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    25 Avril 2018

    Publié par El Diablo

    La bataille sociale inséparable de la lutte pour l'indépendance nationale et la souveraineté populaire [un article de Jean LÉVY]

    1.   58% des Français rejettent Macron et sa politique 

     

    6 Français sur 10 mécontents de l'action de Macron

    A la question : "Au global, un an après l'élection d'Emmanuel Macron comme président de la République, diriez-vous que vous êtes très satisfait, plutôt satisfait, plutôt mécontent ou très mécontent de son action ?"

    58% des Français ont répondu "mécontents".

    24% sont "très mécontents" et 34% "plutôt mécontents".

    Ils sont 42 % à se dirent "satisfaits",

    38 % "plutôt satisfaits" et 4 % "très satisfaits", 

    selon un sondage IFOP-Fiducial pour Paris Match, Sud Radio et CNEWS

    Les sondages ne prennent en compte que les sondés qui répondent. Or, il y a un an, le Président n'a été élu que par 43,61% des Français qui se sont exprimés. Plus de 4 millions ont refusé ce choix par leur abstention par leur vote blanc ou nul. 

    Mais ces 43,61% des votes Macron comprennent des centaines et des centaines de milliers, voire plusieurs millions d'électeurs, qui ont choisi l'opposant à Marine Le Pen pour faire barrage à celle-ci. Rappelons-nous les appels en ce sens du secrétaire-général du PCF dès le soir du premier tour à la télé et les déclarations diverses de responsables politiques ou syndicaux exhortant à "barrer la route à Marine Le Pen"...sur fond de campagne forcenée contre le danger FN, décrit à longueur d'antenne, comme "le péril imminent", le fascisme menaçant la République, antienne reprise pratiquement par tous les partis de l'arc-en-ciel politique....pour immédiatement se dégonfler comme une baudruche, après les élections.

    Mais pour exprimer véritablement son choix, c'est le vote au premier tour qui compte.
    Or, 
    Emmanuel Macron n'a obtenu que 18,19% des inscrits, 25% du corps électoral, marquant sa défiance par le vote blanc ou nul. 

    Même pas un Français sur cinq a voté pour le futur Président !

    Aujourd'hui, dans les manifs ou les grèves contre la politique Macron, très nombreux sont ceux qui se sont laissés piégés aux deux tours de l'élection présidentielle : en votant "contre le danger FN", ils ont fait le choix du banquier de la banque Rothschild... Aujourd'hui, ils constatent - un peu tard - qu'on les avait bernés.

    Quant à la majorité absolue obtenue par les candidats de la "République En Marche", rappelons-nous comment ceux-ci ont été recrutés : sur CV par internet...

    Nous sommes loin de la Constitution, qui fait des députés des élus de la Nation ! Les élus LRM ne sont que des représentants de la firme Macron-Rothschild, triés et choisis par la direction de la maison-mère. Ce qui a conduit à l'Assemblée Nationale une majorité de plus de 300 députés. Chacun d'eux a été également élu pour faire barrage à Marine Le Pen", ou au candidat officiellement de droite, ou au candidat qui se prétendait "de gauche", bénéficiant de l'électorat opposé. 

    Aujourd'hui, un an après les élections, des millions de salariés, de retraités, d'étudiants se battent contre la politique du Président élu. Combien d'entre eux ont donc mis le bulletin Macron dans l'urne "pour échapper au pire", comme si la politique imposée aux Français aujourd'hui n'était pas la pire des politiques !

    Les Français sont à même aujourd'hui d'en mesurer les dangers :

    Sur le plan social, avec la réforme du Code du Travail opérée par ordonnances, la liquidation du statut des cheminots, la future privatisation du rail, l'offensive annoncée contre le régime des retraites, la mise en cause de la Sécurité sociale, afin de livrer à terme celles-ci aux entreprises d'assurance privées,

    Sur le plan des institutions de la République, en limitant à l'extrême les pouvoirs parlementaires, le remodelage généralisé du maillage administratif issu du suffrage populaire avec les métropoles, le Grand Paris, éliminant départements et municipalités, jugés trop en phase avec la population.

    Sur le plan des libertés, avec les menaces visant les soi-disant "fakes news", autrement dit l'information non conforme à l'orientation officielle. Les réseaux d'information alternative, principalement sur le web, sont dans le collimateur. La censure de fait de celle-ci avec la collaboration de l'industrie numérique étrangère fait partie de l'arsenal de répression.

    Parallèlement le recours aux unités policières de répression vise les initiatives citoyennes jugées hostiles au pouvoir en place.

    Certes, cette contre-offensive capitaliste ne date pas d'aujourd'hui. Elle s'est développée tout au long des trente dernières années avec la collaboration alternée de la vraie droite avec Giscard, Chirac et Sarkozy, et de la fausse gauche, avec Mitterrand, Jospin et Hollande. Mais la politique ainsi menée a conduit au rejet populaire des deux forces politiques. Or, l'amenuisement de chacune d'elles ne permettait plus la poursuite de cette stratégie de l'alternance. 

