• 01/07/15

    2.200 euros par mois! Les maires de Barcelone et Madrid ont baissé leur salaire de 60%

    L'EXPRESS.BE

    Certains des maires de gauche élus en Espagne au mois de mai ont débuté leur mandat avec un geste hautement symbolique : ils ont décidé de baisser leur salaire. Pour le journal La Vanguardia, le signal qu’ils envoient à la population est capital :

     

    « La maire de Barcelone, Ada Colau avait promis au cours de sa campagne électorale qu’elle baisserait significativement son  propre salaire. Ce faisant, elle suit donc le code éthique du parti barcelonais en Comu, la plate-forme politique pour laquelle elle a fait campagne.

    Le nouveau maire de Madrid, Manuela Carmena, a annoncé qu'elle aussi allait réduire son salaire de façon importante. Ces réductions de salaire de 110.000 à 43.000 euros par an à Barcelone (2.200 euros nets par mois), et de 100.000 à 40.000 euros bruts par an à Madrid, sont un gigantesque pas en avant pour la gauche. (...)

    D'autres économies, par exemple la réduction de l'utilisation des voitures officielles et d’autres dépenses, donnent le bon exemple à une population qui a souffert intensément des effets de la crise ».

    En Belgique, la rémunération des bourgmestres et échevins est fixée par la loi, et au 29 février 2012, le traitement des bourgmestres a été fixé entre 2.784 et 10.577 euros bruts par mois, en fonction du nombre d’habitants de leur commune. Ainsi, les bourgmestres de Liège (Willy Demeyer), de Charleroi (Eric Massin) ou encore d’Anvers (Bart de Wever), perçoivent-ils des émoluments annuels de l’ordre de 127 KEuros. Les échevins perçoivent un pourcentage de cette somme, qui équivaut à 60% pour les communes de moins de 50.000 habitants, et de 75% pour les communes avec une population supérieure à ce seuil.

    En outre, bourgmestres et échevins peuvent prétendre à des congés payés (de l’ordre de 65% à 92% de leur traitement brut mensuel) et à une prime de fin d’année, et ils sont indemnisés pour les dépenses qu’ils engagent dans le cadre de leur charge.

     
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  • 01/07/15

    Curée médiatique contre le référendum « irresponsable » d’Alexis Tsipras

    Sur ACRIMED

     

    par Frédéric Lemaire, Julien Salingue, le 1er juillet 2015

    Dans la soirée du 26 juin, Alexis Tsipras annonçait son intention d’organiser un référendum sur le plan d’austérité proposé par les créanciers de la Grèce en échange de leur soutien financier. Consulter le peuple grec sur les réformes « indispensables » qui lui sont imposées ? « Irresponsable » répond en chœur la fine fleur de l’éditocratie française, dont les tweets rageurs préfiguraient les points de vue… tout en nuances.

    En 2011 déjà, l’annonce d’un référendum, finalement abandonné, sur le « plan de sauvetage » européen avait provoqué une levée de boucliers médiatique. De cette fronde contre le « dangereux coup de poker grec », Le Monde prenait déjà la tête : « Ce n’est pas ainsi que l’Europe doit fonctionner » assurait le quotidien, qui anticipait non sans cynisme un résultat défavorable : « Imagine-t-on d’ailleurs un peuple acceptant, unanime, une purge aussi violente que celle proposée ? [1] Ce lundi, deux jours après l’annonce d’Alexis Tsipras, l’éditocratie française a remis le couvert.

     

    Le Monde sonne la charge

    Ainsi, selon l’éditorial du Monde, la tenue d’un référendum serait un « piètre chantage », voire un aveu de « faiblesse politique » de la part d’Alexis Tsipras qui refuserait « d’endosser l’échec des négociations ». Un échec dont les « Européens », c’est-à-dire les dirigeants européens, ne seraient en aucun cas responsables. Stricts mais bienveillants, ceux-ci seraient, à l’instar d’Angela Merkel, conscients de leur « responsabilité historique ». Et même prêts à se montrer souples si le mauvais élève grec acceptait de « moderniser l’État » et « collecter l’impôt ». Peu importe si l’intransigeance des créanciers portait davantage sur les mesures d’austérité, telle que la diminution des pensions. C’est Tsipras qui doit « faire preuve, enfin, de responsabilité »… c’est-à-dire à suivre les instructions des éditorialistes du Monde et « changer de posture ». De toute évidence, l’éditorialiste anonyme du Monde, à l’image de nombre de ses confrères, a choisi d’ignorer le point de vue grec sur le déroulé des événements, et notamment le récit du ministre de l’Économie Yanis Varoufakis, pourtant publié sur divers sites.

