• A lire =

    Cyril LAZARO

     
    Dimanche 14 août 2011 7 14 /08 /Août /2011 14:23

    A Fukushima City, la colère sans fin des Japonais

    Par Michel Temman

     

    A Fukushima City, ville de 200 000 habitants soumise à une radioactivité constante de 1 à 2 microsieverts de l’heure et parsemée de nombreux hot spots (des mètres carrés très radioactifs), nombre d’habitants laissent aujourd’hui exploser leur colère. Soixante-six ans après Hiroshima et Nagasaki, de nombreux Japonais ont crié «plus jamais de hibakusha !», les victimes des radiations atomiques. Beaucoup en veulent à l’Etat et à sa bureaucratie défaillante de ne pas avoir su, une nouvelle fois, les protéger face aux dangers de l’atome.

    Cinq mois après le tsunami, les familles de Fukushima City sont partagées entre le désir de quitter la ville ou d’y rester, à condition de connaître les risques encourus. Or, c’est sur le credo de l’information que le bât blesse. «Les gens d’ici ont été abandonnés par les autorités. On a l’impression qu’on nous ment !» tonne Haga San, le patron d’une fonderie basée à Date, un village touché par les radiations, à 30 km de la centrale nucléaire de Fukushima. «Mes ouvriers, mon épouse, moi-même refusons de partir, mais ma belle-fille et son bébé ont déménagé à Yamagata, tandis que mon fils fait des allers-retours. Les autorités disent qu’il n’y a pas de risques. Car leur hantise, c’est de voir les gens fuir. Ils préfèrent sacrifier notre santé pour sauver l’économie locale.» Son épouse, Chizuko, s’emporte aussi : «J’ai honte d’être japonaise ! La centrale de Fukushima a été bâtie en bord de mer il y a quarante ans par des gens arrogants. Elle résisterait à n’importe quel séisme et tsunami, disaient-ils. Voilà le résultat. Le pire, c’est que la même arrogance nous gouverne aujourd’hui. Notre Etat fait tout pour fuir la critique et ses responsabilités !»

    L’université médicale de Fukushima, financée sur deniers publics, vient de missionner le Dr Shunichi Yamashita (de l’université médicale de Nagasaki) pour vendre à la population que «100 millisieverts par an» ne sont pas un danger pour la santé humaine. Autant dire que cette institution ne va pas rassurer les habitants… En particulier ceux des villes de Namie et Tsuchima, jouxtant la centrale et dont on a appris cette semaine qu’ils furent, en mars, évacués trop lentement.

    Pendant ce temps, les rumeurs vont bon train sur la probable démission du Premier ministre, Naoto Kan, qui pourrait être effective à la fin du mois. Au sein du Parti démocrate, les luttes de clans sont lancées. Cinq hommes sont favoris, parmi lesquels Banri Kaieda, le ministre de l’Economie et de l’Industrie, en charge de… la gestion de la catastrophe de Fukushima.

    Source liberation.fr


    Tags Tags : , , , ,