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EXCELLENT ARTICLE =
Le blog d'Aliciabx
Posted:28 Aug 2011 05:29 PM PDT
Les récentes plaintes pour viol et tentative de viol déposées contre des hommes de pouvoir nous renvoient à des observations faites ces dernières années sur un livre controversé au titre provocateur, comme celui de cet article en réponse à « Plaisir de tuer », édité au Seuil en 2007. Michel Dubec, psychiatre et psychanalyste, expert auprès des tribunaux livre ses errements au fil de ses rencontres pendant vingt-cinq ans des pires meurtriers : pédophiles, escrocs, terroristes d’Action Directe, islamistes, psychopathes, tueurs en série, sous la plume de Chantal de Rudder, grande reporter et rédactrice en chef du Nouvel Observateur. En janvier 2008, un auteur du site sisyphe.org, avait lu l'ouvrage de 228 pages et extrait des passages controversés qui ont valu trois mois avec sursis d’interdiction d’exercer à Michel Dubec. « Sans que je lui en parle, le tueur de l’Est parisien a peut-être deviné le trouble que j’ai ressenti en regardant les photos de ses victimes. Je les trouvais très attirantes. Ces belles filles qu’il avait tuées (...) j’aurais pu avoir envie de les draguer... Une communauté de désir nous rapprochait, Guy Georges et moi (...) parce qu’il existait entre nous un partage des mêmes "objets érotiques", j’ai pu faire un bout de chemin avec le tueur en série le plus célèbre de l’Hexagone (...) » (p. 211-212) « Guy Georges, c’est différent. On peut être avec lui, jusqu’au viol compris. Pour parler sans détour, dans la sexualité masculine, il existe un intérêt à obtenir la défaveur de sa partenaire, pas seulement ses faveurs ; à faire crier la femme, peu importe la nature de ses cris. (...) Si un homme est trop respectueux d’une femme, il ne bande pas. (...) Oui, c’était possible de s’identifier à ce violeur qui baise des filles superbes contre leur gré (...) Il ne s’inhibait pas au dernier moment, il était capable de leur faire l’amour quasi normalement. Il y avait éjaculation à l’intérieur du vagin. Guy Georges donne le sentiment que l’acte sexuel était consommé avec complétude. Jusque-là, on peut le comprendre et, même, il nous fait presque rêver. » (p. 213) « Sa vie sexuelle est trépidante, son tempérament étonnant, il est capable de baiser cinq fois par jour ! » (p.218)
« Si un homme est trop respectueux d’une femme, il ne bande pas » C'est ainsi que se délecteront des hommes qui prendront ces écrits pour argent comptant ; le peu de prévention et de pédagogie employé vole en éclats à cause d'un « éminent » expert des tribunaux. Cette phase reflète exactement le machisme et sexisme ambiants révélés par l'affaire DSK, le manque de respect envers les femme n'étant plus à démontrer par les propos de certains politiques et médias.
Un courrier à l'attention de Président du Conseil National de l'Ordre des Médecins avait été envoyé et une pétition avait été mise en place afin d'alerter sur les propos de Michel Dubec qu'il avait tenté de justifier par un doit de réponse au journal en ligne Agoravox
Selon le site psy.infiny, « le 30 mars dernier, l'e psychiatre, avait publiquement annoncé décliner depuis « un certain temps » toute expertise en matière pénale, s’en tenant aux affaires civiles (cas de divorces, de gardes d’enfants, par exemple). (…) Ce certain temps de renoncement n’avait pas empêché Michel Dubec de recevoir, en mars et avril 2011, les honneurs et compliments de la presse pour ses dépositions lors des procès de Maxime Brunerie (coup de feu contre Jacques Chirac), de Jacques Viguier (le professeur de droit dont Michel Dubec estimait qu’il n’aurait pu « assassiner à froid son épouse »), de Véronique Courjault (trois infanticides et dissimulation de preuves par congélation). (…) Vingt-cinq plaintes visant l'expert ont été écartées par le conseil départemental d’Île-de-France des médecins risquent, sans préjuger du sort de nouvelles, d’atterrir au Conseil national. Ou au pénal. En cumulatives accumulations, voire entassements successifs. (...) Michel Dubec a beaucoup d'expertises à son actif qui ont lui valu des plaintes dont il a été estimé qu’elles pourraient être éventuellement fondées par ailleurs mais « ne sont pas susceptibles de constituer un manquement à la déontologie médicale. ». Et puis, il y a les reproches qui ne sont pas remontés jusqu’au conseil départemental ou national, mais ont atterri devant d’autres instances, ou ont fait l’objet de recours à d’autres associations que celle de J.-P. Escarfail. »
La condamnation « symbolique » de l'expert auprès des tribunaux à trois de prison avec sursis, effective le premier octobre 2011, n'ayant pas été relayée par les médias - ou très peu - n'envoie pas de signal fort à ceux qui auraient pu s'imprégner du discours tenu dans son livre.
Le choix de ne pas ébruiter cette condamnation d'un éminent expert a pu être motivé par la nécessité de ne pas faire de la publicité au livre - bien qu'il en soit fait pour la bonne cause - pour le ressenti de Michel Dubec face à des violeurs ; mais aussi afin d'épargner l'image de l'expert des tribunaux, de la justice ainsi que celui du corps psychiatrique. Lequel de ces psychiatres ne serait pas affecté d'une manière ou d'une autre à l'écoute et à l'analyse de profils dangereux pendant vingt-cinq ans ? L'assimilation, l'identification à l'autre, le regard qu'il porte sur l'expert peuvent parfois faire lâcher prise à des professionnels de la plus haute réputation. Les propos tenus par Michel Dubec tendraient à penser que les situations sordides auxquelles il a été confrontées ne lui permettaient plus de prendre le recul nécessaire à sa profession.
Survint alors l'accident au cours d'un livre qui a ou aurait dû servir de thérapie à un seul homme, expert -psychiatre, pour desservir des victimes de viol qui se comptent par milliers. Les dernières statistiques remontent à 2006. Depuis, plus rien... Preuve s'il en était besoin que le sujet ne passionne pas vraiment les services de l'Etat. Si le livre « Plaisir de tuer » n'était pas vraiment utile à la société, cet article, en revanche, en a la vocation.
Photo:Le Titien : Viol de Lucrèce, qui la conduit au suicide.
Tags : expert, michel, dubec, viol, livre