    Une nouveauté : pour les lecteurs qui souhaiteraient s’épargner la lecture de l’éditorial du Monde, une version sous forme de dessin pour les enfants est disponible en « Une » :

    Plusieurs dessinateurs du quotidien ont même été mis à contribution, comme en témoigne ce chef d’œuvre de Xavier Gorce, également publié le 30 juin :

     - next picture

    Le même Xavier Gorce qui est revenu à la charge dans l’édition du 1er juillet :

    Comme nous l’avions déjà noté, il suffit souvent, pour donner la mesure du caractère résolument caricatural des partis pris de l’éditorial du Monde, de lire... Le Monde. Ainsi, en cherchant un peu dans le dossier consacré à la Grèce, on trouve les articles de la correspondante Adea Guillot et de l’envoyée spéciale Annick Cojean, qui détonnent en donnant la parole aux Grecs [2]... Même si le choix des citations mises en exergue par un secrétariat de rédaction facétieux s’avère, lui, plus « orienté ». Qu’on en juge : « Ce référendum est une mascarade, un coup d’État constitutionnel » (Antonis Samaras, chef de l’opposition) ; « On frôle la limite de ce que prévoit la Constitution mais sans la violer ouvertement » (un constitutionnaliste) ; « J’ai peur du précipice et du retour à la drachme » (un jeune Grec) ; « Je déteste l’extrémisme, or ce vote nous pousse dans nos derniers retranchements » (un vendeur).

     

    Libération à l’unisson ?

    Dans l’éditorial de Libération (29 juin), Marc Semo reconnaît quant à lui qu’il est « légitime, sur le principe » d’en appeler au peuple. Mais sous conditions. Lorsque l’ancien Premier ministre Papandreou propose un référendum pour s’assurer « que les sacrifices imposés par le maintien dans la monnaie unique [soient] pleinement assumés par ses concitoyens », c’est un gage apprécié de « culture sociale-démocrate scandinave ». Lorsque Tsipras propose un référendum sur les propositions des créanciers de la Grèce et appelle à les rejeter, ce sont des « propos irresponsables ». Comprenne qui pourra.

    En fait, Marc Semo reproche à Tsipras de n’avoir pas tenu un référendum sur la sortie de l’euro, mais sur le plan de rigueur imposé par les créanciers. Et de dissimuler aux Grecs que le « non » aux propositions des créanciers serait synonyme d’un « oui » à une sortie de l’euro, et donc de conséquences catastrophiques. Des reproches que partagent… Antonis Samaras, leader de l’opposition grecque. Pourtant une autre issue est possible : les créanciers pourraient tenir compte du rejet de leurs propositions par la population grecque, et mettre de l’eau dans leur vin… Mais cela ne semble pas effleurer l’esprit de Marc Semo pour qui les gouvernements européens, « tout aussi légitimes » que le gouvernement grec, n’ont fait que « rappeler les règles de la zone euro » et « essaient d’éviter le pire ». Qu’ils en soient remerciés.

    D’après notre éditorialiste, une majorité de Grecs seraient d’ailleurs favorables au plan européen. Le chef du service étranger de Libération n’a visiblement pas pris soin de consulter ses correspondants sur place à Athènes : aucun sondage n’a été publié sur le référendum, d’après Pavlos Kapanais qui travaille entre autres pour... Libération.

     

    Jean-Marie Colombani (et quelques autres) au meilleur de leur forme

    Commentaires à l’emporte-pièce depuis le fauteuil confortable d’une rédaction parisienne, informations bancales et autres partis pris droitiers sont le lot commun des éditocrates. Mais en la matière, les éditorialistes du Monde et de Libération ne font pas le poids face à Jean-Marie Colombani. Dans une tribune publiée dans Slate, il dénonce « l’imposture Tsipras » ainsi que Syriza, un parti « anti-européen », « national-populiste », qui aurait « conduit le pays dans l’impasse ». Il est vrai que la situation du pays était excellente avant les élections de janvier 2015.

