Au Bourget, Hollande a gagné son pari

Publié le23 janvier 2012

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On ne l’attendait pas là où il fut. Au Bourget, le candidat socialiste devait paraître “président” et “habité” par sa candidature et sa prochaine “rencontre” avec le pays. Bref, nombre de commentateurs déroulaient l’habituel grand n’importe quoi sur la tactique aux détriments du fond. On nous répétait qu’en 2007, Sarkozy avait gagné sur son discours du 14 janvier et son “j’ai changé” narcissique et pathologique. A droite, l’UMP voulait prolonger le mythe d’un candidat qui serait flou et indécis.

François Hollande, donc, surprit son monde. Pour celles et ceux qui étaient dans la salle, la surprise était palpable.

Hollande surprit d’abord parce qu’il ne consacra pas grand chose de son intervention à se décrire le nombril.

Hollande surprit aussi parce qu’il dévoila nombre de propositions. Une avalanche d’idées que l’UMP n’avait pu prévoir aussi tôt ni aussi fort. Les éléments de langage n’avaient pas été rodés.

“Il n’y a jamais une seule politique possible. Il y a toujours plusieurs chemins.”

Hollande a ainsi consacré une première et longue partie sur la régulation de la finance et la fiscalité : “Je vais vous dire qui est mon véritable adversaire. C’est le monde de la finance”.

Sur Sarkozy, les constats étaient simples à rappeler:  “Un seul mot résume cette présidence: la dégradation. Tout s’est dégradé et pas seulement une note”.

Hollande put répondre aux sbires de l’UMP qui moquaient son ambition de “rêve français”. “C’est vrai que rêver aujourd’hui, c’est difficile.” Car, précisa-t-il: “Commencé dans la virevolte, ce quinquennat s’achève dans la tourmente, plombé par les cadeaux fiscaux”.

En vrac, il a promis de proposer un pacte européen de croissance et un nouveau traité franco-allemand; la création d’une banque publique d’investissement mais aussi la séparation des activités de crédit et de placement spéculatif, l’encadrement (réel) des bonus bancaires, une contribution écologique aux frontières de l’Europe, la création d’une tranche d’imposition supplémentaire à “45 % d’impôt sur le revenu pour ceux qui touchent plus de 150 000 euros” par an; l’abrogation des niches fiscales décidées par Sarkozy (“10 ans de droite ont coûté plus cher en déficits que tous les gouvernements précédents” de la Vème), le doublement du plafond du livret A, la multiplication par 5 des sanctions contre les communes ne respectant pas la loi SRU, le remplacement d’Hadopi, le mariage gay, le contrat de génération, la stabilité du nombre de fonctionnaires (“Le nombre total de fonctionnaires n’augmentera pas mais il sera mis fin à la règle aveugle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux.”), l’encadrement des loyers, la formation des sans-qualification (“le nombre de jeunes sortant sans qualification du système scolaire soit divisé par deux”), le retrait immédiat des troupes d’Afghanistan.

A l’UMP, on fut surpris. Nicolas Sarkozy était en Guyane, sur une pirogue. Les éléments de langage n’étaient pas prêts. Le cafouillage fut suivi, et apprécié, en direct sur les réseaux sociaux.

Ce dimanche, François Hollande nous accueillait au Bourget.

Tranquillement et fermement.

“La France n’est pas un problème, la France est la solution.”

Ce François-là me redonne envie de rester Français.

Merci #FH2012