• Très bon article =

    LE FOND DE L'AIR EST ROUGE ...!

    Article rédigé par Brigitte Bouzonnie en 2015

    20 hr ago
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    1)- L'EUROPE, UN DISCOURS MORIBOND :

    D'abord, il y a les aveux. Les européistes le reconnaissent eux-même : "en Europe, il y a 1% d'européistes, 20% d'euro-critiques, tout le reste est constitué par des eurosceptiques !"(Sic) Tel est la confidence formulée hier sur France Inter par Hubert Védrine, ex-Ministre des Affaires Etrangères de Mitterand, atlantiste et eurolâtre convaincu. Et d'ajouter : "L'Europe a été la réponse euro-americaine rationnelle au danger soviétique stalinien à laquelle s'est raccrochée ensuite quelques intellectuels". Cette confession montre L'EXTREME USURE du discours européiste, même plus capable de répandre son habituel rideau de fumée habituel, auquel par ailleurs, personne ne croit. Cette situation du discours de l'Europe "heureuse" en fin de vie me rappelle une déclaration de Giscard entre les deux tours de l'élection de 1981, affirmant dans "Le Figaro Magazine" : "oui, je suis un libéral". Dans les deux cas, on voit une idéologie moribonde, même plus capable de répandre son habituel pipeau, "L'Europe, c'est la paix", discours au demeurant désavoué de tous. Et montrant son vraie visage : "l'Europe", c' est une invention des Etats Unis pour lutter contre l'idéologie soviétique...!

    2)-LE SUCCES DES PARTISANS DE LA SORTIE DE L'EURO...!

    Pendant longtemps, il a été impossible de dénoncer l'Europe libérale. Par exemple, si je songe à nos débats de la rentrée 2014, c'est a dire l'année dernière, les partisans d'une sortie de la zone euro passaient pour des étudiants attardés, de doux rêveurs, des utopistes. La "raison" était du coté des partisans de la "négociation" (sic) avec Bruxelles, voire la "désobéissance"(re-sic), mot assez puéril, reposant sur une Europe de conte de fées "loyale", "ouverte à la discussion", "pratiquant le donnant-donnant" totalement chimérique : "négociation"qui permettrait selon leurs auteurs de mettre fin à la soumission de la Troika. On ne négocie pas avec Al Capone. Le seul moyen de construire un rapport de forces avec Merkel est de sortir de la zone euro, ou, à tout le moins d'agiter cette menace.

    L'accord du 13 juillet a montre comment Tsipras "a retourné sa veste aussi vite que les crédits de guerre avaient été votés par la social-démocratie en 1914", pour reprendre un mot de l'historien marxiste Perry ANDERSON, dans un article du 22 juillet 2015 pour Médiapart.

    De plus, l'Histoire s'accélère : dans le champ idéologique, les lignes bougent, on ne compte plus les analyses d'intellectuels et d' hommes politiques reconnus en faveur de la sortie de l'euro : Oscar LAFONTAINE préconisant une sortie de la monnaie euro : KOUVELAKIS et LAPAVITZAS, intellectuels et dirigeants du nouveau parti "Unite Populaire", ex-gauche de Syriza, crédité de 7,5% des intentions de vote. Perry ANDERSON, historien britannique, Cédric DURAND, économiste francais, Jacques SAPIR, Frédéric LORDON, Paul MASON, Paul JORION, qui vient de se faire virer de l'université belge où il enseignait à cause de ses idées hétérodoxes. Même JLM préconise un plan B de sortie : le débat hier au stand du PG, à la fête de l'Huma, réunissant Varoufakis, Fassina, Lafontaine et JLM a été un très grand succès d'audience, malgré la pluie.

    Naturellement, chacun propose une analyse de la sortie de la zone euro très différente. Mais, en s' appuyant sur les écrits de Pierre BOURDIEU, on peut montrer comment une idée donne lieu à des points de vue, qui, énoncés en même temps, concourent à S'AUTO-CONFIRMER, S'AUTO-RENFORCER, S'AUTO-LEGITIMER. Quand des agents aussi différents que Lafontaine, Kouvelakis, JLM...reprennent en coeur le thème de la sortie de lé euro, ils concourent à sa légitimation intellectuelle. La critique de la construction européenne devient l'idée du moment, douée d'une force irrépressible.

    3)- JEREMIE CORBYN DEVIENT LEADER DU PARTI TRAVAILLISTE :

    Autre succès de la gauche radicale : Jérémie Corbyn, 68 ans, aile gauche du Labour, devient le nouveau leader des travaillistes. Vous trouverez son portrait dans un (excellent) article publie dans "A GAUCHE" et rédigé par Paul Macgrady : "Corbyn, proche du marxisme, vote plus de 500 fois contre Blair, et n'hésite pas à l'affronter lors de la guerre en Irak en 2003. Il remplit les salles, surtout des jeunes", ce qui montre l'intérêt qu'il suscite. Son discours n'est pas très radical : hausse du SMIC, impôt sur le capital. Il ne dit rien contre le chômage et la pauvreté. Notre programme "L'Humain d'abord" est plus à gauche. Mais il tranche avec la ligne démocrate de Blair.

    Outre ces succès "officiels", je pourrais rajouter "ce qui marche" en ce moment sur les réseaux sociaux, dont Facebook : ce sont les articles très critiques du PRCF (si, si !) (critique du rapport Combrexelle, discours de la CGT de 1957 contre l'Union Européenne), et très modestement, mes petits articles qui ne sont pas totalement à droite. Sans oublier les articles de mon ami Dominique (KERN) contre la domination américaine et son effondrement prochain. En ce moment, je confirme qu'il y a une véritable DEMANDE, venant de jeunes hommes ou de jeunes femmes, pour un discours TRES A GAUCHE, TRES RADICAL....! Le temps des discussions "feutrées" , "euphémisées", "mesurées", façon propos de bourgeoises buvant le thé le petit doigt levé "Chez Angelina" est terminé : LE FOND DE L' AIR EST ROUGE. Pour une fois, après ces très longues années d'hiver, je crois pouvoir le dire : nous (tenants d'un discours très à gauche) avons de la chance...!