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    Vendredi 11 novembre 2011 5 11 /11 /Nov /2011 09:23


    Par DESIRS D'AVENIR HERAULT

    L’École selon l’UMP ? On n'y apprend que la soustraction... des moyens

    Les Cahiers pédagogiques. 11.11.2011. Philippe Watrelot


    « Du savoir pour tous à la réussite de chacun » c’était le titre de la convention sur l’éducation organisée par l’UMP le 8 novembre 2011 à Bobino. Ce qu’on a pu y entendre (pour les courageux qui s’y sont rendus) était bien un programme alors que l’UMP est au pouvoir depuis de nombreuses années. C’était donc une situation très ambiguë pour le ministre Luc Chatel : présenter ce qu’il pourrait faire si le candidat UMP était réélu alors qu’il est aux affaire depuis cinq ans !


    Après l’inévitable exercice d’autosatisfaction du ministre, on est rentré dans le dur avec deux tables rondes qui ont permis d’exposer les trente propositions de l’UMP pour la réforme du système éducatif . Trois idées fortes en ressortent : la personnalisation des parcours, la réforme du statut des enseignants, l’autonomie des établissements. Rien de bien neuf mais un changement de degré peut amener à un changement de nature. En d’autres termes, si le programme se situe dans le prolongement des tendances à l’œuvre depuis cinq ans, c’est bien aussi un programme de rupture.


    Comme le pointe le blogueur Claude Lelièvre, l’autonomie des établissements est évoquée essentiellement sous l’angle du personnel de direction vu comme un “manager qui gère son établissement comme une entreprise, recrute les enseignants et les évalue en s’appuyant sur "une dimension qualitative", "qui mesurerait leur capacité à faire progresser les élèves". L’UMP veut en outre donner un "statut juridique" aux établissements de premier degré et à leur directeur pour permettre "une gestion pédagogique moderne et efficace". Mais le point central de la plate forme, et celui qui fait le plus débat, est la proposition qui indique "Il faut réfléchir à un nouveau statut des enseignants qui permette d’intégrer dans les missions des enseignants non seulement les cours mais l’accompagnement : tutorat, orientation, concertation". Cette redéfinition des missions des enseignants "pourrait aboutir", suggère le parti présidentiel, à "la création d’un nouveau corps qui concernerait les candidats à l’actuel Capes et qui serait ouvert aux professeurs certifiés en exercice, sur la base du volontariat". Autre proposition, celle de créer un corps intermédiaire dans les grands établissements où un "responsable disciplinaire" ou "chef de département pour chaque ensemble disciplinaire", désigné parmi les enseignants, "pourrait animer l’équipe de professeurs de sa discipline et participer à leur évaluation". Ce responsable accompagnerait les jeunes enseignants "au début de leur parcours" et "serait le responsable du travail en équipe au sein de la discipline".


    On le voit, il s’agit ni plus ni moins d’échanger une éventuelle revalorisation (“on veut moins de profs mais mieux payés” a t-on pu entendre à cette convention) contre une profonde modification du statut avec plus de tâches de moindres garanties sur la pérennité du travail (si le chef d’établissement recrute, cela veut dire aussi qu’il peut licencier). On peut même craindre un scénario comparable à celui de la Poste où l’on a maintenu le statut de fonctionnaire pour les anciens mais avec incitation salariale à changer pour un statut plus précaire et loin du statut de fonctionnaire.


    Les réactions syndicales n’ont pas tardé, notamment de la part des syndicats favorables à une évolution. « On était prêt à débattre du changement du statut, d’inclure d’autres modalités dans notre service mais à condition que cela se traduise en diminution du service face aux élèves. Là, on a bien compris que c’est en plus », déplore Patrick Gonthier (Unsa Education). « Nous sommes pour une évolution du statut », renchérit Thierry Cadart (Sgen-CFDT), mais « pour nous, la reconnaissance de ces nouvelles tâches doit s’accompagner d’une baisse des obligations de services en terme de face-à-face pédagogique classique ». Selon lui, « ce double statut », avec une meilleure rémunération du nouveau, « apportera de la concurrence dans les établissements » et « des tensions entre personnels ». « L’UMP est en train de monter un piège : recrutements diversifiés, rémunérations inégales et chefs d’établissements transformés en évaluateurs et notateurs », conclut-il.


