François Hollande et Bernadette Chirac à Tulle, le 31 mars 2011 : le socialiste vient d'être réélu président du conseil général de Corrèze. © Pascal Fayolle / Sipa

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Dans La reine mère (éditions du Moment), un ouvrage consacré à Bernadette Chirac à paraître le 22 septembre, la journaliste Pascale Tournier consacre un long chapitre aux relations entre François Hollande et l'épouse de l'ancien président de la République. Adversaires un peu, complices surtout, ces deux-là ont brouillé les lignes, au point de provoquer un léger malaise à droite comme à gauche.

"Entre eux, les choses ont pourtant mal commencé", écrit l'auteure. Contrairement à son époux, Bernadette Chirac n'avait pas d'atomes crochus avec le socialiste. "Elle le regardait et le toisait sur le mode : pour qui il se prend ? se souvient Jean-Pierre Dupont, ancien président du conseil général de Corrèze. Le soir des cantonales de 2008, Bernadette Chirac supporte avec difficulté le basculement à gauche. "Mon mari voulait que la droite conserve le département. Jacques m'a même grondée après la défaite. Il est persuadé que c'est ma faute si Hollande a gagné..."

Un adversaire si charmant

C'est François Hollande qui fait le premier pas, car il sait l'ex-première dame sensible aux marques de respect. "Pour faciliter ses trois ou quatre déplacements annuels, il met à sa disposition une voiture du conseil général", raconte ainsi la biographe. Autre anecdote : au vernissage d'une exposition, François Hollande a convié des relations parisiennes de Bernadette. Elle susurre ce remerciement à l'oreille de l'ancien premier secrétaire du PS : "Ce n'est pas votre prédécesseur [Jean-Pierre Dupont NDA] qui l'aurait fait." Une confidence qui en dit long sur le peu d'estime qu'elle porte au leader de la droite corrézienne. La conseillère générale invalidée n'est d'ailleurs pas avare de compliments sur un adversaire si charmant : "C'est un homme de terrain à l'écoute de la population. Au conseil général, il respecte son opposition." Ou encore : "François Hollande est un homme très sympathique, très courtois, qui a le sens du service public, qui est à l'écoute. C'est une qualité essentielle chez un homme politique [...] Dès que François Hollande a été élu président du conseil général, il a tout de suite été très agréable à fréquenter."

Pire : il n'est pas rare qu'elle soutienne François Hollande contre son propre camp et vote avec la majorité départementale : "Je suis devenue un électron libre. Lui et moi, nous voulons être utiles au département, sans alimenter des querelles inutiles." Le candidat à la primaire socialiste n'est pas en reste : "Nous avons une élue dynamique, elle apporte beaucoup de ses relations", en ajoutant : "J'ai du respect pour elle, elle a l'esprit ouvert."

Onction du "pays réel"

Pour Martine Aubry, la messe est dite, et la sentence tombe : "Bernadette Chirac est l'amie de François Hollande" ! "Avec elle, François Hollande s'achète un certificat d'authenticité, estime, quant à lui, l'analyste politique Stéphane Rozès, car "la parole de Bernadette Chirac émane du pays réel". Cette onction est plus précieuse aux yeux du premier secrétaire que "celle de la rue de Solférino" selon Rozès. Et c'est bien ce qui fait peur à la droite : "Le vrai pilote dans l'histoire, ce n'est pas elle, mais François Hollande", commente Jean-Pierre Dupont, l'ancien président du conseil général. Bernadette folle de François risque fort de nuire... à Nicolas !