Pourquoi la Côte d'Ivoire a besoin de "compteurs électriques intelligents"

abidjanL'affaire remonte au 25 avril 2016 ! Le président Ouattara a pris du retard dans la mise en route de l'émergence de son pays en 2020 ! Alors, le lancement par le MEDEF du club "Abidjan ville durable" est une opportunité ! Et la réunion de lancement du club a été un véritable succès. En effet, 20 entreprises se sont mobilisées autour du projet. La réunion plénière du 10 juin 2016 a entériné le nom du club « Abidjan ville durable » et déterminé son fonctionnement en cinq commissions : état des lieux, vision et stratégie, mise en oeuvre, promotion, internationalisation. Et surtout, parmi les 20 entreprises se trouvent les plus implantées en Côte d'Ivoire : Bolloré Logistics, Schneider Electric International, Vinci énergies, Bouygues, Total, EDF. Pour Ouattara, l'affaire est donc jouable. 

 Le président Alassane Ouattara, dans ses promesses, avait mis l'accent sur l'électrification du pays. Et, justement, EDF a du matériel disponible et l'intention d'investir dans des domaines intéressants pour la Côte d'Ivoire.  

Première action envisagée : une centrale biomasse de 46 mégawatts est déjà à l'étude. Si le dossier est mené à bon port, il s'agira de la plus grande installation biomasse en Afrique de l'Ouest (plus grande que Nachtigal au Cameroun), avec une production annuelle de 337 gigawatts/heure. Près de 1300 emplois pourraient être générés, dont plus de 1100 liés à la filière d'approvisionnement. Oui, mais financés par qui ?

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 Deuxième action : l'électrification du monde rural. Là EDF crée une société autonome nommée ZECI (Zola EDF Côte d'Ivoire). Comme en France, EDF répartit ses compétences : la production d'énergie pour elle, la fourniture pour des sous-traitants. ZECI vendra des kits, comprenant un panneau solaire permettant aux ruraux un minimum de courant hors réseau, de quoi faire fonctionner quelques lampes, une télévision ou une radio. Pour des appareils électro-ménagers ce sera insuffisant, et il faudra trouver des modèles plus chers. Souvent hors de prix pour le commun des ivoiriens. Mais admettons, l'émergence est en marche.

La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé, via un communiqué signé le 15 juin 2018, qu’elle fournira une “garantie partielle de crédit” à Zola EDF Côte d’Ivoire (ZECI) pour l’aider à mobiliser un prêt en monnaie locale de 15,75 milliards de FCFA (environ 24 millions d’euros). Le prêt sera arrangé par la Société Générale de Banque en Côte d’Ivoire (SGBCI) et Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (Crédit Agricole CIB), pour permettre à ZECI d’acquérir des systèmes solaires domestiques (SSD) et de les distribuer à environ 100 000 ménages supplémentaires résidant dans les zones rurales de Côte d’Ivoire, d’ici à 2020.

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 Troisième action : la remise en état des réseaux en ville, qui passe par la pose de nouveaux compteurs. L'action sera menée par la CIE (compagnie ivoirienne d'électricité). Et l'action va être menée de pair avec le remplacement des compteurs en France. Et là, pas de mystère ! on fait comme en Europe : on pose les nouveaux compteurs Linky ... à quelques différences de publicité près. Ainsi, on ne parle plus de compteurs Linky, mais de compteurs "intelligents" ou de "cybercompteurs". En Côte d'Ivoire, où selon EDF l'arnaque est reine, on vante les bienfaits de tels compteurs : contrôle à distance, et surtout lutte contre la fraude. Fraude de qui ? des "brouteurs" ivoiriens ? ou d'EDF et CIE ?

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Car ce que EDF ne dit pas, c'est les inconvénients de ces compteurs ! Augmentation de la toxicité par les ondes électromagnétiques ! Augmentation des fréquences des coupures d'électricité (disjoncteurs qui sautent !), des pannes ! et même des incendies ! Augmentation du montant des factures de 25% à 50% dûe au renforcement de la puissance qui passe de 6KVA à 9 KVA (pour éviter soi-disant les coupures de courant trop intempestives), de la facturation de l' "énergie apparente" (imaginez que vous consommez un verre de bière et que le barman vous demande un prix pour la bière et un surplus à payer pour la mousse). On comprend pourquoi ni EDF, ni CIE n'informent les ivoiriens. Et pourtant la CIE a déjà installé 400.000 compteurs et compte continuer jusqu'en 2020.

En Europe, les consommateurs sont devenus méfiants, et beaucoup refusent ces nouvelles installations, alors EDF tente de liquider sa camelote en Afrique (Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Maghreb, ...) et en Amérique du Sud (Chili, Argentine, ...).Les vieilles casseroles qui formaient au temps de l'esclavage les cadeaux de pacotille (du commerce triangulaire) pour les roitelets des tribus africaines, sont remplacées par des produits électriques défectueux, avec la complicité des chefs de gouvernements locaux dont bon nombre placent leur fortune en Europe dans des paradis fiscaux.

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 Mais en Côte d'Ivoire, pas plus qu'ailleurs, on n'accepte plus. De nombreux "clients" refusent l'installation de nouveaux compteurs Linky (mot "interdit") même si la CIE prétend les installer "gratuitement". Même si selon la CIE, cette opération vise à moderniser le parc de compteurs d’énergie et mettre à la disposition de sa clientèle de nouveaux services pour un meilleur suivi dans la consommation d’électricité, même si le wifi intégré laisse rêveur, même si la CIE se défend de toute surfacturation, de nombreux ivoiriens y voient une arnaque. A juste titre...