• publié par les Militants de l' ESPOIR A GAUCHE =

     

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    Ségolène Royal : "Je viens de vous le dire, Jean-Pierre Elkabbach, l’élection présidentielle, ce n’est pas un gadget ni un feuilleton à répétition"

    Ségolène Royal était l’invitée de Jean-Pierre Elkabbach ce matin à 8h20 sur Europe 1. Bien sûr, il  n’a pas pu s’empêcher de parler pendant la première moitié de l’interview de DSK avec des plans sur la comète, et de conclure sur une question sur DSK.

    Jean-Pierre Elkabbach s’est rappelé à notre bon souvenir, coupant la candidate à la primaire socialiste pendant toute l’interview, ou essayant de la couper, parce que Ségolène Royal a acquis une grande combativité de guerrière (voir Post ici), et à plusieurs reprise a dit ce qu’elle avait à dire intelligiblement sans s’occuper de ses prises de parole intempestives.

    En synthèse, Ségolène Royal, interrogée sur DSK a rappelé quelques principes : le but de la présidentielle – changer « de président de la République » et changer la vie des Français, et pas d’alimenter « un feuilleton à répétition » ; la responsabilité des candidats déjà engagés dans la primaire« réussir ce grand moment démocratique en apportant des solutions aux problèmes que vivent les Français », « le chômage et » « la précarité ».

    Comme Jean-Pierre Elkabbach insistait, Ségolène Royal a déclaré qu’« il faut [Dominique Strauss-Kahn] laisser tranquille » et « arrêter de lui mettre de la pression aujourd’hui », puis a coupé court : « je ne veux plus rien dire sur ce sujet ».

    Car il y a d’autres priorités pour les Français a-t-elle expliqué : « chômage », « dette publique », « croissance » en berne. Et de répéter :

    « D’abord m’occuper des Français et avancer des solutions concrètes, puisque comme vous le savez, je veux être la candidate des solutions, la candidate de l’ordre social juste, la candidate de l’équité. »

     

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    Puis de parler de sa visite à Sarcelles et Aubervilliers hier, du chômage des jeunes :

    « Je veux que dans notre pays, et c’est la proposition que je fais, que tous les jeunes aient une bonne raison de se lever le matin, et qu’on leur trouve soit un apprentissage, soit une formation en alternance, soit un service civique, soit un engagement Première Chance, mais qu'aucun jeune ne reste en situation d’inactivité en France. »

    Interrogée sur le « conservatisme » du PS et du Font national, mis dans le même panier par Jean-François Copé, Ségolène Royal a tiré à boulets rouges sur « la politique actuelle que soutient Jean-François Copé » :

    « Certains disent même qu’on est revenu, vous savez, à la situation des années 20, avec des inégalités de patrimoine et des inégalités de revenu qui sont proprement inadmissibles, qu’il y a eu des cadeaux fiscaux qui ont été faits aux plus fortunés […], et donc il faut remettre en avant à la fois les valeurs fondamentales de notre pays, des valeurs morales, la valeur travail. »

    Quand Jean-Pierre Elkabbach a parlé de la « convention nationale pour la refondation sociale » de l’UMP, « le contrat plutôt que la loi et la fin définitive des 35 heures », Ségolène Royal, sans s’énerver, s’est carrément indignée :

    « Si la droite a l’intention de détruire les 35 heures, que ne l’a-t-elle fait pendant les 10 années de pouvoir ? […] Mais qu’est-ce que ça voudrait dire, toucher aux 35 heures ? Ça voudrait dire payer moins les heures supplémentaires. Autrement dit, ça voudrait dire que Nicolas Sarkozy, qui a été élu sur le « travailler plus pour gagner plus » aujourd’hui nous ferait le « travailler plus pour gagner moins ». […] Ça n’est ni équitable, ni efficace. »

    Frédérick Moulin

     

    Ségolène Royal : "laisser DSK tranquille" par Europe1fr

     

    Transcription par Militants de l’Espoir À Gauche avec Ségolène Royal / F.M.

    Jean-Pierre Elkabbach : bienvenue Ségolène Royal et bonjour.

    Ségolène Royal : bonjour.

    Jean-Pierre Elkabbach : est-ce que vous pensez vous aussi que personne ne s’opposerait à la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la primaire PS ?

    Ségolène Royal : oui.

