Lyme : un scandale à la française
Borrelia est une bactérie extraordinaire, la plus intelligente que l'on connaisse à ce jour. Elle déjoue tous les pièges, se déplace plus vite que les globules blancs, se camoufle dans notre ADN, mute pour devenir invisible à notre système immunitaire qu'elle leurre en modifiant ses protéines de surface. Elle va même se cacher dans les cellules de l'organisme ou derrière les yeux pour échapper aux antibiotiques. Cette merveille de la biologie est un micro-démon qui libère des toxines dévastatrices, notamment lorsqu'elles sont diffusées dans notre système neurologique.
Aux États-Unis, c'est un véritable fléau qui frappe 300 000 nouvelles personnes chaque année. L'épidémie est d'ampleur similaire au Canada. En Afrique, il s'agit de la deuxième cause de maladie infectieuse après le palludisme. En Allemagne, les autorités sanitaires estiment entre 1 et 2 millions le nombre de personnes touchées. Et en France pendant ce temps là, on ne dénombre que 12 à 15 000 cas chaque année. L'Institut de veille sanitaire ne relève quant à lui que 5500 cas répertoriés, suffisamment peu pour que la Borréliose de Lyme soit encore considérée comme une maladie rare. En tout cas, nous dit-on, elle est bien connue, bien traitée et surtout "sous contrôle", une expression désormais bien rôdée dans l'entourage des hautes autorités de santé.
"En France, a dit un médecin allemand à un malade français venu le consulter, vous avez remis en fonction la frontière qui vous a protégé du nuage de Tchernobyl !" La raison de cette exception française tient à plusieurs causes. Tout d'abord la non remise en cause du document de référence, le "consensus de 2006", qui impose aux médecins en cas de maladie de Lyme une seule antibiothérapie de 3 semaines éventuellement renouvelable. Ces règles excluent le fait que cette maladie puisse devenir chronique. En réalité, ce “consensus" reprend les termes d'un texte américain de préconisation, des informations datées de 1986 alors que la recherche évolue à vitesse grand V depuis ces dernières années.
La deuxième cause de cet aveuglement, est l'usage des deux tests de dépistage (Elisa et Western Blot) dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne sont pas fiables dans l'état de leur paramétrage. On prétend qu'il y a 30 à 55% de faux négatifs, certains pensent que seuls 5% des personnes "lymées" sont détectées par ce moyen. Le constat est simple pour le système médical: un malade qui est négatif n'est pas malade.
Malheureusement pour les tenants de cette version optimiste de la maladie, l'internationalisation du problème rend de plus en plus difficile la position des autorités de notre pays. Pour les malades, "l'exception française" ne fait pas rêver, loin de là. Quand ils souffrent de la forme chronique -lorsque la maladie n'a pas été dépistée ni traitée juste après la morsure de la tique- c'est un parcours de souffrance, physique d'abord, puis morale. Il leur est quasiment impossible de trouver un médecin généraliste bien informé. Les médecins qui se sont spécialisés l'ont fait seuls, parce qu'ils ont des patients concernés ou des proches.
La colère gronde en France
Des associations de malades se sont créées, elles tentent de s'organiser malgré la maladie. Mais la cause avance. Des pétitions circulent pour demander aux députés d'infléchir le credo officiel. Des témoignages sont publiés. Une députée du Jura, Marie-Christine Dalloz a même demandé l'an dernier que la maladie de Lyme soit déclarée grande cause nationale 2015. On en n'est pas encore là.
Des médecins, des biologistes, des professeurs, des chercheurs, des docteurs en pharmacie sont sortis des rangs, ont pris position à l'image des Pr Péronne et Montagnier, mais si ces deux-là sont semble-t-il plus difficiles à discréditer, les autorités de santé ou la sécurité sociale n'hésitent pas à menacer voire poursuivre les dissidents au tribunal.
Récemment un docteur en pharmacie de Strasbourg, créateur du Tic-Tox, produit à base d'huiles essentielles, a été obligé de le retirer de la vente alors qu'il était utilisé par de très nombreuses personnes qui ne supportent pas les traitements antibiotiques, avec de bons résultats selon eux. Résultat, le laboratoire a traversé le Rhin: désormais les flacons sont en vente en Allemagne où les Français et tous les autres patients européens passent leurs commandes !
Benoît CHEVRIER
28 mai 2016 : Journée de protestation en France et dans le monde. Pour savoir s'il y a un rassemblement près de chez vous, cliquez ICI
À LIRE ABSOLUMENT la suite de notre série sur Lyme :
ADRESSES ET CONTACT UTILES
- Fédération Française contre les Maladies Vectorielles à Tiques (FFMVT) www.ffmvt.org
- Les associations adhérentes à la Fédération :
- Autre association :
Maison des associations, 1a place des orphelins, 67000 Strasbourg
- Facebook : vous trouverez de nombreux groupes traitant du sujet sur différents angles.
- Un événement : le Worldwide Lyme Protest, le samedi 28 mai 2016, journée mondiale de sensibilisation à la maladie de Lyme.