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Le Parti de gauche et la Gauche anticapitaliste, alliés au NPA et à EELV, présentent une liste aux municipales contre le maire sortant étiqueté PCF.


Rien ne va plus au sein du Front de gauche arlésien. Alors que la ville est dirigée depuis 2001 par un maire PCF, Hervé Schiavetti, le Parti de gauche (PG), rapporte l’Humanité de ce jour, a annoncé qu’il présenterait une liste lors des municipales aux côtés de la Gauche anticapitaliste (GA), du NPA, d’EELV et de militants associatifs, tous partenaires du Collectif unitaire du pays d’Arles, fondé lors de la bataille contre le traité européen, collectif que le PCF a quitté en raison de sa « critique systématique » de la politique municipale.
Interrogé par le quotidien communiste, le responsable local du PG justifie ainsi cette opposition à la politique de la ville :

« Au-delà de l’absence de prise de position de la municipalité vis-à-vis des décisions gouvernementales, sur des sujets chauds comme l’ANI, le TSCG ou les retraites, ce qui fait hiatus localement, c’est la désindustrialisation, une économie 100 % tourisme et culture haut de gamme. »

Le PCF, par la voix de son secrétaire de section, Nicolas Koukas, également premier adjoint, refuse de « rougir du bilan d’Hervé Schiavetti », mettant en avant la municipalsiation des cantines scolaires, le doublement des départs en colonies de vacances, le dépassement du « pourcentage légal de logements sociaux ». Et dénonce l’« anticommunisme primaire » de ses anciens partenaires. Ambiance.

Le désaccord porte également sur la manière de combattre la droite et l’extrême droite, plutôt fortes dans la région. Pour le PCF ce devrait être « l’adversaire principal de la gauche ». Tandis que le représentant de la GA estime que « pour lutter contre le FN, il y a besoin d’alternative au social-libéralisme et de liste en rupture avec cette organisation », ce qui n’est pas le cas du maire.

Le PCF « tranquillement vieillissant »

A l’ouverture du dernier congrès du PCF, le maire d’Arles avait accordé un entretien iconoclaste au Figaro. Hervé Schiavetti y regrettait le choix de son parti de ne pas entrer au gouvernement, « signe de notre perte d’influence », et critiquait tout à la fois l’opposition de la CGT, de FO et des parlementaires PCF à l’accord sur l’emploi (ANI). Accessoirement, il s’en prenait assez rudement à Jean-Luc Mélenchon, estimant qu’après « le temps de la présidentielle » et des « postures » venait celui du retour « à la normale ». Interrogé sur le fait de savoir s’il était toujours communiste, Hervé Schiavetti répondait :

« J’aime mon parti, je ne le quitterai pas. Le PCF est désormais dégagé de ses enfermements, tranquillement vieillissant. Il continue à défendre ceux qu’il a toujours défendus, les pauvres gens. C’est honorable. »

Questionné le jour même par Politis sur ces déclarations, très éloignées de ligne de renforcement du Front de gauche adoptée à leur congrès, Jean-Marc Coppola, un des principaux dirigeants de la fédération du PCF des Bouches-du-Rhône, et tête de liste à Marseille d’une liste Front de gauche, pris un air navré. Avant de nous glisser que « sans sa femme » Hervé Schiavetti aurait déjà quitté le parti.

L’histoire politique arlésienne est un peu plus complexe. En 2001, Hervé Schiavetti a gagné la ville, gérée par le PS depuis l’élection précédente, en infraction avec la ligne gauche plurielle du PCF. Robert Hue, alors secrétaire national, était même venu soutenir le maire sortant socialiste. Schiavetti n’en avait fait qu’à sa tête fort d’une certitude énoncée en rigolant : « Au PC, on n’exclut plus, ça a été trop stigmatisant. »