• Comment se faire des ennemis au Yémen quand on en a déjà suffisamment…


    Par Paul R. Pillar – Le 18 avril 2015 – Source consortiumnews

    Le tandem israélo-saoudien essaie d’embarquer les USA et d’autres nations dans la guerre civile yéménite, en avançant que les rebelles Houthis seraient des supplétifs préparant l’incursion iranienne. Mais la réalité est beaucoup plus nuancée, et l’intérêt américain pourrait être ailleurs, affirme l’ex-analyste de la CIA Paul R. Pillar.

     

    La perception du monde extérieur par l’opinion américaine est caractéristique d’une conception fortement manichéenne. Cette grille de lecture implique de voir tout conflit ou forme d’instabilité en terme binomial, avec en filigrane la présomption qu’une des deux parties en présence représente le bien et l’autre le mal et, par la force des choses, elle pousse à urgemment intervenir au profit de bon côté supposé.

    L’influence de ces tendances sur la définition de la politique US a pu varier au cours du temps. Son influence fut manifeste, par exemple, durant le mandat de Georges Bush, où l’on était avec nous ou avec les terroristes.

    Le roi saoudien Salman souhaite un bon retour au président Barack Obama, à l’Hotel Palace Erga, après une visite d’État auprès de l’Arabie saoudite, le 27 janvier 2015 (photo officielle de la Maison Blanche, par Pete Souza).

    L’administration d’Obama a tenté d’évoluer vers un modèle moins manichéen, et plus réaliste, en particulier dans sa conduite des relations avec l’Iran et, par là même, d’ouvrir une fenêtre d’opportunité porteuse de possibilités diplomatiques multiples pour le Moyen-Orient en général.

    Mais l’actuelle administration évolue toujours dans un environnement politique où les vieilles perceptions limitent toujours ce qu’elle peut faire ou, dit autrement, la poussent à agir d’une manière qu’elle aurait préféré tout autre.

    Il y a eu de multiples exemples à travers le Moyen-Orient témoignant à quel point la conception manichéenne s’est avérée imprécise et inapplicable. Il y a le cas irakien, où les USA et l’Iran, sa bête noire [en français dans le texte, NdT] se retrouvent du même côté pour contenir le pseudo-État islamique, ISIS.

    Il y a aussi le cas plus compliqué encore du désordre meurtrier en Syrie, où le camp représentant ce qui s’apparente le plus aux gentils selon l’Ouest, s’oppose au régime en place qui se trouve également combattu par ISIS et la branche locale d’al-Qaida.

    Au moins, une leçon claire, à la fois concernant les sophismes de la conception manichéenne des choses et concernant les erreurs des USA à prendre position systématiquement pour un camp, peut être dégagée du conflit actuel au Yémen. Mais la leçon ne semble pas avoir été apprise, au regard du soutien US à l’intervention militaire saoudienne au Yémen. Trois éléments majeurs sont consubstantiels de cet enseignement.

    En premier lieu, ce conflit est aussi compliqué et multidimensionnel que tout autre conflit au Moyen-Orient. Il est impossible de diviser par une ligne tracée au sol ceux qui méritent notre soutien de ceux qui devront subir notre opposition, voire ne serait-ce que s’approcher de cette possibilité.

    L’organisation al-Qaida de la péninsule arabique – souvent considérée comme sa branche la plus capable, aujourd’hui – se trouve absolument contrariée par ce groupe, et s’est même déclarée l’ennemie des forces houthies, qui sont devenues les premières cibles de l’intervention saoudienne, soutenue par les USA. Un des alliés les plus importants des Houthis n’est autre qu’Ali Abdullah Saleh, une personnalité qui est depuis trente ans le dirigeant clef des USA au Yémen.

    Deuxièmement, cette guerre est, comme l’indique Adam Baron, «de près comme de loin, un conflit politique yéménite interne au pays», et qui «demeure profondément liés à des dissensions locales yéménites». Cette réalité a été tue par ceux qui, désireux de dépeindre l’Iran comme une puissance régionale hostile et dangereusement en expansion, veulent faire passer la rébellion houthi comme faisant partie du plan expansionniste de l’Iran. Ce n’est en rien ce genre de chose.

