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    La chasse aux fraudeurs : un écran de fumée

    novembre 15, 2011 Politeia

     

    Nicolas Sarkozy s’est lancé dans une nouvelle partie de chasse.

    Après les clandestins, les Roms, les fonctionnaires, les syndicalistes, les chômeurs, les précaires, les retraités, les jeunes de banlieues, etc., le président de la République s’attaque aujourd’hui à un autre gibier : « les fraudeurs de la sécurité sociale ».

    Le procédé a beau être usé jusqu’à la corde, il fait toujours son petit effet : Nicolas Sarkozy dénonce, stigmatise, pointe du doigt, s’agite, menace, rabote et promet des sanctions contre « ceux qui abusent du système de protection sociale ».

    Or, qui se cache derrière « ceux qui abusent du système de protection sociale » ? Car c’est bien le problème au-delà du coût même de la fraude.

    En un tour de mots, le « fraudeur » est devenu un spécimen de la tératologie sarkozyste.

    C’est l’hydre aux mille tête que Nicolas Sarkozy prétend terrasser de ses petits bras musclés.

    Le « fraudeur » désigne l’autre par excellence.

    Derrière ce terme générique, on distingue à peine une vague présence, une ombre, un passant, un parent, un ami, un voisin, un collègue, un professionnel de santé, etc.

    Le fraudeur, c’est potentiellement tout le monde et personne en particulier.

    Le fraudeur, c’est une facilité de langage dont Nicolas Sarkozy abuse pour désigner l’assuré social indéfendable, celui dont on ne veut rien savoir parce qu’il profite indûment de la générosité du système.

    Le président de la République peut ainsi préparer les esprits au démantèlement progressif de la sécurité sociale et à l’instauration d’un système d’assurances privées.

    Sous le fallacieux prétexte de maîtriser les dépenses publiques, la droite entend en réalité remettre en cause notre système de solidarité.

    Car ne nous leurrons pas : la chasse aux fraudeurs justifiera demain de nouvelles régressions sociales que nous serons priés collectivement d’avaler en croyant ainsi oeuvrer au bien commun.

    Pendant ce temps, d’autres fraudeurs, bien plus importants ceux-là, continueront tranquillement leurs petites affaires bien au chaud dans cette sarkozie déliquescente.

    Combien de millions d’euros se sont-ils évaporés dans les affaires suivantes (la liste est loin d’être complète) ?

    Comment ne pas avoir la nausée devant cette liste non exhaustive d’affaires ?

    Si on pouvait récupérer tout l’argent concerné par ces affaires, par cette dilapidation honteuse de l’argent public ou, en ce qui concerne Karachi, par ces rétro-commissions qui sont allées on ne sait où, il y aurait sans doute de quoi contribuer au renflouement de la sécurité sociale dont une immense majorité des bénéficiaires est réglo.

    Comment accorder le moindre crédit à un président de la République qui s’est augmenté en 2007 de plus de 140%, qui trouve normal de loger dans une suite d’hôtel à 37000 € la nuit (35 fois le SMIC), qui n’a pas été choqué qu’on ait installé pour lui une douche d’une valeur avoisinant celle d’une maison, ou qui, pour compenser son complexe d’infériorité, a exigé l’achat d’un Airbus et son aménagement aussi luxueux qu’inutile ?

    Et c’est cet homme qui prétend aujourd’hui maîtriser les dépenses publiques en faisant la leçon aux Français ?

    La chasse aux fraudeurs, c’est un moyen de remettre en cause notre système de protection sociale et d’assurance maladie et c’est aussi un écran de fumée destiné à faire oublier les casseroles de la majorité UMP-Nouveau Centre.

    Et puis enfin n’oublions pas que la fraude fiscale représente 40 milliards d’euros de manque à gagner pour l’Etat et que la fraude du travail dissimulé (que nombre d’employeurs pratiquent pour ne pas avoir à payer de cotisations sociales), représente environ 12 milliards. Deux montants bien supérieurs à la fraude à la sécurité sociale.


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