• Le 20 janvier 2016 à 14h15

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  • La guerre contre le terrorisme sera longue, très longue… [1/3]


    Un point de vue militaire russe sur la lutte contre Etat islamique en Syrie, mais aussi dans les pays d’origine des combattants djihadistes


    Vasily PavlovVasily Pavlov

    Une interview de Vassili Pavlov par Dmitri Pouchkov – Le 30 décembre 2015 – Source LiveLeak

    Vassili Pavlov est un ancien colonel de l’armée russe, devenu correspondant de guerre. Cet entretien avec lui est intéressant, non seulement sur ce qu’il dit de la Syrie – d’autres l’ont déjà dit, et surtout cela ne concerne que les Syriens – mais aussi parce qu’il explique comment chaque pays peut se protéger du terrorisme international.

    Ayant étudié pendant un an et demi autant qu’il le pouvait la nature du terrorisme international aujourd’hui, et les méthodes que les Syriens ont adoptées pour s’en défendre, il nous livre ses conclusions en 12 points.

    Un mot sur l’interview : Dmitri Pouchkov (alias Goblin), est un ancien policier, et il apporte ainsi une ou deux précisions sur le combat contre le crime et l’extrémisme. L’interview originale était plus longue et abordait les différents sujets à bâtons rompus. Elle a été réordonnée ci-dessous en 12 points. 

    1. – Une armée régulière ne peut être partout à la fois, alors que des rebelles le peuvent

    Dmitri Pouchkov : – Pourquoi devrions-nous aider la Syrie ?

    Vassili Pavlov : – Je pense que nous avons besoin de les aider, d’un point de vue moral, car ils mènent le bon combat, mais aussi d’un point de vue pratique, car ils combattent pour que le reste du monde n’ait pas à le faire. Ils combattent le terrorisme international qui en quelques années seulement s’est formidablement développé et menace non seulement la Syrie et les pays du Moyen-Orient, mais aussi le reste du monde.

    – Mais pourquoi l’armée syrienne ne peut-elle vaincre les rebelles ? Par manque de motivation, d’entraînement, de ressources ?

    Avant tout, le problème de l’armée syrienne n’est ni sa motivation, ni son équipement, mais le fait qu’une armée ne peut gagner une telle guerre en s’emparant d’une ville ou en battant l’ennemi sur un champ de bataille. C’est un véritable épouillage, chasse à l’homme après chasse à l’homme, et cela peut durer très longtemps. L’armée s’épuise à poursuivre des fantômes, son moral tombe, elle encaisse des pertes, même faibles…

    Et non, la Syrie n’est pas l’Union soviétique qui a pu combattre des contingents venus de toute l’Europe pendant quatre ans. La Syrie a une économie beaucoup moins diversifiée, et le nombre de soldats qu’elle peut appeler sous les drapeaux est beaucoup plus réduit. Le fait que l’économie soit faible explique qu’on ne peut faire une levée en masse – si on appelle tous les hommes, il n’y aura plus personne pour travailler et de toutes façons, la Syrie n’est pas assez riche pour financer une telle grande armée.

    Donc, la raison pour laquelle les Syriens ne gagnent pas n’est pas un quelconque manque de motivation ni un mauvais entraînement des soldats. Je ne les ai jamais vus manquer de courage. Le problème est que c’est une guerre terroriste, une guérilla, et que vous ne pouvez pas la gagner seulement en prenant une ville. Vous avez besoin de protéger simultanément chaque ville de votre pays, et aucune armée ne peut être assez forte pour le faire. Aussi, quand l’armée attaque une ville, elle doit redéployer des troupes venant d’autres villes, et les positions qu’elle abandonne sont immédiatement reprises par les terroristes. C’est une nouvelle façon de faire la guerre, et la solution est complexe parce qu’il n’existe pas encore suffisamment de retour d’expérience sur ce sujet.

    2. – Les frappes aériennes sont le plus souvent inutiles contre un ennemi dispersé et sans cibles de valeur

    Vous le savez, on parle souvent de détruire cette mythique infrastructure des rebelles. Mais en fait, c’est quoi, l’infrastructure des rebelles ? Ce sont des maisons qu’ils prennent aux civils – nous détruisons ces maisons, et ils en prennent d’autres !

    Juste une parenthèse au sujet des frappes aériennes américaines en Syrie. Selon ce qu’ils annoncent, les États-Unis ont mené 8 800 frappes aériennes et ont dépensé 5 milliards de dollars.

    Ils disent avoir détruit 129 chars – mais les rebelles ne fabriquent pas de chars ! Ce sont des chars américains que État islamique a capturés en Irak – ces blindés coûtent seulement 4 millions de dollars l’unité – et les Américains dépensent maintenant plus d’argent pour les détruire qu’ils n’en ont mis à les construire.

    Ils disent avoir détruit 365 voitures – mais les rebelles ne fabriquent pas de voitures, ils les prennent aux civils, et ils en prendront d’autres après les frappes. Ces bombardements n’occasionnent aucun réel dommage. En plus, il n’est pas nécessairement vrai que toutes ces voitures détruites aient été toutes des voitures utilisées par les terroristes…

    Ils disent avoir détruit 600 camps terroristes, 4 500 immeubles – mais, une fois encore, les terroristes ne construisent pas d’immeubles…

    – Peut-être y en avait-il à l’intérieur…

    Oui, bien sûr, il y avait peut-être des terroristes à l’intérieur, ou peut-être personne, ou peut-être des civils. Personne ne sait.

    Regardez, il y a un autre problème avec les attaques aériennes. Prenez par exemple la campagne en Irak : les pilotes américains ont dit avoir détruit deux fois plus de chars que les Irakiens n’en ont jamais possédés, et après la guerre on s’est aperçu que seulement 15% des chars avaient été endommagés, et qu’environ 10% de ceux-là semblaient avoir été touchés par des frappes aériennes. Par rapport à ce que l’US Air Force avait annoncé, il y avait 20 fois moins de dégâts. Et ce n’est pas dû aux pilotes américains. Un pilote ne peut pas réellement évaluer s’il a touché sa cible correctement, ni si c’est une vraie cible ou si c’est un leurre. Il sait juste qu’il doit frapper des coordonnées précises et qu’il doit y avoir une cible là. Il largue sa munition, quelque chose explose, il pense que la cible a été détruite. La différence entre ce que le pilote pense et les dommages réels est d’environ 20 fois. Alors, utiliser les forces aériennes dans une telle guerre est comme utiliser la puissance de feu d’un croiseur contre des moineaux.

