Rencontre Sarkozy-Poutine le 7 juin 2007 à Heiligendamm, en Allemagne. (Reuters)

https://www.youtube.com/watch?v=HEpcPdcJqR8

Ajoutée le 15 déc. 2016

 Le journaliste Nicolas Hénin révèle les tenants de l'entretien que Nicolas Sarkozy a eu avec Vladimir Poutine queques minutes avant sa conférence de presse.

http://www.lejdd.fr/International/Versions-contradictoires-sur-l-humiliation-de-Sarkozy-par-Poutine-en-2007-833659

 

 

 

 

Versions contradictoires sur "l'humiliation" de Sarkozy par Poutine en 2007

  11h34 , le 19 décembre 2016, modifié à 13h16 , le 23 mars 2017

Vladimir Poutine aurait menacé Nicolas Sarkozy de "l'écraser" lors de leur première rencontre en juin 2007, rapportait la semaine dernière sur France 2 le journaliste français Nicolas Hénin. Mais cette version est mise à mal par un verbatim de cet entretien diffusé par Sud Radio ce lundi.

Versions contradictoires sur "l'humiliation" de Sarkozy par Poutine en 2007

Rencontre Sarkozy-Poutine le 7 juin 2007 à Heiligendamm, en Allemagne. (Reuters)
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Rencontre Sarkozy-Poutine le 7 juin 2007 à Heiligendamm, en Allemagne. (Reuters)

"Ou bien tu continues sur ce ton et je t'écrase. Ou alors tu arrêtes de parler comme ça [...] et je peux faire de toi le roi de l'Europe." Vladimir Poutine a-t-il prononcé cette phrase lors de sa première rencontre avec Nicolas Sarkozy en 2007? Cette version est revenue après la diffusion jeudi soir sur France 2 d'un documentaire consacré au président russe. Elle est contredite depuis par d'autres médias.

Ce lundi, c'est Sud Radio qui exhume "le verbatim de la rencontre Sarkozy-Poutine" lors du G20 tenu en Allemagne, et rapporté par le journaliste politique Michaël Darmon. Dans cette retranscription, dont il n'est pas précisé si elle est complète ou non, les échanges entre les deux hommes sont assez francs. Mais il n'est pas question de "l'humiliation" du nouveau président français évoquée par le journaliste Nicolas Hénin sur France 2. Le reporter avait fait une première fois ces révélations dans un livre paru au printemps 2016, La France russe.

 
Des "insultes" ou des plaisanteries sur le chocolat?

Ce 7 juin 2007, en réaction à Nicolas Sarkozy qui évoquait les sujets conflictuels avec son homologue russe (répression en Tchétchénie, assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa), Vladimir Poutine aurait ainsi "observé et laissé un temps de silence, [installant] une certaine gêne", selon la version de Nicolas Hénin rapportée dans le documentaire de France 2, Le mystère Poutine. Puis le maître du Kremlin aurait pris "un air un peu narquois" avant de répliquer à Nicolas Sarkozy : 'C'est bon, tu as fini là?' [...] Alors je vais t'expliquer. Tu vois, ton pays il est comme ça [en faisant un geste avec ses mains], le mien il est comme ça [en écartant les bras]'", raconte le journaliste, en évoquant ensuite la menace de Poutine : "Tu continues sur ce ton et je t'écrase." Le dialogue aurait même été ponctué "d'insultes et de propos humiliant", conclut l'auteur.

La séquence en vidéo :


Cette scène expliquerait, toujours selon Nicolas Hénin, le comportement étrange de Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse qui a suivi. Une séquence restée dans les mémoires, certains médias avaient même évoqué à l'époque l'ivresse du dirigeant français malgré sa réputation de ne jamais boire d'alcool.

Samedi dans Le Point, le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte, réfutait ce récit. Lui-même avait assisté à l'échange entre les deux hommes et il se souvient que le président français "a effectivement énuméré un certain nombre de sujets qui fâchent". "Mais le ton n'a pas monté et il n'y a eu aucun échange d'insultes", assurait l'ancien sherpa. Au contraire, il y aurait même eu au cours de l'entretien une "discussion badine et gastronomique" lorsque les deux hommes ont évoqué leur goût des chocolats qui venaient d'être apportés. "Toi aussi tu es addict au chocolat!", aurait même lancé Poutine selon le diplomate.

Sarkozy plutôt perturbé par sa rupture avec Cécilia?

Dans le verbatim exhumé lundi par Sud Radio, Vladimir Poutine et Nicolas Sarkozy s'adressent tout de même plusieurs mises en garde. "Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir une Europe inquiète de la Russie", dit d'abord le leader français. "Si L'Europe est trop effrayée par sa dépendance énergétique, la Russie peut trouver d'autres marchés ailleurs en Asie", réplique plus tard le Russe. "Parfois, on veut dire à nos amis russes : malgré tous vos progrès, il y a des images qui font du mal. Par exemple, les homosexuels, ou le terrorisme", aurait ensuite ajouté Sarkozy, déclenchant une nouvelle réponse de son interlocuteur : "Les homosexuels sont libres de manifester, mais où il est permis de le faire et pas où ils veulent."

Quant à ce qui expliquerait l'état de Nicolas Sarkozy devant la presse, le journaliste Michaël Darmon avance lui aussi sa théorie : le président français est à ce moment-là "en pleine séparation" avec son épouse, Cécila, qui venait alors de repartir d'Allemagne. "Pendant tout le sommet, […] il est tout le temps au téléphone avec elle et gère cette rupture en même temps qu'il mène des discussions denses sur le plan politique", peut-on lire sur le site de Sud Radio. "Tout cela pourrait expliquer son état de fatigue et de nervosité dans laquelle il se trouve lors de cette conférence de presse. Tout comme l'escalier escarpé qu'il lui fallait monter à toute vitesse pourrait expliquer son essoufflement au début de son face à face avec les journalistes." Une raison qui n'a visiblement pas convaincu Nicolas Hénin, lundi matin sur Twitter.

Source: leJDD.fr