    Mais le piège est aussi dans le détournement des mots et des idées. Comment les pédagogues peuvent-ils parler d’autonomie et même de réforme après ces propositions où le mot est perverti, détourné de son sens et transformé en repoussoir pour des enseignants épuisés et de plus en plus méfiants vis-à-vis de tout changement ?


    Rabot
    Sans bruit, le budget 2012 de l’Education, qui prévoit déjà 14.000 suppressions de postes, a été adopté jeudi à l’Assemblée avec un coup de rabot supplémentaire de 20 millions d’euros, pour contribuer au milliard d’économies supplémentaire annoncé par François Fillon.


    Seront réduits de 11 millions les crédits destinés aux bourses de collèges et de lycées, en raison selon le gouvernement “de leur sous-utilisation”, et de 2 millions les crédits pour les fonds sociaux.


    Vous avez bien lu, le “rabot” s’attaque donc prioritairement aux bourses et aux fonds sociaux en pleine crise…


    Le savoir n’est pas pour tous et la réussite n’est pas pour chacun…


    Ca chauffe en novembre…
    On n'en parlait pas dans la presse, jusque là, mais depuis le 3 novembre, le personnel enseignant et administratif du lycée-collège international Balzac, comptant 2000 élèves et situé dans le XVIIème arrondissement de Paris, est en grève. Ils dénoncent des conditions de travail insupportables, avec des classes surchargées, liées aux trop nombreuses suppressions de postes. En soutien, des élèves de l’établissement ont organisé le blocage du lycée. Et ce mardi matin, une quinzaine de policiers sont venus les déloger. Ce qui ne s’est pas fait sans mal selon un article dans Le Parisien et un autre dans L’Humanité . Selon des élèves et professeurs sur place, des heurts ont éclaté vers 9 heures entre la police et des jeunes, qui tentaient d’organiser une chaîne humaine devant les grilles de l’établissement. Un jeune a été arrêté. Les enseignants s’estiment « incapables de mener à bien leur mission éducative » en raison de classes surchargées - « 32 en 6ème, 36 en terminale » - et de problèmes administratifs. « Les emplois du temps, aberrants, ont été changés trois fois depuis la rentrée”, souligne une gréviste.


    Nénufar
    C’est Le Parisien qui pose la question  : “Savez-vous que les règles d’orthographe ont changé ?” Et le journal de rappeler que depuis 1990, les règles d’orthographe ont changé. Et qu’il ne faut plus écrire “Nénuphar” mais “nénufar”. Normalement cette “orthographe révisée” s’applique dans l’enseignement. Ce qui suppose normalement que les manuels scolaires appliquent ces nouvelles règles. Mais ce n’est pas souvent le cas, constate Delphine Guichard, auteure d’un blog intitulé Charivari à l’école où elle propose une action pour faire pression sur les éditeurs. « Les rectifications ne sont déjà pas très faciles à faire passer. Si, en plus, les élèves et leurs parents ont le sentiment que nous disons le contraire de ce qui est écrit dans le manuel, la tâche est encore plus grande. Les correcteurs orthographiques sont à jour, les dictionnaires commencent à l’être, alors pourquoi pas les manuels ? » s’étonne l’enseignante, qui a sa petite idée : « Les éditeurs savent que la réforme n’est pas très populaire chez les profs. Ils pensent que, s’ils l’appliquent, ils ne choisiront pas leurs bouquins. »


    Les éditeurs de manuels se défendent mais pour eux la réforme devrait s’imposer partout (dans les journaux, les livres, etc.) et pas seulement dans les manuels. Ils posent aussi la question des textes d’auteurs inclus dans les manuels : ceux ci doivent-ils être modifiés conformément à la nouvelle orthographe ? On notera pour conclure que des simplifications de l’orthographe ont été opérées dans d’autres pays sans que cela ne crée de grosses polémiques et de réelles difficultés.


    Conservateurs, les français ?

    Bonne Lecture...

     

    lien : http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article7623


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