• Pourquoi une rubrique sur l’Europe de l’Est?

     
     

    L’ignorance et l’indifférence de l’Occident impérialiste vis-à-vis de l’Est périphérique est une constante historique lourde de conséquences dont les raisons sont profondes : racisme vis-à-vis de l’Europe « périphérique », séquelles de la vision féodale du monde dans laquelle les habitants de l’Est restent d’éternels « moujiks barbarisés », retombées de la propagande anti-communiste intense des médias occidentaux pendant trois générations et qui continue sous une forme à peine transformée…

     

    Nos camarades de la gauche occidentale, en particulier de la gauche dite « morale », nous ont eux-aussi souvent déçus par la pérennité de formes de pouvoir de type « diviser pour régner », par lesquelles ils choisissaient qui allait représenter les Européens de l’Est et qui serait le « bon client » des structures « progressistes » occidentales. Dans les années 2005-2010, nous, les militants de la nouvelle gauche de l’Est, avons pourtant cru à l’unité d’un mouvement de gauche européen pour transformer l’Union européenne, sortir nos pays de leur position périphérique et les intégrer en tant qu’égaux dans une nouvelle Europe sociale, solidaire et féministe. Hélas, force est de constater qu’il n’en est rien et que cela n’est pas seulement dû au fait de la puissance de nos ennemis capitalistes et impérialistes.

     

    Trop souvent nous nous sommes retrouvés seuls dans nos luttes, espérant en vain l’attention et le soutien de nos camarades de l’Ouest. Par exemple, lorsqu’en 2012 en Roumanie et en 2013 en Bulgarie ont éclaté de puissants mouvements de types « indignés », pas un militant de la gauche anticapitaliste européenne ne s’est rendu sur place pour apprendre à la source ce qui s’y passait ! Les médias de gauche occidentaux n’ont pas accordé non plus beaucoup d’intérêt à un événement majeur : l’unification des mouvements de gauche des Balkans via le Forum des Balkans. Seule la Bosnie a retenu l’attention de certains militants en 2014, mais cela a été bref et n’a pas modifié globalement le désintérêt du public de gauche occidental pour ces « contrées où vivent les dragons ». Preuve que l’hégémonie culturelle impérialiste exerce aussi son influence sur une grande partie de la gauche et que l’échec au moins partiel du « socialisme réel » constitue un handicap qui reste le plus souvent imputé à l’esprit « retardataire » des populations de l’Est. Pourtant si l’Est a tenté, en bien comme en mal, une expérience révolutionnaire progressiste, l’Ouest, lui, n’est jamais arrivé à ce stade, ce qui devrait rendre humbles les deux pôles européens.

     

    Nous avons donc pris à l’Est notre destinée en main et décidé de mener nos luttes de façon autonome. Après les deux Forums des Balkans à Zagreb en 2012 et 2013, s’est tenu en mars 2016 à Wroclaw, en Pologne, le « Forum d’Europe de l’Est et de Coopération avec le Sud », Forum élargi à la Grèce et la Turquie, à la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie, avec même une participation chinoise. Et auquel ont participé nos camarades d’Investig’Action, preuve que l’anti-impérialisme authentique qui manifeste sa solidarité avec les pays opprimés du Sud, ne néglige pas non plus l’Europe orientale. Nous continuons aujourd’hui notre collaboration pour analyser au mieux le passé de ce que fut le « socialisme réel », analyser et décrire nos problèmes présents et élaborer un programme pour une future Europe orientale socialiste.

     

    Des blogs et portails est-européens anglophones existant déjà, nous avons décidé d’ouvrir un blog francophone diffusant nos analyses et nos informations afin de toucher le public francophone d’Europe, d’Afrique, des Amériques et d’Asie. Nos camarades d’Investig’Action ont bien voulu nous ouvrir leurs colonnes pour cette entreprise, nous les en remercions et espérons que notre point de vue sera écouté et pris en compte par l’ensemble de la gauche occidentale sociale et anti-impérialiste afin que nous puissions enfin, tous ensemble, changer le monde et changer notre continent.

     

    Monika Karbowska

    Judith Morva

    Bruno Drweski


  • Ça n'empêche pas Nicolas

    Blog de Jean Lévy sur l'actualité politique au jour le jour.

