• Excellent article !!!

    ACTE L, des Gilets jaunes, la protestation s’étend aux agriculteurs

      

    A Aix-en-Provence, les agriculteurs ont manifesté mardi 22 octobre 

    Le cauchemar des mouvements sociaux continue pour Macron. Lundi Philippe et le sinistre Pépy tentaient de reprendre la main à la SNCF, prétendant qu’ils allaient punir les grévistes qui avaient évoqué le droit de retrait consécutivement à un accident de train. Cette fanfaronnade était là pour faire croire qu’il y a encore un gouvernement en France. Mais Pépy est haï par les cheminots, et les inspecteurs du travail ont fait comprendre que cette attitude répressive ne tenait pas debout au point de vue du droit du travail[1]. Le trafic cependant redevenait peu à peu normal. On apprenait mardi que la SNCF renonçait aux poursuites judiciaires contre les cheminots – on se doutait bien qu’il s’agissait de faire les fanfarons, quoi qu’ils prétendent encore qu’ils vont faire des retenues sur salaire, mais gageons qu’ils n’en feront rien[2].Mais mardi c’était les agriculteurs qui attaquaient Macron. Ils bloquaient les routes de partout en France, on sait combien dans les communes rurales les élus LREM rasent maintenant les murs, leurs permanences étant souvent attaquées, taguées, enduites de fumier, voire murées. On sait qu’ils ont été les premiers à dénoncer le CETA que Macron trouvait excellent. Leurs revendications sont doubles : leurs revenus sont insuffisants, ils disparaissent, mais ils considèrent à juste titre qu’on importe des produits agricoles – souvent pourris du reste – et que ce sont ces importations qui les tuent à petit feu. Le cas de la viande est emblématique, on importe de la viande bourrée d’hormones et d’antibiotiques qui arrive à un prix dérisoire sur les étals des hypermarchés. Ce système pousse les éleveurs qui veulent survivre à créer des fermes industrielles immondes sur tous les plans, les animaux sont maltraités, mais leur viande est pourrie. Les paysans sont maintenant très peu nombreux, et donc on croit le plus souvent que cette catégorie de population – je n’ose pas employer le mot classe – va naturellement disparaître et qu’elle n’a pas d’avenir. Rien n’est plus faux, seuls des gens comme Macron, des progressistes, pensent ainsi. Chez de nombreux intellectuels aussi il y a un mépris pour les agriculteurs et les éleveurs. En vérité la paysannerie est le fondement d’une nation et même d’une culture. Les paysans sont cependant très partagés. Certains ont peur, et croient pour beaucoup qu’il est impossible de sortir de l’agriculture conventionnelle qui détruit les sols et empoisonne les aliments. Mais les plus jeunes et les plus déterminés pensent à d’autres formes, le bio notamment, supposant que celle-ci, bien articulée sur des formes nouvelles de distribution, peut arriver à les nourrir correctement. Je le pense aussi, et j’ai de nombreux exemples autour de moi qui vont dans ce sens, et qui d’ailleurs me permettent de me nourrir proprement. Nous voyons depuis plusieurs mois le monde entier s’enflammer, à Hong Kong, en Algérie, en Equateur où le gouvernement a dû fuir Quito, et j’en passe. Il ne faut pas se tromper, ce sont les conséquences de la mondialisation. Dans un article publié dans Le monde daté du 22 octobre 2019, Aude Villiers-Moriamé, « Président, les Chiliens veulent du changement, pas des mots », faisait remarquer que ce qui se passe au Chili, émeutes, couvre-feu, morts, était le résultat du libéralisme. Or très souvent on présente le Chili comme une belle réussite économique, mais on oublie un peu trop que cette réussite libérale se paye d’une hausse des inégalités extravagante. Elle ajoutait que pour comprendre cela, il fallait se souvenir que le modèle chilien avait été instauré après le coup d’Etat de Pinochet par des économistes de l’Ecole de Chicago, fermement soutenus par Milton Friedman. 

