Je ne peux pas m'empêcher de rebondir sur un des faits marquants de cette journée, la soudaine crise de générosité de quelques patrons. Certes l'effet d'annonce est choquant en soi, mais passons... accordons un peu de crédit à la prise de conscience patronale et reconnaissons en un premier temps cette volonté comme étant louable et désintéressée.

Après la pommade, venons-en aux faits. Etre riche à l'époque où la misère explose n'est pas sans risque, combien de fortunes du Moyen Orient viennent d'en payer le prix fort!

Ensuite, lorsque je vois le montant de la fortune de Bettencourt, je ne peux m'empêcher de penser que même en donnant une contribution d'un million par an, il ne lui faudrait pas moins de 17000 ans pour voir disparaitre son avoir actuel...

De même, je peux imaginer qu'une telle déclaration n'est pas dénuée de quelques idées politiques du style regardez, les riches acceptent de lâcher 10 millions d'euros au titre de la solidarité, réjouissez vous, nous ne demanderons que 50 euros d'effort supplémentaire au peuple par an. Si l'Etat réussit ce tour de force, en tablant sur 20 millions de couillons qui seront obligés de s'acquitter de cet effort supplémentaire, c'est un milliard qui rentre illico presto dans les caisses de l'Etat.

Mais tout ça c'est de la broutille par rapport au fond du problème. De quel droit certains individus peuvent-ils détenir des fortunes dont leur vie entière ne suffirait pas à compter le nombre de billets que cela représente, alors que d'autres êtres humains crèvent de faim. Y a-t-il un droit divin à la fortune? Est-il normal que certains profitent de tout alors que l'immense majorité se prive de tout?

Pour conclure en faisant bref car le sujet est trop vaste et mériterait un ouvrage en plusieurs tomes à lui tout seul, je dirai que l'injustice de l'impôt consiste avant tout dans le fait qu'il prend le nécessaire à une majorité de citoyens, alors qu'il ne fait qu'effleurer le superflu de quelques privilégiés.

Je ne peux m'empêcher de penser à cette parabole tirée de Marc chapitre 12 versets 41 à 44 :

41 Jésus s'était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait la foule déposer de l'argent dans le tronc. Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes.
42 Une pauvre veuve s'avança et déposa deux piécettes.
43 Jésus s'adressa à ses disciples : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde.
44 Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu'elle avait pour vivre. »

Je ne saurais dire plus ou mieux que ces saintes paroles... je pourrai seulement rajouter : honte aux patrons qui ne font pas partie des signataires!

Amitiés à tous et à toutes

Cyril LAZARO

"Taxez-nous" : seize très grandes fortunes françaises veulent payer plus d'impôts

"Au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d'y contribuer."

 

Seize patrons d'entreprises et très grandes fortunes françaises (voir ci-dessous), dont Liliane Bettencourt, ont signé un texte à paraître dans le Nouvel Observateur de jeudi demandant "l'instauration d'une "contribution exceptionnelle" qui toucherait les contribuables français les plus favorisés afin de réduire le déficit budgétaire.

"Nous sommes conscients d'avoir pleinement bénéficié d'un modèle français et d'un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver", écrivent-ils dans cet appel. "Au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d'y contribuer", ajoutent-ils.

Payer des impôts oui, mais dans des "proportions raisonnables"

Maurice Lévy, qui est également président de l'Association française des entreprises privées (Afep), avait été le premier en France à se dire favorable à une "contribution exceptionnelle" des plus hauts revenus, en écho à un appel de l'investisseur milliardaire Warren Buffett aux Etats-Unis à la mi-août. Pierre Bergé, ancien dirigeant de la maison Yves Saint Laurent, et Geoffroy Roux de Bézieux, le PDG de Virgin Mobile, avaient suivi quelques jours plus tard.

Ces grandes fortunes précisent cependant que cette contribution devrait être calculée "dans des proportions raisonnables" afin d'éviter "les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l'accroissement de l'évasion fiscale". Il ne s'agit pas d'une "solution en soi : elle doit s'inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes", selon eux.

D'autres patrons n'ont pas souhaité signer le texte du Nouvel Observateur, mais ne se déclarent pas pour autant hostiles à un effort fiscal supplémentaire, précise l'hebdomadaire. Ils estiment néanmoins que cette mesure devra s'accompagner d'efforts supplémentaires, comme la restauration de la compétitivité de la France ou la réduction des dépenses publiques. Il s'agit de Claude Bébéar, président de l'Institut Montaigne, Henri de Castries, PDG d'Axa, Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric et Michel Pébereau, président de BNP Paribas. Bertrand Puech et Patrick Thomas, de Hermès, insistent quant à eux sur la création de valeur.