     

     

                                                                

     

    15 Août 2017
    Le projet de Washington de changement de régime au Venezuela mis à nu

    Réseau International

    Lorsque les États-Unis voulaient un changement de régime, ils le faisaient faire secrètement par l’Agence centrale de renseignement (CIA), en particulier lorsque le pays avait un gouvernement démocratiquement élu comme l’Iran (1953), le Guatemala (1954), le Chili (1973), le Nicaragua (1980), Haiti (2006), le Honduras (2009), l’Ukraine (2014) et la Syrie, où ce projet sanglant fait toujours rage, où le compte de cadavres continue à augmenter et où des millions de réfugiés sont sans abri.

    Au cours des dernières décennies, les États-Unis sont devenus plus audacieux dans leurs projets de changement de régime. Ce qui était d’habitude pratiqué en secret est maintenant réalisé sans complexe à la vue de tous. Le projet de changement de régime au Venezuela en 2017 est devenu public. La plus grande partie du public américain ne peut pas discerner la forêt que lui cachent les arbres de la propagande, qui l’a trompé sur ce qui est derrière le chaos au Venezuela aujourd’hui. La majeure partie de ce qui le sous-tend est le financement par les États-Unis, à coup de millions de dollars, des partis politiques de l’oligarchie. Sans cet argent les partis politiques d’opposition seraient plus divisés et plus faibles qu’ils ne le sont.

    Les médias grand public diffusent la propagande selon laquelle le président Nicolas Maduro est un dictateur. Que Maduro est répressif et tue sa propre population de manifestants pacifiques. Que les juges de la Cour suprême du Venezuela sont ses copains et ont outrepassé leurs pouvoirs constitutionnels. Que le référendum constitutionnel appelé par Maduro est illégal. Que les élections ont été truquées. Que l’opposition est formée de patriotes qui revendiquent la démocratie. Que Maduro a détruit l’économie du Venezuela. Que la presse et la télévision sont censurées par Maduro. Que le président Barack Obama a imposé des sanctions au Venezuela parce qu’il constitue une menace pour la sécurité nationale des États-Unis. Que le président Trump a imposé des sanctions supplémentaires parce qu’il est préoccupé par la démocratie, la liberté et le gouvernement au Venezuela.

    Aucun des éléments ci-dessus n’est vrai. Pourtant les médias dominants continuent de le répéter : New York Times, Washington Post, Guardian, Fox News, CNBC et CNN. Les membres du Congrès continuent de répéter ces mensonges, un mot que j’utilise rarement. Depuis  la co-conspiration des médias dominants à l’invasion illégale de l’Irak en 2003 par l’administration Bush-Cheney, ils ne sont jamais tombés si bas et n’ont jamais été aussi coupables de collusion en diffusant de la propagande mensongère soutenant la politique étrangère américaine d’agression illégale. Quiconque a encore des illusions sur la liberté et l’indépendance des médias étasuniens dominants devrait être libéré de cette croyance par la désinformation qu’ils nous dispensent aujourd’hui au sujet du Venezuela.

    La cooptation des médias dominants n’est pas nouvelle. Voici un éditorial du New York Times paru le lendemain de l’enlèvement de Hugo Chavez par un coup d’État militaire en 2002 :

    Insurrection au Venezuela : le gouvernement ; le chef du gouvernement contraint à démissionner ; installation de civils

    Par Juan Forero 

    Un gouvernement de transition emmené par un homme d’affaires de premier plan a remplacé aujourd’hui Hugo Chavez, quelques heures après que des officiers de l’armée l’ont forcé à démissionner. C’est la fin soudaine du règne turbulent de trois ans d’un homme fort élu sur la promesse d’éloigner son pays des États-Unis tout en supprimant l’ancien ordre social du Venezuela. —Pedro Carmona Estanga, le président de la plus importante société commerciale du Venezuela a été instauré président par intérim lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à 18h.