    Le mot « référendum » évoque-t-il de mauvais souvenir à Jean-Marie Colombani ? Furieux, il dénonce la consultation des Grecs qui serait en fait… « une prise en otage » des Grecs. Les dirigeants européens, quant à eux, « ne peuvent pas abandonner les Grecs à leur triste gouvernement ». Après Arnaud Leparmentier, c’est au tour de Jean-Marie Colombani de signer un nouvel appel à renverser le gouvernement grec. Les Grecs ont voté et soutiennent Syriza ; mais, c’est bien connu, les éditocrates savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui. Et Colombani de le prouver dans une conclusion pleine de lucidité : « Les Grecs méritent mieux que Tsipras et ses alliés. Comme ils n’avaient pas hier mérité les colonels. »

    Un article publié sur le site de Marianne revient sur les réactions de la presse à l’annonce du référendum. On retrouve une apologie – prévisible – des « réformes » dans Le Figaro :

    Les masques sont donc tombés en Grèce, mais aussi en Irlande, au Portugal, en Espagne. Tous, à l’exception d’Athènes ont choisi de se réformer au pas de charge pour tenter de conserver la monnaie européenne. Les efforts et le courage ont payé. La seule question est désormais de savoir si la Grèce peut gagner sa place dans la zone euro.

    Le Figaro qui, à la « une » de son édition du 30 juin, publie un éditorial titré « Faux semblants », où l’on peut lire que « le référendum que propose aux Grecs Alexis Tsipras a tout d’un leurre », que « l’appel au peuple de Tsipras n’est qu’un "coup" politique camouflé sous le masque de la démocratie directe » et dans lequel est évoqué « le vide abyssal du projet politique de Tsipras ». Tout en finesse.

    Pas en reste, le JDD titre quant à lui son article d’analyse « Alexis Tsipras, maître chanteur » [3]. Tout en nuances, à l’instar des jugements portés sur la décision d’en appeler au vote du peuple grec :

    Alexis Tsipras a choisi de suivre un chemin dangereux pour son pays et de mettre le couteau sous la gorge des leaders européens.

    Il faut dire que la « une » du journal annonçait la couleur…


    Dans Les Échos, c’est Dominique Seux qui se fait remarquer en s’insurgeant contre « le coup de poker de trop d’Alexis Tsipras », évoquant un « chantage grossier » de la part des autorités grecques et dénonçant leur « comportement irresponsable et provocateur ». Et de conclure : « Athènes doit revenir à la table des négociations ». Sinon ?

    Dans L’Opinion, Luc de Barochez dénonce, avec force accents colombaniens, « l’incompétence, de l’irresponsabilité voire de la malhonnêteté de Syriza ». Selon lui, « le référendum convoqué par Alexis Tsipras dévoie la démocratie ». Conclusion : « Face à des maîtres chanteurs, seule la fermeté paye ». Notons que là encore, la « une » du quotidien se distingue par son sens de la mesure :


     

    ***


    Nous aurions pu poursuivre ce petit tour des réactions de la presse à l’annonce du référendum grec par la « une » du Monde du 1er juillet, qui oppose « Tsipras » et « les Européens » :

    … ou encore avec le double éditorial Joffrin – Quatremer dans l’édition de Libération du mardi 30 juin (sur lequel nous aurons l’occasion de revenir).

    … voire avec Les Échos, où l’on a pu lire des tribunes dans lesquelles Tsipras est qualifié de « braqueur de banque ». Au risque de lasser le lecteur…

    Mais cette « revue de presse » n’est pas seulement une accumulation de prises de position fort éloignées du devoir d’informer, voire même outrancières : elle dessine une cohérence dans les partis pris de l’éditocratie française, qui de nouveau se range du côté des institutions européennes (rebaptisées une fois de plus « l’Europe » ou « les Européens ») et joue le rôle de chien de garde de l’eurocratie contre les empêcheurs d’austériser en rond. Voilà qui n’est pas sans rappeler le traitement médiatique d’un certain référendum organisé en 2005, duquel aucune leçon ne semble avoir été tirée.

