"Il... il est sérieux là ?" (Chris59)

Ce qui inquiète en première réaction, c'est le financement de la mesure. "Avec quel budget ?" (Citoyen67). Jujujuju parle d'une "irresponsabilité" et d'un "manque de réalisme", et estime qu'il ne s'agit que d'un "effet d'annonce à des fins strictement électoralistes". Sur cette piste, on se désole et on ironise : "Que ne ferait-il pas pour avoir des voix ?"(redgie). "Avec les socialistes, nous sommes sûrs du remboursement de la dette française" (Moerl16), "il aurait trouvé la pierre philosophale, le moyen d'opérer la transmutation du plomb en or ?" (WW11PC), "ça rase gratis au PS" (Lionel).

Quelques internautes croient en la mesure, suggèrent des abondements, Anonymous par exemple : "Le problème du financement de ces nouveaux profs est facile à résoudre : la suppression de la TVA à 5,5 % dans la restauration rapporterait 3 milliards d'euros, plus que nécessaire pour le paiement de 60 000 professeurs (environ 2 milliards par an)" (Chavaignes).

Cependant, l'essentiel du débat est loin de la question des ressources et de la ventilation des budgets.

"Sans rentrer dans les considérations financières, il est souhaitable qu'il y ait davantage d'enseignants. Mais le problème fondamental reste aussi : pour enseigner quoi ?" (jpb)

"Il faut reconnaître que l'éducation est au bord de la rupture", avance alcar. Recréer des postes d'enseignants ? Ce n'est pas la solution, il faut se poser la question, indique jpb : "pour enseigner quoi ?" "Il faut plutôt réformer l'Éducation nationale en profondeur" (Chat boiteux), "une refonte complète de l'Éducation nationale, en scindant en deux éducation et instruction (tbouboui). Les enseignants seraient là pour enseigner, les profs "d'un nouveau type" seraient là pour éduquer les enfants." Métis propose de créer de "nouveaux métiers dans l'éducation". Dino, dans le même esprit, suggère de former "des équipes d'assistants sociaux chargées d'expliquer aux parents leur rôle, aux élèves leurs responsabilités et leur place". Bryval rappelle avec nostalgie qu'il "fut un temps où le civisme s'apprenait à l'école (aussi), c'était l'instruction civique".

Est-ce le rôle de l'école de se charger à la fois de l'éducation et de l'instruction ?

"L'éducation, aux parents ; l'instruction, aux enseignants" (yodico)

Les rôles devraient être clairement définis, dit brabinder, lui-même enseignant : "L'éducation de base ne m'appartient pas, elle vous appartient : le civisme, le respect et tout le reste - savoir manger, respecter les horaires, savoir prendre la parole, s'excuser... Quant à moi, j'instruis des élèves, je leur apprends un métier et dans ce cadre, je leur donne une éducation professionnelle. Voilà tout."

"Il y a un gros problème de vocabulaire", constate Dino, que rejoint Brabinder : "La morale, la tenue, la décence, le sens de la responsabilité, l'honnêteté envers les autres et soi-même sont apparemment entièrement délégués par les parents aux professeurs, dont ce n'est pas le rôle du tout." Ce lecteur complète : "L'éducation n'est pas de notre ressort, nous avons en charge l'instruction et l'éducation professionnelle, qui vient après l'éducation parentale." Et il pose la question : "Si cette dernière est défaillante, comment voulez-vous obtenir les deux premières ?"

"Donnez-nous les moyens d'exercer notre autorité, sans la contester, vous nous donnerez les moyens d'instruire vos enfants" (brabinder)

Le manque de respect envers l'enseignant serait ainsi un des "tout premiers problèmes à affronter d'urgence", juge Dino, qui identifie un "problème de regard des élèves envers l'école".

Ainsi, à moyens constants, il semble possible de rendre plus efficace l'éducation, à condition que les perceptions de l'école changent, que l'institution et ceux qui la font vivre soient respectés, estimés.

"Certains parents contestent la sanction", explique Brabinder. Ces parents-là soutiendraient les "éléments perturbateurs, dont l'attitude empêche l'enseignant, privé d'autorité, de transmettre les connaissances dans les meilleures conditions", lequel se trouve alors obligé de "passer la moitié du temps de cours à faire le gendarme". On revient ici au rappel du rôle des familles : "Tant que les parents ne reprendront pas l'éducation de leurs enfants, nous ne nous en sortirons pas !"

Axel x souhaite "rétablir l'autorité de l'enseignant, non pas simplement envers les élèves mais bien auprès des parents d'élèves". L'indiscipline ne se limiterait pas toujours au cadre scolaire, et certains élèves "perturbent les cours, insultent les professeurs, agressent les autres verbalement, font circuler des drogues, utilisent des méthodes lâches et mafieuses pour terroriser des plus petits, etc." Seulement, "les problèmes familiaux se répercutent sur les enfants et sur leur scolarisation" (Archimédesss). Ce serait alors "la société qu'il faudrait changer", dit Mme Michu. Lenny insiste : "Une population bien éduquée est une population où les comportements anticitoyens se raréfient. Éduquez, au lieu de réprimer..."

À ce moment, le débat conduit à une autre question. S'il y a désaffection envers l'école, ne serait-ce pas que l'école n'intéresse pas ?

"On fait ingurgiter du cours à l'élève et on pense que ça va l'intéresser, qu'il va obéir, se conformer" (alchy)

Plus que le programme scolaire, c'est la façon d'enseigner qui devrait être revue. Les élèves "aiment être fiers d'eux, comme n'importe qui. C'est ça que l'enseignant doit leur apporter", poursuit alchy.

Finalement, il ressort que l'Éducation doit rester un "investissement primordial" (brabinder), à condition que les moyens servent à améliorer la qualité des cours, leurs contenus, les méthodes d'enseignement, en mettant en avant "la discussion, le débat, l'expression, la création, l'initiative, l'utilité, le plaisir. Et cela, ce n'est pas une question de "grands" moyens ou "d'autorité", conclut alchy.
http://www.lepoint.fr/debats/reponse-a-francois-hollande-investissons-dans-l-education-mais-eduquons-d-abord-17-09-2011-1374564_34.php