• Publié sur LE BLOG DE MICHEL , bonne analyse !!!

     

     
     
    2 mai 2018 3 02 /05 /mai /2018 20:38

    Convergence des luttes, corps intermédiaires et autres balivernes…

    Sous la gouvernance de notre jeune président, les codes explosent, on communication cash et attention à celui qui oserait contredire la parole jupitérienne ou à en appeler à des codes révolus, comme la négociation, il serait traité de has-been, au mieux, voire d’extraterrestre.

    La convergence des luttes

    L’objectif ultime pour certain ou la grande trouille pour d’autres. Vous aurez peut être remarqué que certains commentateurs utilisent l’expression « coagulation des luttes » afin d’affoler un peu plus le bon peuple comme si on devait en passer par un bain de sang préalable à tout changement non souhaité par le pouvoir.

    La question est donc de savoir si les luttes diffuses, compte tenu de leur retentissement sur l’économie du pays peuvent se rejoindre pour aboutir au fameux grand soir.

    Tout a été fait pendant des décennies et l’est encore aujourd’hui pour que cela n’arrive plus jamais. L’injonction à consommer avec son corollaire le développement du crédit sous toutes ses formes (on parle désormais de faire ses achats d’alimentation au supermarché à crédit…) est bien sûr un obstacle majeur au développement d’un mouvement social d’ampleur. Les français sont si bien conditionnés par ce système qu’on peut désormais sans crainte de réactions, au choix, baisser leurs APL, augmenter leur CSG, multiplier les augmentations des taxes (essence, gaz, cigarettes, assurances et mutuelles…) ou bien encore imposer un contrôle technique plus onéreux.

    Ce qui se passe actuellement (la chasse aux statuts, la réforme du code du travail, la future réforme des retraites,…) va dans le sens d’un accroissement de la mainmise de l’économie sur toute la société avec son asservissement comme objectif final.

    Côté salaires, c’est la rémunération individualisée qui a le vent en poupe par le bais de l’intéressement qui prive nos caisses de sécurité sociale de taxes importantes.

    Enfin, nos commentateurs trouillards, martèlent, pour dire que toute convergence (ou coagulation) des luttes est impossible, qu’il n’y a aucun intérêt commun entre le cheminot et l’ouvrier, la vendeuse et l’aide-soignante, le fonctionnaire et le technicien et entre les retraités et les actifs.

    Voilà, le système est en train de réduire une majorité de la population au simple rôle de consommateur passif qui regarde passer les trains des mouvements sociaux épisodiques sans pouvoir se sentir concerné en raison des traites de fin de mois et des salaires qui n’augmentent plus. Nous sommes passés en moins de 30 ans d’une société de consommation dans laquelle l’ascenseur social fonctionnait encore à une société individualiste dans laquelle le terme de citoyen perd de son sens un peu plus chaque jour, jusqu’au rejet de l’autre.

    Macron ne s’y est pas trompé, lui qui a parlé des « illettrés » d’un abattoir en Bretagne ou a encore théorisé « ceux qui ne sont rien » ou stigmatisé ceux « qui foutent le bordel au lieu d’aller chercher du boulot ». Tout cela aboutit à redéfinir une nouvelle hiérarchie sociale dans le but de dire à ceux qui ont un petit peu qu’ils pourraient encore avoir moins, tout en excluant les plus riches du débat et en appauvrissant les classes moyennes.

    Les corps intermédiaires

    Les partis politiques traditionnels ? Eparpillés façon puzzle ! Une majorité aux ordres priées de voter tout ce qu’on lui demande sans broncher, y compris des mesures restrictives pour les demandeurs d’asile, un nouveau statut de la SNCF, le nouveau code du travail en attendant le reste : que des retours en arrière !

    Des élus locaux (trop nombreux) étranglés financièrement, sur lesquels LREM lance une OPA pour se faire une légitimité locale (aux ordres) lors des prochaines élections.

    Des syndicats qui ne dialoguent avec personne quand ils ne se concurrencent pas entre eux et des syndicats réformistes qui en arrivent même à se sentir méprisés : exit les syndicats, exit la négociation, bonjour la « concertation » en 24 heures chrono et l’injonction à se conformer à ce que Macron a dit en essayant au passage de monter les usagers de la SNCF contre les grévistes.

    Des associations qui colmatent les excès du libéralisme avec toujours moins de subventions parce qu’on veut ignorer en haut lieu qu’il y a 140000 personnes qui dorment dans la rue chaque nuit.  

    Tout est en place pour que les corps intermédiaires, ces empêcheurs de tourner en rond dans un monde libéral soient marginalisés et pour les syndicats, en particulier, renvoyés à l’os de la négociation entreprise par entreprise ou par branches sans avoir à dire leur mot au niveau national, domaine réservé de l’omni président.    

    Où sont désormais les lieux de dialogue ?

    On est aujourd’hui dans le vertical, c’est-à-dire que plus grand-chose n’est décidé par le gouvernement (à part peut-être la limitation à 80 km/h sur les routes à deux voies) et c’est un dialogue entre Macron et lui-même auquel on assiste avec dans le rôle du souffleur le Medef et le CAC 40.

    Macron est un corps intermédiaire à lui tout seul et on assiste en sus à la tentation de régulation du corps social par la religion. L’appel du pied de Macron aux éminences catholiques présage un retour à un ordre religieux en vogue avant 1905, garant par ailleurs, sans doute, d’un rôle dans le dialogue interreligieux qui se fera sur le dos des autres et d’un retour à l’obscurantisme en matière de médecine et de fin de vie.

    Le pendant de tout cela, c’est-à-dire à la dispersion des lieux de dialogues et à la décridibilisation des acteurs, c’est sans doute l’émergence de la violence telle que celle qui s’est manifestée lors du défilé du 1er Mai ou d’initiatives prises par les identitaires en matière d’immigration dans les Alpes.

    Alors, pas de convergence des luttes, dans la forme que l’on connaissait jusqu’à présent, mais peut être l’émergence d’une violence qui ne sera pas toujours contestée par ceux qui ne sont rien ou pas grand-chose et qui pourraient y trouver un moyen d’expression par procuration de leurs attentes.

    Voilà sans doute une situation à laquelle M. Macron sera confronté bientôt.

     
     

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