• EXCELLENTE INTERVENTION DE GERARD FILOCHE =

    Mon intervention au BN du PS du mardi 27 janvier « soyons Syriza pas Pasok  » « soyons Tsipras pas Macron »

     

    Chers camarades,

     

    Tout d’abord, il me semble qu’il faut rendre un hommage au peuple grec et à ses souffrances terribles depuis cinq ans. La politique odieuse qui lui a été imposée par la troïka, UE, FMI, BCE et tous leurs complices banquiers, doit être connue, dénoncée et jugée. Car ce qui s’est passé est inouï et s’apparente à un pillage, une guerre, un sac, un nuage de sauterelles sur une moisson. Aucun peuple ne devrait subir un pareil traitement dans une « union » comme celle de l’Europe : c’est une aberration contre toutes les valeurs de progrès de l’Humanité, contre l’intelligence humaine pour mettre l’économie au service des travailleurs, ce ne fut qu’un putsch violent avec des critères sordides, faux, scandaleux. Au fond ce pays n’avait pas plus de « dette » que les autres, autour de 100 points de son Pib comme aux USA, comme la France aujourd’hui, et la moitié de la dette du Japon, … la France a eu 290 % de dette/ à son Pib en 1945 et heureusement qu’on ne nous a pas traité comme ça, heureusement qu’on a dépensé plus, qu’on a fait un programme social pour s’en sortir… sinon on serait un pays mort.

    La Grèce a été victime d’une manipulation de Goldman Sachs dont les dirigeants devraient été accusés, jugés et condamnés. A partir d’une dette qui remonte aux Colonels, oui on peut parler d’histoire, car l’Allemagne n’a jamais payé sa dette à la Grèce, sans doute 85 milliards, car l’Allemagne avait annulé de 50 % sa propre « dette » au traité de Londres en 1953… Car le prix des sous-marins de guerre allemands, de Thyssen Krupp, 1,4 milliard, car le prix des bétonneurs des Jeux olympiques de 2004, avec une ardoise de 40 milliards, tout cela devrait être renégocié…

    La troïka qui a imposé cette épouvantable austérité à Athènes, a commis un crime économique contre l’Humanité : le smic a été diminué de 750 à 450 euros, les retraites, les salaires aussi en proportion, la famine  a réapparu, les suicides se multiplient, la mortalité infantile a cru,  les gens ne peuvent plus se soigner, il a fallu créer 400 dispensaires des secours  pour pauvres, ils ont vendu 30 grandes et belles entreprises publiques, fermé l’enseignement supérieur, la télévision publique, ils ont livré 91 points du littoral, dans les îles et sur les côtes, aux bétonneurs, 85 000 boutiques ont fermé à Athènes, 80 % des habitants ne peuvent s’y chauffer en hiver, la voirie, l’immobilier tout est sinistré, le PIB a reculé de 25 % et tout ça pour un résultat qui devrait remplir de honte ceux qui l’ont imposé puisqu’il s’agissait de rembourser la dette et que celle ci est passé à 113 % du PIB puis à 175 % du Pib.

    Comment a t on pu en arriver sans que nul ne crie son indignation ici et partout ? La Grèce n’a pas été aidée mais accablée, sinistrée, enfoncée : les plans d’aide c’étaient des mensonges, c’était de l’argent donné aux créanciers de la Grèce, aux banques et arraché au niveau de vie des grecs… Les intérêts qui ont été imposés aux Grecs ont été usuraires,  de 4 à 7  même 12 % par une BCE qui prêtait à moins de 1 % aux banques spéculatrices ! Si les Grecs, pourtant plus fragiles et qui méritaient donc mieux, empruntaient à des taux comme le France ils seraient en équilibre budgétaire depuis 5 ans… C’est une dette odieuse qui leur a été imposée et qui doit donc être revue entièrement… Jamais aucun pays d’Europe ni la Grèce, ni l’Italie, ni l’Espagne, ni le Portugal, ni la France ne paieront cette fameuse « dette » de toute façon, cette année, on paie 54 milliards d’intérêts d’une « dette indigne » qu’on ne paiera pas et le paiement de cette « dette » ruine notre économie, ce qui augmente ladite dette !…  Nous sommes dans la même nasse, la même seringue que les Grecs, avec deux ans de retard sur eux, nous sommes à 30 % ou 40 % de ce qu’ ils ont subi, les défendre face au chantage odieux et scandaleux de la dette c’est nous défendre…

