«Nafissatou, on te croit!» La pancarte brandie par une vingtaine de militantes féministes devant le tribunal de New York mardi n’aura de toute évidence pas pesé un gramme dans la décision du juge new-yorkais Michael Obus d’abandonner les charges à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn. Mais elle traduit le sentiment d’amertume, sinon d’injustice, ressenti tout au long de l’affaire et plus encore à son issue hier mardi (au pénal du moins) par les féministes des deux côtés de l’Atlantique.
(A New York pendant l'audience, mardi. - Photo Jessica Rinaldi / Reuters)
Sentiment né tout autant du discrédit tombé d'un seul bloc sur Nafissatou Diallo que des sonores ouf de soulagement poussés à gauche depuis l'épilogue d'hier, du «la justice américaine a reconnu l’innocence de Dominique» de Jean-Christophe Cambadélis au «je suis très heureuse» de Martine Aubry. Marie-George Buffet (PCF), qui a vu dans la décision de la justice américaine, «en revenant au temps où les victimes de viols étaient à priori coupables», une «mauvaise nouvelle pour la justice et pour les femmes» et le NPA, dénonçant «un coup très dur contre le droit des femmes victimes de violences sexuelles, de viols», ont été bien seuls.
Le triomphalisme tendance «circulez il n’y a plus rien à voir» risque bien, s'alarment les féministes, de noyer la libération de la parole qui avait émergé au début de l’affaire. «Ce n’est pas parce que la justice américaine a cru bon de prendre la décision qu’elle a prise qu’il faut en conclure qu’il n’y a pas de problème», proteste la présidente du Planning familial Carine Favier. «Cette affaire a levé le voile sur un certain nombre de réalités dont sont victimes les femmes, il serait extrêmement dommageable de faire aujourd'hui comme si rien ne s’était passé.»
«C'est vrai, Nafissatou Diallo n'avait guère de chance de gagner un procès pénal et de convaincre 12 jurés "au delà du doute raisonnable". Cela ne prouve pas que DSK (...) Lire la suite sur Liberation.fr