    Les Houthis ont été mobilisés depuis des années par un certain nombre de griefs dans le domaine de la redistribution des ressources du pays, ainsi que du pouvoir au Yémen, et leurs plus récentes victoires ne font que refléter la sympathie que d’autres groupes yéménites ressentent vis-à-vis de ces revendications, étant eux-mêmes les victimes désavantagées et déçues par les récentes régimes yéménites successifs.

    Troisièmement, les motivations justifiant l’intervention d’acteurs extérieurs ne sont pas celles auxquelles les USA devraient se voir associés. Certaines d’entre elles sont purement sectaires. Il n’y a aucun avantage, et beaucoup d’inconvénients, à ce que les USA soient identifiés avec un courant ou un autre, dans le cadre d’une querelle interne au monde musulman.

    D’autres motivations, héritées de décennies de luttes entre saoudiens et yéménites, à l’époque où l’expansion du royaume saoudien l’amena à annexer des provinces traditionnellement yéménites, sans clore le chapitre du tracé des frontières, amènent aujourd’hui les saoudiens à satisfaire leur désir d’exercer la domination sur l’ensemble de la péninsule arabique, en particulier cette sous-région.

    Graham Fuller fait d’ailleurs remarquer : «Riyad a toujours exécré l’esprit frondeur des Yéménites, leur indépendance, leurs politiques modernistes, et même leurs expériences de nature démocratique.»

    Les Saoudiens ont explicitement agité l’épouvantail iranien, mais ce qu’ils n’aiment vraiment pas chez les Houthis, c’est le fait qu’ils n’ont jamais pu se les payer aussi nettement que les nombreux autres groupes yéménites. L’objectif saoudien de maintenir ce genre de patronage sur ses voisins n’est certainement pas le genre d’intérêt que partagent les USA.

    Et cependant, la nécessité de choisir un camp et d’intervenir persiste envers et contre tout, comme le suggèrent les récentes remarques concernant le cause yéménite vue par John MacCain. L’urgence est mauvaise conseillère, que ce soit sur la nature des intérêts US, ou sur la pertinence des actions à entreprendre. McCain affirmait que les Saoudiens ne souhaitaient pas coordonner leur intervention plus avant avec les USA «parce qu’ils croient que nous sommes du côté de l’Iran».

    En fait, selon un officier expérimenté du commandement central US, «la raison pour laquelle les Saoudiens ne nous ont pas informés de leurs plans est liée au fait qu’ils savaient que nous leur dirions exactement ce que nous en pensions – que c’était une mauvaise idée».

    Nous savons que l’administration d’Obama ressent le besoin d’apparaître comme soutien aux Arabes du Golf, à cause de leurs craintes liées à l’accord qui se dessine lentement sur le nucléaire iranien. Et si rassurer les craintifs est un des prix à payer pour conclure l’accord sur le nucléaire, et ainsi libérer dans un futur proche la diplomatie US au Moyen-Orient de sa dynamique, ô combien rigide, d’interventions partiales, alors cette politique pourrait bien, finalement, en valoir le coup.

    Mais le conflit yéménite, en soi, devrait servir de leçon, en démontrant, par l’exemple, que les USA auraient avantage à résister plus souvent à leur besoin de choisir un camp.

    Paul R. Pillar

    Paul R. Pillar, a servi 28 ans dans la CIA, il est devenu un des meilleurs analystes de l’agence. Il est actuellement conférencier auprès de l’Université de Georgetown dans le domaine des affaires de Sécurité. (Cet article a été d’abord publié sur le blog du site internet « The National Interest », et reproduit avec la permission de son auteur.)

    Traduit par Geoffrey, relu par jj pour le Saker Francophone


  • http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine

     


  • Ukraine: Quelques vidéos intéressantes.

    1 Mai 2015 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Ukraine, #La France, #La République, #La Russie, #La guerre, #AMERIQUE, #Europe supranationale, #L'OTAN., #Le fascisme, #le nazisme

    Le "fou-de-guerre" du bataillon OUN - UPA - triple séjour dans le Donbass [sous-titres français].

    Ajoutée le 30 avr. 2015

    Interview d'un combattant du bataillon paramilitaire ukrainien OUN - UPA
    Vidéo originale: https://www.youtube.com/watch?v=M-HhA...
    Anatoliy Shariy est un journaliste ukrainien actuellement en exile en Europe.

    Ajoutée le 12 nov. 2014

    Info Ukraine Exemple typique - OSCE reniée (adolescents tués).

