• RV le 2 Juin =

    APPEL d'universitaires : Cinq universités manquent, l’État se refuse à les créer ? Construisons-les !

    Publié le 30 mai 2018 par FSC

    NOUS RELAYONS l'appel ci-après qui donne rendez-vous à :

    Vincennes, ce samedi 2 juin 2018 à 17h (Lac Daumesnil)

    La première pierre d’une autre université : penser, refonder, bâtir

    A celles et ceux qui se préoccupent de rendre de la conscience à leur vie, qui n’en peuvent plus depuis 30 ans des réformes mortifères, de la compétition à outrance comme idéologie, seule créatrice de richesse, de la destruction de la culture, du rabougrissement des savoirs, nous lançons un appel à bâtir les nouvelles universités que l’Etat refuse de créer ! C’est à Vincennes, ce samedi 2 juin 2018 à 17h (Lac Daumesnil), que nous poserons la première pierre de l’Université en refondation et appellerons à lancer autant de chantiers que nécessaire partout en France.

    Dans le débat public sur l’Université, les questions les plus urgentes masquent des problèmes plus profonds. Ainsi, la comparaison entre l’algorithme APB et la mise en concurrence des étudiants et des universités par Parcoursup fait écran à des réformes plus souterraines : obsolescence programmée du baccalauréat, augmentation drastique des frais d’inscription, séparation de l’enseignement supérieur entre collèges universitaires paupérisés, dits “de proximité”, et établissements « de recherche intensive visibles internationalement », dérégulation des formations diplômantes et transformations des statuts des universitaires.

    Toutes ces réformes pallient de faux problèmes créés de toutes pièces par la haute fonction publique pour masquer le sous-investissement chronique de l’État dans l’enseignement supérieur et la recherche. Alors que l’augmentation démographique de l’an 2000 et le désir grandissant des bacheliers de poursuivre leurs études conduit à un afflux de 150 000 étudiants en dix ans, l’Etat n’est plus à la hauteur de ce formidable élan : les budgets de l’Université stagnent et l’ouverture de postes d’enseignant-chercheurs diminue — 7000 postes de titulaires en moins depuis 2009. Le programme d’Emmanuel Macron avait pourtant raisonnablement chiffré les besoins à 2 milliards d’Euro pour la recherche et à 2 milliards d’Euro pour l’Université, mais l’arbitrage fait au nom du réalisme est sans appel : alors que nous sommes l’un des pays les plus riches du monde, il n’y aura pas un centime !

    Le problème des moyens masque lui-même d’autres questions, plus fondamentales, qui touchent à l’essence même de l’Université comme institution de diffusion et de mise en partage gratuite des savoirs produits par celles et ceux qui les créent. Force est de constater que les personnes qui président depuis quelques temps à la dénaturation du métier d’universitaire sont souvent les mêmes qui ne l’exercent pas ou plus et qui ne créent rien non plus. Comment expliquer que l’évolution des carrières universitaires consiste à toujours plus s’éloigner de l’enseignement et des premières années de Licence au fur et à mesure que l’on monte en grade, quand ces étudiants constituent précisément la future richesse de l’Université?

    Nous entendons affirmer ici que le savoir n’est ni affaire de managers, ni affaire de bureaucrates et appelons à la refondation de l’Université. Retournons à ses sources, faites de liberté, de collégialité, d’exigence et d’émancipation. Plutôt que de fermer les universités aux classes populaires par le jeu de la sélection de Parcoursup, ouvrons les! Ce qui est en oeuvre aujourd’hui, c’est une offensive généralisée contre toute possibilité de dire le vrai sur le monde et sur la société. Par le fléchage des crédits des laboratoires et l’imposition de réorientations thématiques, la recherche est de plus en plus soumise à des impératifs de rentabilité. L’instrumentalisation et la professionnalisation des disciplines vise à affaiblir les savoirs critiques en les soumettant au marché de l’emploi.

    Pour retrouver prise sur ce monde et le ré-inventeril est nécessaire de ré-instituer l’Université. Celle-ci doit être un lieu de pensée ouvert, en savoirs comme en actes.

    Cinq universités manquent, l’État se refuse à les créer ? Construisons-les !

    Nous appelons celles et ceux qui le souhaitent — architectes, maçons, charpentiers, ouvriers, universitaires (précaires ou non), lycéens, étudiants, parents ou simples citoyens — à bâtir ensemble ces universités. Elles seront les biens communs de la société que nous ambitionnons de construire. Avec pareils chantiers, il s’agit avant tout de faire. « Faire » est une qualité ; « faire » c’est envisager l’autre comme acteur, actrice, de son propre dépassement ; « faire », c’est  juguler la fragmentation, l’isolement, l’individualisme et l’anomie qui dévitalisent notre société tout entière ; « faire », c’est mettre en chantier en engageant sa vie de la première pierre jusqu’à la fête inaugurale, dans un débordement permanent.

    Tant il est vrai que “créer, c’est résister, et résister, créer”.

    Nous vous donnons rendez-vous ce samedi 2 juin, à Vincennes, aux abords du Lac Daumesnil dès 17h pour poser les premières pierres et tenir, ensemble, une assemblée inter-luttes afin de s’organiser pour donner suite à cette initiative ! Emmenez parpaings et pique-nique !

    Pour signer à nos côtés, un formulaire est ici à votre disposition : http://nosfacsnoschantiers.org (le mot de passe est : brique)