    Il a promis que le nouveau gouvernement défendrait « une vision pluraliste, démocratique, civile et garantissant l’application de la loi, l’État de droit.»Des élections auront lieu dans un délai d’un an, ont affirmé des responsables officiels. L’administration Bush a fermement attribué la faute du renversement de M. Chavez au dirigeant destitué. Les responsables officiels ont qualifié cette destitution de victoire pour la démocratie. 

    image: http://reseauinternational.net/wp-content/uploads/2017/08/pedro-francisco-carmona-estanga-opednews.jpg

    Pedro Francisco Carmona Estanga, ancien dirigeant d’une société commerciale au Venezuela, a brièvement remplacé Hugo Chavez au poste de président du Venezuela après le coup d’État de 2002.

    Pedro Francisco Carmona Estanga, ancien dirigeant d’une société commerciale au Venezuela, a brièvement remplacé Hugo Chavez au poste de président du Venezuela après le coup d’État de 2002.

     Le lendemain, le New York Times a été forcé par les circonstances de dire le contraire, une sorte de rétraction qui n’en était pas une. Remarquez que « l’éminent homme d’affaires » n’est pas si « éminent » après avoir « dissout l’Assemblée nationale, renvoyé les juges de la Cour suprême, abrogé la Constitution, arrêté des membres importants du gouvernement Chavez et poussé d’autres à se cacher ». Cela ressemble davantage au genre de fascistes de droite que les États-Unis préfèrent voir aux responsabilités. Quant à savoir qui l’avait « installé » à la présidence par intérim, le New York Times ne le dit pas précisément. Cela a sûrement fait réfléchir Bush. Ni le Times ni les États-Unis ne réagissent à la manière dont les amis de la démocratie réagiraient après un coup d’État militaire. Comment cela peut-il être une victoire pour la démocratie ?

     

    L’insurrection populaire permet à Chavez de revendiquer la présidence du Venezuela

     Par Ginger Thompson et Juan Forero, le 14 avril 2002

     CARACAS, Venezuela, 14 avril — Deux jours après qu’un immense mouvement politique a forcé le président vénézuélien Hugo Chavez à quitter le pouvoir, un soulèvement opposé a embrasé tous les bidonvilles de la capitale et a ramené aujourd’hui le dirigeant populiste à la présidence.

    Une fois au pouvoir, le gouvernement intérimaire de courte durée, dirigé par un important homme d’affaires, Pedro Carmona Estanga, a dissout l’Assemblée nationale, renvoyé les juges de la Cour suprême, arrêté des membres importants du gouvernement Chavez et forcé d’autres à se cacher.

    Le nouveau gouvernement a annoncé que M. Chavez avait démissionné de sa fonction. Mais le mot a commencé à se répandre dans les reportages des chaînes de télévision internationales que M. Chavez n’avait pas démissionné. Ses partisans dans les bidonvilles et les villes pauvres de tout le pays ont commencé à se faire du souci pour sa sécurité. Ils sont descendus dans les rues pour exiger la libération de M. Chavez. Et ils ont gagné.

    [L’administration Bush n’a manifesté aucun remord pour sa tentative de renverser Chavez par la violence, un coup d’État qui a coûté la vie à des douzaines de personnes.]

    Le New York Times poursuivait :

    L’administration Bush, qui a montré peu de regret devant l’apparent renversement de M. Chavez vendredi, a déclaré qu’elle soutenait la résolution de l’OAS [qui soutient le retour de Chavez au pouvoir]. Mais elle a appelé M. Chavez à changer de politique.

    « J’espère que Hugo Chavez entend le message que son peuple lui a envoyé, que ses politiques n’œuvrent pas en faveur du peuple vénézuélien, qu’il les a menées de manière autoritaire », a déclaré aujourd’hui le conseiller à la sécurité nationale du président Bush dans l’émission d’information Meet the Press de NBC.

    L’administration Bush, le New York Times et les médias grand public n’ont manifesté ni remord ni honte – le gouvernement des États-Unis a continué à surveiller et à saper le gouvernement chaviste, le socialisme bolivarien du Venezuela de toutes les manières possibles. Les États-Unis sont toujours impliqués et continuent à financer un projet de changement de régime à long terme. L’Empire ne renonce jamais.