    Honnêtement, je ne pense pas que ni les Américains ni les Russes puissent faire une réelle différence. Aussi, l’opération américaine consiste seulement à montrer qu’ils combattent les terroristes, et non seulement ils n’y arrivent pas en réalité, mais en plus ils en financent certains. Ils bombardent seulement les terroristes qui ne leur obéissent pas, ceux qui ne suivent pas les instructions – démontrant que l’obéissance paie. Et bien sûr, État islamique est aussi financé par le Qatar, Jabhat al-Nosra est aussi fiancé par l’Arabie saoudite, par conséquent les fonds continuent d’affluer.

    Donc, même si nous admettons que ces frappes aériennes sur l’infrastructure des rebelles ont un effet – les Américains annoncent avoir détruit 260 équipements pétroliers – d’accord, imaginons que toute l’infrastructure terroriste a été éliminée. Les terroristes n’avaient pas ces équipements avant de s’en être emparés, disons qu’ils ne les auront plus de nouveau, et donc quoi ? Les terroristes tireront moins d’argent du pétrole, et ils seront plus dépendants du Qatar et des Saoudiens. Ces quelques millions de dollars, ou dizaines de millions de dollars, qu’ils retiraient de la vente de pétrole, ce sont des pertes que les Saoudiens n’auront aucune difficulté à compenser. Et bien plus, dès que le pétroles des terroristes ne sera plus sur le marché, les Saoudiens seront capables de vendre eux-mêmes la même quantité pour combler la différence, et de donner l’argent aux terroristes. Donc cela ne règle pas le problème.

    Pour en revenir aux chiffres fournis par les Américains, ils ont dépensé 5 milliards de dollars et ont annoncé avoir tué approximativement 5 000 terroristes. Donc, chaque terroriste coûte au moins un million de dollars. Selon notre ministre russe de la Défense, en 4 000 frappes aériennes, nous avons tué plusieurs centaines de terroristes – une proportion qui semble plus réaliste. Donc vous comprenez – 4 000 frappes aériennes, et disons même un millier de terroristes – que le coût pour tuer un terroriste est incomparablement plus fort que le coût pour en engager un. Recruter un terroriste coûte 100 dollars, plus 100 autres dollars pour lui fournir un fusil. Et la guerre est une compétition économique – si nous dépensons 1 000 000 dollars pour tuer un terroriste que l’ennemi a payé 200 dollars, nous perdons la guerre.

    Au sujet de nos avions en Syrie, vous savez que nous les avons perdus en réalité – ils vont voler là-bas, ils vont dépasser leur kilométrage et ne pourront plus voler. Nous aurions tout aussi bien pu les donner aux Syriens, leur donner des munitions, cela aurait été plus facile. Oui, bien sûr, nos pilotes accumulent de l’expérience… Nous apprenons comment combattre dans ces guerres modernes, nous montrons notre implication au côtés de la Syrie, nous combattons face au terrorisme, etc… Dans plusieurs endroits, il est possible que nous ayons sauvé la vie de soldats syriens et apporté des victoires tactiques et libéré des villes. C’est vrai, mais cela ne règle pas la racine du problème – la solution stratégique doit être très différente. Bon, espérons que notre gouvernement fasse quelques avancées pour résoudre le problème, peut-être qu’il y travaille déjà.

    – Est-ce que la Russie a réellement évité des dommages collatéraux, comme nous l’avons entendu à la télévision ?

    Oui, et c’est une bonne chose, parce que j’étais très inquiet que nos avions soient utilisés essentiellement contre les zones urbaines. Ça aurait été un expédient tactique, et peut-être une bonne solution militaire, mais ça aurait été un très mauvais choix politiquement. Cela aurait changé fondamentalement l’attitude des Syriens eux-mêmes contre nous. C’est une chose que des Arabes se battent entre eux dans des villes, au milieu des civils, et une autre chose de voir des croisés se montrer et commencer à frapper les gens de la région. Sans compter le nombre de morts civils, cela aurait été un énorme problème. Autant que je sache, cela a été complètement évité. Au moins, selon mes informations, je n’ai eu aucune preuve crédible que notre force aérienne ait conduit des frappes aériennes massives sur les villes – tout le monde en aurait parlé aux actualités. [Bien que les rebelles aient constamment affirmé de telles choses, bien sûr, NdE].

    Après tout, je me considère moi-même comme un des meilleurs spécialistes russes de cette guerre – j’ai passé un an et demi à l’étudier de l’intérieur sur le terrain. Bien sûr, j’étais correspondant de guerre, mais avant tout je suis un officier, et j’étais intéressé à connaître les tactiques des terroristes, les tactiques à utiliser contre eux, comment la guerre progresse… Alors, quand le ministre russe de la Défense parle de détruire les centres de commandement des terroristes, les dépôts logistiques, ce sont des propos détachés de la réalité. Un simple exemple que tout le monde peut comprendre : les centres de commandement des rebelles ne peuvent pas être très éloignés de leurs unités, tout comme leurs communications se font par ondes courtes, signaux optiques, et leurs combattants sont souvent uniquement dans les villes. Alors dire que nous menons des frappes aériennes contre les centres de commandement terroristes à des centaines de kilomètres de la ville la plus proche… Peut-être qu’il y a du monde là-bas, mais dire que c’est un centre tactique essentiel… Il y a des exceptions, bien sûr, mais c’est plutôt improbable.

