• Excellent !!!

    AIR FRANCE : énorme camouflet pour la direction, la politique de Macron et de la CFDT !

    Publié le 5 mai 2018 par FSC

    AIR FRANCE :

    Plus de 45.000 salariés

    83,44 % de votants à la consultation provoquée par la direction sur sa politique salariale avec en plus à la manière monarchique le chantage à la démission du PDG en cas de refus.

    Mais rien n'y a fait,

    55,33 % des salariés ont rejeté les propositions de la direction et le PDG a donc donné sa démission.


    RAPPELS :

    Depuis 6 ans les salaires étaient gelés à Air France, le personnel avait consenti à d'importants efforts pour la bonne marche de l'entreprise.

    Ce sont ces efforts qui ont donné leurs fruits, le groupe retrouvant une marge bénéficiaire de plusieurs dizaines de millions d'euros.

    A partir de cette situation positive il est donc normal qu'après une période de restriction l'ensemble du personnel se batte pour une reconnaissance de ses efforts.

    Demande légitime que la direction s'est obstiné à ne pas prendre en compte.

    Des enseignements pour tous ceux qui luttent

    Ce qui vient de se passer à Air France est riche d'enseignements pour cette entreprise mais aussi à l'échelle nationale dans un contexte de luttes pour la défense des services publics et d'opposition aux contre-réformes macroniennes.

    Pour en saisir toute la portée  il faut se reporter aux lois et ordonnances modifiant le code du travail de ces deux dernières années visant à faire prévaloir les referendum d'entreprise CONTRE les mobilisations des salariés impulsées par les organisations syndicales combatives et s'appuyant sur les syndicats jaunes de collaboration.

    A Air France on s'est donc retrouvé dans la même configuration : des syndicats offensifs organisant la grève pour un rattrapage des salaires, une direction prenant l'initiative de les court-circuiter en s'adressant directement aux salariés, des syndicats collabo CFDT en tête appelant à voter OUI à la consultation patronale et tentant de diviser les salariés.

    L'initiative du PDG incontestablement soutenue par le pouvoir étant largement appuyée par les médias-système hurlant à la mise en danger de l'entreprise, aux pertes financières occasionnées par la grève ALORS même que la satisfaction donnée aux revendications des personnels aurait évité largement toute difficulté et que le refus de la direction a déjà coûté plus cher à l'entreprise.

    Mais ce choix aurait été contraire à la politique du pouvoir de restrictions salariales (le gouvernement est présent au sein du conseil d'administration d'Air France à hauteur de 15%) pour cause de concurrence, de compétitivité et bla-bla-bla et bla-bla-bla et que pour eux il n'est pas question de toucher à la rétribution des actionnaires!

    Le rejet de l'offensive du PDG et la poursuite de la grève montre la détermination des salariés à exiger leur dû, à rejeter les pratiques de chantage et le soutien des salariés aux organisations syndicales qui organisent la résistance, en même temps qu'une condamnation des orientations d'un Laurent Berger largement présent dans les médias prêtant la main aux opérations de division en accusant les pilotes de prendre en otage les autres catégories de personnel.


    Le verdict est là sans contestation possible.

    Un formidable encouragement au développement des luttes

    Preuve que les opérations d'intox, les campagnes médiatiques qui annoncent l’essoufflement des mouvements sociaux peuvent être mises échec, que le sentiment de fatalité et d'impuissance peut être surmonté et que l'espoir peut renaître dans le peuple.

    Les nombreuses grèves et rassemblements de ce mois de mai (le 5, le 14, le 22, le 26) : la promesse que l'arrogance du pouvoir qu'on nous présente comme appliquant sans coup férir sa politique de casse peut être mise en échec !

    Pour peu comme le montre l'exemple d'Air France que les travailleurs refusent de se laisser diviser et se rassemblent dans l'action

    ***********

    L'appréciation de l'historien du syndicalisme Stéphane SIROT :

     

    La défaite en rase campagne du PDG d'Air France est une bonne nouvelle.
    Elle fait respirer : l'air nauséabond du temps, volontiers teinté d'un bonapartisme plébiscitaire dont les ordonnances Travail ont étendu le champ d'application, reçoit un petit coup d'air frais plaisant. L'ordre dominant, tout à sa démarche de domestication des contre-pouvoir, les aime lorsqu'ils accompagnent ses décisions ; s'ils lui résistent, il cherche à se donner les moyens de les contourner. Cet exemple emblématique illustre de façon salutaire que le monde du travail, en particulier lorsqu'il peut s'appuyer sur un champ syndical déterminé, est en capacité de briser la logique de chantage à laquelle il est volontiers soumis.
    Cette défaite fournit en outre un argument de poids face aux discours de tous ceux qui insistent en permanence sur le fait que les grèves seraient le fruit de "minorités" (donc illégitimes), chez Air France ou ailleurs. Comme si les mouvements sociaux se devaient au demeurant de fonctionner selon les normes des institutions politiques et de la démocratie libérale. Les luttes sociales ont au contraire constamment été, dans notre histoire, le vivier d'une démocratie alternative, fondée non pas sur une légalité délégataire de type partisan, mais sur une légitimité construite dans la dialectique représentants/représentés dont les Assemblées générales sont le lieu d'élaboration directe. De surcroît, bien des grèves de notre histoire sociale ont été et sont menées par une frange du salariat ; ce qui ne signifie en aucun cas que celle-ci porte des revendications "minoritaires". Les salariés d'Air France administrent au contraire magistralement la démonstration que ceux qui se mettent en grève forment le plus souvent l'expression d'avant-garde de griefs dans lesquels se reconnaissent y compris une large part de ceux qui ne participent pas directement à la mise en mouvement.
    Accessoirement, ajoutons que le syndicalisme de lobbying de la CFDT est pour le moins interrogé par ce résultat. Moins prompts à dénoncer les réformes ultra-libérales et socialement destructrices du pouvoir macronien que la détermination et le bien-fondé des revendications des grévistes, les dirigeants de cette confédération se trouvent eux aussi désavoués. A force de trop vouloir se situer dans la sphère institutionnelle et de réfléchir/agir selon les règles établies par le pouvoir politique ou les directions d'entreprise, il arrive que l'on se trouve embarqué sur le navire à la dérive de l'ordre dominant.
    Il souffle bel et bien un vent de contestation, un esprit de résistance. Jusqu'où et comment ? Il appartient à chacun de participer à construite la réponse à donner à cette question, en se gardant toutefois de le faire à partir des logiques culturelles, économiques et sociales forgées par l'éco-