    Dès lors, doit-on conclure que « la presse » est contre la Grèce ? Ce serait tentant, mais inexact : tout d’abord ce serait oublier la presse alternative, et toute une partie de la presse qui n’a pas participé à la curée contre le gouvernement grec, voire qui l’a dénoncée. Et même au sein de la presse dominante, des voix discordantes existent : il n’est pas rare qu’au sein même de « grands quotidiens », les reportages des envoyés spéciaux, ou des correspondants sur le terrain, contredisent les arguties libérales déversées à flot constant par nos éditocrates. De salutaires résistances à l’unanimisme éditorial eurobéat, sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir... mais qui ne sont malheureusement pas un contrepoids suffisant au bruit médiatique qui nous est imposé depuis quelques jours par ceux qui pensent que lorsque le peuple n’est pas d’accord avec une politique, il faut changer de peuple.

    Frédéric Lemaire et Julien Salingue


    Post-scriptum (1er juillet, 12h30) : Interpellé sur Twitter à propos de l’un des dessins que nous avons reproduits ci-dessus, Xavier Gorce, dessinateur au Monde, s’est fendu d’une réponse... qui se passe de commentaires :

     
    Posté par Jocegaly à -

  •  
     
      Édition du Mercredi 1 juillet 2015  
     
     
     
    L'édito de Charles :
     

    « La crise grecque, la théorie des jeux, et la passionnante analyse de Piketty, prix Nobel d’économie »

     
    Lire l'article
     

    Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

    Le titre de cet article peut vous inquiéter par sa complexité mais vous allez voir, il n’en est rien car au bout du compte, beaucoup de choses même compliquées peuvent s’exprimer clairement.

    Écoutez Thomas Piketty… sur la Grèce. Et dire que je le trouve « trop » libéral !!

    Tout d’abord, je vous invite à écouter Thomas Piketty, notre dernier prix Nobel d’économie qui était l’invité de Jean-Jacques Bourdin.

     

    Pour ceux qui ne pourront pas voir la vidéo immédiatement, il raconte sans ambiguïté qu’il avait été expliquer aux Grecs que s’ils se serraient suffisamment la ceinture et qu’ils atteignaient « un excédent primaire », c’est-à-dire le fait de payer plus d’impôts que d’occasionner de dépenses (ce qui n’est même pas le cas en France depuis 1974, dernière année budgétaire excédentaire), alors les Européens renégocieraient la dette grecque. L’engagement fut tenu par les Grecs (quoi que l’on vous raconte actuellement) mais l’Europe refusa de renégocier la dette et proposait aux Grecs d’attendre encore et de continuer à faire encore plus d’efforts alors que nous ne parlons plus de crise économique en Grèce mais de crise humanitaire.

    Piketty y explique aussi que l’Allemagne, oui l’Allemagne, le parangon de vertu, est le pays qui n’a jamais payé ses dettes au 20e siècle. Non, l’Allemagne n’a pas été vertueuse après la guerre de 14/18 et elle n’a pas payé ses dettes, de la même façon qu’elle ne les paiera pas non plus après la Seconde Guerre mondiale. Piketty explique très justement, et je peux vous assurer que Piketty n’est pas vraiment un « communiste » dans l’âme, que vouloir faire payer la Grèce, passez-moi l’expression, c’est aussi con que d’avoir voulu faire payer l’Allemagne en 1920. Au bout du compte, en ruinant l’Allemagne de l’époque, nous avons fait le lit du nazisme et nous avons nous-mêmes créé les conditions de notre débâcle de 1940, de notre occupation et de notre humiliation.

    Une grande conférence sur la dette… pour annuler les dettes qui ne seront jamais remboursées… En réalité, Piketty évoque là ni plus ni moins que la mise en place d’un grand effacement. Christine Lagarde du FMI parle, elle, d’un « global reset ». N’oubliez pas les conséquences éventuelles d’une telle conférence. Les dettes SONT l’épargne.

    La France doit mettre son veto à une expulsion de la Grèce de la zone euro et s’opposer frontalement à l’Allemagne…

    Ce n’est pas rien non plus cette sortie de notre prix Nobel d’économie qui dénonce l’amateurisme gouvernemental et présidentiel ainsi que les erreurs multiples d’un François Hollande totalement dépassé.