    3. – Vous devez cibler les pays qui recrutent, entraînent, arment et financent les terroristes, et non les mercenaires en Syrie

    – Avant toute chose, nous devons déclarer publiquement qui sont les vrais ennemis. État islamique, les autres terroristes… ce ne sont que des instruments, ils ne sont pas le véritable ennemi. Les vrais ennemis sont l’Arabie saoudite, le Qatar, les États-Unis, la Turquie, ou plus exactement les gens qui au sein de leurs gouvernements financent et arment les terroristes. Les djihadistes sont simplement un moyen, un marteau. Mordre ou frapper un marteau est parfaitement inutile. Même si vous arrivez à en casser un sans vous rompre les os, ils en prendront un autre – les marteaux ne sont pas chers. Donc nous devons traiter le problème à sa source.

    Tout d’abord, nous devons fermer les frontières syriennes. L’arme aérienne peut être utile ici – mais il y a le problème que cette tactique conduise à des conflits frontaliers. Alors, avant cela, nous devons déclarer que ces pays ont envahi un État souverain – je sais, c’est brutal, mais sans cela nous ne pouvons rien faire. Nous pouvons toujours écraser plus de mouches, mais s’il y a quelque chose exactement à côté qui les attire, ce sont des milliers qui arriveront.

    Ce type d’invasion n’a jamais été mené auparavant – j’appelle cela une invasion et non une guerre civile parce que les terroristes sont aujourd’hui dans leur grande majorité des étrangers… Une guerre civile est une guerre où la majorité des combattants des deux côtés sont des nationaux, et si dans un des camps, la grande majorité des combattants sont des étrangers, alors c’est une invasion. Rappelez-vous, durant la Seconde Guerre mondiale, le Général Vlassov : c’était un déserteur qui a combattu pour les nazis, un certain nombre de prisonniers russes ont combattu pour les nazis, mais personne n’a dit que la Seconde Guerre mondiale a été une guerre civile russe.

    4. – La sécurité frontalière et le contrôle des passeports sont la façon N°1 d’éviter le terrorisme

    Avant de frapper les terroristes, nous devons réfléchir aux manières d’éviter d’avoir à les sanctionner. Notre préoccupation est une et unique – se défendre contre les terroristes et battre les terroristes – parce que ce sont les mêmes méthodes qui sont en jeu. Le but principal de la guerre contre le terrorisme est d’arrêter les terroristes franchissant la frontière, c’est là la première tâche que vous devez réussir. Regardez, l’armée syrienne a éliminé plus de rebelles que ceux qu’elle combat aujourd’hui, mais comme il en vient de plus en plus, elle ne peut pas s’occuper de tous.

    La coalition que j’ai mentionnée – ces pays qui envoient des terroristes, qui les arment, qui les financent et qui les recrutent, partout dans le monde – inclut aussi la Russie. Comme notre gouvernement a commencé à le reconnaître, il y a beaucoup de citoyens russes qui se battent en Syrie.

    – On dit qu’il y en a 2 000 ?

    Deux mille est une estimation basse. On pourrait en compter beaucoup plus, et les Syriens eux-mêmes en comptent plus. Peu importe mais les chiffres sont plus élevés. Et en plus, ils n’arrêtent pas de tourner, ils vont et viennent. Et beaucoup reviennent chez nous, nous ne savons pas combien. Un certain nombre est pris, ou bien les services de sécurité sont à leurs trousses, mais il y en a dont on ne sait rien. Voilà la vérité – nous avons besoin de sécuriser nos frontières [en Russie et en Syrie], c’est ce que nous pouvons améliorer, et là nous serons plus efficaces. Tuer des rebelles, c’est comme un combat de cancrelats. Ils sortent de leurs nids et se cachent ensuite dans tous les coins et recoins – les attraper un par un dans ces coins est inutile, il faut les frapper à la source, c’est la seule option réaliste. Évidemment, nous pouvons passer du temps à les bombarder, nos avions seront plus vite mis à la casse, et les rebelles continueront d’arriver.

    – Je me souviens, quand les Soviétiques se sont retirés d’Afghanistan, et que la production d’héroïne a commencé, j’ai traversé l’Iran. Et les Iraniens ont vidé leurs villages à 260 kilomètres de la frontière pour arrêter le trafic. Mais les passeurs, qui avaient compris les contre-mesures, donnaient à leurs ânes du speed et les ânes sous amphétamines galopaient à travers les montagnes…

    Évidemment, il y a beaucoup de problèmes à résoudre, mais il n’y a pas d’autre choix. Si nous arrivons seulement à interrompre d’une manière sérieuse le flot des terroristes, nous pouvons régler un certain nombre de problèmes.

    Et nous devons non seulement fermer les frontières de la Syrie, mais aussi nos propres frontières. Parce que nous pouvons réussir à vaincre les terroristes en Syrie, enregistrer une vraie victoire – et puis ces cancrelats peuvent se répandre partout dans le monde, y compris revenir chez nous.

    – Je viens de voir une interview à la télévision d’un gars du Daghestan en Russie. Il disait qu’il avait emmené toute sa famille, des enfants à la grand-mère, dans l’État islamique, il y a quelques temps. Ensuite, il a décidé de revenir. Imaginez, je ne crois pas nécessairement que tous les gars qui reviennent d’un tel voyage n’ont pas été radicalisés et n’abritent pas de mauvaises intentions…

    Nous avons vu des villages pris par nos gars – je veux dire par des citoyens russes. Ils s’emparent d’un village en chassent les habitants – c’était près de la frontière turque – donc ils prennent le village et considèrent qu’ils en sont propriétaires. Plusieurs d’entre eux en ont assez et rentrent au pays – mais selon leurs passeports, ils ne sont jamais sortis de chez nous. Ils ont seulement fait du tourisme en Turquie ou en Géorgie ou ailleurs. Ils vont là-bas, achètent un faux passeport avec un nom de famille différent… Nous avons des accords d’entrée sans visa avec la Turquie [nous avons maintenant des informations sur ce genre de pratiques en Ukraine aussi]. C’est une autre raison pour laquelle il est difficile d’estimer combien de nos citoyens sont en Syrie – même quand ils sont tués, leurs papiers d’identité sont le plus souvent faux.

