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    24 Août 2019

    Publié par El Diablo

     

    Stéphane Sirot sur Facebook le 21/08/2019:

     

    J'ai vu passer ce matin sur mon Facebook cet article relayé à plusieurs reprises. Sandrine Foulon est une excellente journaliste de l'actualité sociale, avec laquelle j'ai toujours plaisir à m'entretenir.

     

    Toutefois, j'apporterais quelques bémols au contenu de ce sujet sur la question gréviste. Est relayée l'idée à mon sens en partie reçue que l'activité conflictuelle serait en déclin en France. Dans le secteur privé, en effet, les statistiques paraissent clairement s'affaisser.

     

    Ce constat est cependant à relativiser : d'une part, pour diverses raisons bien identifiées, les statistiques sont très lacunaires et nombre de rapports de force échappent à la collecte du ministère du travail ; d'autre part, la pratique des débrayages de très courte durée (qui sont d'ailleurs eux-mêmes difficilement quantifiables) s'est accrue, se substituant de façon croissante à la grève traditionnelle de plusieurs jours.

     

    Les statistiques de grèves étant fondées sur le nombre de "journées individuelles non travaillées", les débrayages en minorent la quantité. Autrement dit, il serait hâtif de conclure à un déclin, alors qu'il y a plutôt une métamorphose des pratiques. Dans le secteur public, les statistiques sont traditionnellement extrêmement fluctuantes ; en effet, durant la période 2012-2015, les chiffres sont bas. Toutefois, il suffit qu'une grande loi d'ampleur nationale restreignant leurs droits sociaux soit envisagée pour que les chiffres des journées de grève des fonctionnaires croissent : ce fut par exemple le cas en 2003 ou en 2010, sur la question des retraites.

     

    Il est d'ailleurs possible qu'un pic resurgisse à cet égard dans les mois à venir, puisque la loi sur les retraites qui s'annonce touche tout particulièrement les fonctionnaires et le secteur public.

     

    Ajoutons que les statistiques ne couvrent pas l'année 2018, où le printemps a été émaillé de nombreuses mobilisations, en particulier chez les cheminots, mais pas seulement. Bref, il me semble globalement infondé de soutenir la thèse d'un irrémédiable déclin des conflits sociaux, qui seraient par exemple remplacés par un "dialogue social" apaisé. Pour en savoir plus, je me permets de renvoyer à ma publication sur "La grève en France au XXIe siècle)".

     

    SOURCE:

    CI-DESSOUS LIEN VERS L'ARTICLE PAYANT AUQUEL SE RÉFÈRE STÉPHANE SIROT :