• EXCELLENT ARTICLE =

     
    Mercredi 26 septembre 2012 3 26 /09 /Sep /2012 18:08

    manifestants-et-policiersc.jpg

     

    Des affrontements ont éclaté mardi soir à Madrid entre policiers et manifestants du mouvement des indignés qui s'étaient rassemblés par milliers aux abords du Congrès des députés, sous très haute tension, aux cris de "Démission !", "Dehors !".
     

    "Ce sont nos armes", criaient les manifestants, mains levées au ciel, face aux forces anti-émeutes qui tentaient de les disperser, chargeant à coups de matraques et tirant des balles en caoutchouc. Les affrontements ont fait plus de 60 blessés, dont 27 policiers, selon les services d'urgence. 26 personnes ont été interpellées.


    Le face-à-face, émaillé de nouveaux heurts, s'est poursuivi tard dans la soirée entre un important dispositif policier et des groupes de manifestants, avant un retour progressif au calme. Les quelques centaines de personnes qui restaient place de Neptuno, près du Congrès, ont été dispersées vers une heure du matin par des policiers qui ont poursuivi et frappé à coups de matraque certains jeunes manifestants qui leur avaient lancé des projectiles.

     

    "DÉMOCRATIE SÉQUESTRÉE"


    Le mot d'ordre avait été lancé via les réseaux sociaux, relais très actif de la colère des Espagnols face à la crise qui laisse un quart de la population active au chômage, et aux mesures de rigueur draconiennes imposées par le gouvernement de droite.


    Quelque 80 collectifs de militants espagnols avaient appelé, dès le mois d'août, à occuper ou encercler symboliquement le Parlement de Madrid le jour de la session plénière, pour protester contre la "séquestration de la souveraineté du peuple par la troïka [Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne] et les marchés financiers" et dénoncer une "démocratie séquestrée", assujettie "aux marchés financiers". Sur Facebook, 50 000 personnes ont répondu à l'appel à manifester d'"Ocupa el congreso".


    "Ils nous ont volé notre démocratie. Nous avons perdu la liberté, notre Etat providence avec les coupes dans la santé et l'éducation. J'ai deux filles et cette année j'ai dû payer beaucoup plus pour leurs études", racontait Soledad Nunez, une commerçante de 53 ans venue de Castille-et-Leon, dans le nord de l'Espagne. Cette manifestante porte deux œillets rouges et une pancarte avec les mots : "Tu crois vraiment qu'en croisant les bras, tout cela se règlera ?"

     

     

    Le gouvernement avait barricadé les abords des Cortes et multiplié les avertissements à l'encontre des manifestants, qui se sont heurtés à un dispositif policier massif : 1 500 policiers anti-émeutes.


    Le gouvernement craignait une forte mobilisation et menait depuis plusieurs semaines une tentative de déminage en amont. Samedi 15 septembre, des policiers avaient ainsi arrêté quatre personnes qui s'apprêtaient à déplier une pancarte annonçant "la manifestation du 25-S" (25 septembre).


    Le lendemain, quarante personnes qui se réunissaient dans le parc du Retiro à Madrid pour préparer la manifestation avaient dû se soumettre à un contrôle d'identité effectué par la police nationale. Le motif de l'interpellation : "réunion de plus de 20 personnes non communiquée". Huit d'entre elles devront comparaître devant le Haut Tribunal pénal pour délit à l'encontre des hautes instances de la nation.



    INCITATION À LA DÉLATION


    Craignant sans doute des débordements, la police nationale avait également lancé cinq jours avant la manifestation un dispositif permettant de dénoncer anonymement les auteurs d'actes de vandalisme. A l'adresse mail antivandalismo@polica.es, les citoyens espagnols peuvent ainsi envoyer photos, vidéos et informations sur les responsables d'actes de dégradations. Selon le site Internet du quotidien Publico, cette initiative incitant à la délation est directement liée à la manifestation de ce mardi.


    Pas de quartier non plus pour le "25-S" du côté du Parti Populaire (PP, droite), au gouvernement. Maria Dolores de Cospedal, secrétaire générale du PP, n'a pas manqué de condamner l'appel à encercler le Parlement, allant jusqu'à le comparer à la tentative de putsch faite par des militaires en 1981 : "Selon moi, la dernière fois que le Parlement a été encerclé et pris, ce fut à l'occasion de la tentative de coup d'État", a-t-elle ainsi déclaré lundi lors d'une conférence de presse. La préfecture de Madrid a, quant à elle, rappelé que l'occupation du Parlement était passible de six à douze mois de prison ferme.


    La "persécution" et la "criminalisation" dénoncées par de nombreux acteurs du 25-S s'inscrit dans un contexte politique difficile pour le gouvernement espagnol : le 11 septembre, 1,5 million de manifestants ont défilé dans Barcelone pour réclamer l'indépendance de la Catalogne, faisant planer sur Madrid la menace d'une sécession ; de plus, une partie de la société civile espagnole souhaite réviser la Constitution ou dissoudre le Parlement et appelle à la démission du premier ministre, Mariano Rajoy.


    Marthe Rubio


    Le Monde.fr

     

     

     

    http://www.mleray.info/article-espagne-democratie-sequestree--110586189.html

     

    Tags Tags : , , , ,