    Les États-Unis ont perfectionné leurs techniques de changement de régime, les camouflant en « promotion de la démocratie », qui finance la subversion à travers l’Agence pour le développement international (USAID), le Service d’information des États-Unis (USIS) et le National Endowment for Democracy (NED) financé par le Congrès, l’International Republican Institute (IRI) et des organisations non gouvernementales choisies. La CIA et l’armée américaine continuent à ce jour à saper la démocratie au Venezuela.

    Le changement de régime a été perfectionné...
     

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    Tag(s) : #Amérique latine Venezuela, #Etats-Unis

  • Steve Bannon, l’impénitent


    Par Robert Kuttner − 16 août 2017 − Source prospect.org via noeud-gordien.fr

    Note d’Alexis Toulet

    Un document inattendu et un aperçu intéressant des luttes d’influence internes, de la désunion et pour tout dire du bricolage dans le plus proche entourage de Donald Trump.

    Ou quand le stratège de Trump, ancien président de Breitbart News et homme d’influence très fortement marqué à droite Steve Bannon téléphone à l’éditeur d’un journal de gauche pour expliquer ses luttes contre ses adversaires politiques dans l’entourage du président américain, dans l’espoir apparent de s’en faire un allié (?!) et sans se préoccuper apparemment le moins du monde qu’il le mette bien évidemment sur la place publique.

     

    Naïveté – difficile à imaginer de la part d’un homme de médias comme Bannon, reflet de bricolages d’un conseiller mis en accusation suite au meurtre de Charlottesville, volonté de faire pression sur Trump ou billard politique à douze bandes ?

    Robert Kuttner a reçu un coup de téléphone peu ordinaire l’après-midi du 15 août. Co-éditeur de Prospect, revue américaine de gauche s’intéressant en priorité aux politiques publiques, il ne s’attendait probablement pas à ce que Steve Bannon, le conseiller politique du président Trump, demande à avoir cette longue conversation, qu’il a bien sûr retranscrite dans un article sur le site du magazine, Bannon n’ayant à aucun moment demandé à ce que leur entretien reste « off the record », c’est-à-dire privé.

    Kuttner ne semble pas en être tout à fait revenu, et se perd en conjectures sur les motivations du conseiller présidentiel, mis en difficulté suite au meurtre d’une manifestante par un néo-nazi à Charlottesville le 12 août. Voici une traduction de son compte-rendu de la conversation :

    Le stratège de Trump, mis en difficulté, prend l’initiative de me téléphoner pour discuter de la Chine, la Corée, et de ses ennemis à l’intérieur de l’administration.
    Vous pourriez imaginer, vu les récentes nouvelles, que Steve Bannon est le dos au mur et donc se comporte prudemment. Après les événements de Charlottesville, beaucoup le mettent en cause pour l’indulgence constante de son patron envers les suprématistes blancs. Les alliés du conseiller à la sécurité nationale H.R. Mac Master tiennent Bannon pour responsable d’une campagne contre lui de Breitbart News, que Bannon a autrefois dirigé. La défense de Bannon par Trump à sa conférence de presse de mardi était tiède.

    Mais Bannon était d’excellente humeur quand il m’a téléphoné mardi après-midi pour discuter la politique de la ligne dure contre la Chine, et il n’a pas mâché ses mots pour décrire ses efforts pour neutraliser ses rivaux aux ministères de la Défense, des Affaires étrangères et du Trésor public. « Ils se font dessus », disait-il, avant de détailler comment il évincerait certains de ses opposants aux Affaires étrangères et à la Défense.

    Il va sans dire que j’étais un peu étonné de recevoir un courriel de l’assistant de Bannon mardi midi, au moment même où se déchaînait une nouvelle fois l’enfer au sujet de Charlottesville, disant que Bannon voulait me rencontrer. Je venais de publier un article sur la manière dont la Chine profitait de la dispute nucléaire États-Unis – Corée du Nord, avec quelques mots doux pour son patron.

    « Trump a trouvé son égal en Kim. Le risque que deux idiots arrogants en arrivent à un échange nucléaire est plus grave qu’à aucun moment depuis octobre 1962 ». Peut-être Bannon voulait-il me crier dessus ?

    J’ai dit à son assistant que j’étais en vacances, mais que je serais heureux de parler au téléphone. Bannon appela tout de suite.