    Partie 2 Partie 3

    Traduit par Ludovic, révisé par Diane, relu par Literato pour le Saker Francophone


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    Fête de la Nature 2016 : proposez vos manifestations !
         
       
     

    La 10e édition de la Fête de la Nature se déroulera du 18 au 22 mai 2016. Vous pouvez dès maintenant proposer vos projets en ligne pour obtenir le label Fête de la Nature, intégrer la programmation officielle annoncée sur www.fetedelanature.com et bénéficier des outils de communication numériques prochainement mis à disposition dans l'espace organisateur qui vous est réservé.

    Thématique 2016 : "Passionnés par nature !"

    La thématique de cette 10e édition mettra en lumière les hommes et les femmes qui œuvrent pour la nature au quotidien. Une thématique propice à la mise en exergue de métiers, de spécialités, d’engagements et d’actions qui pourront donner lieu à des rencontres, des temps de partage, de transmission de connaissance…

    Une galerie de portraits, des témoignages d'acteurs, des reportages vidéos… viendront enrichir le site internet de la Fête de la Nature au fil des prochains mois, présentant des vocations, des passions, des implications bénévoles… à l'image de celles que le public pourra découvrir à l'occasion de la Fête de la Nature.

    Des "Passionnés par nature" sont présents au sein de votre organisation ? La Fête de la Nature 2016 est l'occasion de rendre hommage à leur action et de permettre au public de les rencontrer !

     
         
     
     
     
     
     
     
     
     

     

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  • Poutine et Israël : une relation complexe à plusieurs niveaux

    Saker USSaker US

    Par le Saker US – Le 23 décembre 2015 – Source thesaker.is

    Le récent assassinat de Samir Kuntar par Israël a, une fois encore, enflammé le débat sur la relation entre Poutine et Israël. C’est un sujet extrêmement complexe et ceux qui aiment les explications simples, en boîte, devraient tout de suite cesser de lire. La vérité est que la relation entre la Russie et Israël et, même avant ça, entre juifs et Russes, mériterait un livre entier.

    Putin and Israel – a complex and multi-layered relationship

     

    En fait, Alexandre Soljenitsyne a déjà écrit ce livre, il s’intitule «deux-cent ans ensemble», mais vu la poigne de fer des sionistes sur les médias anglo, il n’a toujours pas été traduit en anglais. Cela devrait déjà vous dire quelque chose – un auteur de renommée mondiale qui a obtenu le prix Nobel de littérature ne peut pas obtenir que son livre soit traduit en anglais parce que son contenu pourrait ébranler le récit officiel sur les relations russo-juives en général et sur le rôle que les juifs ont joué dans la politique russe du XXe siècle en particulier ! Une autre preuve de la réalité de la subordination de l’ancien Empire britannique aux intérêts sionistes est-elle nécessaire ?

    J’ai déjà écrit sur ce thème dans le passé et, pour le moins, je vous demanderai de lire les deux articles de fond suivants avant de continuer la lecture de ce billet :

    Anglosioniste : petit guide d’introduction pour les nouveaux venus

    Comment un concept médiéval de l’ethnicité fait une fois de plus commettre à l’Otan une gaffe dangereuse

    Avant d’aborder quelques-unes des particularités de la relation russo-israélienne, je tiens à souligner une chose très importante : vous ne devriez tout simplement pas supposer que la relation entre juifs et non-juifs en Russie est similaire à ce qu’elle est en Occident. Ce n’est pas le cas. Sans entrer dans une discussion détaillée de l’émancipation des juifs en Occident et leur long cheminement depuis leurs shtetls dirigés par les rabbins jusqu’aux conseils d’administration des plus grandes sociétés occidentales, je dirai simplement que pour les juifs russes, ce processus d’émancipation s’est déroulé d’une manière beaucoup plus violente et catastrophique. La deuxième grande différence entre juifs occidentaux et juifs russes est que, plus ou moins entre 1917 et 1939, un sous-ensemble spécifique de juifs (juifs bolcheviques) ont contrôlé quasi totalement la Russie. Pendant cette période, les juifs bolcheviques ont persécuté les Russes et, en particulier, les chrétiens orthodoxes avec une haine véritablement génocidaire. C’est un fait historique dont la plupart des Russes sont très conscients, même si c’est encore considéré comme un crime de pensée dans la plupart des cercles occidentaux. Il est également important de souligner ici que les juifs bolcheviques ont persécuté non seulement les chrétiens orthodoxes, mais tous les groupes religieux, y compris, en l’occurrence, les judaïques. Poutine est très conscient de ces faits auxquels il a fait référence en parlant à un groupe de Judaïques à Moscou :

    (Extrait vidéo de 48 secondes, les sous-titres sont en anglais)

    Dans le second article mentionné ci-dessus, j’ai discuté de ces questions et tout ce que je veux, c’est vous montrer que Poutine est très conscient de ce passé et qu’il a le courage et l’honnêteté intellectuelle de le rappeler aux juifs russes.

    L’autre fait absolument crucial sur la relation entre la Russie et Israël est l’immigration des Juifs russes en Israël. Ici, je vais vous présenter quelque faits soulignant qu’il s’agit d’un facteur crucial :

    1. Peu importe s’ils ont fini en Autriche, en Allemagne, aux États-Unis ou en Israël, l’immigration des Juifs russes en Israël a permis à ces juifs qui ne voulaient pas rester en Russie de partir. Inversement, ceux qui ne sont pas partis sont restés par choix. Cela signifie que la grande majorité, sinon la totalité des juifs russophobes enragés et haïssant le christianisme ont quitté la Russie. Ceux qui sont restés en Russie l’ont fait parce qu’ils ont décidé que c’était là chez eux.

    2. Un grand nombre (certaines estimations vont jusqu’à 20% ) des soi-disant juifs qui ont quitté la Russie ne sont pas juifs du tout, y compris certains de ceux qui se sont installés en Israël. La vérité est que les difficultés économiques et sociales auxquelles faisait face la société soviétique sous Brejnev & Co et la Russie sous Eltsine ont fait que beaucoup de non-juifs de Russie se sont inventés quelques origines juives (fictives) juste pour émigrer. Ainsi il y a beaucoup de vrais Russes, par opposition aux juifs russes, en Israël.