    Pour Piketty, rien ne peut se faire si la France s’oppose de façon frontale. Car si on ouvre la boîte de Pandore de la sortie de la zone euro, alors à chaque élection dans chaque pays ce sera la spéculation jusqu’à la destruction totale de l’euro.

    D’ailleurs, il explique également que cela pousse la Grèce dans les bras de la Russie, sans oublier que la politique d’austérité imposée par l’Europe fait le jeu des mouvements nationalistes de droite qu’il considère plus dangereux que les gens d’extrême gauche de type Syriza.

    Le gâchis collectif

    Enfin, pour lui, il ne faut pas asphyxier davantage la Grèce puisqu’elle n’a pas le niveau d’activité suffisant pour s’en sortir et ce n’est pas en faisant fermer ses banques, en lui refusant de l’aide que l’on va l’aider à s’en sortir et, in fine, à retrouver de la solvabilité. C’est donc un gâchis pour tout le monde y compris pour les créanciers.

    Voici donc en résumé la position de notre dernier prix Nobel d’économie et cela vaut le coup de l’entendre et remet quelques pendules à la bonne heure !

    Mais ce n’est pas tout. Vous ne le savez peut-être pas mais le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, que j’avais eu le plaisir d’interroger il y a quelques mois à peine en exclusivité pour le Contrarien Matin, est un expert de la théorie des jeux. La théorie des jeux, c’est un peu l’art de la stratégie poussé à son paroxysme.
    Je reproduis ci-dessous la définition de Wikipédia.

    Théorie des jeux

    « La théorie des jeux est un ensemble d’outils pour analyser les situations dans lesquelles l’action optimale pour un agent dépend des anticipations qu’il forme sur la décision d’un autre agent. Cet agent peut être aussi bien une personne physique, une entreprise ou un animal. L’objectif de la théorie des jeux est de modéliser ces situations, de déterminer une stratégie optimale pour chacun des agents, de prédire l’équilibre du jeu et de trouver comment aboutir à une situation optimale. La théorie des jeux est très souvent utilisée en économie, en sciences politiques, en biologie ou encore en philosophie.

    Les fondements de la théorie moderne des jeux sont décrits pour la première fois en 1928 dans une publication de John von Neumann. Les idées de la théorie des jeux sont ensuite développées par Oskar Morgenstern et le même John von Neumann en 1944 dans leur ouvrage Theory of Games and Economic Behavior ».

    La Grèce négocie pour son avenir, n’a pas grand-chose à perdre et ses dirigeants appliquent la théorie des jeux dans le cadre de la « raison d’état ».

    Une question que personne ne pose est « quel est l’objectif de la Grèce ? ».

    Une autre devrait être « quel est l’objectif de l’Europe, du FMI et de la BCE ? ».

    Maintenant, croisez ces deux questions. Essayons de jouer ensemble à la théorie des jeux !

    Vous êtes Grecs, quel est votre objectif ? Idéalement, la situation optimale pour vous, Grec, serait de pouvoir :

    1/ Rester dans l’euro.
    2/ Assouplir l’austérité et répondre à la crise humanitaire qui épuise votre peuple.
    3/ Obtenir une renégociation de votre dette pour que vos efforts ne soient pas effectués en vain.
    4/ Que l’accord s’inscrive dans la durée et pas sur une période de trois mois encore une fois qui ne donne aucune visibilité au peuple et qui ne correspond à aucun projet crédible à part celui de faire gagner du temps aux créancier.

    Il est donc assez facile, avec du bon sens, de lister les objectifs de la Grèce dans cette négociation. La Grèce sait donc ce qu’elle veut et ce qu’elle peut ou ne peut plus.

    Maintenant, faisons la même chose pour l’Europe. Quels sont les objectifs de l’Europe ? Sauver et préserver l’euro ? Dans ce cas, il faudrait être plus constructif avec les Grecs…

    Se faire rembourser les dettes par la Grèce ? Dans ce cas, comme le dit très justement Piketty, il est nécessaire de ne pas plus enfoncer la Grèce mais au contraire de lui donner de l’air pour qu’elle puisse améliorer son niveau d’activité. Il faut donc favoriser la stabilité, la visibilité… et accessoirement éviter de faire fermer les banques…

    Alors je repose la question parce que là, je ne comprends pas. Quels sont les objectifs de l’Europe ? Et vous savez pourquoi les objectifs de l’Europe ne sont pas clairs ?