    Bien loin de me passer un savon pour avoir comparé Trump à Kim, il commença:

    C’est un grand honneur de finalement vous mettre la main dessus. J’ai suivi vos écrits depuis des années et je crois que vous et moi pensons la même chose au sujet de la Chine. Vous l’avez très bien dit.

    Nous sommes en guerre économique contre la Chine. C’est dans toute leur littérature. Ils ne se privent pas de dire ce qu’ils font. L’un de nous sera un hégémon dans 25 à 30 ans, et les choses continuent comme maintenant ce sera eux. La Corée, c’est juste eux qui nous font danser. C’est une distraction.

    Bannon dit qu’il pourrait accepter un accord où la Chine s’arrange pour que la Corée du Nord gèle son armement nucléaire avec des inspections tandis que les États-Unis retirent leurs troupes de la péninsule, mais qu’un tel accord semble improbable. Étant donné qu’il n’y a guère de chance que la Chine aille plus loin sur le sujet, et que la logique de la dissuasion est en elle-même une source de modération, Bannon ne voit aucune raison de se priver de sanctions commerciales dures contre la Chine.

    A l’encontre de Trump menaçant « feu et colère », Bannon affirme :

    Il n’y a aucune solution militaire [aux menaces nucléaires de la Corée du Nord], vous pouvez l’oublier. A moins que quelqu’un ne résolve ce terme de l’équation qui me montre que dix millions de personnes à Séoul meurent dans les 30 premières minutes par armes conventionnelles, je ne sais pas de quoi vous parlez, il n’y a pas de solution militaire, ils nous tiennent.

    Bannon poursuivit par une description de sa bataille au sein de l’administration pour une ligne plus dure contre le commerce chinois, et afin de ne pas tomber dans un piège consistant à penser que les plaintes au sujet du comportement commercial de la Chine devraient passer au second plan dans l’espoir que la Chine jouant les honnêtes courtiers aiderait à modérer Kim.

    Pour moi, la guerre économique contre la Chine est tout. Et nous devons nous concentrer là-dessus comme des maniaques. Si nous continuons à perdre, nous sommes à cinq ans, je dirais au maximum dix ans, de passer un point d’inflexion dont nous ne nous relèverons jamais.

    Le plan d’attaque de Bannon inclut : une plainte basée sur la Section 301 du Trade Act de 1974 contre la coercition chinoise au transfert de technologie exercée sur les entreprises américaines faisant des affaires là-bas, et d’autres plaintes contre le dumping en matière d’acier et d’aluminium.

    Nous allons mener la vie dure à ces gars. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’ils sont en guerre économique, et ils nous écrasent.

    Mais qu’en est-il de ses adversaires internes, aux Affaires étrangères et à la Défense, qui pensent que les E.U. peuvent s’assurer l’aide de Pékin dans l’affrontement avec la Corée du Nord, et au Trésor public et au conseil économique qui ne veulent pas toucher au système du commerce ?

    « Oh, ils se font dessus », et d’expliquer que la plainte Section 301, suspendue quand a commencé la guerre de menaces avec la Corée du Nord, n’a été mise de côté que temporairement, et sera réactivée dans trois semaines. Quant aux autres ministères, Bannon a de grands projets pour marginaliser leur influence.

    Je change les gens à la Défense en Asie orientale, j’y mets des faucons. Je fais virer Susan Thornton [chef intérimaire des Affaires est-asiatiques et pacifiques] aux Affaires étrangères.

    Mais Bannon peut-il vraiment gagner cette lutte interne ?

    Je la gagne tous les jours. Et nous continuons à nous battre. Il y Gary Cohn du Trésor et Goldman Sachs qui font du lobbying. 1

    Il faut qu’on y arrive. La position par défaut du président c’est celle-là, mais c’est l’administration qui est prise de folie. Comprenez-moi bien. Je veux dire tous les jours.

    Bannon expliquait que sa stratégie est de se battre contre les colombes de la politique commerciale en interne, tout en construisant à l’extérieur une coalition de faucons en matière commerciale, qu’ils soient de gauche ou de droite. D’où son coup de fil.

