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La Région Poitou-Charentes est pour Ségolène Royal un laboratoire où se forgent de nouvelles démarches politiques. L’une des innovations les plus marquantes a été le sauvetage et le redémarrage de l’entreprise Heuliez, à Cerizay (79), où pour la première fois en France une collectivité est entrée au capital d’une entreprise privée.

En fait, c’est tout un territoire que a bénéficié de ce dispositif et ca marche. Voici quelques éléments d’information sur la situation de ce bassin d’emploi, que j’ai rédigé après avoir visité quatre entreprises (Mia Electric, Millet, SCOP Avenir Couture et Ateliers du Bocage) et échangé avec les responsables de la maison de l’emploi de Bressuire.

1) Un bassin d’emploi durement frappé par la crise

Comme tous les territoires, ce bassin est touché par la crise, du fait notamment que le tissu est principalement composé de PME industrielles, qui ont perdu en quelques mois entre 30 et 40% de leur activité. Le chômage a grimpé très vite, en particulier pour les ouvriers et les agents de production.

Cela est aggravé, courant 2008, par la situation catastrophique de la principale entreprise du secteur, Heuliez, abandonnée par toutes les grandes firmes automobiles. Près de 500 emplois ont disparu en quelques semaines.

L’impact est très lourd sur la sous-traitance.

2) La Région agit

D’abord en anticipant sur les évènements : dès janvier 2008, Ségolène Royal lance le plan « véhicule électrique à bas coût » et finance le développement par Heuliez d’un petit véhicule révolutionnaire, la Friendly.

Ensuite en obtenant l’autorisation, pour la première fois en France, que la collectivité régionale prenne une part du capital d’une entreprise privée. La Région investit 5 M€ dans Heuliez.

Profitant de la période creuse entre la fin des productions traditionnelles et la montée en puissance des nouveaux produits, la Région met en place un plan de formation et de sécurisation des parcours permettant à 120 salariés de conserver leur emploi tout en se préparant à leurs futures fonctions.

Ces initiatives ont été déterminantes dans la recherche des repreneurs. Les deux repreneurs ont été motivés par la capacité d’innovation de l’entreprise et par les compétences des salariés.

L’Allemand Edwin Kohl reprend la division véhicule électrique (désormais Mia Electric) essentiellement parce qu’elle possède déjà un prototype très abouti d’un nouveau véhicule, Friendly, qu’il rebaptise Mia.

Les Français Gaillard et Baelen (BGI) reprennent les autres activités d’Heuliez parce que le site et surtout ses salariés représentent pour eux une richesse incomparable.

Sans l’anticipation de la Région, Heuliez aurait disparu corps et biens, aucun repreneur ne se serait présenté.

3) La Région porte les projets industriels

La différence avec les démarches classiques des collectivités est nette : la Région porte le projet industriel autant qu’elle l’accompagne, elle a su pousser l’innovation au bon moment, empêcher le démantèlement de l’entreprise et la dispersion des salariés.

Elle participe aux réflexions stratégiques des deux entreprises :

- pour Mia Electric, Ségolène Royal a défini avec Edwin Kohl la stratégie : la pile à combustible, les nouveaux modèles de voitures, les innovations à développer (roue intelligente…)

- pour Heuliez, la Région lance des appels à projets qui rendront possible l’émergence d’un projet très ambitieux : un tramway à bas coût pour les villes moyennes. De plus, JDM filiale de BGI implantée sur le site Heuliez, sera le premier constructeur de véhicule sans permis électrique hybride rechargeable.

4) Les résultats sont probants

Les résultats se mesurent en termes d’emplois. En juillet 2011, le taux de chômage est tombé à 5% sur le bassin d’emploi, soit la moitié de la moyenne nationale, et continue à descendre.

L’indicateur de chômage est passé de 6,1 à 5,6 entre fin 2009 et fin 2010, alors qu’il progressait au niveau national et régional (de 9,0 à 9,1).

Les entreprises recherchent activement des collaborateurs. D’autant que deux autres gros employeurs émergent sous l’impulsion régionale :

- l’entreprise Millet, qui a été le lauréat du Défi Régional « maison à 80.000 € » et qui depuis a créé une centaine d’emplois dans les panneaux d’ossature bois et les maisons modulaires

- Les Ateliers du Bocage (Emmaüs) qui reçoivent un soutien constant de la Région, et sont devenus la première entreprise française pour la réutilisation des ordinateurs et des téléphones mobiles

L’ensemble de la sous-traitance et des services industriels sont fortement relancés. Les PMI recommencent à investir.

Ici, dans le Bocage Bressuirais, on est déjà dans la mutation sociale et écologique, on en recueille déjà les fruits, le chômage est au plus bas, le territoire est attractif, les PME innovent en permanence, elles ont un moral d’acier, le dialogue social se développe d’autant mieux que la situation économique est meilleure, bref, on aimerait que la France ressemble demain au Bocage Bressuirais.

Jean-François MACAIRE