    Jean-Pierre Elkabbach : dans ce cas, est-ce que vous resteriez en compétition ?

    Ségolène Royal : écoutez, moi je crois que l’enjeu de l’élection présidentielle, ce n’est pas un feuilleton à répétition. La responsabilité des socialistes, c’est d’être prêts pour réussir le changement en 2012, pour que la France change de président de la République, et que notre pays trouve un autre chemin.

    Jean-Pierre Elkabbach : donc vous resteriez en compétition ?

    Ségolène Royal : mais je crois que tous les candidats qui ont déposé leur candidature et leur parrainage ont la responsabilité maintenant de s’engager dans les primaires et de réussir ce grand moment démocratique en apportant des solutions aux problèmes que vivent les Français, et le problème principal que vivent les Français, c’est le chômage et c’est la précarité.

    Jean-Pierre Elkabbach : est-ce que vous pensez que Dominique Strauss-Kahn peut venir participer à une présidentielle, et si c’est le cas, est-ce qu’il a besoin, est-ce que vous avez besoin de primaires ?

    Ségolène Royal, après une profonde inspiration : je pense qu’il faut le laisser tranquille à l’heure où nous parlons Il a je crois d’autres priorités compte tenu de ce qu’il vit aujourd’hui, et il doit prendre son temps et dire ensuite tranquillement ce que lui compte faire.

    Jean-Pierre Elkabbach : est-ce que vous lui demandez ce matin de dire assez vite son choix ?

     

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    Ségolène Royal : je viens de dire qu’il faut arrêter de lui mettre de la pression aujourd’hui, le calendrier de l’élection présidentielle française n’est pas assujetti au calendrier judiciaire américain, et je crois qu’il faut maintenant tourner la page de cette justice spectacle, et je ne veux pas moi en rajouter par des commentaires, au torrent, pour ne pas dire au déluge de commentaires médiatiques sur tout cela.

    Jean-Pierre Elkabbach : vous parlez de la justice américaine Ségolène Royal, est-ce qu’on peut affirmer que maintenant que Dominique Strauss-Kahn est victime d’une erreur policière et judiciaire ?

    Ségolène Royal : je ne veux plus rien dire sur ce sujet, parce que ma responsabilité, étant candidate à la primaire pour l’élection présidentielle, c’est d’abord de m’occuper des Français et d’avancer des solutions concrètes, puisque comme vous le savez, je veux être la candidate des solutions, la candidate de l’ordre social juste, la candidate de l’équité.

    Et aujourd’hui il y a des problèmes cruciaux qui se posent en France, vous avez vu que le taux de chômage vient d’augmenter, que la dette publique vient d’augmenter, que le déficit commercial augmente également, alors que la Cour des comptes vient de révéler, de démontrer que les deux tiers du déficit sont dus à une mauvaise politique aujourd’hui gouvernementales.

    Et donc il faut mettre en place des solutions neuves qui permettent à nos entreprises de redémarrer, c’est-à-dire de refabriquer de la croissance économique pour distribuer du pouvoir d’achat. Voilà l’essentiel.

    Jean-Pierre Elkabbach : et es-ce que vous ne pensez pas que malgré tout, dans cette campagne, l’ombre, s’il ne vient pas, l’ombre de Dominique Strauss-Kahn va surplomber, dominer la campagne 2012 ? Et est-ce que son soutien sera un atout ou un handicap pour celui qui ira ? Ou celle qui ira ?

    Ségolène Royal : je ne veux plus rien rajouter sur ce sujet-là, je crois. Laissons-le… franchement, laissons-le tranquille, et que chacun soit à sa tâche et fasse son travail, moi mon travail, aujourd’hui, c’est de continuer à rendre visibles les solutions que je propose

    Jean-Pierre Elkabbach, un ton en dessous, pendant que Ségolène parlait : alors… on comprend, mais … oui, non, mais je comprends… on va … on va avancer… mais… mais… mais… vous… vous voyez bien que de tous les côtés, bous avez regardé la presse, etc., vous voyez bien que l’on ne parle que de ça, alors que New-York c’est tout à côté si je puis dire. Est-ce que vous pouvez pas demander, est-ce qu’on peut demander, qu’une délégation du Parti socialiste aille le rencontrer, puisqu’il est libre, pour connaître ses intentions et sa décision. Ce serait tellement simple. Et qu’on parle d’autre chose, ou qu’on lui dise : il va arriver.