    Il y a deux ou trois choses stupéfiantes à ce principe d’action. Premièrement, sachant que la plupart des opposants à la stratégie commerciale de Bannon contre la Chine sont d’autres responsables de l’administration Trump, il n’est pas clair comment en appeler à l’aide de la gauche. Cela donnerait plutôt à ses adversaires des arguments pour le taxer de manque de fiabilité et de déloyauté.

    Plus étonnant, le fait que Bannon téléphone à l’éditeur d’une revue progressiste – dont les deux premières couvertures après l’élection de Trump étaient « Résister à Trump » et « Contenir Trump » – et s’imagine qu’une possible convergence de vues sur le commerce avec la Chine pourrait compenser le fossé politique et moral au sujet du nationalisme blanc.

    Jamais la question n’a été posée si la conversation était privée ou non. Cela aussi est ahurissant, car Steve Bannon n’est pas exactement un agneau sans défense quand il s’agit des relations avec la presse. C’est sans doute la personne qui maîtrise le mieux les médias en Amérique.

    J’ai interrogé Bannon sur le rapport entre son programme de nationalisme économique et l’affreux nationalisme blanc incarné par la violence raciste à Charlottesville et la réticence de Trump à la condamner. Après tout, Bannon était l’architecte de la stratégie consistant à utiliser Breitbart pour chauffer le nationalisme blanc, puis à s’appuyer sur l’extrême-droite comme base pour Trump. 2

    Il a rejeté l’extrême-droite comme hors de propos et esquiva son propre rôle de la cultiver :

    L’ethno-nationalisme, ce sont des perdants. C’est une frange. Je pense que les médias jouent trop dessus, et nous devons l’écraser, euh l’écraser davantage.

    Ces types, c’est une collection de clowns.

    De sa bouche, à l’oreille de Trump.

    Les Démocrates, plus longtemps ils font de la politique d’identités, mieux je les coince. Je veux qu’ils parlent de racisme tous les jours. Si la gauche se concentre sur race et identité, et nous sur le nationalisme économique, nous pourrons écraser les Démocrates.

    Je n’avais jamais parlé avec Bannon avant. J’ai retiré de la conversation l’impression d’un homme à la fois futé et déchaîné. L’eau monte autour de lui, mais il continue ses combats internes, et tente de se faire d’improbables alliés extérieurs pour promouvoir sa stratégie chinoise. Ses ennemis en feront ce qu’ils en feront.

    Soit les nouvelles de menaces sur la position de Bannon sont grossièrement exagérée par ses rivaux, soit il a décidé de ne pas changer sa routine et de tomber en combattant. Vu l’impulsivité de Trump, ni Bannon ni Trump ne savent vraiment d’un jour au suivant si Bannon restera ou partira. Il a survécu à d’autres menaces. Alors au diable les torpilles.

    La conversation s’est terminée par une invitation de Bannon à la Maison Blanche après la Fête du Travail 3 pour continuer la discussion sur la Chine et le commerce.

    On verra s’il y est encore.

    Robert Kuttner

    Traduit par Alexis Toulet

    Notes

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    1. Goldman Sachs, faire du lobbying dans le sens du nationalisme économique, au risque de troubler les règles du libre-échange international ? Il est permis de penser que Steve Bannon s’illusionne quelque peu. ↩
    2. Difficile d’imaginer avec Robert Kuttner que la base électorale de Trump serait constituée principalement de nationalistes racistes. Le président américain conserve depuis trois mois un soutien globalement stable à 40% de la population américaine, contre 55% d’opposants, comme le montre cet agrégateur de sondages. Il n’est fort heureusement pas vrai que 40% de la population américaine serait constituée de racistes, sinon le rassemblement des néo-nazis et autres klansmen à Charlottesville aurait réuni des millions de personnes, plutôt que quelques centaines. ↩
    3. Aux États-Unis, le 4 septembre ↩

  • La lettre du dimanche : Quelle nature ?

    www.ecologie-radicale.org

    La lettre de Gérard CHAROLLOIS        Le dimanche 20 août 2017 

    TEL 06 76 99 84 65 

     

     

    Quelle nature ?

     

     

     

    L’humain peine à instaurer avec la nature ce lien pacifié qui lui permettrait seul de ne pas être une impasse évolutive vouée à l’anéantissement.

