• OUH LA , LE CHANGEMENT AU PS , C' EST MAL PARTI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Mercredi 4 juillet 2012 3 04 /07 /Juil /2012 14:41


    Par DESIRS D'AVENIR HERAULT

    PS : Martine Aubry « partie pour rester »

    | Par Stéphane Alliès

    mediapart

     

    Et si c'était encore elle? Depuis quelques jours, la question du prochain congrès du PS agite les crânes socialistes. Et si Martine Aubry a toujours annoncé son intention de quitter la tête du parti, en y adjoignant à chaque fois quelques précautions oratoires rendant possible un changement d’avis, la situation est aujourd’hui très incertaine.

    Malgré des contestations internes, portées par les proches de Benoît Hamon et soutenues par les proches de François Hollande, le calendrier du congrès a été entériné lors du bureau national de mardi. Contrairement à ce qu’ils espéraient, le tempo reste pour le moins serré : le congrès aura lieu du 26 ou 28 octobre, et le dépôt des contributions est pour dans trois semaines, avant un conseil national de synthèse prévu le 12 septembre, d'où ressortiront les motions soumises au vote des militants début octobre. Cela laisse donc peu de temps pour s’organiser et mobiliser les troupes internes.

    Dans la “solférinologie”, le choix du lieu est souvent un signe avant-coureur de la suite des événements. Angers la hollandaise était en piste, mais c’est Toulouse l’aubryste qui a finalement été retenue (le maire Pierre Cohen est un soutien de la première secrétaire). Comme ce fut le cas de Reims en 2008, ville d’Adeline Hazan (une autre proche d’Aubry). Il n’en faut pas plus pour que les lieutenants de François Hollande y voient un signe que « Martine est partie pour rester ». Après avoir laissé entrevoir une « tentation de Lille » suite au choix de Jean-Marc Ayrault à Matignon, Aubry réfléchit à son avenir, agacée par le début du quinquennat Hollande. 


    « En ce moment, elle est furieuse », confient plusieurs de ses proches. Le remaniement gouvernemental a vu ségolénistes et radicaux promus, tandis qu’ils ne sont toujours que deux « aubrystes historiques » à être ministres, dont une seule de plein exercice, Marylise Lebranchu et François Lamy. Le remplacement de Nicole Bricq par Delphine Batho au ministère de l’écologie lui a rappelé l’épisode du MOX (lire ici), et l’élection de Jean-Paul Chanteguet, le suppléant de Michel Sapin, à la tête de la commission parlementaire du développement durable, en lieu et place du député écologiste Denis Baupin, est un nouveau coup de canif à l’accord passé par le PS d’Aubry avec le parti écolo. Ultime provocation ayant le don d’irriter au plus haut point la première secrétaire, la désignation comme questeur de l’Assemblée de Bernard Roman. Un fidèle de Hollande, mais aussi l’opposant interne historique d’Aubry à Lille, depuis qu’elle lui a pris sa place de successeur de Pierre Mauroy.

    « Il y a un problème d’autorité, décrypte un député. Aujourd’hui, Martine en a moins que Hollande et Ayrault, mais eux ne tranchent rien, et Bruno Le Roux (le nouveau président du groupe socialiste - ndlr) laisse faire. » « Le Roux ne maîtrise rien, confirme un ministre. Il est là car il est proche de Hollande, pour assurer la régulation démocratique du groupe, mais il va avoir du mal à le faire marcher au pas. » Personne ne sait toutefois vraiment si ce flou est subi ou choisi par l’exécutif. Un ancien ministre de Jospin se contente de manier l’euphémisme : « En ce moment, par rapport au parti et aux équilibres, Hollande est attentif à ne pas louper une occasion de ne prendre aucune décision. » Et « comme personne n’assume rien, dit un conseiller d’Aubry, elle essaie de jouer le rôle de la patronne tant bien que mal, mais ça commence à la gonfler ».