    3. En raison de cette grande immigration, il y a d’innombrables liens personnels entre les individus et les familles qui vivent en Israël et en Russie. Cela signifie que lorsque, par exemple, l’Irak ou le Hezbollah envoient une pluie de roquettes en Israël, il y a des gens en Russie qui sont personnellement soucieux pour leurs amis en Israël, même s’ils n’approuvent pas nécessairement la politique israélienne.

    4. Ce qu’on appelle la mafia russe est, en réalité, la plupart du temps une mafia de juifs russes. C’est particulièrement vrai dans l’ouest. En Russie, il y a des gangsters juifs, mais pas vraiment une pègre juive en tant que telle. Les gangsters russes et juifs s’entendent à merveille, ce qui crée aussi, dirons-nous, de forts liens d’affaires entre oligarques russes et Israël.

    5. Sous Eltsine, le pays était de facto dirigé par ce qu’on a appelé la semibankirshchina, le règne des sept banquiers. C’étaient les sept grands banquiers de Russie, qui possédaient environ 50% de l’ensemble de l’économie russe. Tous, sauf un (Potanine) étaient des juifs.

    6. Pendant les années Eltsine, la grande majorité des membres du gouvernement et, surtout, leurs conseillers étaient des juifs. Les juifs contrôlaient également la quasi-totalité des grands médias. Pour vous donner une idée de la façon dont cette tendance était répandue dans les années 1990, nous vous présentons ci-dessous une liste des juifs haut placés dans la Russie d’Eltsine.

    En vérité, les gens qui compilent ces listes sont rarement motivés par des fins purement scientifiques et souvent ils ne se sentent pas contraints par les strictes règles de preuve. Donc, il est tout à fait possible qu’un certain pourcentage de juifs énumérés ne soient pas juifs du tout. Mais même avec une large marge d’erreur, vous pouvez vous faire une idée.

    1991- 1999
    
    Boris Eltsine (Eltsine – juif marié à une juive).
    Naina Eltsine – Juive. 
    Livshits – Juif, conseiller du Président sur les questions économiques Pendant tout le règne d'Eltsine, la majorité de ses conseillers étaient juifs.
    Chef de l'administration présidentielle Filatov, Tchoubaïs, Volochine, tous des Juifs. La fille du président (un nouveau poste aux autorités juives), Tatyana Dyachenko (par la loi juive – Halakha, comme fille d'un juif – une juive) 
    
    Au gouvernement
    
    Tous les ministres clés sont Juifs : 
    
    Ministre de l’Économie – Yasin 
    Zam. Ministre de l'Economie – Urinson
    Le ministre des Finances – Panskov 
    Zam. Ministre des Finances – Vavilov 
    Président de la Banque centrale – Paramonov 
    Ministre des Affaires étrangères – Kozyrev 
    Ministre de l'Énergie – Shafranik 
    Ministre des Communications  Bulhak 
    Ministre des Ressources naturelles – Danilov 
    Ministre des Transports – Efimov 
    Ministre de la Santé – Netchaïev 
    Ministre de la Science – Saltykov 
    Ministre de la Culture – Sidorov 
    Président des médias – Rodents 
    
    Dans les médias
    
    News – Golembiovskiy
    Komsomolskaïa Pravda – Fronin 
    Moskovski Komsomolets – Gusev (Drabkin) 
    Arguments and Facts  Starks 
    Work  Potapov 
    Moscow News  Karpinski 
    Kommersant  Yakovlev (Ginsburg) 
    New Look  Dodolev 
    Nezavissimaïa Gazeta  Tretyakov 
    Evening Moscow – Lisin
    Literary Newspaper  Udaltsov 
    Publicity  Izyumov 
    Interlocutor  Kozlov 
    Rural Life  Kharlamov
    Top Secret – Borovik 
    TV and radio, Ostankino  A. Yakovlev 
    Russian TV and Radio Company  Poptsov 
    
    1996-1999 – Les sept banquiers
    
    Aven 
    Berezovsky
    Goussinski 
    Potanine 
    Smolensk 
    Friedman 
    Khodorkovski 
    Abramovich

    Les participants juifs dans le gouvernement soviétique de 1917-1939 sont tout à fait semblables. Vous pouvez les trouver vous même sur Internet.

    Tout comme entre 1917 et 1939, entre 1991 et 1999, les rênes du pouvoir en Russie étaient fermement aux mains des juifs et, dans les deux cas, avec des conséquences vraiment catastrophiques. La grande différence est que si, au début du XXe siècle, les juifs au pouvoir étaient les adversaires idéologiques de l’Empire anglo-américain, à la fin de ce même siècle, les juifs en Russie étaient pratiquement une extension de l’Empire anglosioniste.

    A propos des extensions de l’Empire anglosioniste.

    J’ai déjà expliqué à plusieurs reprises dans le passé que la candidature de Poutine pour succéder à Eltsine a été un compromis entre les services de sécurité russes et les riches russes qui ont poussé M. Medvedev comme contre-poids à Poutine. Je me réfère généralement aux forces soutenant Poutine comme eurasiennes-souverainistes et les forces qui soutiennent Medvedev comme intégrationnistes atlantistes. Le but des premières est de rendre la Russie entièrement souveraine et d’en faire un élément clé du continent eurasien multipolaire mais unifié, alors que l’objectif des dernières est d’être accepté par l’Empire anglosioniste comme un partenaire égal et d’intégrer la Russie aux structures de pouvoir de l’Ouest. La suite est quelque chose de si important que je vais le souligner dans un paragraphe distinct :

    Les intégrationnistes atlantistes ont toujours le plein contrôle du secteur financier et bancaire russe, de tous les postes clés des ministères de l’Économie et du gouvernement, ils contrôlent la Banque centrale de Russie et ils sont, de loin, la plus grande menace à l’autorité de Poutine et de ceux qui le soutiennent. Considérant que près de 90% des Russes soutiennent maintenant Poutine, ceci signifie que ces intégrationnistes atlantistes sont la plus grande menace pour le peuple russe et la Russie dans son ensemble.

