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EXCELLENT ARTICLE =
Vendredi 6 juillet 2012 5 06 /07 /Juil /2012 00:29«L'accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daichii ne peut pas être considéré comme une catastrophe naturelle. Il s'agit d'un désastre dont l'origine humaine est profonde et qui aurait pu et dû être prévu et anticipé.»
Le président de la commission indépendante d'enquête mandatée par le Parlement japonais n'y va pas par quatre chemins. Avec neuf autres membres de la société civile (sismologue, avocats, journalistes, etc.), le professeur a interrogé ces six derniers mois près de 1200 personnes, dont l'ancien premier ministre Naoto Kan et les dirigeants de Tepco. Il a remis son rapport mercredi au premier ministre.
La catastrophe est «le résultat d'une collusion entre le gouvernement, les agences de régulation et l'opérateur Tepco et de défaillances de gouvernance de ces instances», assène le rapport de 641 pages (la version ci-dessus est un résumé en anglais de 88 pages). Toutes les institutions ont failli à leur rôle en se montrant incapables de mettre en place «les standards les plus élémentaires de sécurité». Elles n'avaient pas prévu de «mesures de contention des dommages collatéraux» efficaces en cas de grave incident ni de «plans d'évacuation de la population en cas de rejet radioactif massif».
Une mauvaise gestion de la crise
«Dans un rayon de 10 kilomètres autour de la centrale, les gens n'ont appris l'accident que lorsqu'ils ont reçu l'ordre d'évacuer», pointe le rapport, précisant que les habitants n'ont reçu aucune consigne particulière et ont parfois rejoint des zones fortement contaminées sans le savoir. Ils se sont parfois retrouvés pris entre des ordres contradictoires: évacuer ou se barricader chez eux. La gestion de la situation de crise a notamment pâti d'une mauvaise définition des rôles entre les autorités locales, le gouvernement central, les agences d'État et l'opérateur.
La commission accuse par ailleurs Tepco d'avoir tenté de faire croire que le tsunami de 15 mètres était la seule cause de la catastrophe alors que des éléments laissent penser que les systèmes de refroidissement d'au moins un des réacteurs avaient été mis en défaut au préalable par le séisme. Elle accuse ainsi Tepco d'avoir voulu échapper à une réévaluation du risque sismique dans ses autres centrales après la catastrophe.
Une confiance trop forte dans l'industrie nucléaire
Cela met aussi au jour l'incompétence des autorités de régulation (NISA et NSC) qui n'ont jamais forcé Tepco à mettre à jour ses normes de sécurité en tenant compte des dernières recommandations internationales. La confiance dans l'industrie nucléaire nippone était tellement forte chez toutes les parties prenantes que la NISA aurait même recommandé à Tepco d'écrire un rapport pour démontrer que le risque d'une rupture totale du courant était bien trop faible pour qu'il soit pertinent de le prendre en compte!
La commission rappelle par ailleurs des éléments déjà diffusés en décembre dernier sur les lacunes opérationnelles au sein de la centrale: manuels d'urgence absents ou incomplets, matériel de secours insuffisant (les ouvriers devaient s'éclairer à la lampe torche), peu voire pas de formation aux situations d'urgence, etc.
Mises bout à bout, l'ensemble de ces constatations dresse un portrait effrayant de l'état de la sécurité nucléaire au Japon. Alors que le pays procède au redémarrage d'une première centrale, il semble urgent que le pays procède à une refonte complète de ses institutions dans ce domaine. Toutes les recommandations de la commission vont d'ailleurs dans ce sens.
Cri du Peuple : http://www.mleray.info/article-la-catastrophe-de-fukushima-107828248.html
Tags : tepco, central, catastrophe, nucleaire, commission