Notre reporter (moi) a fait preuve d’un maximum de courage et de bravoure pour chercher le projet de l’UMP, soumis au vote, aujourd’hui. L’enquête a été minutieuse malgré les très mauvaises conditions : il a fallu se rendre sur le site de l’UMP. Les milliers de clics ont permis l’aboutissement de cette tache ingrate. Le projet est là.
Je ne résiste pas à l’envie de donner l’adresse entière du PDF pour que vous puissiez le consulter (vous n’êtes pas obligé, hein !).
Le premier mot de cette adresse, « statique », m’ayant plongé dans une grande hilarité, j’ai eu du mal à entamer la lecture.
Et pourtant… Je me suis concentré sur la volonté de l’UMP par rapport à la durée du temps de travail.
Tout tient dans la page 4 sur 23. Tout en haut. La nouvelle ne l’est pas (nouvelle…) puisqu’elle est dans la presse, mais elle est bien confirmée.
« Nous voulons sortir définitivement des 35 heures par la négociation collective, en adaptant la durée du travail aux besoins des entreprises. »
Ils veulent supprimer la seule mesure dont l’efficacité réelle a été prouvée (mais je concède à mes trolls que cela peut se disputer, ce n’est pas l’objet de mon billet). L’UMP va devoir expliquer à tous les ouvriers et employés qui bénéficient des heures supplémentaires défiscalisées que la notion d’heures supplémentaires va presque disparaître, vu que le seuil va être reculé !
L’UMP critiquait la position du PS qui voulait revenir sur la défiscalisation ! Voilà qu’ils vont supprimer ces heures supplémentaires, dont la défiscalisation mais aussi la majoration de 25% !
L’UMP va devoir dire la vérité aux « cadres au forfait » : leurs jours de RTT vont disparaître. Il va falloir parler à tous les salariés que la flexibilité et l’annualisation du temps de travail mise en place à l’occasion du passage au 35 heures va être conservé mais qu’ils devront travailler plus.
Enfin, l’UMP devra expliquer aux entreprises et aux mesquins comme moi, ce qu’ils vont faire des exonérations de charges liées aux 35 heures.
Passé l’éditorial, le lecteur devra commencer la lecture des propositions. La première est introduite ainsi : « Les partenaires sociaux ont mis en évidence que nous travaillons moins que dans les autres pays européens et développés. » Les « partenaires sociaux » auraient participé au programme de l’UMP ? Ah ! Oui, il y a le Medef.
La construction du programme de l’UMP est basée sur un mensonge ou une erreur. Le temps partiel imposé est tel, en Allemagne, par exemple, qu’un salarié bosse en moyenne moins là-bas que chez nous…
« Pour créer plus de richesses dans notre pays et assurer le financement de notre modèle social, nous devons travailler plus. » ah oui, comme en 2007…
« Nous devons franchir une nouvelle étape et inciter les employeurs et les employés à ouvrir des négociations sur le temps de travail, dès 2012 en échange d’une augmentation des salaires et sans remettre en cause la durée légale du travail de 35 heures. » Ouf ! Je racontais des bêtises, ci-dessus ! Pourtant, dans l’éditorial, ils disaient : « Nous voulons sortir définitivement des 35 heures » !
L’UMP veut proposer aux partenaires sociaux de négocier des augmentations de salaire.
C’est gentil.
« Nous maintiendrons le régime d’exonération fiscale et de charges sociales sur les heures supplémentaires, sur la base de la durée du travail définie dans le cadre de la négociation collective. »
Les salariés et les patrons n’auront presque aucun intérêt à modifier la barre des 35 heures. Quel programme efficace !
« Nous devons faire évoluer les seuils à partir desquels les PME doivent respecter certaines obligations sociales, pour continuer à protéger les salariés sans entraver le développement des entreprises et l’emploi. »
Traduction : supprimer les CE, CHSCT, représentation du personnel, … dans les petites boites.
Un peu avant, ils voulaient négocier la durer de travail entre partenaires sociaux. C’est logique : il ne restera plus que les représentants des patrons.