    Comment tout cela est-il lié à Israël ? Facile !

    Poutine a hérité d’un système créé par et pour l’Empire anglosioniste. C’était un candidat de compromis entre deux partis radicalement opposés et il lui a fallu des années pour d’abord se débarrasser de la plupart des oligarques russes (juifs) puis, très progressivement, commencer le processus de nettoyage dans lequel lentement, étape par étape, les sionistes ont été expulsés de leurs positions de pouvoir. Selon Mikhail Khazin, le rapport entre ces deux groupes n’a que récemment atteint le point d’équilibre (instable) de 50/50. Cela signifie aussi que les gens de Poutine doivent surveiller leurs arrières tous les jours que le Bon Dieu fait parce qu’ils savent que leurs soi-disant collègues sont prêts à les poignarder en un clin d’œil dès qu’ils en auront l’occasion.

    Je crois pour ma part que les rumeurs d’un coup d’État en Russie sont grandement exagérées. Non seulement parce que Poutine bénéficie de l’appui des ministères de force (Défense, Sécurité de l’État, affaires intérieures, etc.), mais, plus important encore, en raison de l’appui dont il jouit de la part de 90% du peuple russe. Renverser un homme avec une popularité qui confine au culte, un homme vraiment aimé par la grande majorité des gens, serait trop dangereux. Mais cela ne signifie pas que la 5e colonne n’est pas prête à saboter tous les efforts de Poutine et de ses partisans.

    La vérité est que Poutine a été très souvent forcé à des compromis. En voici quelques exemples :

    Les oligarques : quand Poutine a débarrassé la Russie du règne des sept banquiers, il n’a pas vraiment sévi contre tous les oligarques en tant que tels. Il ne s’est débarrassé que des oligarques qui, comme Khodorkovski, avaient tenté de réaliser pratiquement un coup d’État contre lui en achetant la totalité de la Douma. Il a dit aux oligarques : «Restez en dehors de la politique et je vous laisserai en paix.» L’accord tient encore aujourd’hui.

    L’économie : même dans son dernier discours, Poutine a dû déclarer qu’il soutient pleinement la Banque centrale et les ministres économiques du gouvernement Medvedev. Considérant que littéralement TOUS les alliés de Poutine s’indignent ouvertement et verbalement de la mauvaise gestion de  l’économie russe, c’est clairement une déclaration sous la contrainte et pas quelque chose qu’il croit. Au passage, j’observe une campagne de dénigrement systématique par les chaînes nationales de télévision russes contre la Banque centrale et les ministres de l’Économie et cela ne peut pas être une coïncidence. Je prédis que Poutine prépare une purge de ces cercles, mais qu’il a besoin d’aligner tous ses canards sur un seul rang avant de prendre des mesures, en particulier en enflammant l’opinion publique contre eux. En ce moment, l’économie russe est toujours gérée par les larbins du FMI, du type consensus de Washington, d’où leur politique folle sur les taux d’intérêt, sur l’achat d’obligations des États-Unis, le maintien de l’inflation basse, etc. Poutine, par conviction, n’est pas ce que je qualifierais de socialiste, mais il est très certainement un promoteur d’une économie sociale de marché et quelqu’un qui essaye fortement de découpler la Russie du système financier occidental, et de la tutelle des règles de l’Empire.

    La politique étrangère : jusqu’à la plus récente réélection de Poutine quand, finalement, la Russie a commencé à avoir une politique étrangère assez consistante, la politique de la Russie a été louvoyante, des zigs suivis de zags. Cela a été particulièrement vrai pendant les périodes où Medvedev était à la présidence et quand l’Iran et la Libye ont été trahis par la Russie au Conseil de sécurité (ce que Poutine a ouvertement qualifié de stupide).

    Les personnalités : vous rappelez-vous le ministre de la Défense hyper-corrompu Serdiukov ? Devinez quoi ? Il n’a toujours pas été officiellement accusé de quoi que ce soit. Même la femme avec qui il a fait l’essentiel de ses transactions illégales vit toujours luxueusement à Moscou. Qu’est-ce que cela nous dit ? Que même lorsque Poutine a obtenu la preuve tangible de la malfaisance de Serdiukov, il a eu assez de pouvoir pour le remplacer par Choïgou, mais pas assez pour pouvoir mettre un intégrationnistes atlantiste de si grande notoriété en prison.

    L’Ukraine occupée par les nazis : Poutine avait suffisamment de contrôle sur le gouvernement pour fournir le Voentorg [approvisionnement en armes,NdT] vital et même pour envoyer des forces spéciales et effectuer des tirs d’artillerie au-dessus de la frontière pour aider les Novorusses, mais il n’a pas pu forcer les ministères chargés de l’économie à utiliser la puissance de la Russie sur ce plan pour étrangler l’économie ukrainienne. Cela a abouti à ce que la Russie envoie des obus d’artillerie à travers la frontière à Saur Mogila et de l’énergie (essentiellement gratuite ) à Kiev.

    La propagande russophobe : quand, récemment, un journaliste sportif de troisième ordre, Alexei Andronov, a publié un commentaire vicieusement anti-russe sur Twitter, il a été critiqué pour cela par Alexei Pouchkov, un journaliste qui est aussi le chef du comité des Affaires étrangères de la Douma d’État, dans sa propre émission de télévision Post-scriptum. La chaîne de télévision qui diffuse le spectacle TV Tsentr a alors censuré le passage critiquant le journaliste Andronov. Ensuite, le célèbre réalisateur russe Nikita Mikhailkov a enregistré un spectacle entier discutant de cet événement. La chaîne de télévision responsable de ce spectacle, la télévision Rossia, a également censuré l’épisode entier. Quant à la directrice de la chaîne de télévision où Andronov travaille, Tina Kandelaki, elle a donné son plein appui à Andronov. En définitive, si Poutine a immensément amélioré la qualité globale des médias russes, les russophobes sont encore très influents et peuvent cracher leur venin haineux en toute impunité.

