• UNE BELLE EXPO A ROUBAIX =

    Camille Claudel, rivale de Rodin, au Musée de la Piscine de Roubaix

    Camille Claudel

    « C’est une révolte de la nature :
    une femme de génie »
    (Octave Mirbeau).

    cultureLe 10 mars 1913, un groupe d’infirmiers entre par effraction chez Camille Claudel (en passant par la fenêtre) et la kidnappe, pour l’enfermer dans un asile d’aliénés. Elle est alors un grand sculpteur, en pleine possession de ses moyens. Sa folie s’appelle : misère et malnutrition. Et athéisme. Une campagne d’opinion en sa faveur dénonce « un crime clérical ». Son auteur n’est autre que son frère, Paul Claudel, catholique fanatique, qui, dans Le Soulier de satin, fera un portrait haineux de sa sœur, sous le nom de Don Camille, un chrétien reniant sa religion, se convertissant à l’Islam et prenant le pseudonyme musulman d’Ochiali.

    La vie de Camille est terminée, son martyre commence.

    La petite châtelaine - Musée Rodin

    La petite châtelaine – Musée Rodin

    Elève de Rodin, elle ne tarde pas à égaler le maître, et parfois à le surpasser. Elle attaque le marbre en taille directe, alors que Rodin a des assistants (Maillol, Bourdelle) qui lui préparent le travail. Elle collabore au Baiser, à la Porte de l’Enfer de Dante (dont le Penseur est un élément), aux Bourgeois de Calais : le sculpteur lui abandonne certains morceaux parmi les plus difficiles (les têtes, les mains, les pieds). La Galatée (1889) de Rodin est inspirée de la Jeune fille à la gerbe (1887) de Camille. Rodin signe L’Esclave et Le Rieur, qui sont de Camille.

    Camille Claudel laissera 64 sculptures, la plupart d’une grande mélancolie, du fait de sa relation amoureuse chaotique avec son patron.

    La_Valse_32La Valse : le couple penche dangereusement, la femme, vêtue d’une jupe aux drapés Art Nouveau, est en désé-quilibre : l’amour va s’ef-fondrer.

    La Vague : la Vague d’Ho-kusaï est sur le point de s’abattre sur trois petites femmes, qui vont être englouties. La vague, c’est Rodin, avec qui elle vient de rompre.

    L’Implorante : Camille se représente nue, agenouillée, les bras tendus vers Rodin, qu’elle supplie de ne pas l’abandonner.

    Persée et la Gorgone : Persée (Rodin) brandit la tête coupée de Méduse, qui est un autoportrait.

    Niobide blessée : autre autoportrait. Une femme nue et mourante a été touchée au sein (au cœur) par la flèche d’Apollon-Rodin.

    En 1943, le maréchal Pétain ordonne de cesser d’alimenter les malades mentaux. Camille meurt de faim le 19 octobre, après 30 années de séquestration dans son mouroir. Son corps est jeté à la fosse commune.

    Pour le 150e anniversaire de sa naissance : « Camille Claudel, au miroir d’un art nouveau », exposition au Musée de la Piscine de Roubaix, jusqu’au 8 février.