre.

just_an_illusion_11_11_2014.jpg

Dans son célèbre ouvrage « Le Contrat Social », Rousseau écrit (1) : « La souveraineté ne peut être représentée par la même raison qu’elle ne peut être aliénée : elle consiste essentiellement dans la volonté générale et la volonté ne se représente point (…). Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires, ils ne peuvent rien conclure définitivement, toute loi que le peuple n’a pas ratifiée est nulle, ce n’est pas une loi. »


Cet appel à la participation du peuple dans les affaires de l’État ainsi que le rejet de la démocratie parlementaire ne semblent pas être la norme dans nos systèmes supposés démocratiques. En effet, la gestion des affaires publiques est aujourd’hui réservée à une petite caste de politiciens presque tous professionnels, passés pour la plupart d’entre eux dans les écoles de formation idéologique et politique que sont Science Po (2) ou l’ENA en France, Harvard aux États-Unis... Ces derniers « s’affrontent » dans les théâtres des parlements.

Moscovici commissaire européen 03_10_14

Enfermée dans un tel carcan parlementaire, la politique cesse d’être l’affaire de tous pour devenir l’affaire de quelques-uns. Un petit groupe de ministres, de députés, de sénateurs, soudés autour d’un même ordre socio-économique donne à travers débats et discussions l’impression qu’il existe réellement dans nos pays de véritables clivages partisans et en définitive une véritable démocratie. A l’intérieur comme à l’extérieur des lieux de pouvoir, la démocratie est mise en scène soigneusement et ressemble à une comédie dramatique qui, tous les quatre ou cinq ans selon les pays, voit disparaître des acteurs politiques, aussitôt remplacés par de nouveaux qui ne feront que perpétuer voire aggraver la gouvernance de leurs prédécesseurs. Et c’est ainsi que cette masse homogène de gérants du système qui se succèdent et se croisent se gardent bien de laisser paraître une quelconque ressemblance ou tout point de similitude sous peine de ternir leur prétendue « opposition de fond » ou leur « idéologie inconciliable ».


Les partis politiques dominants qui entretiennent le bipartisme s’opposent par médias interposés et se rencontrent face à face dans des simulacres de débats contradictoires mis en scène minutieusement par les médias. Ils se « combattent » agréablement, seuls les moyens d’appliquer leur politique sont débattus, le fond, lui, reste intact et fait consensus. Ils jouent le jeu de l’alternance, tout en conservant l’ordre établi. Le système tente à chaque élection de présenter de nouveaux visages, des hommes et femmes plus frais, plus modernes, plus dynamiques, plus rassembleurs, des personnalités qui incarneraient le renouveau, un renouveau d’acteurs, en somme. Un casting politique qui, tout compte fait, produit le même ordre, établit les mêmes règles voire les aggrave, modifie la forme et consolide le fond, enrichit les plus riches et appauvrit les pauvres, se soumet toujours un peu plus face à la puissance du capital et des pauvres entrepreneurs, ces fameux créateurs d’emplois sans qui nous ne serions rien, pris en otage par un « État obèse », prédateur, obligé de réduire ses dépenses publiques, de mener des politiques d’austérité et de payer sa dette car on le sait : l’État « a trop longtemps vécu au dessus de ses moyens ».

 

2342380338

retraite_chapeau

 


Il faut être réaliste, nous dit-on, on ne plus continuer à dépenser autant pour les services publics. Le réalisme ? Le mot préféré du personnel politique qui nous le répète à chaque interview, à chaque chronique, à chaque débat, un mot dont le but est de faire accepter par le peuple les politiques anti-sociales qu’on lui impose. Être réaliste, c’est en définitive accepter l’ordre naturel des choses, c’est être poussé à la résignation, au découragement, à l’idée bien ancrée « qu’il n’y a pas d’alternative ».