     

    En Avignon, les agriculteurs ont mis le feu devant la sous-préfecture 

    C’est pourquoi, même si nous avons mille fois raisons de vouloir la démission de Macron et de sa bande, il faut toujours se souvenir que la question est bien plus générale que sa misérable petite personne. Nous sommes dans une période de très grande transformation, peut-être même de révolution à l’échelle planétaire. Comme en France, plus rien ne fonctionne correctement nulle part. l’air n’est plus respirable, l’eau et les sols sont empoisonnés, les salaires sont minables, et en plus on remet en question la couverture sociale et les services publics. D’une manière ou d’une autre tout le monde est en rébellion contre ce système qui n’a que des mauvais résultats, sauf pour les riches.   

     

    Au Chili aussi le libéralisme pousse tout le monde dans la rue 

    Cette semaine Macron s’était dépaysé pour aller porter la bonne parole aux manants d’Outre-mer. Il a été très mal accueilli. A Mayotte, il a été très critiqué, mais en plus les habitants ont boudé sa venue, et il s’est retrouvé tout seul à parler avec lui-même. Les pompiers de Mayotte avaient annoncé spectaculairement qu’ils refusaient de sécuriser l’avion de Macron en signe de solidarité avec les pompiers matraqués et gazés à Paris[3]. Les Télévisions aux ordres avaient bien entendu recadré la prestation du clown afin de laisser croire que du monde il y avait. Mais c’était seulement le service d’ordre, car Macron ne se déplace pas sans des dizaines de gardes du corps, et quelques obligés, dont des élus. Courageux, mais point téméraire. A la Réunion ce furent les grands moyens qu’on employât pour tenir en respect les Réunionnais qui auraient bien voulu lui dire ce qu’ils pensaient. Les Gilets jaunes locaux ont montré qu’ils ne lâchaient rien et qu’ils étaient très remontés contre la politique antisociale du petit banquier. Si Macron comptait sur ce voyage coûteux pour se refaire la cerise, ce fut raté et morose. De temps à autre, quand il a une once de lucidité, il doit se demander tout de même pourquoi les Français le haïssent autant. Bien que les médias aient tout fait pour camoufler les manifestations contre sa venue, on a appris tout de même qu’elles avaient été importantes, au point de mettre le feu ici et là[4]. N’oublions pas que la Réunion fut un des rares Territoires d’Outre-mer qui a vu un mouvement important des Gilets jaunes. 

     

    A la Réunion le 23 octobre, les Gilets jaunes ont accueilli Macron en lui demandant de démissionner 

    On sait que Macron et Philippe ont très peur qu’à l’occasion du premier anniversaire de l’entrée en lutte des Gilets jaunes – en supposant qu’il y en aura peut-être d’autres – les luttes sociales très nombreuses en cet automne se coagulent. Il n’est pas certain que le dérivatif du débat sur le voile soit suffisant pour empêcher cette convergence. D’autant que les derniers sondages sont très mauvais et que malgré des efforts inouïs pour se donner une autre image, Macron est vu comme un très mauvais président par les deux tiers des Français, et cela dans la plupart des domaines, principalement sur les problèmes intérieurs, les Français ne le trouvent pas crédible ni sur le voile, ni sur le chômage et encore moins sur le pouvoir d’achat[5]. Il est jugé incapable de se préoccuper du sort des Français, arrogant et indifférent aux difficultés du quotidien. S’il y a eu une accalmie passagère dans la révolte contre lui, son image n’a pas bougé d’un pouce. Ce qui veut dire pour nous que les deux tiers des Français sont potentiellement des Gilets jaunes. Dès lors la question qui se pose est la suivante, comment concrétiser cela alors que nous savons que les partis et les syndicats sont complètement à côté de leurs souliers, ou qu’ils s’en remettent sans le dire à Macron pour continuer leur travail de chiens de garde du capital. 

