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Une entreprise d'enfumage est à l’œuvre. Elle nous vise tous mais cible particulièrement les millions de Français qui ont le plus besoin de changement. Elle consiste, par le catastrophisme, l’info à sens unique, le mensonge, à enfoncer dans les crânes l’idée que la situation financière des États, le niveau de leur endettement, rendraient impossible une politique de pouvoir d’achat, d’emploi, de services publics favorable aux classes populaires. Pire encore : que tout le monde devrait accepter de mettre la main à la poche – pauvres et riches unis dans la même exigence – pour protéger les intérêts et l’avenir de la Nation. Bref, la fatalité des programmes d’austérité et de la récession économique et sociale qui en découle, devrait tenir lieu d’avenir indépassable. No futur, no bonheur!

Cette entreprise contre la conscience et l’intelligence du réel, ne concerne pas que la France, mais l’ensemble des pays capitalistes dits développés confrontés à l’engrenage d’une crise systémique.

L'ampleur de cette offensive idéologique, dont les conséquences sont indéniables sur le mouvement social, est cependant fort loin d’atteindre les effets escomptés. Alors que la richesse des privilégiés s’affiche, que les avantages fiscaux dont ils disposent sont mieux perçus par le grand public, que les politiques libérales sont davantage identifiées comme étant à leur service, de grands mouvements de colère et de refus de l’austérité font irruption sur le devant de la scène. La lutte massive des étudiants chiliens pour le droit à l’éducation incarnée et conduite par une communiste de 23 ans, la mobilisation historique en Israël des salariés et de la jeunesse pour le pouvoir d’achat, le logement et l’emploi, les grandes manifestations en Grèce, en Espagne, en Italie, au Portugal, tout cela témoigne d’une indignation en expansion. Celle-ci est de la même veine contemporaine que les magnifiques mouvements de libération au sein des pays arabes.

En France, non plus, les enfumeurs et les prêcheurs d’austérité, à droite et à gauche, ne parviendront pas à tenir durablement le peuple en laisse.

Christian Audouin

Editorial du 7 septembre 2011