Ces politiciens carriéristes ne sont en fait que dans des postures et des démonstrations quasi théâtrales qui ne visent qu’à une chose : donner le sentiment aux peuples qu’ils vivent réellement dans des États démocratiques. Les figurants du système politique mettent constamment en exergue le « pluralisme démocratique », ils mettent l’accent sur les nombreuses « tendances » politiques qu’ils représentent. Des tendances oui, c’est le mot approprié pour décrire ce système qui est tout sauf démocratique. Pluralisme ? Oui, un « pluralisme des nuances », selon Alain Badiou. Et cette escroquerie intellectuelle qu’est la démocratie parlementaire continue à jouir encore aujourd’hui d’un crédit rarement remis en question. Elle constitue le dernier tabou. Et pour cause, tout se passe comme si nous vivions réellement en démocratie : nous votons, nous pouvons nous exprimer librement, nous « choisissons » nos partis, nos médias...

autoc-net-CI


La démocratie se résume dans les pays occidentaux à glisser un bulletin dans l’urne et à attendre patiemment que les choses se passent. En procédant au vote, les soi-disant citoyens délèguent à ceux qui se présentent comme les représentants du peuple tout leur pouvoir, toute leur puissance souveraine. Car une fois élu, le « représentant » est libre de faire ce qu’il veut, de voter ce qu’il veut, il n’est soumis à aucun contrôle et ne peut être destitué par le peuple. Une fois élu, les promesses faites durant la campagne électorale devront s’incliner face à la réalité.


L’impuissance dominera donc et le cours des choses pourra reprendre son chemin. Nous savons qu’existe dans nos États un puissant consensus idéologique qui tend à enfermer les peuples dans la dictature de la pensée unique. Étant donné que l’expérience soviétique a failli et que le système capitaliste est toujours debout, il n’y a aucune place pour le doute : l’économie de marché et la démocratie parlementaire constituent la fin de l’histoire. Et plaider pour une remise en cause de ces instruments de domination serait « utopique », « irresponsable ». La finance, le néolibéralisme, la « libre entreprise », le système « représentatif » sont devenues les dogmes du XXIème siècle, aller à l’encontre de ces derniers constituerait un blasphème fait à l’encontre de la sacro-sainte doxa libérale.

2689289016
Une autre idée bien ancrée dans nos sociétés tend à nous faire croire que le pouvoir politique serait le pouvoir suprême et que tout émanerait de lui. Mais les hommes et femmes politiques ne sont ils pas eux mêmes soumis à un autre pouvoir ? Le pouvoir politique est-il vraiment indépendant ? La réalité, c’est que l’État et dans une plus large mesure les partis dominants ne sont en fait que les défenseurs et les garants politiques et institutionnels de la classe économique dominante.

 

2750996

Déjà Karl Marx, en analysant les pouvoirs politiques français et anglais au XIXème siècle constata que les États n’étaient que les « fondés de pouvoirs du capital ». Car en effet, derrière les discours prônant la défense de l’intérêt général et collectif, c’est l’intérêt d’une petite poignée d’industriels, de financiers, de banquiers, de rentiers qui est savamment servi par le pouvoir politique. Les États, dans le système capitaliste et notamment dans les pays occidentaux, jouent en quelque sorte le rôle de zone tampon afin de protéger le pouvoir économique. L’hyper importance accordé au pouvoir parlementaire et surtout exécutif tend à diriger la colère des peuples vers les politiques, qui ne sont en fait que les serviteurs et les laquais du pouvoir économique et financier.

1013772_897580783607945_9152365756555177554_n4


Aux États-Unis par exemple, pays du capitalisme roi, les sommes versées par les multinationales, les banques, les milieux d’affaires aux candidats pour financer leur campagne atteignent des milliards de dollars. En 1996, après quatre ans de gouvernance médiocre, Bill Clinton chercha des fonds afin de financer sa campagne électorale. Il se tourna donc vers des banquiers qu’il invita à prendre le café à la Maison Blanche(3).


Le deal était simple : en échange de millions de dollars, le président sortant s’engageait à mettre fin à la loi Glass-Steagall promulguée en 1933 en pleine crise financière par le président Roosevelt. Cette loi avait pour but d’interdire aux banques de dépôts de risquer l’argent de leurs clients. Fraîchement élu grâce aux généreux dons de ses amis banquiers, le président Clinton s’empressa de faire abroger la loi au Congrès, composé en majorité de Républicains. Encore un exemple qui montre que le pluralisme tant vanté cache en réalité un implacable monisme idéologique et politique des parti
dominants...

Suite

fraudeurs2Bd097c-578f2-c1b4d

corruption-classement-2013-infographie-11046637lbmad

4162966986