    Je pourrais continuer l’énumération, mais je pense que vous voyez l’idée : Poutine est un homme très efficace à la tête d’un très mauvais système.

    Maintenant, revenons à la Syrie, au Hezbollah et à l’assassinat de Samir Kuntar.

    Tout d’abord, considérez que la décision d’intervenir militairement dans la guerre syrienne était déjà une question controversée. Poutine s’en est tiré en faisant deux choses : expliquer au peuple russe qu’il était préférable de traiter avec les terroristes là-bas (en Syrie) plutôt qu’ici (en Russie) et promettre qu’il n’enverrait pas de forces au sol. Lorsque Daesh et les Turcs ont tenu la promesse de représailles faite par Obama et Biden en faisant exploser un avion de ligne russe et, plus tard, un bombardier SU-24, l’opinion publique a continué à soutenir Poutine, mais la plupart des Russes, moi y compris, ont été très conscients du danger de la situation. En définitive, c’est la confiance de la rue dont jouit personnellement Poutine qui lui a permis de tenir le cap en dépit de craintes réelles.

    Deuxièmement, il est clair que Poutine et Netanyahou ont conclu un accord lorsque celui-ci s’est rendu à Moscou : les Israéliens n’interfèrent pas dans les opérations russes en soutien aux Syriens tant que les Russes n’interfèrent pas dans les opérations de combat entre Israël et le Hezbollah. Cela a permis aux deux parties de poursuivre leur intérêts principaux, même si c’était au prix de leurs objectifs secondaires. Vous n’aimez pas cet accord et vous doutez de sa morale ? Et bien moi aussi, et je suis en fait profondément mal à l’aise, mais je n’en attends pas moins des praticiens de la realpolitik aussi impitoyables que le sont Poutine et Bibi Netanyahou (une bonne chose que vous ou moi ne soyons pas au pouvoir [face à de tels choix] !).

    Il y a, par ailleurs, un autre précédent qui me met tout aussi mal à l’aise : le soutien russe total à la répression sanglante de l’armée égyptienne contre les Frères musulmans en Égypte. J’accepte l’argument que soutenir l’armée égyptienne a un sens dans le contexte de la guerre en Syrie, mais le principe de soutenir un tel régime me dérange profondément. C’est la raison pour laquelle Poutine est un homme politique impitoyable mais couronné de succès alors que je suis un blogueur quasi sans importance : il faut un ours impitoyable pour lutter contre les loups sans pitié [Une raison entre autres. Saker, attention à tes chevilles ! NdT].

    Cela dit, il ne faut pas prétendre que le Hezbollah est moins cynique lorsque c’est nécessaire. Je rappelle à tous que lorsque Imad Mugniyeh a été assassiné à Damas par les mêmes Israéliens dans une opération qui n’a pu être exécutée qu’avec des complices très haut placés dans le régime d’Assad, le Hezbollah a promis des représailles, mais n’a jamais prononcé un seul mot contre le régime [syrien]. Le Hezbollah n’avait pas plus d’objections quand Assad torturait les musulmans pour le compte de la CIA lors du fameux programme de restitution.

    Quant à Poutine, il a tout simplement d’autres priorités que de protéger le Hezbollah ou combattre Israël.

    Survivre à l’intérieur de la Russie et ne pas être renversé par la présence du pouvoir sioniste encore très puissante (pour reprendre l’expression de James Petras) en Russie est une haute priorité. Une autre serait de ne pas donner à ses ennemis (internes et externes) l’argument politique que la Russie attaque Israël. Ne pas avoir un échange de tirs avec Israël et ne pas obliger le petit contingent russe isolé à se battre sur deux fronts est tout aussi crucial. Idem pour ne pas être accusé d’avoir transformé le contingent russe en Hezbollah Air Force de facto comme les États-Unis sont la Daesh Air Force. Ce sont toutes des priorités évidentes pour Poutine.

    Et puis ceci : alors que les S-400 russes peuvent facilement abattre tout avion israélien, le contingent russe aérien n’a pas les moyens matériels pour lutter contre Israël ou, encore moins, l’Otan et le CENTCOM. Quant à la Russie, elle ne peut certainement pas chercher la bagarre avec Israël, pas à cause de la puissance intrinsèque de cette petite entité sioniste, mais en raison du fait que l’empire américain a été soigneusement mis sous contrôle sioniste. Donc, ces Américains qui se plaignent maintenant que Poutine n’a pas le courage de s’en prendre à Israël doivent d’abord se demander comment ils ont, eux-mêmes, laissé Israël transformer les États-Unis et l’Europe en un protectorat sioniste aux ordres, et ce qu’ils font pour se libérer eux-mêmes de ce joug !

    Parlant de l’Occident : on doit comparer la position de l’Empire anglosioniste d’une part, et de beaucoup de juifs russes influents (en Russie et en Israël) pour ce qui concerne la guerre en Ukraine. Alors que l’Occident a apporté un soutien total au régime nazi à Kiev, de nombreux juifs russes, en particulier des très célèbres comme Vladimir Soloviev, ont pris une position catégoriquement anti-nazie. Et alors qu’en Israël la popularité de Poutine et de la Russie sont encore extrêmement faibles, la plus grande partie de l’opposition anti-Poutine en Russie n’est pas formée de juifs. Enfin, le grand public russe est  malheureusement très mal informé des horreurs perpétrées par le régime sioniste contre le peuple palestinien alors que les Israéliens et les double-nationaux (comme Evgenii Satanovskii ou Avigdor Eskin) répandent constamment l’idée que «Nous, Russes et Israéliens, sommes les seuls résistant au terrorisme musulman», capitalisant ainsi au maximum la guerre actuelle entre la Russie et Daech. En d’autres termes, Poutine aurait un mal de chien à vendre un attentat contre un avion israélien au grand public russe.