    Autre sujet qui pourrait bientôt crisper les relations, la mise en œuvre du non-cumul des mandats pour les parlementaires, adopté massivement par les militants lors du référendum sur la rénovation, mais qui ne semble plus être désormais la préoccupation des 188 (sur 315) députés socialistes et radicaux de gauche concernés (lire l’enquête du site Francetv.info). Après la primaire, c’était la raison officielle qui entourait le souhait d'Aubry de reprendre ses fonctions de première secrétaire. Et durant la compétition interne, cela avait été l’un des débats les plus accrochés entre les deux postulants, Hollande finissant par s’engager à ce que la promesse faite et votée par le parti, mais en réalité par Aubry, soutenue alors par les seuls proches de Montebourg et Royal, soit tenue.

    « Il n’y a plus personne au parti »

    « Elle a un pouvoir de nuisance incroyable », pestent de leurs côtés beaucoup de cadres hollandais. Eux digèrent mal la mainmise qu’elle continue d’exercer sur les investitures du parti. Exemple le plus parlant : les parachutages in extremis (au lendemain de l’élection de Hollande) de Jean-Marc Germain, son directeur de cabinet et homme de confiance, dans les Hauts-de-Seine, comme du strausskahnien Christophe Borgel à Toulouse, ou de la fabiusienne Pascale Boistard dans la Somme au détriment du lieutenant historique du président de la République, Faouzi Lamdaoui. Dans le viseur des lieutenants politiques du chef de l’Etat, les investitures aux prochaines élections locales et européennes à venir à partir de 2014...

    Les hollandais historiques aimeraient récupérer enfin un parti qu’ils estiment être leur dû depuis la victoire de la primaire. Mais ils paient aujourd’hui le souci d’apaisement et d’unité du PS de Hollande, préférant laisser à sa rivale du second tour les clés du camion socialiste, en échange de sa loyauté pendant la campagne (lire notre article). « Même une fois élu, Hollande n’a mis en place aucun dispositif de reprise en main du parti, note un proche de Benoît Hamon. Au contraire, il a bien réaffirmé qu’il n’interviendrait plus dans la vie du PS. Ça laisse le champ libre à toutes les initiatives. » Alors, le rituel de la grosse motion prévisible succédant à une victoire électorale nationale, dans la continuité de 1981 et 1997 (où le successeur du chef était imposé par lui), se heurte à un fait nouveau dans l’histoire des socialistes au pouvoir : pour la première fois, le président élu ne tient pas le parti.

     

    Toutes les instances dirigeantes issues de la majorité du congrès de Reims sont majoritairement aubryste, fabiusienne et hamoniste, tandis que les hollandais, qui avaient soutenu un Bertrand Delanoë favori mais finalement battu, sont peu représentés. Afin de garantir l’unité du parti, Hollande n’a jamais souhaité entrer en guerre ouverte avec la première secrétaire qu’il a battue lors de la primaire. Mais du coup, l’espoir de récupérer Solférino pour en faire une courroie de transmission a du plomb dans l’aile. Alors, la constitution de la grosse motion ne peut passer que par un compromis sur sa composition, et notamment sur le nom de son premier signataire, qui, selon les nouveaux statuts adoptés en 2010, sera obligatoirement le candidat à la direction du PS.


    « On veut au moins un parti équilibré, où il y aurait davantage de collégialité, dit un soutier de l’embryonnaire sensibilité Hollande. Car il faut au moins lever la contradiction entre un courant au pouvoir et un autre courant dirigeant le parti. » Si le positionnement « transcourant » que François Hollande a imaginé dès la fin des années 1980 a été un avantage indéniable pour peu à peu s’emparer du parti et en conserver dix ans durant la tête, en étant le dénominateur commun d’une majorité sociale-démocrate s’appuyant sur de solides barons locaux, il en voit aujourd’hui les limites.

