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    La complainte d’Olivier

    La complainte d’Olivier
    La complainte d’Olivier

    par BHL59 (invité)

    « Je ne suis pas un zéro, mes faux pas me collent à la peau. » C’était, à peu de choses près, le discours que commençait à esquisser hier soir Olivier Falorni, après l’annonce des résultats à La Rochelle. Encore, il se réclame de la gauche, ami de François Hollande, socialiste depuis toujours. Personne ne revient sur ce fait, personne ne le remet en question. Mais il est, définitivement, à conjuguer au passé. La blessure est profonde, l’image est trop cruelle. 

    Ce que Falorni n’a pas compris, c’est le sens du collectif avant le personnel. C’est que l’engagement politique ne doit pas seulement être un avant-de-soi.
    Ce que Falorni n’a pas dit, c’est que le « parachutage » de Ségolène Royal (notion horrible, dont beaucoup de résultats sont peu glorieux, que les instances dirigeantes des partis devraient revoir en profondeur!) n’est pas le fond du problème.
    Ce que Falorni n’a pas fait, c’est accepter de jouer collectif plutôt que personnel, c’est reconnaître la candidature du Parti Socialiste sous les traits de Ségolène Royal.
    Ce que Falorni n’a pas eu, c’est la classe.

    Gagner pour des idées, d’accord. Mais de guerre lente, avec des soutiens dont le but n’est pas de vous faire gagner, mais plutôt de faire tomber votre adversaire, pas d’accord.
    Vous auriez du, Olivier Falorni, vous opposer au soutien des ténors de l’UMP qui ont appelés à se rassembler derrière votre nom contre Ségolène Royal. Celle qui -l’appartenance au PS et aux valeurs de la gauche dont vous vous réclamez tant n’ont pas pu l’oublier – il y a cinq ans représentait à l’élection présidentielle toute la gauche unie. Celle qui a fait reculer la droite sur vos terres de Poitou-Charentes. Celle qui a appelé au rassemblement derrière François Hollande dès le lendemain du premier tour des primaires socialistes. Celle qui, aux dits de tous, a largement participé à la Victoire en mai. Cette Ségolène Royal-là qui insupporte les ténors de droite et certains éléphants. Machisme, fierté mal placée, guerre d’égos, mésentente et désaccords profonds. Appelons cela comme on veut, et passons.

    Le fait est, Monsieur, que votre large victoire a été rendue possible à cause du large front anti-Royal.
    Le fait est, Monsieur, que les électeurs de gauche dont vous vous réclamez ont largement voté en faveur de Ségolène Royal.
    Le fait est, Monsieur, que ne siègerez non pas au sein groupe PS, mais tout seul.
    Le fait est, Monsieur, que si votre élection est bien celle de la Démocratie (vous avez été élu), elle est avant celle de la Honte (vous avez été élu avec les voix adverses).
    Le fait est, Monsieur, que vous êtes un salaud – dans le sens le plus profond du terme, ne reçevez pas mes hommages (ceux de Madame Trierweiler doivent vous être plus précieux).

    Ne soyez pas fiers de cette victoire. Soyez honteux de l’image donnée.
    Ne soyez pas surpris d’être le traître. Vous l’êtes, ignoble et méprisable.
    Ne soyez pas surpris de ne jamais plus appartenir au groupe des socialistes.

    Quelle victoire, lorsque l’on siège seul à l’Assemblée, lorsqu’aucune instance politique ne se réclame de vous?
    Quelle victoire, lorsque sur les terres de votre élection, seule la droite vous a soutenu?

    Quelle victoire, pour quelle défaite…?

    Mais finalement, ce beau paradoxe : vous ne vous remettrez jamais de cette victoire, Ségolène Royal sortira renforcée d’une cruelle défaite.
    Votre place dans l’hémicycle est le résultat d’un profond désaveu aux valeurs de la politique républicaine. La défaite de Royal, qui reste une défaite, est un signe de grandeur politique.

    « Toujours la trahison trahit le traître » : vous auriez peut-être du, comme Royal, lire Hugo.

    Retrouvez l’article dans son contexte original sur “Ciel mon avis !”, le blog de BHL59.


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