• Augmentation de la durée de cotisation : le Gouvernement veut en fait baisser le niveau des retraites

    Concernant les retraites, la question de l’augmentation de l’espérance de vie qui justifie pour la droite une augmentation de la durée de cotisation mérite d’être précisée.

    Certes, il y a eu une augmentation de l’espérance de vie de deux ans en dix ans mais il s’agit d’une moyenne ! Malheureusement, elle est loin d’être la même pour tous.

    C’est la raison pour laquelle les syndicats dénoncent à juste titre la double peine.
    Dans le détail, la double peine de l’augmentation de la durée de cotisation, c’est en fait une négation des inégalités sociales de mortalité.
     
    L’espérance de vie n’est pas la même pour toutes les catégories socioprofessionnelles.
     
    Certes, les statistiques de l’INSEE mettent en évidence une augmentation de l’espérance de vie (en 2000, à 60 ans, elle était de 20,4 années pour les hommes et 25,6 pour les femmes ; en 2005 à 60 ans, elle passe à 21,4 années pour les hommes et 26,4 pour les femmes et en 2010, elle atteint 22,4 pour les hommes et 27,2 pour les femmes).
     
    Mais ce que les statistiques montrent aussi ce sont les inégalités sociales de mortalité, liées à la fois aux comportements et modes de vie mais aussi à des expositions aux risques professionnels (le rôle des conditions de travail dans ces inégalités sociales de mortalité est très important).
     
    Une autre étude de l’INSEE montre en effet que chez les cadres, 6,7% des hommes nés entre 1940 et 1946, sont morts avant 60 ans, alors que chez les employés et ouvriers non qualifiés, ce pourcentage qui grimpe à 14,3%.
     
      Il y a un autre élément qui n’est pas pris en compte dans l’augmentation de l’espérance de vie : c’est la qualité de vie.
     
    Peut-on sérieusement proposer aux gens : « L’espérance de vie augmente donc vous travaillerez plus longtemps mais vous ne pourrez pas profiter de votre retraite en bonne santé » ?
     
    Une étude européenne de 2008 réalisée avec des chercheurs de l’Ined et de l’Inserm montre qu’un Français âgé de 50 ans peut espérer vivre jusqu’à 68,1 ans sans incapacité et une Française jusqu’à 69,7 ans. (avec des inégalités là encore : les cadres peuvent en moyenne compter sur 10 années d’espérance de vie sans incapacité de + que les ouvriers). Ce qui veut dire qu’en repoussant l’âge de départ à la retraite, cela laisse de moins en moins d’années pour pouvoir profiter d’une retraite méritée.
     
     
    Il faut mettre en place un dispositif reconnaissant la pénibilité.

     La loi de 2003 avait prévu des négociations entre partenaires sociaux qui devaient se conclure dans un délai de trois ans. Or, la négociation engagée en 2004 n’a jamais abouti. Le patronat a refusé de mettre sur pied un dispositif collectif permettant le départ anticipé des salariés ayant été les plus exposés à des conditions de travail pénibles.
    La réforme de 2010 quant à elle ne prévoit un maintien de la retraite à 60 ans seulement pour les salariés qui sont déjà reconnus maladies professionnelles ou accident du travail. Les inégalités d’espérance de vie selon la profession ou l’exposition aux risques ne sont pas retenues.
     
    Il n’est pas juste de reculer l’âge de la retraite et aujourd’hui de demander de cotiser plus longtemps à des personnes qui ont été au moins dix ans dans un emploi pénible.
    En réalité, en même temps que grandit l’espérance de vie, grandissent aussi les inégalités en matière d’espérance de vie. Et ce sont aussi les inégalités de qualité de vie pendant les années de retraite qui grandissent, ce qu’on appelle l’espérance de vie en bonne santé.

    Je ferai une réforme des retraites équitable : cela veut dire qu’il faut traiter de façon différenciée les situations différentes et prendre en compte la pénibilité.


    Tags Tags : , , , ,