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    07/02/2012

    Ségolène en Campagne à Marseille ou Royal la Courageuse 2

    Par Lautréamont

    Ségolène Royal avec Jean-Louis Bianco et Najat Vallaud-Belkacem, le 4 février 2012 à l'AG de Désirs d'Avenir - © Razak

    Ségolène Royal avec Jean-Louis Bianco et Najat Vallaud-Belkacem, le 4 février 2012 à l'AG de Désirs d'Avenir - © Razak

    On pourra tout lui reprocher : un goût inné de l’improvisation,vue jouissance réelle à provoquer, à parler cash comme elle le dit au JDD, un sens aigu de l’opportunisme médiatique et politique. On pourra revenir à l’infini sur son caractère, souvent cassant, tranchant, et qui laisse entrevoir parfois une réelle sensibilité. On pourra gloser sur ses bourdes ou supposées telles, son allure tantôt martiale tantôt maternelle. On pourra disserter à l’infini sur sa complexité.

    En revanche, personne ne pourra enlever à Ségolène Royal son courage et sa loyauté. À la fois mélange d’amour propre, d’éducation rigide, militaire et discipliné à outrance, et sens des valeurs de l’honneur porté à son summum, probablement du à son militaire de père et à la dureté d’une vie familiale ou rien n’était autorisé à affleurer sous l’écorce âpre, à part les bonnes notes et les silences à table. 

    Et du courage, il en a fallu pour accepter sans broncher une défaite en 2007 qui n’aurait probablement pas eu lieu si les éléphants qui se trompent énormément, avait accepté à minima la désignation de cette femme étrange, charismatique et solitaire. Il en fallu du courage pour accepter de se faire chiper un congrès gagné, par une coalition petite ou dont ex compagnon ne fut pas le dernier à tenir le couteau. Il en a fallu enfin du courage pour encaisser ces 7% qui ne sont avant tout que le résultat non pas de son talent, mais de cet assassinat, au quotidien, jour après jour, de tout desir chez les électeurs de Royal. Royal née du desir d’un peuple et rejetée par l’absence de désir de ce peuple. Entre les deux, une entreprise de démolition à laquelle, je l’avoue, j’ai moi aussi participé de temps à autres tant il était facile de tirer sur la cible qui souvent, donna elle même quelques armes pour se faire abattre. Trop facile à dire vrai, de se laisser entraîner dans cette facilité mais nous fûmes des dizaines à nous y laisser aller, par paresse ou pour la joie d’un bon mot. Et Ségolène Royal résista, à ses propres faiblesses, à nos propres férocités, et un soir, elle pleura. Des larmes sincères qui soudain nous ramènent toutes et tous à ce pourquoi nous l’avions aimé en 2007 et si mal jugée en 2011.

    Car cet animal politique un peu magique, charismatique et prodigieusement intelligent à tellement changé, tellement progressé, tellement épaissi que nous ne pouvons aujourd’hui qu’avoir quelques regrets. Surtout lorsqu’on voit avec quelle loyauté, qu’elle ardeur elle se lance dans la campagne de son ex compagnon. À cœur battant, à cœur vaillant. Elle pourrait se contenter de faire une peu moins, ce serait toujours plus que ce qu ‘ ils firent en 2007. Mais non, elle repart au combat, comme l’écrit si bien Libération et s’apprête à décocher des flèches que personne d’autre, dans la vie politique française, ne saurait tirer aussi sûrement au cœur de la cible. Trahie, trompée, et probablement fatiguée, Royal ne cède rien, comme toujours et repart à la guerre. Est ce pour le perchoir ou un quelconque maroquin ? Même pas sûr. La guerre pour le goût du combat, de la gagne, de la politique, un art dangereux qu ‘elle pratique sans armures et sans filets.

    Et en l’écoutant défendre la cohérence du projet Hollande, les qualités du probable Chef d’Etat, on se dit qu’entre ces deux là demeure une alliance mystérieuse, insécable qui échappe à tous les regards.

    Avec cette loyauté et ce courage, Ségolène Royal nous rassure ailleurs que dans le champs politique : elle dit qu’une mère une femme font décidément de la politique autrement et pense certainement un peu plus aux autres qu’à elles mêmes. Au fond, par son attitude irréprochable à l’égard de son ex compagnon qui manque parfois de délicatesse, Royal ouvre à nouveau une voie, de par sa condition si particulière d’ex candidate battue par son ex compagnon : les femmes ne sont pas des hommes politiques comme les autres et méritent un jour d’accéder enfin au pouvoir suprême.

    Peut être y pense-t-elle dans un recoin de sa tête mais est-ce cela qui la guidera ce mardi soir, lors de cette réunion publique à Marseille ? Non.

    Elle pensera à cette France métissée, qu’ elle encourageait, en mars 2007 à Marseille, à cette jeunesse qui vota massivement pour elle en 2007, à cette marseillaise qu’elle fit chanter sous les cris de ses camarades socialistes, à ces valeurs républicaines et fraternelles qu’elle porta si fort en en être moquée, caricaturée, détruite. De cette blessure est peut être née le retour de la gauche à l’Elysée en 2012.

    Chacun peut lui dire merci. Quant à son avenir… Il s’écrit probablement aujourd’hui dans cette violente défaite qui appelle une reconstruction totale et… Un autre rêve… Peut être.


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