Il y a quelques semaines, j’ai accordé un entretien au site web « Paroles d’actu »: je vous en livre, ci-dessous, quelques extraits. Je remercie l’animateur du site pour son autorisation. Bonne lecture!
Entretien avec Najat Vallaud-Belkacem, Adjointe au Maire de Lyon, Porte parole de François Hollande.
Paroles d’Actu : Comment vous présenteriez-vous en quelques mots pour qui ne vous connaîtrait pas ?
Najat Vallaud-Belkacem :
Sur le plan local :
Depuis mars 2008, je suis Adjointe au Maire de Lyon, déléguée aux Grands Évènements, à la Vie associative et à la Jeunesse.
J’ai également été élue Conseillère Générale du Rhône dans le canton de Montchat (Lyon 3e) : je siège depuis dans l’opposition de l’Assemblée départementale.
Sur le plan national :
En 2008, je suis devenue Secrétaire nationale du parti socialiste aux questions de société. Depuis j’ai travaillé sur des questions aussi diverses que les questions bioéthiques, le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, la mixité sociale et la lutte contre les discriminations ou encore les thèses du Front National et les réponses à y apporter.
En 2007, j’ai été la porte parole de Ségolène Royal, je suis aujourd’hui celle de François Hollande.
PdA : Pour vous, c’est quoi, être « de gauche » ?
N.V.-B. : Etre de gauche c’est être convaincu que l’action politique, lorsqu’elle est au service du bien commun et qu’elle respecte un certain nombre de valeurs fondamentales, a le pouvoir de faire progresser la société.
PdA : Quel bilan faites-vous de la gestion de l’État depuis 2002 par la droite ?
N.V.-B. : Les chiffres sont là et ils sont partout très mauvais.
Certains argueront qu’il y a eu une crise économique qui a fortement dégradé notre situation, mais il n’en demeure pas moins qu’elle a été très mal gérée par l’équipe en place.
Des mesures toutes plus injustes les unes que les autres, le bouclier fiscal, la recapitalisation des banques sans aucune contrepartie, la diminution aveugle du nombre de fonctionnaires, l’asphyxie organisée des collectivités territoriales… le bilan n’est pas très glorieux. Sans compter un relâchement de la parole publique, notamment sous l’effet des coups de boutoir de la droite populaire, qui fait peser des risques lourds sur la « cohésion sociale » dans notre pays.
PdA : Vous êtes très engagée sur les questions dites de société. Si la gauche l’emporte en 2012, quels sont pour vous les chantiers qu’elle devra impérativement lancer en la matière ?
N.V.-B. : De grands chantiers sont à mes yeux essentiels, ils ne coutent pas nécessairement aux finances publiques mais permettent de faire progresser la société. Parmi eux :
- la question de la jeunesse de France : sa place dans les procédures décisionnelles, son sort en matière économique et sociale, sa réussite en matière d’éducation, sa diversité qu’il faudra enfin reconnaître.
- la question de la pauvreté : cf ma toute récente tribune dans le Monde : nous devons comprendre que ses formes ont changé et que nous sommes désormais dans une société de la précarité généralisée : il faut apporter des réponses notamment en termes de droits fondamentaux (accès aux biens essentiels, à l’énergie, au logement…ce ne sont pas des questions accessoires mais le cœur de ce que doit être une politique de gauche)
- le mariage et l’adoption pour les homosexuels car il est important de mettre fin à cette injustice et anomalie républicaine
- la mise en œuvre d’une politique volontariste de lutte contre toutes les discriminations, en particulier territoriales, car notre pays ne peut plus supporter l’existence de véritables quartiers de relégation en son sein.
PdA : À l’heure où les marges sont minces et où la question de la dette fait la une de l’actualité, la gauche de gouvernement peut-elle réellement se démarquer en matière de budget, et ne pas au fond laisser l’impression d’abandonner le socio-économique au profit du sociétal ?
N.V.-B. : À la tête des collectivités territoriales, la gauche a montré ses capacités gestionnaires.
Tout en contenant les déficits, nous avons été sur deux fronts :
- sur le front social, nous avons essayé tant bien que mal de pallier à l’absence de politique sociale du gouvernement
- sur le front économique, nous avons mis en œuvre des politiques pour encourager la compétitivité de nos territoires et de nos entreprises locales.
D’ailleurs, une économie locale dynamique permet de dégager des moyens qui peuvent être mis en partie pour le social et en partie pour la diminution des déficits.
PdA : Qu’est-ce qui, dans votre esprit, rend la victoire de la gauche essentielle en 2012 ? Pourquoi la gauche doit-elle l’emporter ?
N.V.-B. : La gauche doit l’emporter ; nos valeurs et nos acquis sociaux ont été trop abimés ces dernières années. L’abaissement de la France sur la scène internationale, le démantèlement de nos retraites, de notre Education nationale et de nos services publics, ça suffit ! Surtout, la Gauche porte un projet politique bien plus ambitieux que celui de la droite : plutôt que de se laisser sombrer dans la crise en imposant des cures d’austérité, investir dans des secteurs d’avenir, la croissance verte notamment, qui permettront enfin au pays de se redresser.
PdA : Finalement, quels sont vos arguments pour tous les sceptiques, les indécis ? Pourquoi faudra-t-il voter à gauche en 2012 ?
N.V.-B. : La gauche est bien consciente qu’elle n’a plus le droit de décevoir. Nos promesses sont mesurées et nos propositions sont financées. Contrairement à la droite, la gauche refuse de démissionner face à la toute puissance des marchés et compte bien instaurer une société plus juste et solidaire.
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