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    Dimanche 12 février 2012 7 12 /02 /Fév /2012 15:02

    Ze Rédac     Nous n'avons que le pouvoir des mots !

    Par Arsinoé

    Eva Joly en meeting à Roubaix le samedi 11 février

    Eva Joly en meeting à Roubaix le samedi 11 février.

    Un zeste de pitié, un poil d’agacement, une pincée de rire : voilà les sentiments qui m’animent lorsque j’écoute et que je regarde Eva Joly. Hier, à Roubaix, tout cela s’entre-mêlait pour en arriver à une seule question : à quoi sert Eva Joly dans cette campagne, et une sous question : est-il bien nécessaire de prolonger cette torture au delà du raisonnable ?

    Le décor : tout de vert vêtu et, Ô miracle, un drapeau français pour celle qui fustigeait il n’ y a pas si longtemps encore le rituel du 14 juillet. Première incohérence.

    La salle en cercle, qui rappelle furieusement les salles de Ségolène Royal en format démocratie participative. Oui mais n’est pas Royal qui veut et à scruter les images des militants qui semblaient s’ennuyer à 100 sous de l’heure, mettre en cercle, en carré en triangle ou en coin ne change rien a l’affaire : quand c’est raté, c’est raté.

    Le look : Eva Joly veut se présidentialiser et personne ne peut ici lui en faire le reproche. Tailleur sombre, sourire crispé de circonstance, feuilles au pupitre. Oui mais voilà, personne n’y croit. Ça sent le fabriqué, le pas naturel, le conseil à l’oreille d’un entourage affolé et qui ne sait plus comment faire décoller une non-campagne. Car c’est bien là, le problème

    Je passe sur la blague en chti qui n’a fait rire que ses auteurs. Et si elle démontre un certain sens de l’auto-dérision, elle ne ramènera pas une cacahuète dans la besace de notre candidate écolo.

    Tout cela serait drôlissime si Eva Joly était simple patronne de parti, voire animatrice d’un groupuscule d’agitateurs d’idées et de consciences. Et encore ! On a connu les verts plus vitriolants, plus polémiques, Noël Mamère par exemple et son premier mariage gay ou Dominique Voynet et ses bagarres avec les chasseurs.

    Là, il ne se passe rien. Et quand on dit rien, c’est rien, nada, nothing ! Qui sait même qu’Eva Joly est en campagne ? Même le soutien de Daniel Cohn Bendit est quasiment passe inaperçu. Et ça n’est pas en donnant dans le genre poissonnière “pisse-vinaigre” et “casse-couilles” que Cécile Duflot fera redémarrer une campagne embourbée.

    Et pourtant, l’écologie se trouve au cœur du débat politique, des préoccupations des citoyens de la planète. L’écologie est probablement l’une des questions de civilisation les plus cruciale. Elle touche tous les êtres humains de cette planète, que ce soit sur les questions environnementales ou économiques et sociales. Sans mutation économique vers la sociale-écologie, sans mesures drastiques pour sauvegarder les forêts, les réserves d’eau et les espèces, dans un siècle aucun de nous ne sera plus là pour commenter les contre-performance de Nicolas Sarkozy ou la belle mise en scène de François Hollande au Bourget.

    Le voilà, le pêché originel des verts : se déchirer tellement, se détester tellement qu’ils n’ont jamais été fichu de s’entendre pour faire sortir de leur ghetto d’apparatchiks des idées fondamentales pour l’avenir de l’humanité et des candidats dignes de ce nom.

    De guerres pichrocolines en haines personnelles, de petites manœuvres à grandes détestations, voilà un parti qui n’a jamais su évoluer avec maturité, et surtout sens de la gouvernance.

    À part semer une belle zizanie pour obtenir une soixantaine de circonscriptions, qu’ont apporté les verts a la campagne de François Hollande ?

    Rien hormis l’image d’une candidate qui ne fait pas une campagne mais bel et bien un vrai chemin de croix, méprisée par la plupart des cadres de son parti, ignorée par les médias et moquée pour son accent.

    C’est dommage car Eva Joly fut une formidable magistrate qui aurait du en rester là.

    Après tout, François Hollande peut s’en réjouir puisqu’il devrait bénéficier à plein du vote utile des le 1er tour, avec une telle candidate verte. Mais on peut le regretter fortement. Car nous savons tous que la mutation écologique nécessaire passera forcément par un rapport de force avec le Parti Socialiste qui, à quelques exceptions près comme Ségolène Royal, n’a pas vraiment pris la mesure de l’urgence.

    Et le bras de fer électoral aurait du commencer par ces présidentielles.

    Il reste peut être une solution. Qu’Eva Joly se désiste en faveur du candidat PS et monnaye son désistement avec quelques circonscriptions en plus et de solides garanties de gouvernement.

    Ce serait pragmatique, efficace, courageux et cela nous éviterait d’avoir mal pour elle au fil de ces images, ces meetings qui n’en sont pas et cette cruauté médiatique qui ne lui épargnera rien.

     
     
     

     

     

     

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