    Suite aux pilonnages sur Donetsk et à leurs victimes qui ont fini par faire parler nos médias (après que de multiples événements similaires aient eu lieu presque tous les jours), une communication officielle de Kiev a été publiée. A la suite de cela, le conseiller du ministère de l'Intérieur, A.Guerashchenko, en profite pour attribuer ou retirer les étoiles de respectabilité aux organismes internationaux tels que l'OSCE. A l'occasion, il intimide les journalistes pas assez coopérateurs pour approuver ses théories.

    BHL,

    Cet homme plus dangereux que vous ne le pense

    Ajoutée le 7 mars 2015

    De toutes les mouvances, croyances, dans les milieux journalistiques et politiques, nombreux sont ceux - adversaires mutuels sur d'autres questions, qu'on aime ou qu'on n'aime pas - qui tentent de dénoncer les méfaits du personnage et pourtant... Ils n'y parviennent que lorsque ce dernier a déjà sévi. Et c'est un éternel recommencement.

    Oligarque de presse, conseiller officieux des dirigeants français depuis les années 80 jusqu'à nos jours (on ne sait pourquoi), il ne cesse de nous faire honte à tous lorsqu'il s'exprime au nom de la France à l'étranger, en agissant avec zèle dans tous les plans de chaos et de guerres civiles. A vous de deviner de qui il s'agit.

    Le job actuel de ce "super héros" et ses résultats:
    http://www.youtube.com/playlist?list=... .
    http://www.les-crises.fr/actuukraine-...
    http://www.les-crises.fr/actu-ukraine...
    Son alter ego américain: http://metatv.org/soros-leurope-doit-...

    Avertissement: Tous les commentaires - même approbateurs envers la vidéo - qui iraient à l'encontre des restrictions (de plus en plus dures) des lois françaises et constitueraient donc une menace pour la survie de cette chaîne, seront supprimés. Le but est de dénoncer les actions de l'individu pour neutraliser son emprise sur la France et son gouvernement (en commençant par boycotter toute sa presse citée en début de vidéo). Que chacun garde ses "projets de punition" pour soi. Inutile aussi dénigrer tel ou tel intervenant apparaissant dans le montage pour des raisons étrangères au sujet traité ici. (Moi aussi j'ai mes préférences parmi eux et je les garde pour moi).

    D'autres sources qui auraient pu être ajoutées dans cette vidéo:
    http://www.youtube.com/watch?v=N-p1o9...
    http://youtu.be/-pGTU-t_Duw?t=4m6s


  • Le premier mai n’appartient qu’aux travailleurs !

    1 Mai 2015 , Rédigé par lucien-pons Publié dans #Le syndicalisme, #Le socialisme, #La France, #La République, #La lutte des classes, #la liberté, #La mondialisation, #Les transnationales

    1 Mai 2015

    Publié par Michel El Diablo

    Le premier mai n’appartient qu’aux travailleurs !
    Le premier mai n’appartient qu’aux travailleurs !

    Une vulgate bien établie fait remonter les origines du 1er mai aux évènements de Chicago en 1886 où la grève des ouvriers américains pour la journée de huit heures se termine dans un bain de sang. Certes, si cette parenté n’est pas entièrement dénuée de tout fondement, elle n’est pas tout à fait exacte, car elle masque, en réalité, la place éminente qu’occupe le mouvement ouvrier français dans la genèse de cette histoire.

    C’est en juillet 1889, et certainement dans l’espoir d’apporter un utile contrepoint prolétarien aux célébrations du centenaire de la Révolution française, que le mouvement socialiste international décide de se donner rendez-vous à Paris. Organisé à l’initiative de guesdistes, de blanquistes et de la tendance Vaillant de la Fédération nationale des syndicats, le Congrès international socialiste rassemble, dans « la salle des Fantaisies parisiennes », du 14 au 21 juillet 1889, 377 délégués venus du monde entier.

    C’est au cours de ce Congrès que va naître réellement la journée internationale des travailleurs. Le 20 juillet 1889, sur proposition de Raymond Lavigne, alors secrétaire de la Fédération nationale des syndicats, les délégués adoptèrent à l’unanimité une résolution appelant les travailleurs à organiser « une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent en demeurent de réduire légalement à huit heures la journée de travail ». Au cours des débats, la date retenue fut fixée au 1er Mai, en référence à la décision prise en 1888 par l’American Federation of Labor lors de son Congrès de St. Louis, de faire du 1er Mai 1890 un temps fort de lutte pour la journée de huit heures.

