• Pourquoi Royal redevient incontournable

    En panne dans les sondages, l’ancienne candidate à la présidentielle croit toujours dans ses chances et ne fait pas de choix entre Martine Aubry et son ex-compagnon, François Hollande, avec qui les relations s’améliorent.

    Elle a flairé le piège et n’en parlera plus. Ségolène Royal ne veut plus évoquer l’affaire DSK. La candidate en campagne, comme ce vendredi à Laval, chez son ami Guillaume Garot, ne veut pas que les démêlés judiciaires de l’ex-chouchou des sondages donnent le la de la primaire socialiste. Ne comptez pas sur elle pour donner son avis sur la maison louée 35.000 euros. "Je ne fais plus aucun commentaire sur cette affaire, elle est dans les mains de la justice, j’interdis à mes proches de se distraire dans ce voyeurisme, je m’interdis même de regarder les images". Ségolène Royal ajoute juste "la libération de la parole des femmes qui subissent du harcèlement est une bonne chose. On peut compter sur moi, quand je serai présidente de la République, pour que les femmes soient respectées".

    Ségolène Royal pense vraiment qu’elle peut gagner la primaire et battre Nicolas Sarkozy. Elle attire encore : 400 personnes à Laval, 600 à Toulouse… La finaliste de 2007 se sent portée par tous ceux qui croient en elle depuis la présidentielle et qui ne l’ont jamais quittée, ces 10.000 membres de Désirs d’avenir, ces 300 blogueurs, ces 100.000 abonnés à sa newsletter. Bref, ces fidèles qui "tiennent depuis quatre ans contre vents et marées". Elle dément avoir été sur le point de se rallier à DSK : "Je suis toujours disponible, prête à discuter, mais je ne peux pas me retirer des primaires. Quelle que soit l’issue les gens qui voteront pour moi n’iront pas ailleurs et seront déçus si je n’y vais pas. On a dit que j’allais me vendre pour un ministère, mais c’est n’importe quoi. Si je ne me présentais pas, je ne pourrai pas me regarder dans la glace. Je suis très contente d’être candidate, je fais campagne et je peux gagner, ce n’est pas impossible". Elle sourit et avoue qu’elle n’a jamais cessé d’être candidate depuis 2007.

    Tous ceux qui ont parlé à DSK lors de ses passages parisiens racontent qu’il avait trouvé Royal "meilleure qu’en 2007". "Elle a beaucoup progressé", disait-il. Son ami Julien Dray abonde dans ce sens : "Ségolène est moins instinctive qu’en 2007, a plus de densité, est plus posée dans sa prise de décisions. Saura-t-elle changer le regard négatif qu’ont les gens sur elle, on verra?"

    La guerre entre les "ex" est finie

    Royal a le cuir plus tanné qu’en 2007. Elle est meilleure en meeting, consciente de ses erreurs rétrospectives. Elle a d’ailleurs réfléchi à la campagne qu’elle ferait si elle était désignée. "Je suis beaucoup plus armée pour répondre aux attaques de la droite. J’ai une solidité et une force intérieure sans commune mesure. Je ne laisserai plus faire un Besson qui part dans le camp adverse. Là, j’aurai une organisation militaire, le commandement et la hiérarchie". Elle n’a pas peur d’affronter à nouveau Sarkozy. Sa force? "J’ai déjà fait une campagne, mes idées, ma marque politique sont installées, l’ordre juste, la démocratie citoyenne, l’écologie, la valeur travail". Dans la primaire, elle fera entendre sa différence, sans brusquer le PS. "J’irai plus loin sur la gouvernance, l’écologie. Je traiterai les tabous que sont l’immigration et la sécurité, je porterai une certaine radicalité sur les questions économiques, comme l’entrée au capital des banques et des entreprises que l’État renfloue".

    Le microcosme bruisse de sa détestation de son ex-compagnon, François Hollande, et donc de son ralliement automatique à Martine Aubry si elle n’est pas au second tour… Mais à l’écouter parler très détachée de "François Hollande" et de "Martine Aubry", on comprend qu’elle a tourné la page. Ségolène Royal est un animal politique, pas une femme blessée. La psychologie de comptoir n’a plus cours. Royal se sent aussi proche ou aussi éloignée du père de ses enfants que de la première secrétaire, qui n’a gagné le parti que de quelques voix. La Poitevine a des conversations politiques avec les deux. La primaire réservera des surprises, la guerre des ex n’aura pas forcément lieu.


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