    Les objectifs de l’Europe ne sont pas clairs parce qu’ils sont inavouables !

    Et Piketty le sait tout aussi bien que moi, mais lui étant prix Nobel, il a une parole légèrement moins libre que la mienne !!

    Au moment où j’écris ces lignes (et nous sommes mardi soir), la Grèce a proposé à l’Europe un nouveau projet d’accord.

    « La Grèce a proposé mardi à ses créanciers de conclure avec le Mécanisme européen de stabilité (MES) un accord sur deux ans permettant de couvrir ses besoins financiers tout en restructurant sa dette, a indiqué le bureau du Premier ministre Alexis Tsipras. »

    « La chancelière allemande a fait savoir qu’elle attendait le référendum de dimanche avant toute négociation. Athènes a aussi annoncé qu’il ne rembourserait pas le FMI ce soir… »

    Quels sont donc les objectifs de l’Europe car pour le moment, tout ce que fait l’Europe pointe dans une seule direction. L’Allemagne veut forcer la Grèce à sortir de l’euro et de l’Europe. L’Allemagne y gagnerait et préserverait ses finances, son argent et sa puissance au détriment de tous les autres pays européens. L’Allemagne prendrait dès lors la tête de l’Europe et exercerait un pouvoir sans partage et nous devrions tous suivre.

    Et c’est exactement ce risque que Thomas Piketty a dénoncé dans son intervention et la raison pour laquelle il a demandé à François Hollande de taper du poing sur la table.

    Nous sommes dans une situation infiniment plus grave que ce que l’immense majorité des gens pense ou perçoit.

    Il est déjà trop tard, préparez-vous.

    Charles SANNAT

    (pour m’écrire charles@lecontrarien.com)

    « À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)

    Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.

    « L’Assemblée nationale est toujours otage de Thomas THÉVENOUD qui est toujours député. Pensons à elle. Ne l’oublions pas. »
    (Pour protester pacifiquement et avec humour, n’hésitez pas à reprendre cette formule en bas de tous vos mails, de vos articles ou de vos publications, il n’y a aucun droit d’auteur !!)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_jeux


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    Grèce : Les créanciers disent à Tsipras : pas touche aux riches !

     
     
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    Je vous invite à lire cet excellent article de L’Humanité qui vous raconte par le menu comment l’Europe, le FMI et la BCE ont demandé à Tsipras de taxer les pauvres encore plus mais lui ont interdit de taxer les riches et d’aller prendre l’argent là où il est…

    Merci à nos camarades de L’Huma d’avoir insisté sur cette


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    IMPORTANT : La Turquie propose son aide financière à la Grèce !!

     
     
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    Je vous repose la question… quel est l’objectif de l’Europe avec la Grèce ?Je vous rappelle que la Turquie et la Grèce sont censées être des ennemies jurées… Et si finalement ce n’était pas le cas et que la paix entre les peuples était possible et que l’achat d’armes allemandes à coup de milliards d’euros
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    Video : Éconoclaste - Défaut de paiement de la Grèce vis à vis du FMI : le début de la fin ? (VIDÉO)

     
     
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    J’étais l’invité d’ »Éconoclaste » sur Écorama aujourd’hui avec une émission consacrée évidemment exclusivement à la Grèce.

    Ce mardi à minuit la Grèce ne remboursera pas le FMI. Quelles conséquences ce défaut va-t-il entraîner ? Si les Grecs votent « non » au référendum de dimanche, la sortie de l’euro devient-elle inévitable et la


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    Video : Retour à la drachme : gains et risques (VIDÉO)

     
     
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    J’étais l’invité de la rubrique « Désintox » sur Écorama aujourd’hui.

    Quels seraient les avantages et les inconvénients d’un retour de la Grèce à la drachme ? Niveau de vie, possible retour de la croissance, inflation importée : la Grèce a-t-elle intérêt à revenir à sa monnaie nationale ? Écorama du 30 juin, présenté par David


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