    « Malgré une demande forte de structuration à la base, il n’y a jamais eu d’organisation digne de ce nom dans la foulée de la primaire », explique un cadre hollandais de l’époque où le désormais président était premier secrétaire. Et même parmi les soutiens d'alors de Hollande, on retrouve deux sous-chapelles pas franchement fidèles de longue date au nouveau président : les proches de Vincent Peillon (issus de la motion présentée par Ségolène Royal en 2008) et ceux de Pierre Moscovici (une partie de l’ancien courant de Dominique Strauss-Kahn).

    Jusqu’ici, pour la préparation du congrès, « à peine quelques coups de fil ont été passés et une petite équipe se met en place, mais on ne peut pas dire que le travail a été fait, regrette un proche de longue date de Hollande. Pourtant, ce n’est pas comme si on ne savait pas depuis longtemps qu’il y aurait un congrès après la présidentielle ». « Il n’y a plus personne au parti, admet un jeune hollandais. Il va falloir trouver une nouvelle génération pour pouvoir la faire monter. » « On va recruter parmi les nouveaux députés et les indécis, qui vont nous rejoindre par protection », veut croire un autre cadre socialiste tendance Hollande.

    « Personne ne veut ni ne peut aller à la bagarre »

    Pour l’heure, la plupart des proches du Président sont déjà aux postes clés du parlement ou du gouvernement. « Même la relève est de notre côté, plastronne un secrétaire national. Beaucoup de jeunes députés, beaucoup d'élus issus de la diversité, sont des aubrystes. De porte-flingue mobilisable chez Hollande, qui ne soit pas ministre et qui y ait un peu de bouteille dans l’appareil, il n’y a quasiment plus que Rebsamen. »

    Par conséquent, une grosse motion ne peut se faire qu’aux conditions d’Aubry. Rebsamen n’entend pas abandonner sa présidence du groupe PS au Sénat pour un combat qu’il ne serait pas sûr de gagner. Et pas sûr qu’il apparaisse comme un candidat de compromis aux yeux d’Aubry, qui garde en mémoire sa volonté de la « putscher », au lendemain des européennes de 2009. Autre nom un temps évoqué, celui de Stéphane Le Foll. Mais celui-ci est désormais ministre de l’agriculture. A l’inverse, l’hypothèse d’un Guillaume Bachelay succédant à Aubry ne ravit pas l’entourage de Hollande. « Dans la période qui s’ouvre, si l’on veut faire autre chose qu’un parti godillot, il va falloir que le premier secrétaire ait de l’autorité et une reconnaissance de sa parole. A l’heure actuelle, cela ne pourrait être qu’un ministre », dit un membre du gouvernement, plutôt proche d’Aubry.

    Mais l’entourage proche de la première secrétaire s’est également éloigné. Jean-Marc Germain et Christophe Borgel sont députés, François Lamy ministre délégué, et d’autres conseillers vont être recasés dans les sphères du pouvoir. « Il va falloir voir si elle recrute pour les remplacer, car sinon ce sera un signe », glisse un permanent de Solférino. « Si elle veut rester, elle restera. Personne ne veut ni ne peut aller à la bagarre », soupire de son côté un hollandais. « C’est elle qui a la décision entre ses mains, dit un responsable de l’aile gauche du parti, qui s’interroge encore pour déposer une motion alternative. Mais est-ce que c’est souhaitable qu’elle continue, alors qu’elle sera nécessairement dans un registre plus effacé, après un mandat positif et couronné de succès électoraux ? Entre la fatigue et l’usure de sa parole, ça peut être compliqué. »

    Au congrès de Reims, c’est Claude Bartolone qui avait déposé la candidature de Martine Aubry, quelques minutes seulement avant l’heure limite. Devenu président de l’Assemblée, il ne pourra plus refaire le même coup. Cette fois-ci, elle devra décider toute seule. « En ce moment, elle est plutôt sur la ligne “Qu’ils aillent tous se faire foutre”, dit un proche d’Aubry. Mais en même temps, Martine avance souvent au pied du mur. Si elle voit que c’est le bordel, et qu’aucun nom ne fait l’unanimité, alors… »

     

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