Doux - Controverse La double casquette de Xavier Beulin sur la sellette Doux : que fait la FNSEA ?

DIRIGEANT SYNDICAL et homme d’affaires : la controverse sur la double casquette de Xavier Beulin, n° 1 du principal syndicat agricole français, la FNSEA, et président de Sofiprotéol, un puissant conglomérat industriel qui compte Lesieur parmi ses filiales, a été mise en lumière par le dossier Doux.

Des organisations syndicales rivales ont, dès la désignation de Xavier Beulin à la tête de la FNSEA fin 2010, dénoncé cette « confusion des genres », posée sur la place publique mercredi par le PDG du groupe Doux, Charles Doux. Avec l’élection de Xavier Beulin, pour la première fois depuis pratiquement 40 ans, la présidence du syndicat échappait à un éleveur pour échouer à un représentant des céréaliers, le haut du panier en terme de revenus agricoles.

« Suppression de 200 éleveurs »

« Vous exprimiez-vous en qualité de président de la FNSEA ou en qualité de président de Sofiprotéol, dont l’offre a été jugée irrecevable » par le tribunal, interpelle Charles Doux dans une lettre ouverte à l’adresse de son concurrent, rappelant que l’offre Sofiprotéol « sur l’export conduisait à la suppression de 200 éleveurs à court terme ».

Les 800 éleveurs qui livrent leur production à Doux sont majoritairement adhérents de la FNSEA, ce qui ne les empêche pas, relève le volailler breton, de soutenir « majoritairement notre offre car elle sauvegarde la filière » alors qu’on s’attendrait à les voir soutenir celle du président de Sofiprotéol.

A ce sujet, les éleveurs semblent subir de plein fouet les effets de la double responsabilité de leur dirigeant syndical. Ainsi, dans un premier temps, l’association des éleveurs bretons avait soutenu l’offre Doux, avant que son président ne change son fusil d’épaule pour soutenir Sofiprotéol, et ne soit désavoué par le bureau de l’association, resté fidèle à l’offre Doux…

« Beulin a sifflé la fin de la récréation », a commenté, sarcastique, un militant syndical d’une autre obédience, pour expliquer le revirement du président de l’association des éleveurs.

Une source proche du dossier va encore plus loin : « On peut se demander si le fait que la FNSEA n’ait pas levé le petit doigt pour le groupe Doux n’est pas lié au fait que son président soit aussi le président de Sofiprotéol ».

« Consommateurs captifs »

« Pour la première fois, on a une intégration économique de l’appareil syndical, une confusion totale des genres. Xavier Beulin fait une offre et, le lendemain, Beulin Xavier considère une autre offre comme insuffisante. J’espère que XB n’est pas schizophrène », ironise Philippe Collin, porte-parole national de la Confédération paysanne.

« La filière céréalière », incarnée par Sofiprotéol, « a un intérêt évident à maintenir sous contrôle les éleveurs qui sont des consommateurs captifs de première importance », assure Philippe Collin. Selon des chiffres couramment acceptés, 800.000 tonnes de céréales sont consommées chaque année par les volailles Doux.

« Je crois dans cette affaire avoir joué l’intérêt général et pas l’intérêt particulier », a répondu vendredi le céréalier face aux accusations de Charles Doux qui lui demandait de défendre « l’intérêt général » et d’écouter ses adhérents « en qualité de président de la FNSEA ».

« Si un jour, la question est trop sensible et qu’elle est considérée comme pouvant porter atteinte aux intérêts ou du groupe Sofiprotéol ou de la FNSEA, j’en tirerai les conséquences […] Mais je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui ». Le dirigeant assume jusqu’au bout : « Je ne me sens pas du tout aujourd’hui ni gêné, ni même en situation délicate par rapport à cette double fonction. J’aspire à ce que les dirigeants agricoles […] aient ce double regard, un regard syndical et un regard plus économique ».

Source estrepublicain.fr