• LA TRIBUNE DE NAJAT =

    « Les droits des femmes passent par la gauche »: ma tribune dans Le Monde, aujourd’hui 8 mars…

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    « Les droits des femmes passent par la gauche »: ma tribune dans Le Monde, aujourd’hui 8 mars…

    Je vous invite à lire la tribune que je co-signe avec Caroline De Haas, militante socialiste et féministe, dans Le Monde d’aujourd’hui, en cette Journée Internationale de la Femme. A lire ici, ou sur le site du monde.fr (adresse plus bas). Bonne journée à tous et à TOUTES!

    « S’il est un terrain sur lequel le bilan de la droite au pouvoir est sans appel, c’est bien celui de l’égalité femmes – hommes. Depuis 2009, la France a dégringolé de la 18ème à la 48ème place dans le classement mondial dressé par le Forum économique mondial. La France affiche un des pires niveaux au monde pour les inégalités de salaire : elle se classe à la 127ème place sur 134. On comprend que Nicolas Sarkozy, le gouvernement et l’UMP choisissent de faire l’impasse sur le sujet.
    Que les femmes, elles, continuent de subir le sexisme ordinaire dont les effets ont été démultipliés par la crise économique, et sa gestion calamiteuse au cours des cinq dernières années…
    Du côté de l’extrême-droite, c’est encore bien pire, avec une Marine Le Pen qui propose un salaire inférieur au SMIC pour que les femmes restent à la maison, rayant d’un trait de plume les précieux acquis de la longue et belle histoire du féminisme pour la conquête de l’émancipation individuelle, et de l’autonomie professionnelle et financière.

    Impossible, pour la gauche, de ne pas proposer le changement, et de tolérer une telle régression, sans précédent depuis les années 70. Les réformes successives des retraites, celle de l’hôpital public, le développement des contrats précaires dans l’emploi, ou encore les restrictions budgétaires dans le domaine de la petite enfance ont touché de plein fouet des millions de femmes. La conséquence principale, c’est la précarité qui s’étend. Ce n’est pas seulement un plafond de verre qui touche les femmes en situation de responsabilités, mais un plancher collant qui « scotche » les femmes dans des difficultés sociales sans fin, voire dans la dépendance économique. C’est la réalité que connaissent les 1,5 millions de femmes mères de famille monoparentales, les 4,5 millions de femmes salariées à temps partiel, le plus souvent subi ou les 2 millions de femmes employées dans le secteur des services à la personne. Des salaires de 690 euros par mois en moyenne et des horaires décalés alors qu’elles accomplissent des tâches fondamentales pour permettre aux parents d’aller travailler, aux personnes âgées de vivre dignement, aux enfants d’être éduqués : ces femmes ne peuvent rester plus longtemps les grandes oubliées des politiques publiques.

    Pour les militantes socialistes et féministes que nous sommes, la critique de la domination masculine va de pair avec la critique du libéralisme sauvage : si on laisse le marché et la libre concurrence faire absolument ce qu’ils veulent, comme ils veulent, avec qui ils veulent, sans que le droit du travail intervienne pour imposer les valeurs républicaines au cœur des entreprises, les victimes seront toujours les mêmes, les femmes, et avec elles, le progrès pour la société tout entière.

    Tant que la moitié de la population sera considérée, dans l’emploi, dans les foyers, dans la vie politique, comme une donnée mineure, comme une variable d’ajustement, la société française sera tirée vers le bas. C’est l’un des messages qu’a toujours porté la gauche, et que François Hollande rappelle dans ses propositions : l’égalité réelle dans la République passe d’abord par l’égalité entre les sexes.

    Les mesures à mettre en œuvre sont connues : elles sont portées par les associations féministes depuis des années. La première d’entre elle est la mise en place d’un ministère des droits des Femmes. La gauche est bien placée pour le savoir : le premier et seul ministère de ce type a été créé par François Mitterrand en 1981. Il a permis le remboursement de l’IVG, des campagnes d’éducation à la sexualité, une des premières lois sur l’égalité professionnelle. Au-delà de ce ministère, François Hollande l’a rappelé au Bourget : il agira pour l’égalité salariale et professionnelle et la parité. En matière d’égalité professionnelle, il faudra renforcer la loi existante, rabotée par la droite et agir pour revaloriser les métiers à dominante féminine.

    Dans ce domaine, nous pouvons prendre exemple sur le Québec : un travail minutieux y a été amorcé pour comparer les métiers et évaluer leur reconnaissance à la fois sociale et salariale. Le plus intéressant, c’est que lorsqu’on augmente les salaries ou la reconnaissance sociale dans une branche à dominante féminine, elle a tendance assez rapidement à devenir mixte. La gauche reviendra aussi sur les fermetures de centres IVG ou les baisses de crédits des associations féministes – comme celles récentes du Planning Familial. Nous ferons appliquer la loi sur les violences, votée à l’unanimité en juillet 2010, et dont nous ne voyons aujourd’hui pas les bénéfices. Nous engagerons une réforme du congé parental afin qu’il soit réduit, et partagé à égalité entre les deux parents. Dans tous les domaines, il faudra agir.

    Nous ne sommes pas naïves : le combat pour les droits des femmes est un combat de longue haleine. Il s’appuie sur les mouvements féministes sans lesquels aucune des avancées n’aurait été possible. Mais pour être victorieux, il doit engager bien plus qu’un candidat à l’élection présidentielle, un projet, un parti, une famille politique. C’est tout un pays qui doit appeler au changement, maintenant.

    Via:

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/08/les-droits-des-femmes-passent-par-la-gauche_1653522_3232.html#ens_id=1653518

    Photo d’illustration (©Frédéric Boulant)


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