     

    Il y a les arriérés qui pensent encore que la nature doit être domestiquée, dominée, gérée et qui n’ont pas compris qu’elle ne nous menace que par sa disparition
    provoquée par notre espèce cupide et cruelle.

     

    Ils veulent exterminer tout ce qui ne leur rapporte rien, concevant l’espace naturel comme un espace jardiné, exempt de vie sauvage.

     

    Ennemis de la terre, ils pourchassent le loup, l’ours, ici et ailleurs l’éléphant, le lion et le gorille.

     

     

     

     

     Commentant le terrorisme islamiste, le ministre des affaires étrangères français stigmatise la «lâcheté» des assassins fanatisés et abrutis par un mythe.

     

    Le ministre se trompe d’épithète.

     

    Le fou de dieu n’est pas lâche. Il est cruel.

     

    La cruauté est la première tare humaine.

     

    Cette cruauté frappe l’homme et l’ensemble du vivant.

     

    Quelle dose de cruauté faut-il pour écraser délibérément un passant qui ne vous a rien fait ?

     

    Quelle dose de cruauté faut-il pour aller chasser de pauvres bêtes qui ne nous ont fait aucun mal ?

     

    Bien sûr, la lâcheté existe aussi, pas chez l’assassin qui risque sa vie pour avoir la satisfaction d’ôter celle des autres, mais chez tous ces planqués du juste milieu qui n’osent pas dénoncer le crime et la cause du crime : le fanatisme religieux d’un côté, les loisirs de mort visant les animaux de l’autre.

     

     

     

    Le respect du vivant ne se divise pas.

     

    Tout être vivant a un intérêt légitime à vivre et à vivre sans souffrir.

     

    Voilà pour les ennemis de la terre.

     

    Mais face à eux, vous rencontrerez de sympathiques esthètes de la nature qui voudraient figer la nature à un stade qu’ils considèrent comme optimal, définitif, intangible. Pour eux, il y a les espèces végétales et animales présentes en un lieu et en un temps déterminé et celles qui n’ont rien à faire dans un milieu muséifié. Ils parlent d’espèces invasives à l’encontre desquelles ils seraient prêts à déclencher le feu chimique ou l’orgie des fusils pour exterminer les intrus.

     

    Je ne partage pas cette conception congelée de la nature.

     

    De tous temps, l’évolution amena des changements dans le règne du vivant.

     

    Ce qui advient de nos jours et qui est criminel ne tient pas aux transformations, mais à l’appauvrissement de la biosphère par les activités humaines.

     

    Le vivant disparaît ce qui est inacceptable.

     

    Son évolution serait parfaitement admissible surtout si elle se traduisait par un enrichissement d’espèces.

     

     

     

    Dans les parcs périurbains de PARIS, des milliers de perruches indiennes, de couleur verte, se sont implantées et se reproduisent, émerveillant les uns, irritant les autres par leurs cris et leurs détériorations des isolations des bâtiments.

     

    Certes, on doit s’interroger sur l’incidence de cet oiseau sur le reste de l’avifaune antérieurement présente, mais son exotisme ne constitue pas en soi une hérésie ornithologique.

     

    Avant l’homme, des espèces apparaissaient ainsi dans des lieux nouveaux pour elles et ce processus naturel s’appelait l’évolution.

     

    Ne soyons pas frileux à l’égard de ces conquérants et réjouissons nous toujours lorsqu’il y a de la vie.

     

    Ne cherchons pas à maîtriser toujours et, déplorant les raréfactions, accueillons avec bienveillance les formes nouvelles.

     

     

     

     

    Gérard CHAROLLOIS

     

    CONVENTION VIE ET NATURE

     


  • Ça n'empêche pas Nicolas

    Blog de Jean Lévy sur l'actualité politique au jour le jour.