    Ségolène Royal : c’est précisément parce que la presse ne parle que de ça que moi je veux parler d’autre chose. Et qu’est-ce qu’ils me disent les Français ? Hier j’étais à Aubervilliers, j’étais aussi à Sarcelles, j’ai rencontré des jeunes, des familles, des services publics, des élus, les maires de ces communes, qui s’engagent tous les jours pour que ça aille mieux au quotidien.

    Que m’ont dit les habitants de ces quartiers ? Ils m’ont dit qu’il y avait des problèmes cruciaux de chômage des jeunes. Est-ce que c’est normal dans la France d’aujourd’hui qu’on laisse comme ça des jeunes dans l’inactivité ?

     

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    Moi je veux que dans notre pays, et c’est la proposition que je fais, que tous les jeunes aient une bonne raison de se lever le matin, et qu’on leur trouve soit un apprentissage, soit une formation en alternance, soit un service civique, soit un engagement Première Chance, mais qu'aucun jeune ne reste en situation d’inactivité en France.

    Voilà (par dessus la voix de Jean-Pierre Elkabbach qui cherchait à lui couper la parole), voilà un projet de société très important, et réalisable surtout !

    Jean-Pierre Elkabbach : si vous gagnez… très bien. Si vous gagnez, est-ce que vous renouvelez… est-ce que vous renouvelez ce que vous avez dit un jour, que Dominique Strauss-Kahn pourrait être votre premier ministre ?

    Ségolène Royal : je viens de vous le dire, Jean-Pierre Elkabbach…

    Jean-Pierre Elkabbach : ah non maaaais… mais oui…

    Ségolène Royal : … l’élection présidentielle, ce n’est pas un gadget ni un feuilleton à répétition. Aujourd’hui nous sommes engagés dans cette dernière ligne…

    Jean-Pierre Elkabbach, lui coupant la parole : c’est dur l’élection présidentielle, c’est dur ? Vous qui avez l’expérience ?

    Ségolène Royal : bien sûr, c’est une épreuve difficile, une élection présidentielle. Voilà, tout est mis à jour…

    Jean-Pierre Elkabbach, lui coupant la parole : il faut être en grande forme physique, intellectuelle, morale ?

    Ségolène Royal, parlant avant qu’il n’ait fini : oui, c’est une compétition, c’est une compétition difficile qui se prépare, qui nécessite une préparation de longue haleine. Voilà. Moi en ce qui me concerne, je me prépare depuis le 6 mai 2007, donc vous voyez, j’ai énormément travaillé, j’ai réalisé aussi et obtenu des résultats très importants dans la Région que je préside, c’est-à-dire que j’ai mis en application des idées, des valeurs auxquelles je crois, et je suis…

    Jean-Pierre Elkabbach, lui coupant la parole : c’est comme un laboratoire, qui permet de tester vos propres idées. Alors hier, lors du Grand Rendez-Vous, Jean-François Copé a lancé ici une charge véhémente contre le PS et le Front national, dont il dénonce le point commun, le conservatisme. PS-Front national, qu’est-ce que ça vous ferait comme réaction ?

    Ségolène Royal, après un profonde inspiration : je pense que lorsque le débat politique devient aussi caricatural, il n’est pas utile aux Français, donc il est très important que le débat politique monte d’un cran en qualité, parce que les Français ont le droit, en 2012, de faire un vrai choix de civilisation, un vrai choix de société.

     

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    Ségolène Royal : "Certains disent même qu'on est revenu, vous savez, à la situation des années 20, avec des inégalités de patrimoine et des inégalités de revenu qui sont proprement inadmissibles"

    Et en tout cas, ce que j’observe, c’est que la politique actuelle que soutient Jean-François Copé, d’abord est une politique très injuste, et les inégalités se sont creusées comme jamais, certains disent même qu’on est revenu, vous savez, à la situation des années 20, avec des inégalités de patrimoine et des inégalités de revenu qui sont proprement inadmissibles, qu’il y a eu des cadeaux fiscaux qui ont été faits aux plus fortunés, qui expliquent aussi une dégradation de la compétitivité économique, et donc il faut remettre en avant à la fois les valeurs fondamentales de notre pays, des valeurs morales, la valeur travail…

    Jean-Pierre Elkabbach, lui coupant la parole : la valeur morale aussi, vous pensez que … ?