     

    1890

    Les premières manifestations du 1er Mai eurent lieu pour la première fois en 1890. D’emblée la dimension internationale des mobilisations, aux formes diverses et d’ampleur inégale, frappent les esprits. L’objectif central reste la journée de huit heures, mais d’autres thèmes revendicatifs émergent selon les contextes nationaux. Quoiqu’il en soit, le caractère universel et la force des mobilisations donnent un retentissement considérable à cet évènement.

     

    1891

    Le deuxième 1er Mai devait être tragiquement endeuillé par ce qui se passa à Fourmies où tombèrent les premiers martyrs de la journée internationale des travailleurs. La troupe présente tire sur la foule rassemblée. Le bilan est lourd : dix morts et plusieurs dizaines de blessés. L’indignation provoquée par ce massacre traverse aussitôt le pays et dépasse les frontières. Sans nul doute, ce drame contribua à donner à cette journée une nouvelle dimension de lutte, de solidarité et de générosité ouvrières.

     

    1906

    À la fin du XIXe  siècle, l’enthousiasme initial tend à s’estomper. C’est la CGT, inspirée par le grand projet de la grève générale et par le désir de paix entre les nations, qui réactive les mobilisations. Ce désir de « prendre la rue » culmine à l’occasion du 1er Mai 1906 qui fut certainement la plus grande manifestation organisée par la jeune CGT en faveur des huit heures.

     

    1919

    L’expérience révolutionnaire qui se joue à l’Est concentre tous les regards et encourage toutes les audaces, une dynamique révolutionnaire se déploie à nouveau. Pour contrer son extension, le gouvernement de Georges Clemenceau présente le 8 avril un projet de loi sur la journée de huit heures. Il est voté à l’unanimité par la Chambre le 17 avril, et ratifié le 23 par le Sénat. Le 1er Mai sera cette année d’une ampleur considérable, les grèves sont massives et les cortèges impressionnent.

     

    1936

    Face au péril fasciste, une puissante vague unitaire déferle sur le pays, elle se concrétise au sommet par la création d’un Comité national de rassemblement populaire au lendemain du 14 juillet 1935. Cette contagion unitaire gagne le mouvement syndical, et le Congrès de Toulouse, du 2 au 6 mars 1936, met fin à quinze années de divisions syndicales. Le 1er Mai 1936 sera le cadre d’arrêts massifs du travail et de puissantes manifestations qui annoncent les grèves généralisées avec occupation des usines qui se produisent dans les semaines qui vont suivre.

     

    1941

    C’est pendant l’occupation allemande, les 12 et 24 avril 1941, que les responsables de l’État français décident, à l’image de ce qui a été pratiqué dans l’Allemagne nazie ou en Espagne franquiste, d’institutionnaliser le 1er Mai pour en subvertir le sens originel. Dorénavant, cette journée est officiellement désignée comme la Fête du Travail et de la Concorde sociale et elle devient chômée. Tout est fait à cette occasion pour vider le 1er Mai de sa substance révolutionnaire et pour le rattacher aux vieilles coutumes paganoreligieuses. Sur le plan symbolique le muguet refoule l’églantine.

     

    La Libération

    Au lendemain de l’écrasement du nazisme et du militarisme japonais, le 1er Mai est universellement célébré. En France, dès 1946, il se place sous le double signe de l’action revendicative et de la bataille pour le redressement national. Depuis 1947, le 1er Mai est un jour férié, obligatoirement chômé et payé.

     

    1968

    Après près de quinze ans d’interdiction de défiler à Paris, la CGT décide pour le 1er Mai de reconquérir les rues de Paris en lançant un appel à manifester de la République à la Bastille. Ce jour-là, près de cent mille travailleurs défilent dans les rues faisant la démonstration que les conditions sociales de l’explosion à venir étaient réunies.

     

    Des années 1980 jusqu’à aujourd’hui

    Dans les années 1980, un certain nombre d’acteurs non syndicaux (réfugiés, immigrés, etc.) s’approprient cette journée. À partir de 1988, le Front national s’en empare, plaçant Jeanne d’Arc au cœur de ses célébrations.

     

    SOURCE: