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    Dimanche 25 mars 2012 7 25 /03 /Mars /2012 11:09

    3617143808_6864665837-1-.jpgJe vais peut-être choquer, je vais peut-être provoquer les cris d’effroi dans ce silence convenu mais j’en prends le risque, car peut-on encore accepter de se taire ?

    Rien, rien ne peut expliquer que l’on tue de sang-froid un enfant. Rien, rien ne peut le justifier.

    Pour autant devons-nous faire silence …Devons-nous accepter de nous taire et de laisser faire … N’y a-t-il aucun responsable ? Est-ce seulement la fatalité ? Avons-nous agi correctement ?

     

    Allons-nous encore fermer longtemps les yeux et accepter l’existence de ces ghettos qui rongent les vies dans les cités de nos banlieues ?

    Allons-nous encore accepter que notre République piétine l’égalité et la fraternité ? Que l’école ne représente plus d’avenir ? Que le chômage devienne le lot commun et emporte toutes les espérances ?

    Allons-nous encore accepter, sans rien dire, qu’une partie de notre jeunesse soit abandonnée, sacrifiée ? Qu’on lui vole son avenir ?

    Allons-nous encore accepter cette République criminelle qui n’est pas capable de porter secours à ces vies en danger ?

    Qui est responsable de cela ? Dans une démocratie, si le peuple ne dit pas non, s’il laisse faire, alors il est responsable, il est coupable. Nous sommes coupables !

     

    C’était en 2007, il y a cinq ans de cela, lors de la campagne présidentielle, Ségolène Royal, candidate socialiste, prenait le risque de porter ce combat pour l’avenir de la jeunesse, de toute la jeunesse. Elle avait su trouver les mots forts pour s’indigner contre ce crime que personne ne voulait voir. Elle s’était livrée totalement, personnellement dans ce combat pour agir.

    «  Il y aura, si rien n'est fait, des gestes de désespoir radical, des actes de nihilisme sans pareil qui laisseront les pouvoirs publics sans ressources et sans voix… Il y a urgence, j'ai la ferme volonté d'empoigner ce problème à bras le corps, j'en ai la ferme volonté, je l'ai là, chevillée au corps parce que je sais au fond de moi, en tant que mère, que je veux pour tous les enfants qui naissent et qui grandissent en France ce que j'ai voulu pour mes propres enfants. » Ségolène Royal, discours de Villepinte, le 11 février 2007.

    Certains lui avaient reproché, à l‘époque, cet engagement trop personnel, de s’être livrée autant dans ce combat. Et pourtant ce cri, ce cri de femme indignée, elle avait eu le courage de le lancer pour réveiller les consciences, pour que la France bouge, pour que nous n’acceptions plus cette plaie ouverte.

    Ce jour-là, j’ai su que je soutiendrais toujours cette femme qui avait eu le courage de s’indigner, de crier « non » et de proposer d’agir. 

     

    La France a préféré Nicolas Sarkozy, l’homme qui fait de beaux discours et qui sait porter le verbe haut. Les mots, encore les mots et puis rien, et encore rien d’autre, et puis toujours rien… les mots lâchés lors de grands rassemblements. Les mots s’envolent et rien ne se fait. Pendant ce temps des vies continuent à se briser, à se broyer, à se détruire. Nous sommes coupables !

     

    Philippe Allard 

    Photo par michelsibble, Flickr, juin 2009.

     

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