    Ségolène Royal : bien sûr, des valeurs morales…

    Jean-Pierre Elkabbach : … vous pouvez ? Les uns et les autres ?

    Ségolène Royal : … les inégalités en particulier sont une atteinte grave à la moralité publique.

    Jean-Pierre Elkabbach : alors demain, demain, demain, l’UMP va lancer une convention nationale – ils vont faire beaucoup de bruit autour de cela – pour la refondation sociale, le contrat plutôt que la loi, et la fin définitive des 35 heures et des heures supplémentaires défiscalisées. Vous, vous estimiez dès 2007 qu’il fallait faire évoluer les 35 heures. Est-ce qu’aujourd’hui vous les défendez telles qu’elles s’appliquent ?

    Ségolène Royal : si la droite a l’intention de détruire les 35 heures, que ne l’a-t-elle fait pendant les 10 années de pouvoir ? Elle remet en cause les 35 heures depuis 10 ans dans la parole et pas dans les actes, ce qui prouve que ce n’est pas évident à faire. Qu’est-ce que ça voudrait dire remettre en cause les 35 heures ? Moi, je l’ai dit en vérité, en clarté, en toute transparence, l’application des 35 heures a créé, c’est vrai, un certain nombre de problèmes, notamment dans les services publics, dans l’hôpital, dans un certain nombre de petites entreprises, mais depuis les choses ont bien évolué, ne faisons pas comme si les choses n’avaient pas bougé depuis 10 ans !

    Jean-Pierre Elkabbach : donc ils peuvent pas y toucher même s’ils le disent ?

     

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    Ségolène Royal : "Mais qu’est-ce que ça voudrait dire, toucher aux 35 heures ?"

    Ségolène Royal : mais qu’est-ce que ça voudrait dire, toucher aux 35 heures ? Ça voudrait dire payer moins les heures supplémentaires. Autrement dit, ça voudrait dire que Nicolas Sarkozy, qui a été élu sur le « travailler plus pour gagner plus » aujourd’hui nous ferait le « travailler plus pour gagner moins ».

    Est-ce que c’est acceptable ? Chaque décision publique doit être prise sous l’angle suivant : est-ce que oui ou non cette décision est équitable ? Est-ce que oui ou non cette décision est efficace pour l’emploi ? Est-ce que remettre en cause les 35 heures c’est équitable ? Non, parce que ça voudrait dire que les salariés vont gagner moins pour le même nombre [d’heures] de travail.

    Est-ce que c’est efficace, c’est-à-dire est-ce que ça va relancer la croissance économique, est-ce que ça va permettre aux entreprises d’avancer, est-ce que ça va distribuer du pouvoir d’achat ? La réponse est non, donc ça n’est ni équitable, ni efficace, donc…

    Jean-Pierre Elkabbach, lui coupant la parole après une tentative infructueuse : ah ben voilà… voilà des… des commentaires avant leur convention. Euh, chaque jour vous faites et vous allez faire campagne cet été. Vous vous arrêtez ou… vous prenez pas de vacance, qu’est-ce que vous faites ?

    Ségolène Royal : mais si, bien sûr, je vais m’arrêter comme tous les Français, reprendre mon souffle, réfléchir, prendre un peu de repos…

    Jean-Pierre Elkabbach, parlant en même temps que Ségolène Royal : mais pas aller sur les plages, etc. ?

    Ségolène Royal : … voilà, mais on est toujours au travail d’une certaine façon quand on prépare une échéance présidentielle. Dans quelques mois il y aura l’élection de la primaire, et donc la responsabilité politique qui est la mienne, c’est d’être prête, et je ferai tout pour cela, à la fois dans un équilibre de tranquillité, de repos, et en même temps de travail et de réflexion.

    Jean-Pierre Elkabbach : merci. Est-ce que vous avez eu Dominique Strauss-Kahn au téléphone ?

    Ségolène Royal : je ne fais pas état publiquement des contacts personnels et privés que je peux avoir.

    Jean-Pierre Elkabbach : bonne journée.

    Guillaume Cahour : merci Ségolène Royal, merci Jean-Pierre Elkabbach, à demain.


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