    Rien n’est la faute du peuple grec !  Tout est la faute à la troïka et à l’oligarchie grecque. La célèbre oligarchie des Onassis, des armateurs les plus riches du monde, des Narchos et des popes, premiers propriétaires fonciers… Et l’UE n’a rien exigé de l’oligarchie qui a caché des centaines de milliards en Suisse,  mais elle a lâchement pillé le peuple… Alors qu’il fallait traquer les fraudeurs fiscaux, les spéculateurs… Alors qu’il fallait que « la BCE prête directement aux états » »  et ce que je dis là c’est ce que François Hollande disait encore une fois au Bourget : « la délinquance financière ?  la République vous rattrapera »  « La BCE doit prêter aux états » !  Mais il s’est écoulé 5 ans, puis 2 ans, et rien, rien n’a été fait sinon des crimes contres les Grecs !

    Et alors, oui,  j’aime qu’ici, dans ce Bureau national, oui, aujourd’hui, ce soir, en ces deux heures de débat, chacun se sente et se dise maintenant « Syriza ».

    Car oui, le Pasok a délibérément trahi son peuple, l’a livré aux banquiers rapaces et cupides, et il a payé le prix fort.  Et cela concerne tous les partis de gauche qui au lieu de faire une politique de gauche cèdent aux sirènes austéritaires de la troïka. Et cela nous concerne aussi car si nous ne faisons pas « cap à gauche » nous connaitrons le même « cap suicide », nous subirons le même sort que le Pasok. Il faut se féliciter de la victoire de Syriza, je vois que nous le faisons, mais il faut le faire vraiment, car Macron, c’est l’anti-Tsipras,  On peut pas dire « bravo Syriza » là-bas et « vive Macron » ici. Tsipras augmente le smic de 450 à 751 euros, redistribue les richesses, amnistie les syndicalistes, augmente les retraites, renonce à vendre le Pirée aux fonds Chinois. En quelques jours il fait plus pour gagner l’adhésion de son peuple que nous en deux ans. Alors que Macron continue de vendre nos aéroports aux fonds chinois.

    Bien sur que Syriza est social démocrate, socialiste et démocratique comme j’aime, et je le dis à Henri, tant mieux, c’est la gauche comme elle devrait être partout en Europe et ici, si nous combattions la finance au lieu de céder devant elle. On doit s’appuyer sur la victoire de Syriza pour remettre en cause la dette aussi, et non sur la dette pour remettre en cause les choix politiques justifiés de Syriza.

    Enfin pour finir, Syriza c’est d’abord l’unité de la gauche, ce n’est pas le gouvernement de type Papandreou Valls Macron orienté à droite. Alexis Tsipras, oui, a su réunir 19 partis et groupes de gauche, et c’est la clef de son succès !  Un exemple ! Et nous il faut réunir les Verts EELV et le FDG au moins.

    Qui prétend sans succès aucun à l’unité nationale mais n’est pas capable de faire l’unité de la gauche, pose un sérieux problème : il faut réunir les forces de gauche et chercher à nous mettre d’accord sur un programme d’action d’urgence entre nous, c’est la clef de la victoire ou de la défaite aux prochaines élections. On a 40 000 chômeurs de plus en décembre, 192 000 de plus en 2014, on va dans le mur cruellement, je le dis encore une fois, « soyons Syriza, pas Pasok ».