     

    Des manifestations ont dégénéré consécutivement à la venue de Macron dans l’île 

    On a appris lors du Lème acte des Gilets jaunes que le préfet de Toulouse avait porté plainte contre les Gilets jaunes au motif ubuesque que ceux-ci avaient dénoncé « des violences d’Etat » et des manquements répétés à la démocratie. Ce préfet Etienne Guyot n’aime pas qu’on le cite comme un anti-démocrate violent, et il a demandé aux policiers d’enquêter discrètement sur ceux qui l’injurient. Manque de bol pour lui, l’affaire s’est ébruitée, mais les policiers ont aussi dénoncé une affaire ridicule, disant qu’ils avaient autre chose à faire que de s’occuper des caprices de ce petit marquis[6]. Mais les macroniens n’ont pas beaucoup de dignité et le sens du ridicule, croyant sans doute que l’appareil d’Etat leur appartient et qu’ils peuvent s’en servir à leur aise pour régler des comptes personnels. 

     

    A Mayotte, les habitants ont boycotté la venue de Macron 

    Bien qu’officiellement pour les macroniens les Gilets jaunes n’existent plus, la police vient maintenant d’inaugurer de nouvelles manœuvres d’intimidation : on vient notifier les interdictions de manifester à domicile[7]. C’est assez inédit. C’est un pas de plus dans les restrictions des libertés : jamais le pouvoir d’Etat n’aura été aussi dictatorial sous la Vème République qu’avec Macron. Ce qui est le plus étonnant, sachant que ce type est tout de même un peu timbré, qu’il est haï des Français, est qu’il puisse trouver encore des policiers, des juges et des préfets pour l’accompagner sur cette voie. En tous les cas, cette ambiance de contestation dans le monde entier semble avoir requinquer les Gilets jaunes qui, manifestement, étaient bien plus nombreux ce samedi 26 octobre que la semaine précédente. A Paris ça s’est passé à peu près dans le calme, il y a eu quelques heurts mais ce n’était guère important. Ils ont manifesté leur solidarité avec les Chiliens qui se font massacrer dans l’indifférence coupable des nations. On en est à plusieurs dizaines de morts. Un élu chilien a eu d’ailleurs la cuistrerie de dire qu’en matière de répression des mouvements sociaux le président chilien s’inspirait seulement de Macron avec les Gilets jaunes[8]. Cela montre à tout le moins que le mouvement des Gilets jaunes est suivi à l’étranger. 

     

    Plusieurs milliers à Paris 

    Par contre à Saint-Etienne, les forces de l’ordre, sans doute le préfet se croit il en mission en Irak ou au Chili, ont fait très tôt usage de grenades lacrymogènes, ce qui a provoqué des bagarres. Après tout les Gilets jaunes, s’ils sont souverainistes, sont aussi internationalistes – ce n’est pas incompatibles, et donc ils soutiennent les luttes dans les pays étrangers. Ainsi, à Bordeaux ils ont manifesté leur solidarité avec les Kurdes que l’Occident laisse massacrer par le dictateur Erdogan. Les Gilets jaunes ont bon cœur et soutiennent toutes les luttes qui vont dans le bon sens, c’est-à-dire d’une critique radicale de la mondialisation agonisante. Ils étaient encore une fois présents dans toute la France. A Lille où les gilets jaunes étaient plusieurs centaines, la police toujours très fébrile a même procédé à l’arrestation d’une femme enceinte d’une personne en fauteuil roulant et d’une femme âgée. Cette répression permanente prouve assez que le gouvernement a peur que le mouvement reparte dans les semaines qui viennent. En soirée, à Paris, une manifestation sauvage des Gilets jaunes se déroulait. 

     

    A Montpellier les gilets occupaient le rond-point des Arènes et y tenaient meeting 

     

    Epinal le 26 octobre 

     

    A Gaillac iles étaient plusieurs centaines 

     

    Plusieurs centaines de manifestants à Dieppe