    Comme l'histoire française et ses traditions ne permettaient pas de recourir à une "Gross Koalition" à l'allemande, un gouvernement officiellement PS-Droite, il fallait trouver une autre forme d'alliance. 

    D'où le recours à une soi-disant force nouvelle, issue de nulle part, autour d'un homme providentiel...

    2.  Pour gagner la bataille...

    Comme nous l'avons vu, la France et les Français se sont laissés avoir l'an passé, pris dans la nasse d'une stratégie menée de main de maître, il faut le reconnaître, par l'oligarchie financière. Celle-ci, dominant l'économie, forte de l'ensemble de ses médias, avait pour objectif d'accélérer la prise en main directe par ses représentants de la politique de la France, afin d'opérer les changements structurels liés avec l'évolution du Capital mondialisé. Celui-ci exige la levée de tous les obstacles à sa mainmise totale sur toutes les sources de profits par la privatisation de tous les secteurs qui lui échappent encore. Et cela dans les délais les plus courts, sa logique interne exigeant la rotation accélérée du Capital.

    Ces objectifs exigeaient donc un 'pouvoir fort', débarrassé des contingences démocratiques et appliquant contre vents et marées ces objectifs.  

    Cette contre-offensive capitaliste ne date pas d'aujourd'hui. Elle s'est développée tout au long des trente dernières années avec la collaboration alternée de la vraie droite avec Giscard, Chirac et Sarkozy, et de la fausse gauche, avec Mitterrand, Jospin et Hollande. Mais la politique ainsi menée a conduit au rejet populaire des deux forces politiques. Or, l'amenuisement de chacune d'elles ne permettait plus la poursuite de cette stratégie de l'alternance. 

    Et l'histoire française, ses traditions, ne permettait pas de recourir à une "Gross Koalition" à l'allemande, un gouvernement officiellement PS-Droite.

    Il fallait recourir à une autre forme d'alliance, plus dissimulée.

    D'où le recours à une soi-disant force nouvelle, issue de nulle part, autour d'un homme providentiel... On a en mémoire la mise sur orbite la fusée Macron, grâce au concours bienveillant de la banque Rothschild, et à l'obligeance des ambassadeurs du patronat, tel Jacques Attali - l'homme qui l'a présenté à François Hollande en 2010, -  la campagne frénétique de l'ensemble des médias pour le nouveau Jupiter et la mise au ban de la société de Marine Le Pen, qualifiée unanimement danger imminent.

    C'est ainsi qu'Emmanuel Macron a pu sembler sortir de l'anonymat, pourtant déjà promu secrétaire-général de L'Elysée par Hollande en 2012, puis ministre de l'Economie en 2016...Il fallait, pour la bataille présidentielle qui s'annonçait, assurer la victoire de l'associé-gérant de la banque d'affaire et déblayer sa route. Ce fut fait avec "l'affaire Fillon, éliminé moralement du tournoi, lui que tous les sondages voyaient gagnant...Et, parallèlement, Manuel Valls, qui aurait bien goûté à la soupe, fut évincé de la primaire socialiste au profit d'un candidat non susceptible de figurer au second tour de l'élection présidentielle...

    Le chemin pour Macron était ainsi dégagé, d'autant plus qu'allaient se rallier à lui, les barons du PS, tels Le Drian, Gérard Collomb, et les futurs responsables de LREM. 

    Parallèlement, nombre de parlementaires Républicains gagnaient le bateau Macron avec Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérard Darmanin et bien d'autres.

    Ainsi, les formations dites de "gauche" comme de droite étaient ainsi laminées, laissant les rênes à Macron.

    Tel est le plan concocté par l'oligarchie financière, réalisé en une petite année, et qui permis à l'élection d'un des leurs directement aux leviers de commande de la France ...

    Qui parle de complot ?

    Certes, ce scénario purement français s'insère dans le processus européen, dont Emmanuel Macron se veut le meilleur architecte. Ses discours, à la Sorbonne, à Berlin comme à l'Acropole, visent à faire de l'Union européenne une sorte d'Etat souverain, structuré dans tous les domaines -  y compris militaire - en fonction des intérêts de l'oligarchie.

    C'est pour lui une tâche prioritaire. Mais elle se heurte aux intérêts divergents des castes oligarchiques des Etats associés, telle l'Allemagne qui tient à conserver sa tutelle économique sur l'Europe. La volonté d'intégration poussée de l'Union, exprimée par Macron, se développe donc à contre-courant du désir des peuples de maîtriser leur destin. Les derniers déboires des partisans de l'Union européenne subis en Hongrie, en Italie, en Hollande, après ceux d'Autriche, pour ne pas parler du Brexit montrent que l'aspiration impériale d'Emmanuel Macron, peut-être victorieusement contrecarrée. 

    Les luttes sociales en France s'insèrent dans ce combat des peuples européens pour leur souveraineté. En résistant au pouvoir oligarchique, les Français peuvent mettre en échec la politique que l'Union européenne veut imposer aux peuples de notre continent : une régression historique sociale et politique.

    Cette bataille ne peut être gagnée que si celle-ci se situe donc dans la lutte pour la souveraineté pleine et entière de notre République, dans une France indépendante dont le peuple fixe lui-même son destin.

    Jean Lévy

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