    Je comprends que rien de tout cela n’aura aucune influence sur ceux qui haïssent les juifs de bonne foi ou sur ceux qui aiment des arguments simples, en noir et blanc. Pour eux Poutine restera à jamais une trahison, un éternel Shabbat goy ou une marionnette des financiers internationaux. Franchement, je ne traite pas ce sujet pour eux. Mais il y a ceux qui sont sincèrement perplexes et confus au sujet de la politique russe, qui semble être source de confusion, voire de contradictions. Pour eux, je vais conclure en disant ce qui suit.

    Poutine fait avancer sa cause un pas après l’autre, et il sait attendre et laisser les événements prendre leur propre dynamique. Il est aussi très conscient qu’il lui faut littéralement se battre avec une main attachée derrière le dos et l’autre occupée à se défendre en même temps contre les ennemis externes et internes (ces derniers étant beaucoup plus dangereux). Je suis sûr que Poutine se rend bien compte que, au moins potentiellement, sa politique de résistance, de souveraineté et de libération peut conduire à une guerre nucléaire intercontinentale et que la Russie est encore actuellement plus faible que l’Empire anglosioniste. Tout comme aux temps de Stolypine, la Russie a besoin désespérément de quelques années de paix pour se développer et tenir tête. Ce n’est très certainement pas le moment d’une confrontation directe avec l’Empire. La Russie a besoin de façon vitale de paix et de temps : la paix en Ukraine, la paix en Europe et, oui, la paix au Moyen-Orient. Hélas, ce dernier n’est pas une option et, quand il a été acculé, Poutine a pris la décision d’aller à la guerre. Et je suis absolument et catégoriquement certain que si l’Empire attaque la Russie (à partir de la Turquie ou d’ailleurs), la Russie  ripostera. La Russie est prête à entrer en guerre si nécessaire, mais elle fera tout son possible pour l’éviter. C’est le prix que la Russie paie pour sa faiblesse. La bonne nouvelle est que la Russie se renforce de jour en jour, alors que l’Empire s’affaiblit. Et la puissance des anglosionistes et de leur 5e colonne en Russie s’affaiblit également chaque jour qui passe. Mais ce processus va prendre du temps.

    Le grand événement à surveiller est l’assaut contre la Banque centrale et les ministères de l’économie au gouvernement. Tout le monde en Russie l’attend. Cette question a même été posée directement à Poutine récemment, mais il continue à tout nier et dire qu’il soutient pleinement ces saboteurs. Considérant la trajectoire de Poutine, il est stupide de penser qu’il les soutient vraiment – c’est clairement une manœuvre dilatoire jusqu’à ce que le moment soit venu.

    Ne vous y trompez pas. Il n’y a pas de grand amour entre la Russie et Israël. Mais il n’y a pas non plus beaucoup d’hostilité, du moins pas du côté russe. La plupart des Russes sont conscients du vilain rôle que les juifs ont déjà joué à deux reprises dans l’histoire russe, mais cela ne se traduit pas par une hostilité envers les juifs comme vous pouvez la constater, par exemple, en Ukraine. La plupart des Russes peuvent se méfier de la puissance juive mais cela se traduit rarement par de l’hostilité à l’égard des juifs comme gens ordinaires. Certaines des personnalités publiques russes les plus adorées, comme le compositeur Vladimir Vysotskii, avait du sang juif. La plupart des Russes font également une distinction entre les juifs des autres à l’Ouest (russophobes) et les leurs (juifs russes qui aiment la Russie). Mais puisque la russophobie a également été répandue parmi les élites russes, avant et après la Révolution, elle peut difficilement être décrite comme un phénomène juif. La culture russe ayant toujours été multi-nationale et multi-ethnique n’a pas vraiment séparé les gens sur la base de leur origine ethnique, mais les juge beaucoup plus facilement sur leurs actions et leurs idées. Pour toutes ces raisons, la haine du youpin est beaucoup plus un phénomène nationaliste ukrainien que russe.

    Et tandis que la plupart des Russes ne voudraient pas d’un retour au pouvoir d’une nouvelle version des commissaires bolcheviques ni des oligarques démocratiques en Russie, il y a une proximité et une solidarité anti-nazie entre Russes et Israéliens qui ne doit pas être ignorée.

    En ce qui concerne la Palestine, la Russie appuiera toutes les résolutions pertinentes de l’ONU et ainsi soutiendra la typique et peu imaginative solution à deux États. Tout au plus, la Russie déplorera ou regrettera les abus sur des Palestiniens par les Israéliens, mais la Russie ne deviendra jamais un défenseur systématique des droits des Palestiniens comme l’Iran ou le Hezbollah, simplement parce que l’avenir de la Palestine n’est pas une priorité russe.

    Je souhaite que tout ceci soit utile pour comprendre pourquoi la Russie ne prend aucune mesure pour protéger le Hezbollah contre les Israéliens (et pourquoi elle n’empêchera pas le Hezbollah d’exercer des représailles à partir de la Syrie, s’il en décide ainsi). Autrement dit : il n’y a aucune raison interne ou externe convaincante pour la Russie d’être directement impliquée dans cette affaire alors qu’il y a beaucoup de raisons internes et externes convaincantes pour la Russie de rester en dehors. Si, dans le passé, l’URSS a soutenu l’OLP sur les deux points idéologiques et géostratégiques, la Russie moderne d’aujourd’hui ne suivra pas le même modèle. En outre, le Fatah ou le Hamas ne sont pas des partenaires intéressants ni même crédibles pour la Russie, alliés qu’ils sont avec Daech. Idem pour les Frères musulmans en Égypte.

    Quant au Hezbollah, il ne semble pas avoir besoin de la protection de la Russie. Aussi symboliques qu’ils soient, les meurtres d’ Imad Mugniyeh ou de Samir Kuntar n’affaibliront en aucun cas la résistance. En fait, si l’histoire de l’assassinat d’Abbas Moussaoui nous enseigne quelque chose, c’est que, parfois, les Israéliens assassinent un dirigeant du Hezbollah seulement pour découvrir que le suivant est un adversaire encore plus redoutable. Si Dieu le veut, ce sera aussi le cas cette fois-ci.

    The Saker

    Traduit par Claude, vérifié par jj, relu par Literato pour le Saker francophone