     

     

                                                                 

     

    19 Août 2017

    Résultat de recherche d'images pour "Argentine :Mapuche de Cushamen, province de Chubut, carte"

     

    coco Magnanville

     

    Résistance Ancestrale Mapuche 

    * Santiago Maldonado “le Lechu”, compañero anarchiste en défense du peuple mapuche, disparaît aux mains de la Gendarmerie argentine

    Le 1er août 2017 les forces répressives de l'État argentin ont arrêté avec une violence brutale le Lof de Résistance Mapuche de Cushamen, province de Chubut, dans le sud du pays et proche de la frontière chilienne. Ce territoire, à l'origine au peuple mapuche, leur a été arraché par le gouvernement pour le mettre à la disposition du capitalisme et de la dévastation. Et ainsi continuer avec le harcèlement et la spoliation à laquelle la population indigène est confrontée depuis la formation des états argentins et chiliens (les frontières, de plus, qui ne correspondent pas avec le territoire ancestral indigène et par lesquelles ils ne peuvent pas se déplacer librement).

    La spoliation qui a commencée il y a longtemps avant, depuis ce qu'ils appellent  découverte“ de l'Amérique : début d'un massacre colonisateur qui n'a jamais fini et qui sans critique et aucune responsabilité continue de s'apprendre comme une réussite dans les écoles de l'État espagnol.

    Tout type de dévastation leur sert de négoce : l'abattage forestier, l'extraction de pétrole, les centrales hydroélectriques, les hectares infinis de cultures transgéniques, ou comme dans ce cas : l'exploitation animale, puisque ces terres, se les ai appropriées l'entreprise italienne Benetton (Compagnie de Tierras del Sud Argentin) et dans celles-ci ils exploitent cent mille brebis pour la production de laine.

    La Gendarmerie est entrée dans la communauté en lançant des balles de plomb et des balles de gomme, en agressant les gens et en brûlant leurs biens. Quelques personnes ont traversé la rivière pour s'échapper et quelques personnes déclarent avoir vu comment ils collaient et emportaient quelqu'un dans une camionnette.

    Depuis ce temps-là rien n'est connu de Santiago Maldonado. Dans aucun des commissariats de la région son admission est enregistrée et le ministre de sécurité de la nation, Patricia Bullrich, est resté cinq jours en disant que son lieu n'est pas connu et que la Gendarmerie n'est pas impliquée.

    Cette effraction n'est pas un cas isolé : cela est arrivé dans le même Lof en janvier dernier et cela fait partie de l'ordinaire du peuple mapuche et de toutes les communautés indigènes, qui résistent et affrontent chaque jour le harcèlement physique et psychologique de la part des forces de l'état. Et ceci veut dire comme quotidien : balles de plomb, destruction de leurs maisons et de biens, agression physique et verbale, intimidation, processus illégaux d'espionnage et montages politiques et policiers pour justifier l'emprisonnement de leurs membres les plus actifs. C'est le cas de Facundo Jones Huala, lonko mapuche arrêté en juin, emprisonné à Esquel et en grève de la faim actuellement.

    Peu de temps après, une manifestation exigeant la liberté de Facundo dans laquelle il y a eu neuf détenus dans la ville d'Esquel, a consisté en ce que la Gendarmerie est intervenue au Lof de résistance Cushamen et ils ont séquestré Santiago.

    Le même chef du cabinet de sécurité de l'état, Pablo Nocetti, déclare coordonner les actions répressives contre les membres de la Résistance Ancestrale Mapuche (RAM). De plus il avalise les interventions violentes et les effractions illégales dans les communautés.

    Le RAM est un groupe de résistance mapuche qui lutte pour récupérer la vie sur le territoire originairement habité par son peuple. Pouvoir donner, ainsi, une continuité à son existence que par tous les moyens les états veulent détruire. Parce que cette existence ne se fie pas à ses normes et n'admet pas la soumission.

    Ce vendredi 11 une manifestation est convoquée au niveau national en Argentine, toute démonstration de solidarité depuis ce côté de l'Atlantique est important.

    S'il vous plaît diffusez tout votre possible et tenez-vous au courant des convocations possibles.

    Basta l'impunité policière et le terrorisme de l'état
    Pour la fin du harcèlement de la lutte mapuche et des peuples originaires
    Pour la liberté de Facundo Jones Huala
    Boycott de Benetton
    Nous exigeons le retour de Santiago Maldonado

    Traduction carolita d'un communiqué paru sur le site Contrainfo le 10 août 2017 : 

     





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