• A LIRE , INSTRUCTIF, POUR CEUX QUI N'ONT PAS ENCORE COMPRIS !!!!!!!

    Cyril LAZARO

     
    Mercredi 16 novembre 2011 3 16 /11 /Nov /2011 17:21

    Le programme-choc du patronat pour la présidentielle

    TVA sociale, baisse des dépenses de l'assurance chômage et de santé, abolition des 35 heures... Plus aucune piste n'est taboue.

    Laurence Parisot et Maurice Levy, le président de l'Afep et patron de Publicis, ont chacun présenté leurs propositions pour la présidentielle.

    Laurence Parisot et Maurice Levy, le président de l'Afep et patron de Publicis, ont chacun présenté leurs propositions pour la présidentielle.

     

    Le patronat français fait une entrée fracassante dans la campagne présidentielle. Mardi, Laurence Parisot a dévoilé son projet de "pacte fiscal et social pour la compétitivité de la France" qu'elle va envoyer à tous les candidats. La veille, c'est l'Association française des entreprises privées (Afep) qui a présenté ses recommandations. Au programme du très influent lobby des très grandes entreprises, un traitement de choc pour relancer "la compétitivité du site France" : TVA sociale, baisse des dépenses de l'assurance chômage et de santé, abolition des 35 heures...

    Autant de propositions qui partent d'un constat commun aux deux organisations de défense des entreprises : "Le manque de compétitivité, et notamment celui lié au coût du salarial", est "l'un des plus importants problèmes" à résoudre pour sortir le pays "de la crise des finances publiques". Car, depuis 2000, soulignent à l'unisson les représentants des entreprises françaises, l'Hexagone n'a cessé de perdre en compétitivité, une tendance illustrée par l'évolution du commerce extérieur. Contrairement à l'Allemagne, érigée en véritable modèle, la France perd des parts de marché.

    L'étalon allemand

    L'année de référence retenue ne doit rien au hasard. C'est au cours des années suivantes que la France fait le choix des 35 heures et de l'harmonisation à la hausse des différents smic, alors que Berlin mène un programme de rationalisation de son État-providence sous l'impulsion de son chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder. Du coup, alors qu'il y a dix ans le coût horaire du travail "était inférieur de 8 % à l'Allemagne, aujourd'hui, il est supérieur de 10 %", se lamente l'organisation de Laurence Parisot.

    Pour combler le retard sur nos voisins d'outre-Rhin, celle-ci propose un nouveau "pacte fiscal et social". Pour la première fois, le Medef se prononce en faveur du transfert d'une partie de l'imposition qui pèse sur le travail vers la consommation, une réforme déjà entreprise outre-Rhin en 2007. En clair, il s'agit de baisser les cotisations employeurs pour les compenser par une hausse de la TVA, ou de la CSG (un impôt qui ne pèse pas uniquement sur le revenu du travail des salariés). Les cotisations de la branche famille et une partie de celles de la branche maladie seraient concernées. La proposition est déclinée en "trois scénarios" de transfert de charges plus ou moins massifs (30, 50 ou 70 milliards d'euros) entre lesquels Laurence Parisot devrait trancher en janvier. Mais, dans toutes les hypothèses, la présidente du Medef intègre une baisse des cotisations salariales afin de mieux faire passer la pilule auprès des Français.

    Pas touche aux allègements de charge

    Voilà qui devrait relancer le débat sur la TVA sociale, déjà envisagée par l'UMP. Le secrétaire général du parti y est personnellement favorable et Éric Besson s'est clairement prononcé pour sa mise en place. Si l'Afep propose également cette piste, elle se prononce aussi en faveur d'une solution alternative évoquée par François Hollande : le transfert des cotisations vers une fiscalité écologique (taxe carbone), à condition qu'elle soit, au minimum, européenne.

    Pour le reste, les propositions de l'Afep devraient faire bondir le candidat socialiste. Le représentant des très grandes entreprises françaises veut tout simplement supprimer les 35 heures par une négociation avec les partenaires sociaux ("notamment en entreprise") et les pouvoirs publics. Une demande qui n'avait jamais été formulée aussi clairement et qui ressemble étrangement à celle présentée par le secrétaire général adjoint libéral de l'UMP, Hervé Novelli, il y a quelques mois à l'occasion d'une convention du parti sur le dialogue social. Mais contrairement au parti majoritaire, l'Afep ne veut pas entendre parler d'une remise en cause des allègements de charges sur les bas salaires comme contrepartie à l'augmentation du temps de travail : cela risquerait de nuire aux emplois peu qualifiés dans les services, assure-t-elle.

    Baisse des dépenses publiques

    Autre cheval de bataille du patronat français, le redressement des finances publiques. Alors que le dernier plan de rigueur de François Fillon porte essentiellement sur les recettes en 2012, l'Afep demande aux candidats de s'engager sur une "nouvelle règle d'or : tout euro d'augmentation des prélèvements obligatoires doit être accompagné d'un euro de diminution des dépenses". Ce qui suppose "d'aller au-delà du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux" !

    Même la Sécurité sociale ne pourra pas être épargnée, explique l'Afep : "Les pouvoirs publics et les partenaires sociaux ont construit des mécanismes parmi les plus protecteurs des pays développés. Ceux-ci ont été utiles durant la crise. Mais, à la lumière des indicateurs de bien-être, ils s'avèrent plus coûteux et moins efficaces que ceux d'autres pays". Concrètement, l'organisation préconise non seulement de stabiliser les dépenses de santé mais surtout, à terme, "de les diminuer", malgré les progrès toujours plus coûteux de la médecine ! Quant aux prestations chômage, leur durée devrait être diminuée et leur montant plafonné de façon plus stricte. Voilà qui devrait plaire aux cadres...

    En revanche, l'Afep veut alléger la fiscalité des revenus du capital. Alors que le gouvernement vient de décider une augmentation du prélèvement forfaitaire libératoire à 24 % (solution alternative à l'application du barème sur l'impôt de l'impôt sur le revenu), le représentant des sociétés du CAC 40 juge nécessaire de réduire "les prélèvements sociaux et fiscaux sur les plus-values pour les investissements longs et les investissements à risque dans le capital des entreprises".

    Reste à savoir si ces mesures politiquement très sensibles pourront être assumées par un candidat. Paradoxalement, en prenant le risque d'intervenir dans le débat électoral, l'Afep et le Medef pourraient compromettre leur mise en oeuvre. Quel parti, en effet, prendra le risque d'être accusé de faire un copier-coller des idées du patronat ?

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    Par Source lepoint.fr

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